samedi 8 février 2020

6 PHOTOS DE BRASSAI




Il regarde le photographe bien en face, les yeux dans l’objectif une cigarette à la main devant son verre de claquesin apéritif des années folles. Il sait que sous son masque de fards ses traits demeurent masculins, que cachés sous les bagues, bracelets, colliers, colifichets et sous son chapeau à voilette il ressemble plus à une vieille cocotte ou une mère maquerelle qu’à une bourgeoise raffinée. Il sait aussi qu’il n’a plus l’âge de se travestir, il sent bien que son regard est embrumé par l’alcool, le tabac et autres drogues mais il fait front, il fait face, il encaisse l’histoire de sa vie. Ce sont les années folles mais il ne peut pas sourire.  

Fabienne


Cette matrone énigmatique est assise dans un café ; on ne sait rien à son sujet : peut-être une demi-mondaine, ou une pensionnaire ou tenancière de maison close, à moins qu'il ne s'agisse d'un travesti. Cette personne est déformée, empâtée, bouffie, ses amples vêtements dissimulent tant soit peu sa corpulence .Elle est harnachée de bijoux fantaisie, d'une bimbeloterie qui la dépare.
Elle sirote de l'alcool qui lui fait oublier le passé, le présent, pour quel avenir ?

Marie-Christine


A première vue, cette femme ne me paraît pas particulièrement avenante, peut-être à cause de sa bouche un peu pincée. Les traits ne sont d'ailleurs  pas très fins, ils n'ont rien de féminin. Oserais-je dire qu'elle me fait penser à une mère maquerelle qui surveillerait ses filles, afin  que le travail se passe pour le mieux et qu'il lui  rapporte une somme confortable. Elle donne l'impression d'être plutôt à l'aise, ou du moins c'est l'image qu'elle veut donner d'elle, ses nombreux bijoux trop voyants en témoignent. Elle boit, et même assez bien, puisqu'elle tient un verre et qu'un autre posé sur la table a déjà été vidé. Elle fume également, une tenue sans doute peu correcte pour l'époque. Ce n'est en tout cas pas le genre de personne avec qui je chercherais à lier la conversation, elle me semble également vulgaire.

Paulette
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Ces deux enfants, âgés d'une dizaine d'années, nés pendant la guerre sont de vrais amis, souriants, détendus, complices. Ils sont simplement et proprement habillés. Ils ont beaucoup à partager. A l'arrière-plan, un passant se reflète derrière une vitre. Les enfants n'ont pas de jouets, pas de jeux, mais une vie tellement riche, à la lumière solaire, à la paix revenue : André et Paulette symbolisent l'avenir avec toute la fraîcheur de leur prime jeunesse.

Marie-Christine

Cette photo nous montre l’innocence et la joie de deux enfants qui ne pensent qu'au moment présent. Ils semblent d'un milieu modeste mais sont toutefois correctement vêtus. Leur discussion est certainement très  intéressante, on les voit sourire, très attentifs l'un envers l'autre, ils ont l'air heureux tous les deux. Peut-être devisent-ils sur la façon dont ils vont passer le temps ensemble pendant cette journée, en décidant à quel jeu ils vont bien pouvoir s'occuper. Ou peut-être se racontent-ils les anecdotes qui les ont marqués pendant la dernière semaine écoulée. 

Paulette 

Lucette et Riton se font face, ils se sourient en se regardant dans les yeux. Il est un peu plus âgé qu’elle, c’est le premier garçon qui la voit comme un peu bout de femme. Les passants les regardent mais ils n’en ont que faire, ils sont dans leur monde et sont heureux. Quels secrets partagent-ils ? Même si la vie n’est pas tous les jours faciles ils sont ensemble et c’est ce qui compte.

Fabienne 

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vendredi 31 janvier 2020

LOGORALLYE GEANT

Ecrire un texte contenant obligatoirement les 20 mots suivants :
Présenter – Minuit – Épreuve –Spaghettis – Bougainvilliers – Dévoué -  Choisir - Pignon – Paillasson – Amer – Bookmaker – Atrophié – Mineur – Poème – Domicile – Mohair – Prétention – Concierge – Miraculeux – Éternuement 
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Mieux vaut se présenter avant minuit pour admirer les bougainvilliers sur ce balcon ayant pignon sur rue’, sans prétention mais bien achalandé en plantes exotiques. C’est miraculeux courant novembre, les plants ne sont pas atrophiés. Nullement une épreuve de s’essuyer ensuite les pieds sur le paillasson de son immeuble, sachant que le concierge veille à la propreté, dévoué à la cause des locataires avant de rejoindre son domicile. Il choisit alors de se faire un plat de spaghettis à la bolognaise, sachant que trop épicer son plat peut le rendre amer. Puis la digestion se faisant et surtout suite à un éternuement, il revêt son mohair. Il opte enfin pour s’installer devant la télévision face à une histoire de bookmaker et de mineur impliqués dans une histoire bizarre : tout un poème !

Claudine
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Denise, vêtue de son pull mohair, devait se présenter chez son dévoué horticulteur afin de choisir des bougainvilliers couleur fuchsia. À la vue de certains arbustes atrophiés, elle renonça à son projet. Sur le chemin du retour, elle vit son ancienne concierge à la terrasse du café, parmi les bookmakers. L’un d’eux, affichant un rire amer, fut pris d’éternuements spasmodiques. À hauteur de son domicile, Denise fut lynchée verbalement : une heure durant, elle fut le paillasson de sept individus  de l’immeuble voisin, la rendant iniquement responsable de l’humidité de leur pignon. Leurs prétentions étaient loufoques et infondées. En rentrant, elle fit cuire des spaghettis pour se remettre de l’épreuve ; ce fut miraculeux si elle ne s’effondra pas. Après cet incident, de nos jours banal et mineur, Denise écrivit des poèmes jusqu’à minuit.

Marie-Christine
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Gérard est un bookmaker sans prétention, entièrement dévoué à sa concierge qui sait lui faire plaisir, en lui préparant de temps à autre de délicieux spaghettis à la carbonara, son petit péché mignon.
Gérard a subi bien des épreuves au cours sa vie, de gros soucis de santé lui ont laissé comme séquelle une main atrophiée, ce qui l'a rendu quelque peu amer depuis. Mais quand son moral est au beau fixe, il se dit que tout ceci n'est après tout qu'un problème mineur, c'est même miraculeux qu'il se soit si bien sorti de ce mauvais tour que la vie lui a joué. Il est d'autant plus fier d'avoir réussi sa vie et d'avoir à présent pignon sur rue.
Pour son domicile il a choisi un premier étage, un paillasson très coloré en marque l'entrée, impossible de se tromper de porte quand on vient lui rendre visite. Mais pour l’heure Gérard est bien occupé : vêtu d’une tenue confortable composée d'un pantalon en velours côtelé et d'un pull en mohair, il s'essaie à l'écriture.

samedi 25 janvier 2020

ECRIRE AVEC LE SON "RI"

Ecrire un texte avec le maximum de mots contenant le son "ri"
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L’âge de mes rides
Sur mon visage, mes rides ont fripé mes expressions. Les rires ont creusé des sillons, les cris et les soucis ont pris mon front et mes joues. Mon corps est au temps gris. Les années ont grillé certaines choses et certains rêves. Telle une fabrique qui rouille et se grippe, mes gestes se sont faits à ces journées qui pourraient être chagrines. Mes yeux sont toujours souriants et une malice y trouve encore un soupir et beaucoup de vérités. Le temps passe pour tout le monde. Comme un rythme, une sorte de rite, il nous barbouille de souvenirs… Une imagerie, le film de cette femme rabougrie apparaît et devient réalité si quelqu’un ou quelqu’une prend la peine d’ouvrir le rideau de mes souvenirs. Apparaît alors l’institutrice qui avait tant de sévérité, la boulangerie où les odeurs chatouillaient nos narines, les courses, le mariage et ce si bon mari, les parents qui  n’étaient pas riches, les enfants qui ont bien grandi et son devenus parents… L’histoire de ce quartier, de cette campagne, un temps passé qui ne peut revenir. Mais toujours et encore des rêves pour s’enfuir, voir un certain avenir plus lent mais si riche d’amour donné et pris que lorsqu’arrivera la fin, c’est avec sérénité et sans trop de tristesse que je partirai, mais resterai en vos cœurs.

Valérie
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Marina Rinaldi, les yeux rivés sur son courrier, découvrit une invitation, ornementée de fioritures, la plongeant dans une euphorie proche du charivari. Adieu rhinites, gargarismes, plaies traitées à l’acide boriqué, la descente ricanante aux enfers, à ses risques et périls.

samedi 18 janvier 2020

LA COQUETTERIE

Le Douanier Rousseau
Coquetterie ! Frivolité féminine ? Que non point ! La coquetterie est tout un art : celui de se mettre en valeur au regard des autres et de soi-même sans trop d’exubérance ou d’exagération mais parfois avec une pointe d’originalité qui  ne fait que rehausser son aimable vision. Avec des critères qui ont varié dans le temps et selon les sociétés, cet art a été cultivé  avec plus ou moins de bonheur. Nombreux peintres en sont les témoins. Ils se sont plu à la mettre  en exergue à travers la réalisation de portraits.
C’est en feuilletant un de leurs catalogues, que je me suis arrêtée sur celui de l’un d’entre eux qui m’a particulièrement frappée, me rappelant que la coquetterie n’est pas seulement l’apanage de la femme ;  l’homme n’y est pas étranger
 Monsieur est là, endimanché, figé dans une posture plutôt froide et rigide. Ses cheveux noirs, abondants, sont rigoureusement séparés en leur milieu par une raie. Bien lisses sur le sommet de la tête, ils tombent au-dessus des oreilles, se gonflant telle une vague. Ils me font penser à ces coiffures gominées, ces chevelures frisées un peu tout fou, et même à la perruque de Louis XIV et de sa cour. Immédiatement, par contraste, je revois chez les jeunes et chez les adultes,  cette mode de crânes chauves laissant libre cours à leur envie, sans toutefois présenter  pour autant une figure presque  imberbe.
Sur la photo, mon  personnage, rasé de près, arbore toutefois une  magnifique moustache à l’anglaise dont les pointes se relèvent très légèrement. Ce n’est pas celle à la gauloise, énorme qui s’étale orgueilleusement mangeant la moitié de la figure, cachant parfois quelque défectuosité physique. Certains l’ont préférée plus fournie ou  plus courte, comme seul ornement. D’autres, par contre, l’ont agrémentée d’un collier, d’un bouc voire de favoris ou d’une barbe plus ou moins longue, soulignant ainsi la forme de leur visage.
Et sous  cet ornement plus ou moins pileux, que dire du choix de la chemise, de sa forme et de sa couleur qui peuvent demander maintes réflexions et nombre d’hésitations, tout comme  la veste à l’encolure largement ouverte ou plus stricte avec un revers étroit orné parfois d’une  pochette ? N’en est-il point ainsi pour la cravate aux largeurs variables avec un nœud serré ou lâche ? Optera-t-il pour un nœud papillon délicatement posé sur un plastron au col cassé ou pour une lavallière ou même pour un foulard de soie élégamment enroulé autour du cou à moins que ce ne soit  pour une écharpe négligemment jeté sur les épaules ? Et il ne faudrait pas non plus oublier cet autre accessoire important, guère plus en vogue de nos jours, les boutons de manchettes, en or, en argent ou en métal plus ou moins brillant qui pouvaient être  assortis à l’épingle de cravate.
Et ainsi de la tête aux pieds, les moindres détails embellissent la personne et son vêtement offrant aux yeux de tous, l’image de quelqu’un agréable à regarder. Et oui, la coquetterie, en tant qu’art, se loge partout !

Marie-Thérèse
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Elle avait pris ce pli en son âge certain de tirer un trait de bois de rose ou lie de vin sur ses minces lèvres blanches aux commissures ourlées de cette mini fossette que le sourire, puis le rire avaient creusé au fil des années. Nul doute, le temps a fait des ravages dans un visage en lame de couteau. Mais si un simple geste accompagné de cette indicible pensée de désirer garder quelques infimes marques de beauté peut lui faire un bien fou ?... J’adhère totalement à cette recherche du plaisir. Un plaisir parmi d’autres dans un esprit encore bien conservé dont la vivacité s’accorde avec une langue à la pointe acérée et aux remarques piquantes de vérité. Impossible de discerner la couleur exacte de ses pupilles en des yeux pleins de réalisme et de sincérité. Pas une ombre de fausseté ni de poudre de perlimpinpin. Juste le rouge d’un col roulé et un médaillon rehaussant le tout mettrait quelques lumières en ce tableau de la maturité, en cette journée frileuse et pluvieuse annonçant un hiver doux et humide, si j’en crois les prémices… Le pantalon et le caban de teintes foncées tous deux tranchent avec les froufrous d’un col de tunique caressant le cou, en parfaite harmonie avec la carnation d’une peau qui fut certainement veloutée. Nul besoin de paraître, d’apparaître différente aux yeux d’autrui et aux siens. Elle est et reste elle-même. Peut-être plus jolie ? Au nom de la coquetterie ? avec ou sans, elle utilise le même langage : celui de l’intelligence et de la tendresse. Elle sait dire « Merci, c’est gentil ! ». Elle aime la reconnaissance et quelque part l’indulgence. Elle apprécie que l’on se soit compris, que l’on soit amie. Si elle économise ses mots, très certainement pour cacher ses maux, elle ne connaît pas la juste mesure entre rien et trop. Sa générosité la perdra certainement mais elle est comme ça : entière, vivante et vibrante.

Claudine
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samedi 11 janvier 2020

AU HASARD

Chacun tire au hasard : un lieu, un personnage, un objet et une action ; et écrit un texte à partir de ces éléments
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Un forain obèse et coquet - Se faire comprendre à demi-mots - Un billet de loterie - Une mine de charbon désaffectée

A la dernière foire, Théo et Shanna avaient acheté  chacun un billet de loterie,  sans trop y croire. Et Théo a  gagné des bons d’hôtel pour trois nuitées. D’un commun accord, ils conviennent alors de visiter quelques villes du Nord, à vélo, pendant ces quinze premiers jours d’octobre. Ils ne craignent ni le vent ni la pluie mais ils espèrent tout de même un beau soleil pour profiter au mieux des nombreux monuments.  
D’abord ils commencent par Arras. Ils y admirent le centre-ville et ses ruelles mais aussi sa place des Héros puis  sa grand’place, toutes deux dans le style baroque flamand. Ensuite, ils se rendent à l’hôtel de ville de style gothique que surplombe du haut de 55 mètres, son beffroi très particulier avec sa tour octogonale. Théo et Shanna n’hésitent pas à pénétrer à l’intérieur et à monter la quarantaine de marches pour découvrir le paysage environnant avant de faire un tour à Saint Vaast et à son Abbaye. Fatigués, ils s’attablent un moment pour déjeuner d’un délicieux coquelet à la bière avant de visiter quelques-unes des huit églises, Arras n’est-elle pas surnommée : « La ville aux clochers ».
  Le lendemain, ils font route vers Cambrai, ancienne ville fortifiée. Ils y entrent par la porte de Paris, un de derniers vestiges de ses remparts et se dirigent vers l’hôtel de Ville où Martin et Martine sonnent les heures. Ensuite, ils regardent le beffroi quelque peu différent avec son petit dôme surmonté d’un lanternon. Enfin, ils vont voir les deux  derniers exemples de béguinages français à Saint Vaast et à Saint Nicolas, non sans s’être restaurés d’un hochepot de perdrix à la purée de lentilles. Avant de quitter la cité, par la porte Notre Dame, ils ne manquent pas d’emporter deux sachets de leurs  fameuses bêtises.
Shanna a, quant à elle,  gagné une place à un magnifique concert de carillonneurs à Douai. Ils projettent donc de s’y rendre mais il est encore trop tôt. Ils décident alors de pousser plus avant  vers le pays des gueules noires. Après avoir longé un paysage vallonné de terrils devenus verdoyants, ils arrivent à la tombée de la nuit à Lewarde. La petite ville est en ébullition. Est-ce la ducasse ? Non, ce n’est pas la kermesse. Ils apprennent vite que va se dérouler la fête de la châtaigne. Ils ne pensaient pas rester là ce soir mais choisissent de le faire s’ils peuvent se loger. Se faisant comprendre à demi-mots auprès de l’aubergiste debout sur le pas de sa porte, ils obtiennent une chambre à bon prix.
Le jour suivant, tous les habitants sont sur leur trente et un sauf les joggeurs qui s’élancent depuis la mine de charbon désaffectée pour courir à travers les bois où sont disséminés nombre d’animations et de stands.  Dans l’air flotte une odeur de frites chaudes et de moules. Shanna va pour acheter un cornet de chaque et alors que le cuisinier les lui tend, un chien courant, une saucisse volée dans la gueule, lui passe entre les jambes, la déséquilibrant. Elle retombe sur le dos d’un énorme monsieur vêtu de son beau costume régional. Les cornets volent. Les frites atterrissent  sur Théo qui maugrée mais quelques  moules se sont fichées sur la veste de cet homme qui se retourne furieux. C’est  un forain obèse mais coquet qui proteste et peste en chti. Il hurle sa fureur. Son beau costume est taché. Shanna ne comprend pas ce qu’il dit  mais elle s’empresse de s’excuser. Ses cris sont étouffés par l’arrivée de l’harmonie locale qui joue à grand renfort de grosses caisses et de trompettes. Elle précède le géant Isidor et son cortège folklorique. Théo regarde Shanna toute décontenancée par cet incident et la réconforte. Il a parlé au forain et tout s’est arrangé. Ils peuvent tranquillement profiter du spectacle et pour conclure cette belle journée, ils participeront, ce soir  à la retraite aux flambeaux dans les bois.

Marie-Thérèse
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Un clou rouillé - une rivière souterraine - une jeune voisine sympathique mais un peu godiche - prendre ses jambes à son cou