lundi 28 janvier 2013

PAYSAGES

Saintes


Un dernier virage, le péage, nous voilà presque arrivés ! Encore quelques minutes, nous nous arrêtons sur le bas côté de la route, en surplomb sur la vallée. D’un seul coup d’œil, j’embrasse ce paysage que je suis venue contempler. Là, en contrebas, la rivière  déborde de son lit. Elle s’étale à son aise dans les champs et se prélasse langoureusement. Un vent léger soulève ses eaux d’un blanc laiteux. Comme des cibles dispersées au gré des flots, le soleil  rasant l’horizon, perce les rides de la surface, les irisant de couleurs chatoyantes. Les arbres, plantés ça et là sur la prairie recouverte, semblent se hausser sur la pointe de leurs racines pour éviter de disparaître complètement sous les flots à moins que ce ne soit pour mieux se regarder dans leur miroir. Les barrières blanches délimitant les enclos, tels des naufragés, s’agrippent  à leurs troncs rugueux. Et le reflet des branches dénudées donne une impression d’immensité où nul troupeau ne peut plus paître.

De l’autre côté de la rive, la ville est là, endormie. Et les derniers rayons de l’astre dorent les pierres grisonnantes des trois clochers qui s’interpellent par nuages interposés.

- «Oui, je suis le moins haut et le plus ancien, je date de l’époque romane. Avez-vous remarqué mon tambour cylindrique percé de si jolies baies d’où s’égrènent parfois  de si magnifiques musiques ? Voyez comme il est original, couronné d’une flèche à écaille en forme de « pomme de pin » ! Et j’ai vécu tant de moments heureux avec toutes ses dames dans mon abbaye !»

lundi 21 janvier 2013

D'APRES UN TABLEAU D'AUGUSTE RENOIR...

Le déjeuner des canotiers, Auguste Renoir, Huile sur toile, 1881

Que m'inspire ce tableau ? Je dirais : "Que c'est beau !" D'autres vous répondront d'emblée :
"Mais, c'est Le déjeuner des Canotiers !" Merveilleux tableau ! L'un des chefs -d'œuvres d'Auguste Renoir. Ce peintre internationalement reconnu, en aurait beaucoup réalisés : par centaines… jusqu'à 78 ans ! Tout au long des années, tout au long de sa vie, de peindre il n'a jamais cessé ; de ses doigts engourdis par les rhumatismes, entourés de multiples bandelettes. Jusqu'à sa dernière heure, où dans son lit, il désirait ardemment restituer la superbe lumière venu de l’extérieur, les frileux rayons de soleil pénétrant l’atmosphère.
Et de ses pauvres doigts ankylosés et meurtris, à cette belle lumière, il a souri.
M. Renoir est un artiste, mais sa vie n'a pas toujours été gaie. Il a vécu des années tristes.
En pleine période impressionniste, il n'expose plus avec ses amis et se fait plus conformiste, il revient au Salon officiel. Changement de statut sans pareil qui lui ouvrira la porte du succès et servira son art pour la postérité. Il réalisera alors de nombreux portraits de personnages prestigieux qui lui vaudront une belle notoriété, renfloueront ses finances - ce qui a son importance - et consolideront ses appuis auprès de la haute société.
C'est à ce moment, en 1880 que son art s'affirme et se dessine, dans ses lignes. Tout en contrastes, M. Renoir marque les contours de son destin et le souligne dans cette œuvre divine :Le Déjeuner des Canotiers.
D'un simple bouquet de fleurs posé sur la fenêtre à l’heure de sa mort, il a fait un feu d’artifice coloré, il a rendu hommage à Râ et inspiré les "Tournesols" de Van Gogh, autre grand de la peinture, amoureux comme lui de la lumière et peignant directement dans la nature.
Mais ils ne se connaissaient malheureusement pas ! Renoir aurait peut-être pu aider Van Gogh. Lui aurait-il permis de se faire connaître de son vivant ? la folie et l'anis étoilé l'ayant tué prématurément.

Claudine 
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Ça s’est passé un dimanche, un dimanche au bord de l’eau. Ce jour-là, monsieur Renoir voulait dessiner notre groupe pour en faire un tableau.

Nous aimions bien, aux beaux jours, venir dans ce coin champêtre canoter sur la Seine et prendre un bon déjeuner à l’auberge.  Monsieur Renoir nous avait observés plusieurs fois, et sans doute que notre joyeuse tablée lui avait plu. Alors, à la fin du repas, il nous avait croqué chacun à notre tour tel que nous étions, mais jamais je n’aurais pensé qu’il puisse en faire une scène si vivante. Quand je vois le tableau, il me semble revivre cet après-midi où, debout, j’observais ce qui se passait sur la terrasse ombragée.

Nous avions bien mangé et bien bu aussi comme en témoignent les bouteilles encore sur la table. Il faisait chaud, et Jules et moi qui avions ramé toute la matinée pour le plaisir de ces dames, nous étions mis à l’aise en tombant la veste, pas fâchés de montrer nos muscles.

Ma petite Suzanne, si jolie avec son chapeau fleuri et sa robe bleue garnie de dentelles, s’amusait avec son petit chien, son joujou qui ne la quittait jamais, et le peintre a très bien saisi le mouvement de ses lèvres esquissant un baiser à l’intention de la petite bête.

Il y avait aussi Louisette, simple et charmante, appuyée à la balustrade, avec son air moqueur, écoutant sans doute les fadaises que lui débitait cet homme en brun. Quant à Marinette, cette blonde au teint de lait, si elle écoutait poliment ce que disait ce garçon penché au-dessus d’elle, on voyait bien que son homme c’était Jules, et elle le faisait savoir en posant son bras comme une barrière autour de lui.

mercredi 16 janvier 2013

DEFINITIONS IMAGINAIRES (3)


Abacule, Condouloir (se), Coryphée, Coupellation, Driller, Ichor, Infule, Kuru, Lambourde, Pétauriste, Sasser, Vertugade

Voici quelques mots très peu usités de la langue française. Inventez-leur une définition. Jouez avec les mots, les sonorités, laissez aller votre imagination.
Dictionnaire interdit !


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Abacule : N.m. Gourdin fortement arrondi à une extrémité. Ex. : Hercule s’appuyait  sur son abacule / Abattant de toilette au XVIIIème siècle / Araignée rouge microscopique dont la piqûre provoque d’importantes démangeaisons / Arbre dont les racines forment des entrelacs lui permettant de basculer au gré de la luminosité et de la chaleur de la journée / Dispositif accessoire de sûreté conçu pour empêcher un siège de basculer / petit élément statique de maçonnerie destiné à contenir la poussée d'un arc, d'une arche, d'une voûte, d'un arc-boutant. Sens propre : casser un pont en enlevant la culée. Sens figuré : faire un croc-en-jambe

 Véritable définition : n.m. petit cube constituant l’élément d’une mosaïque

Condouloir (se) : Le fait de se condouloir peut entraîner l'individu n'ayant plus toutes ses facultés de réflexion dans un doux coma proche du sommeil du loir dans le noir, le soir venu. / Se comporter en masochiste ou se laisser aller à un chagrin excessif et prolonger. Ex : se condouloir à la suite d’un dueil / Se peletoner dans un sofa moelleux, au fond du couloir dans le noir / Penser hériter d’un gros magot et découvrir qu’il ne reste qu’un petit pécule / Se contorsionner en secouant les épaules à la façon de Philippe Bouvard.

Véritable définition : participer à la douleur de quelqu’un

Coryphée : Nom donné à la libellule dans le marais poitevin / Petit objet ou bibelot peint de couleurs vives / Récolte surabondante d’un produit ou multiplicité de récompenses à des épreuves. Ex : l’équipe de France aux Jeux Olympiques a rapporté une coryphée de médaille dans ses bagages / Petit papillon féérique possédant des yeux sur ses ailes afin de tromper l'ennemi / N. f.  Petite boule  ou gonflement dû à un coup. Ex. : Il lui a marché sur le pied et maintenant, il a une  belle coryphée sur son coup de pied /

Véritable définition : n.m. chef de chœur dans le théâtre antique / personne qui tient le premier rang dans une secte ou un parti / 2ème des cinq échelons dans le corps du ballet de l’opéra de Paris