lundi 28 octobre 2013

HISTOIRES DE BOITE AUX LETTRES

Soldat lisant une lettre

Censeur de courrier - Écrivain public

Durant le deuxième conflit mondial, dans les camps de prisonniers de guerre se trouvent confinée une importante population de jeunes mâles, tenus à l’écart de leur contrepartie féminine restée au pays. Il en résulte pour celle-ci une pénurie qui se reflète entre autres dans le courrier acheminé par les soins de la Croix-Rouge, comme peuvent s’en rendre compte les censeurs de la M.P. (Military Police). Épouse, fiancées et petites amies y expriment parfois crûment leurs manques. Les censeurs ne peuvent éviter le voyeurisme inhérent à leur fonction et n’étant pas de bois, en viennent à fantasmer, se rêvant évoluer dans un tel milieu ultra-féminisé comme coq de basse-cour assaillis par des beautés brûlant de désir.
C’est du moins ainsi que se psychanalyse l’un d’entre eux : le sergent M.P. sergent Dandy, en poste en Italie, ainsi dénommé parce que toujours tiré  quatre épingles. Polyglotte, maîtrisant l’italien, il est affecté à l’administration d’un vaste camp de P.G. (Prisonniers de Guerre). Outre la la censure du courrier, il est chargé de l’interrogatoire et du fichage des captifs, mais va rapidement faire office d’adjoint au commandant, un colonel très « officier de l’armée des Indes » ne quittant guère sa badine ni sa bouteille de whisky et de surcroît grand invalide (ce qui n’est pas sans rappeler le rôle d’Erich Von Stroheim dans la Grande illusion). Déléguant volontiers les tâches administratives qui l’importunent, le colonel, à l’image de son souverain, règne mais ne gouverne pas… et s’en trouve fort aise.

Quant à Dandy, il est tout le contraire d’une brute : il se préoccupe du bien-être de P.G., veille à leur moral, organise sports, distractions et autres animations, délivre libéralement des permissions de sortie. Il lui arrive même de faire l’écrivain public pour ceux des paysans qui ont la plume hésitante ou sont en mal d’inspiration.
Des liens se tissent. La plupart des P.G. exhibent volontiers des photos de leur compagne. À contempler celles-ci, à se trouver immiscé dans l’intimité des amants, à faire le « nègre » préposé à la correspondance amoureuse d’autrui, il ne peut manquer de se glisser par la pensée dans les alcôves. Le rôle de scribe-confesseur a aussi ses retours de flamme dont rien, dans sa nature ni sa formation, n’immunise Dandy.

dimanche 20 octobre 2013

SOUS L'ABRIBUS

Sous l'abribus, on y est seul ou en nombre, on se parle ou pas. Toujours, dans ce lieu en apparence banal, il se passe quelque chose.

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 « L’arrêt de bus, s’il vous plait ! » demande une touriste, de passage dans ce quartier. « Vous le trouverez là-bas, au coin,  continuez tout droit, tout au bout de la rue », lui répond le cafetier, debout devant sa terrasse. La route est sinueuse et juste au croisement, le trottoir se rétrécit pour laisser place, de ce côté-ci, à un débordement de jardin fermé. Sa clôture grillagée permet de voir, en toutes saisons, une abondance de fleurs variées. Sur son autre côté, un muret de pierres crépi à la chaux, d’environ un mètre de hauteur, s’appuie sur un immeuble d’un blanc éclatant. Devant lui, le trottoir s’élargit formant comme une petite place avec son tamaris planté là, tout seul. En s’en approchant, apparait, enfoncé dans un coin, l’abribus ! On pourrait presque passer sans le voir. Il n’est pas un de ces modernes passe-partout, en verre et en métal mais un abribus, demi-circulaire, conçu dans la pierre lors de la construction de l’édifice. C’est comme une grande niche, toute blanche à l’intérieur et bien abritée du vent. Un banc en bois de couleur brun-clair, adossé au mur, donne chaleur à cet endroit. Les jours gris, il reste dans la demi-obscurité mais  il s’illumine dès que vient la bonne saison. Aussi est-il rarement délaissé. De plus, chaque jour, dès que le soleil brille, deux personnes âgées viennent s’y asseoir. Elles arrivent à heure fixe, toujours au début de l’après-midi, l’une, par le boulevard de l’Atlantique, grande et mince, élégante et discrètement maquillée,  l’autre, par la rue des Semis, de taille moyenne, un peu plus ronde, vêtue de sa blouse-tablier au tissu fleuri. S’appellent-elles avant de venir ? Je n’en suis pas sûre. Selon un rituel bien établi, elles se saluent brièvement et s’assoient côte à côte, toujours à la même place, regardant l’immensité de cette grande conche qui s’ouvre devant elles car l’attrait de cet abribus est de pouvoir contempler la mer, à l’abri du vent. Elles ne se parlent pas, leurs yeux tournés vers le rivage. Quelques rares passants arrivent, attendent le passage du bus. Elles sont là perdues dans leurs pensées et personne n’ose les interrompre malgré le silence.

mardi 15 octobre 2013

TERRE ETERNELLE


Au début est la terre
Au début, comme est la terre est la vie
Des masses se rapprochent, s’assemblent, se forment
Comme l’enfant qui naît ne peut l’être sans douleur
La terre se défait, se refait.

La terre est vivante.
Elle vit, bouge, tremble
La femme et l’homme vivent, se rencontrent
Parfois se perdent mais aussi se retrouvent.

Mais on ne vit pas comme on va au spectacle
C’est toi, c’est moi qui ensemble construisons
Bâtisseurs nous sommes
Mais hésitants nous avançons.

Ici fissures, là secousses
Là où poussent les plantes
Là où dorment les hommes
Jamais au repos la terre ne sera.

Toi qui aime la vie
Toi qui à ton tour veux être le maçon
Tu dois savoir que parfois la maison s’effondrera
Mais pour la remonter, jamais seul tu ne seras.

Comme la terre par les volcans jette son trop plein de vie
Toi aussi  réjouis-toi pour partager la vie
Que trop longtemps par la lutte, conquérir tu voulus
Comme les laves partout ta joie rejaillit.

Christiane

lundi 14 octobre 2013

D'APRES UNE PHOTOGRAPHIE

Inspirez-vous d'une photographie personnelle et laissez aller votre plume !

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Qu’est-ce que cette photo en noir et blanc, particulièrement insolite ? Une  photo ratée, mal cadrée ? Que signifie ce tas de paquets, à même le sol, plus ou moins informes en vrac, déposés devant des jambes et des pieds dans des sandales ? On y voit des fruits et à bien y regarder, des fleurs et des branches et même un ananas. Derrière la personne, sur la droite, protégés par un muret de roches plates posées les unes sur les autres, les escaliers montent vers le terreplein. Dans le coin opposé, un bloc de pierre, le premier de ceux qui soutiennent l’encadrement du plancher surélevé de l’école rappelle qu’ici, il pleut beaucoup ! En saison, toutes les fins d’après-midi. La terre se transforme alors en boue et glisse vers la vallée. Seuls les blocs de pierre stabilisent un peu le sol et les toits de tôle ondulée protègent les maisons en pisé. Les vitres en plastique éclairent les classes. Les tables et les bancs des plus sommaires reposent sur de simples planches posées entre lesquelles parfois poussent quelques herbes folâtres ou apparaissent quelques gros insectes voire un jeune serpent égaré.
Depuis deux ans, dans ce petit village bâti à  flanc de montagne, dans ce coin perdu à l’époque, que l’on n’atteignait qu’après une longue journée de marche, j’enseigne aux petites indiennes quechuas et aymaras.


dimanche 6 octobre 2013

LA FORET

Libre évocation de la forêt, avec une petite contrainte toutefois : votre texte comprendra obligatoirement les mots souvenir, laborieux, maison, doré, nourriture, illusion, par-dessus tout, chiffonner.

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Sous-bois de bouleaux, Gustav Klimt, 1902

La forêt dégage des odeurs de terre mouillée qui se mélange aux senteurs des différentes plantations. Le soleil tente d’envoyer ses rayons dorés laborieusement au travers des branches serrées des grands arbres feuillus.
Une lueur blanche au détour d’un sentier donne l’illusion que l’on va se retrouver devant la petite maison de la forêt qui nous invite à rentrer pour savourer quelques nourritures. Nous repartons ensuite gaiement gardant un goût de miel au coin des lèvres.
Après avoir longtemps marché, nous arrivons dans une clairière qui nous invite à nous reposer un moment sur son herbe tendre. Doux souvenirs qui reviennent en mémoire. émois innocents du début  de notre adolescence, ces baisers maladroits qui nous tournaient la tête, protégés par les grands arbres aux bras tendus vers le ciel comme pour protéger nos
amours naissants des regards indiscrets.
Que nous importait les robes et les vestes chiffonnées témoins de ces heures magiques qui
resteront gravées à jamais dans nos mémoires.
Rentrer à la maison, retrouver la personne que l’on aime par-dessus tout et qui partage notre vie, avec l’amour qui nous fait la voir belle la vie.
En regardant sur le mur du salon la représentation d’une forêt, notre cœur bat plus fort en repensant aux petits bonheurs inoubliables gravés pour toujours dans notre mémoire.

Mireille
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La ferme de Lorris

Je suis encore empreint du souvenir de la toute récente excursion gentiléenne à une ferme « située en plein cœur de la forêt d’Orléans » dixit Tournesol. Après un laborieux parcours en car, les participants ressentent l’illusion d’un retour à la nature agrémenté d’une nourriture maison où prime par-dessus tout un cochon délicieusement doré qui sera dévoré à pleines dents en évitant de chiffonner sa serviette.

Emmanuel

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En forêt de Rambouillet

Notre cheftaine de Guides avait organisé un grand jeu autour du thème : Savoir reconnaître les arbres.
Parties dès sept heures du matin, nous étions à Rambouillet vers neuf heures. De cette journée lointaine, j’ai gardé quelques souvenirs.
-          Savez –vous reconnaître les arbres que vous voyez devant vous ? nous demanda la cheftaine.
-          Non, bien sûr, fut la réponse unanime.
-          Eh bien voici deux indices qui vous aiderons à trouver à coup sûr le nom des principaux arbres que nous avons sous les yeux.
Sur ce, elle distribua à chaque équipe un document sur les feuillus et les résineux et nous dit : « Allez, maintenant en avant pour ce travail laborieux ».
Nous nous engageons d’abord sur le réseau des routes en étoile, facilitant la pratique de la chasse à courre, puis nous  nous dispersons dans les fourrés mais sans nous faire trop d’illusions : les feuillus… les résineux… Enfin, observons !