lundi 28 septembre 2015

LOGORALLYES IMPROMPTUS

 Ecrire avec des mots imposés

Cumulus – pétard – jambon – négocier – hélas
Hélas, Pierre n’a pas pu négocier le prix de son jambon car les cumulus accumulés ont fait éclater l’orage comme un pétard.
Marie-Thérèse

Serment – vagabond – rire – jadis – verdoyant
Jadis, en ces campagnes verdoyantes, un vagabond fit beaucoup rire avec ses serments.
Emmanuel

fantôme – politesse – magnolia – cuire – bruyamment
Comme un fantôme, le magnolia se dissimule dans un massif et évite de faire éclater bruyamment ses fleurs au printemps car le jardinier est là avec son sécateur et il pourrait lui en cuire.
Claudine

Expéditeur – banane – volatiliser – éternellement – rancune
Une banane qui se volatilise dans les airs, on n’a jamais vu ça ! Pour ça, il faudrait d’abord un expéditeur qui, sans rancune, la lancerait éternellement.
Paulette

baptême – champignon – en catimini – secouer – sanguin
Un monstrueux champignon de tempérament sanguin explose dans le ciel et secoue le sol: deux cent mille morts, ayant ou non reçu le baptême, en catimini ou pas.
Josiane

Bouton – cloitrer – tambourin – aller simple – saisonnier
Monsieur Jétouvu était un saisonnier en partance pour la Drôme en vue de récolter les abricots. Après maintes tergiversations, il se trouva cloitré à la gare de Valence, l’horaire des trains ayant été modifié. Un contrôleur, lui donna une chambre dans l’enceinte de la gare pour la nuit. Il lui suffit d’appuyer sur un bouton dans l’ascenseur. Malheureusement notre travailleur passa une nuit blanche à côté d’un lot de perroquets gris du Gabon non dédouanés à qui il était même interdit de donner de l’eau et un joueur de tambourin qui affolait les volatiles. Et il n’avait pris qu’un aller simple !
Marie-Christine

Album – cafard – étiqueter – écarlate – par-dessus la jambe
Cet après-midi, j’ai le cafard aussi je vais fouiller dans la bibliothèque et trouve un album recouvert d’une reliure écarlate et étiqueté « Fleurs et fruits » des jardins… je le feuillette et j’oublie pourquoi j’avais le cafard. Ah, oui ! Une lettre que j’attends et qui n’est pas arrivée. Oh, il faut prendre ça par-dessus la jambe, elle arrivera demain !

Christiane

samedi 26 septembre 2015

PETITS ET GRANDS PLAISIRS DE LA VIE

Ecrire un poème en prose sur l'un des plaisirs de la vie
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Je suis riche, j’ai une amie.
Elle est là pour m’écouter quand j’ai des ennuis.
Elle est là pour m’aider quand j’ai des soucis
Elle est là pour me conseiller quand je ne sais que faire.
Elle est là pour essuyer mes larmes quand j’ai du chagrin.
Elle est là quand je l’appelle, mais elle ne s’impose pas.
Elle est là quand il faut, comme il faut.
Je suis riche, j’ai une amie !
Elle vient, elle me parle, elle me conseille et repart doucement. Quand elle est là, pour bien la comprendre, il faut ouvrir son cœur. Avec elle, j’ai découvert l’amitié, l’aventure, la nature et la joie. Elle est douce comme un agneau, mais elle peut devenir pareille à un tigre.
Quand elle parle, elle sait ce qu’elle dit et la manière de le dire.
Je suis riche, j’ai une amie !
Ses paroles sont trésors, qu’aucun roi n’a jamais eu. Mais elle sait écouter les autres. Elle a besoin d’être écoutée et aimée.
Je suis riche, j’ai une amie.
Pour elle, l’homme a plus d’importance que toutes ses richesses.
Elle ne donne pas de solutions toutes faites aux questions et aux problèmes.
Elle ne donne pas de conseils, de manière à ce que la personne trouve la solution en elle-même, comme elle le sent.
Oui, je suis riche, j’ai une véritable amie !

Christiane
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La maturité rétrécit le champ de mes possibles.
J’ai besoin de me sentir exister dans la tranquillité, la paix et sans menaces.
Voici donc mes petits bonheurs.
J’aime être en contact direct avec la nature, le soleil, la chaleur, la lumière, la végétation, la fraîcheur.
Marcher doucement et être présente à tout ce qui m’entoure.
J’apprécie de déambuler sur la promenade des aqueducs, dans la douceur du soleil d’automne.
Pour ressentir le temps qui passe, au travers des saisons.
Il ne reste que les grands sabres des iris qui se dessèchent, baissant leur garde et ployant devant la venue du redoutable hiver.
La vigne vierge monte à l’assaut des grillages, ses feuilles se frangent d’un bord roux ; seuls les liserons gardent encore leur verdeur.
Même un arbre qui se dénude dans un camaïeu de vert et de jaune sur un fond de

samedi 19 septembre 2015

DÉFINITIONS IMAGINAIRES 9

Acétabule, chauvir, devantière, grageoir, halbran, martagon, omphalos, oscines, pascaline, syringe.
Inventez des définitions à ces mots peu usités de la langue française.

Par Christiane, Claudine, Colette, Emmanuel, Marie-Thérèse, Mireille, Paulette, Valérie
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ACETABULE
Papillon diurne qui, au printemps, volette de bulle en bulle, nom donné aux bourgeons des rosacées / Fragment de pierre contenant de l'acétate / Liquide incolore dérivé de l’acide acétique, utilisé comme solvant / Infection d’une articulation due à un surplus d’acétone /Arrête d’en faire avec ton chewing-gum / Habitacle acceptable formant une bulle recouverte de peinture à base d’acétate / Désigne un lieu secret uniquement accessible à un groupuscule d’initiés déambulant jusqu’au bout d’un vestibule pour y tenir des conciliabules / Action de l’acide acétique ou d’un autre acide sur un alcool avec élimination d’eau.

Véritable définition : terme antique désignant un vase destiné au vinaigre ; instrument de mesure ; cavité articulaire de l’os iliaque ; nom du champignon « helvelle en gobelet » et d’une algue verte lui ressemblant.

CHAUVIR
Manifester son patriotisme de façon exagérée / Brûler le surplus de paille dans les champs après la moisson / Décaper un mur en lui enlevant son crépi, en le laissant nu comme un crâne  chauve avant de le rénover. / Action de chômer un jour férié. Autre signification : calvitie, perte de cheveux importante au point de devenir chauve / Perdre ses cheveux, devenir chauve / Chauffer dans les virages, lorsqu’ils sont trop serrés les pneus chauffent à cause de leur frottement sur le bitume / Faire le chauvin, ne pas écouter pas les autres, garder ses opinions sans vouloir changer d’idées. / Débarrasser de ses poils une peau destinée à la maroquinerie

Véritable définition : « je chauvis de l’oreille et demeurais pensif… » Dresser l’oreille, se dit surtout des animaux à longues oreilles pointues (ânes, mulets…) mais l’expression vient des mouvements de plumes (en forme d’oreille) de la chouette.

DEVANTIERE
Terme militaire désignant une patrouille chargée de débusquer l’ennemi /Vêtement se portant sur le buste tel un corsage / Personnage de comédie qui, au théâtre, avait pour rôle de distraire le public, le temps du changement de décor et gesticulait sur le devant de la scène d’où son nom devantière, celle qui est placée devant / Femme qui travaille dans la devanture d’un magasin ; là, elle fait de la dentelle ou de la broderie / Qui se hâte de prendre les décisions avant les autres, toujours devant, sans réfléchir / Morceau d’étoffe que l’on met devant soi pour éviter de se salir, sorte de tablier /Une devantière

mardi 15 septembre 2015

6 TABLEAUX DE MANUEL ZAPATA ORIHUELA

En voyant ces tableaux et en les plaçant à ma façon, je vois une belle histoire. La fileuse devant le monolithe immobile, file la vie de ce petit être dans les bras de sa maman. Elle imagine son bébé tendrement enlacé qui sera, une fois adulte, un rude pêcheur. Harassé par sa nuit en mer houleuse et la pêche qui, en plus, ne fut pas bonne, il faudra réparer le filet qui est déchiré. Sa petite pêche est déjà sur le marché. Les femmes devant les étals se communiquent les dernières nouvelles. Tout va bien chez vous ? Mon pêcheur de mari n’a pas de chance : la pêche est mauvaise et le mousse s’est blessé. Surprise ! Tout cela n’était que le rêve d’une paysanne. Elle voulait se reposer après une dure journée aux champs. Au milieu des gerbes de blé et des meules de foin, a surgi dans son rêve un souvenir d’enfance. À l’école, elle avait lu une histoire qui parlait du rude métier des marins-pêcheurs. Elle l’a mélangée avec un reste de légendes que lui racontait sa grand-mère. 
Que fait-on dans nos rêves ? Des voyages impossibles, des rencontres insolites qui éclatent au réveil comme des bulles de savon.
Voilà tout ce que j’ai vu, moi, devant les œuvres de cet artiste.

Colette

Sous le ciel alourdi par la nuit qui s’agrippe, répandant d’un geste large mais lent, la brume du matin, des formes sombres et bossues se profilent déjà depuis l’extrémité de la place et jusque dans la rue qui surplombe son balcon. L’artiste est là, le carnet à la main, prêt à croquer dès les premiers rayons du soleil, ces paysannes lourdement chargées, s’installant à même le sol, pour une matinée de marché. Dans la pénombre qui s’évanouit peu à peu, elles
déroulent la toile qu’elle porte sur leur dos enveloppant leur fardeau et déchargeant de gros sacs de jute qu’elles entrouvrent. Puis elles s’accroupissent à côté de leur trésor ou s’assoient en tailleur dans l’attente du soleil qui fera venir le client.
Certaines ont de plus, leur dernier-né emmailloté dans la grande bande de tissu colorée, nouée à leur cou. Elles le portent dans le dos ou parfois sur le ventre quand les sacs sont trop gros.  Là, dans le coin, voilà une mère qui s’est accroupie, son nourrisson serré dans les bras. Cherche-t-elle l’ombre pour le protéger ? Sans doute ! L’artiste aux aguets, l’a remarquée et la croque. Quelques traits, quelques couleurs ! Le noir d’ébène de leurs cheveux rehaussera le rouge d’une partie de la couverture qui entoure l’enfant et celui du vêtement de sa mère. Une légère ligne jaune orangée le long du bras l’intensifiera, accentuant l’impression de tendresse. Maintenant, elle et son enfant se sont assoupis comme pour toutes ces paysannes, la route a été longue et le trajet harassant, un petit somme leur fait du bien.
Tout près, à ses côtés, une autre femme dort. Et dans le ciel qui brusquement se déchire pour laisser apparaitre l’astre étincelant, la paysanne rêve, rêve à ses champs là-haut dans la montagne. La pluie tombera-t-elle suffisamment pour faire croître son blé et gonfler les épis du maïs ? Le soleil saura–t-il, dieu vénéré, lui prodiguer une récolte optimale ? Cette terre, elle l’aime comme elle aime son enfant qu’elle croit tenir enserré dans ses bras, caché dans la toile. Telle la graine dans le sol souvent si aride, cette terre produira-t-elle suffisamment pour le nourrir ?  Et dans la clarté du soleil qui maintenant illumine son beau visage et rosit ses vêtements, l’artiste est là esquissant les formes à grands traits. Devant cette femme assoupie aux traits paisibles et à la bouche légèrement entrouverte, laissant passer  le souffle de la vie, il devine ses pensées  et son crayon glisse sur le papier, donnant forme à son rêve. Puis, dans son atelier, sur la toile déjà préparée, il poursuit son propre songe, la transformant en symbole de tout un peuple.

LE PECHEUR

Le pêcheur, Manuel Zapata Orihuela
Les yeux tristes, le corps las
Il répare les filets pour la pêche prochaine
Quand aura-t-elle lieu ? La saison est mauvaise
Et il faut beaucoup travailler pour rapporter peu !
À la pêche côtière
Ou pêche artisanale
Voilà ce qui se passe
Et ce n’est pas normal
Dans notre petit port
Qui sent bon le poisson
La colère gronde fort
Contre les grands patrons
Ils sont, je crois, une dizaine partis
Vers la montagne ou quelques paradis
Ils ont si fort travaillé cet hiver
Ils ont besoin, c’est sûr , de très longs congés
Ce matelot pourtant
Ne peut prendre de repos
Que par mauvais temps
Quand le ciel est gris
Que la mer se déchaîne
Il faudrait pour tenir
Avoir un bon bas de laine
Mais c’est que l’argent
Est de l’autre côté
Vous vous doutez sûrement
De qui je veux parler !
Allez, courage ! Répare tes filets en attendant des jours meilleurs !

Christiane

Posé sur le bord de sa barque, il contemple  le fruit de son travail. Son corps robuste, ses mains puissantes lui serviront-ils encore longtemps à vivre de sa pêche ?
Emprisonné par son filet, songe-t-il à l’avenir ?

Josiane

De tes mains habiles tu caresses
Le filet de pêche
Et tu joues ainsi
Sur les cordes de la vie

MONOLITHE A LA PASTEQUE

Monolithe à la pastèque, Manuel Zapata Orihuela
Mais que tient cet homme si fortement,
On dirait un gros fruit.
Nul doute qu'il lui semble précieux.
Ou peut-il le poser sans danger,
Le retrouver où il l'aura laissé,
Il cherche et réfléchit à chaque possibilité.
Toujours plus fort, il serre ce fruit.
Homme si lointain,
Es-tu si peureux des autres,
As-tu peur pour ton bien ?
Le trésor, dans ses bras finalement restera,
Aucun lieu ne lui paraît assez sûr.
Pastèque tant convoitée,
Authentique fruit de son pays,
Spectacle enchanteur pour la vue,
Tout aussi nécessaire à la vie,
Enfin te voilà bien à l'abri.
Que de précautions il a fallu prendre,
Un trésor se doit d'être conservé,
E
nsuite, il pourra enfin être mangé.

Paulette

Lumineux comme le soleil
Un disque d'or qui m'émerveille
Qui sur la montagne et les paysans
Sur les pêcheurs et leurs partisans

lundi 14 septembre 2015

SONGE D'UNE PAYSANNE

Songe d'une paysanne, Manuel Zapata Orihuela
Une paysanne dort, sans cesse éreintée par le dur labeur acharné.
Ses mains et ses pieds, gigantesques outils de travail, sont pour une fois repliés.
Baignée de soleil, son visage semble un masque d’or brillant.
Elle rêve de ne pas manquer de  nourriture, surtout d’épis dorés de maïs, cette nourriture en forme de dents, connue depuis des millénaires, aux feuilles ailées pendant d’un calice, soutenu par une tige dont les racines sont profondément enfoncées dans la terre fertile. Le blé européen, hérissé de barbes piquantes, garde une partie d’ombre, peinte en bleu : douloureux témoignage historique !
Se nourrir vaut de l’or : la paysanne songe à cette richesse.

Le rêve rassemble
Maïs Inca, blé européen
Se nourrir pour vivre !
Marie-Christine

Ses épis de maïs et de blé récoltés,
Offrent à la vue une belle promesse.
Néanmoins il faut continuer le travail,
Gérer les fruits de cette récolte.
Encore une saison qui est passée,

MATERNITE

Maternité, Manuel Zapata Orihuela
Dans la pénombre douce
La mère berce son petit
Penchée vers sa frimousse
Beaucoup d’amour pour lui…

Elle l’a attendu pendant neuf mois
Dans son ventre arrondi
Elle rêvait de son joli minois
Autant les jours que les nuits…

La naissance l’a libérée
De son ventre son enfant est né
Depuis entre change et tétées
Sa vie tourne autour du nouveau-né

Valérie




Pressant contre son sein
Un poupon emmitouflé
Elle exprime la vie

Emmanuel


Toute en rondeur,
La femme péruvienne
Toute en douceur
Et que le sommeil vienne
Serre l’enfant en rouleau
Terre d’un brun de Sienne
Sur sa poitrine, sous le rideau
De ses cheveux d’une beauté démentielle,
Couve le nourrisson

AU MARCHE

Au marché, Manuel Zapata Orihuela
La vierge affolée écoute le poissonnier lui faire des propositions grivoises avec des yeux de merlan frit et son grand couteau rougi par le sang des poissons.

Mireille

Après discussion entre la vendeuse et la cliente : combien vaut ton poisson ? C’est le couteau qui tranchera la part de chacun.

Josiane





La vendeuse toute bleue
D’un couteau sanguinolent
Écaille le poisson

Emmanuel

L’artiste soigne la construction, la symétrie, les formes géométriques ainsi que le thème du tableau.
Nous dénombrons sept poissons, dont le dernier repose sur l’étal. Il faut se nourrir tous les jours : à chacun son poisson quotidien !
Les couleurs sont volontairement froides : le visage du gros poisson et des personnages, présentés de profil, nous interpellent.
Le couteau est ambivalent : outil ou arme.

LA FILEUSE


La fileuse, Manuel Zapata Orihuela
Elle n’est plus elle-même, les yeux écarquillés, les doigts déformés, à force de fixer son regard sur son rouet, les mains manipulant sa quenouille, elle voit des mètres de laine. Combien de pelotes a-t-elle confectionnées ? Combien de pulls, de couvertures ont vu le jour par son savoir-faire ? Les moutons bêlent autour d’elle mais elle n’y prête plus attention. Elle est hypnotisée par leurs toisons. Et pendant ce temps, le temps file entre ses doigts et demain, il sera trop tard, pour filer autre part.

Mireille

File la laine ma fille
Surtout celle de Lama
File la laine de la plaine
Surtout celle d’Alpaga
Transforme les fleurs de coton
En étoffes aux superbes éclats
Tes grands yeux au regard profond
Ne quittent l’écheveau
Bien loin de nos civilisations ici-bas
Que pour créer le renouveau
Sous le soleil Péruvien tout là-bas
Au pays des rustiques agriculteurs
Et bien sûr, n’oublions pas
De courageux éleveurs
Sous des altitudes défiant Eole et le froid
Tableau peint avec romance et chaleur
Par le mari de notre amie Marie-Thérèse Zapata.

Claudine

Le soleil adoré des Incas, mélange de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, baigne la fileuse, trônant au milieu de nulle part, assise au premier plan, contre une volumineuse structure cubique, grisâtre, aux arrêtes froides, nues, impersonnelles.
La fileuse aux mains surdimensionnées, étire de la main gauche la laine blanche de lama ou de vigogne, fait tourner de la droite le fuseau pour tordre le brin blanc : selon la légende, l’arc-en-ciel Kuychi, mécontent des habitants de Taquile leur aurait enlevé les couleurs, les laissant dans un univers de blancs et de bruns ; c’est en apprenant à tisser que les Indiens auraient « recouvré » la couleur

vendredi 11 septembre 2015

LES MÉTIERS DISPARUS

La rue descend légèrement et c’est allégrement que je la prends ce matin-là. Il fait beau, presque chaud. Au coin de la place, un tout nouveau magasin de surgelés est là, au rez-de-chaussée. Peint en blanc, l’encadrement de sa vitrine aux grandes vitres transparentes, dépassent légèrement la façade grise de cet immeuble déjà ancien. Entre deux étages, comme sur un fronton, quelques lettres gravées dans le mur gris s’effacent peu à peu : « Glac..ères Chare..ais.. ». Immédiatement, ces quelques mots font jaillir de ma mémoire la vision d’un passé déjà lointain. D’un portail grand ouvert d’où s’écoule souvent un filet d’eau, sortent régulièrement d’avril à octobre, des attelages de deux chevaux. Ils tirent une charrette pleine de paille sur laquelle reposent les pains de glace. Au bruit des fers sur le sol, les ménagères sortent sur le pas de leur porte et hèlent le cocher, assis droit comme un i sur la banquette avant. Alors, d’un geste bref, il tend les rênes et du long fouet qu’il tient à la main, caresse le dos des animaux. Les roues de bois cerclées de fer crissent et l’attelage s’arrête le temps qu’à l’arrière, le glacier, vêtu de son tablier de cuir, décharge la marchandise, des blocs de 2 à 5 kg. Souvent, il les porte jusqu’à la glacière de la cuisine et, l’achat réglé, il grimpe sur son siège tandis que l’attelage s’ébranle à  nouveau. Leur passage laisse une trace humide sur les pavés de la ville et parfois quelques crottins que les chanceux propriétaires de jardins s’empressent de recueillir dans leur seau, une pelle à la main !
En hiver, ce sont plutôt les marchands de charbon qui traversent la ville, avec leur tombereau fermé sur les côtés. Il ne faut pas qu’un boulet ou un morceau d’anthracite s’échappe ! Certains sont déjà aux aguets pour s’en emparer. Ce serait une aubaine ! Les temps sont durs ! La commande passée au petit café auvergnat, chez «le bougnat », le commis arrive, tout de noir vêtu, la figure et les cheveux couverts d’une poussière qui s’incruste dans la peau. D’un coup de reins, il attrape le sac, le pose à même la rue et l’ouvre. Il le déverse alors dans la cave, par le soupirail à ras du sol. Sous l’effort,