samedi 30 janvier 2016

VIE DE GARGOUILLES

Notre Dame : Une grande dame.
De pierre de taille certes, mais aussi de larmes.
Avec ses corniches, ses statues, ses gargouilles et ses chimères, ses incendies et ses reconstructions, ses cérémonies et ses bénédictions. Autant de cortèges et de services religieux au son des cloches, du carillon au glas pour sonner le trépas.
Et sur ses façades logent des tourelles aux gargouilles grelottantes qui gargouillaient jadis au passage de la poix bouillante et visqueuse tombant sur l'assaillant, le brûlant comme du bois. Mais nul besoin de renouveler l'exploit : ses portes résistent aux assauts des pèlerins et des nombreux visiteurs venus du monde entier pour admirer la demeure du Christ le bien nommé et de sa mère Marie qui l'a tant aimé. Le lourd pêne des portes de bois brut grince aux heures de visites et, aux grandes occasions, l'orgue résonne aux creux des chênes centenaires et des tympans en de longs trémolos liturgiques. Et pendant ce temps, que se racontent les chimères campées sur leurs perchoirs, privées du spectacle magnifique de ces voûtes centenaires datant du  siècle de Louis XI. Triste sire qui enfermait ses prisonniers dans des cages rouillées où pourrissaient ses victimes décharnées. Elles devaient frissonner à entendre les longs hurlements de la torture, ou peut-être se réjouissaient-elles du sort de ces damnés ? Invectivaient-elles alors les passants et la cour des miracles à leurs pieds ? S'en prenaient-elles aux notables et au clergé ? Et de leurs bouches édentées, sortaient-ils des sons rauques et gutturaux inaudibles aux humains, du domaine du surnaturel et s'envolant au firmament ? Se tournaient-elles alors vers la Seine, scène de vie, zone fluviale et de passage où barques, bateaux, barges plates la remontaient ou encore partaient vers l'estuaire loin de là d'où les Normands avec leurs drakkars, il y a si longtemps, sont arrivés à Paris ? Entendaient-elles les charrettes et les chars à bœufs dont les lourds cerclages formaient des ornières sur les rives de la Seine ? Sentaient-elles l'odeur de la paille fraîche que l'on distribuait aux chevaux quand, d'étapes en étapes, les bêtes se reposaient dans leur étable et leurs maîtres buvaient une bonne pinte dans une échoppe  ou froissaient les draps de lin ou de chanvre d’une auberge accueillante non loin ? Observaient-elles d'un œil amusé ces
mousquetaires hilares et avinés sortir en titubant des tavernes, tenant encore  leurs timbales en main, digérant leur orge et leur gruau avec force bruits de mastication, de succion et gestes déplacés envers la serveuse leur versant le vin ? Continuent-elles de visionner le même genre de spectacle aujourd’hui avec les touristes, les autochtones et riverains sortant des nombreux bars à vins, pubs à bière, restaurants de tous les continents contribuant à remplir les urgences de l’Hôtel Dieu de leur viande saoule ? Si elles avaient pu faire un rapport de tous les petits larcins répertoriés du haut de leur observatoire : vol à l’étalage, vol à l'arraché ! Si elles devaient s'exprimer au Palais de Justice tout près et auprès des représentants de la loi, que dirait d’elles la police judiciaire ? Et si leurs yeux étaient caméras ? Et si leurs oreilles étaient tympans et micros ? Et si leurs gorges  étaient cordes vocales ? Et si leurs mains savaient manier la technologie moderne ? Que nous tchatcheraient-elles sur Tweeter, Instagram, Google + ou FB  ? Nous donneraient-elles des nouvelles de la Tour Eiffel aux couleurs tricolores et de l’arc de Triomphe qui a froid aux pieds ? Nous inviteraient-elles à visiter Paris sur les nombreuses vedettes et bateaux-mouches qui sillonnent la Seine en passant sous ses ponts où soupirent encore des amoureux transis pendant que d’autres chantent Sous le pont des Arts de Georges Brassens. Depuis que les gargouilles veillent Sous le Pont Mirabeau coule la Seine, comme nous le clame si poétiquement Apollinaire.

Claudine
.............................................................
Comme de grands oiseaux perchés à la cime des arbres, se tenant immobiles, scrutant l’horizon, les gargouilles de Notre-Dame sont là, à jamais, figées dans la pierre.
Imperturbables ! Vraiment ? Ecoutez-les parler. 
« - Eh toi, ne te penche pas autant dans le vide, tu pourrais tomber !
-       Mais non, je veux examiner ces humains de plus près ! Simples visiteurs ou fidèles ?
Glou-glou-glou !
-          Tu gargotes maintenant ?
-          Tu veux dire, tu gargouilles. Bien sûr, ce n’est pas une gorgée que je bois! Ne suis-je pas là pour vomir les eaux ruisselantes des cheneaux ?
-          Tu te gargarises bien, gargouille ! Tu joues le grand rôle ?
-          Mais oui, sans moi et mes congénères, les murs de l’édifice se seraient écroulés ! Je les protège !

lundi 18 janvier 2016

DÉFINITIONS IMAGINAIRES 10

Inventez (pas de recours au dictionnaire) un sens et une définition aux  mots suivants :

Aquilon – Clocheman – Féer – Glabelle – Hélode – Madrure – Magdelonnettes – Psittacisme - Tarbouch
............................................

AQUILON : Nom masculin désignant une étendue d'eau de forme peu commune comportant  des courbes / Nid d’aigle coiffant un pic rocheux/ Mot employé pour questionner un jeune enfant  « A qui l’on ? » dit ; à qui l’on parle, à qui l’on donne ».../ Nom  donné  à  un  homme au nez  fin, long et  aquilin/ Petit cheval, la crinière au vent/
Instrument de musique émettant des notes très aigües/Appareil de laboratoire débitant de faibles doses d’eau à intervalle réglables/ Nom donné à très beau cheval noir, léger, puissant, qui semble s’élever dans les airs quand il court/ cheval très endurant/Instrument de marine qui permettait de calculer et d’anticiper les courants


Véritable définition : nom masculin. En termes de blason, têtes d’enfants joufflus qui paraissent souffler avec violence. Vent du nord, froid et fort.


CLOCHEMAN : Dans les temps anciens, en Angleterre, le clocheman, sorte de crieur public, était un homme chargé d’annoncer sa venue et son propos par une clochette/ Nom donné aux pirates dont la jambe de bois terminée par un fer, résonnait sur le sol/ Homme sans domicile fixe et menant une vie errante/ Terme d’architecture, rebord en pierre proéminent au-dessus d’une fenêtre pour protéger du soleil : « fenêtre à clocheman »/ Nom
masculin  franco-anglophone réunissant  le mot : cloche  et man. Possédant  un sens péjoratif pour nommer un homme vivant à la cloche de bois.  Synonyme : Sans domicile fixe : SDF en France/ Guetteur faisant retentir une cloche en cas d’alerte/ Clochard gentleman /Figure de gymnastique qui consiste, pieds en l’air, à tenir une main au sol et à sauter sur l’autre

Véritable définition : nom masculin. Mouton qui conduit les autres par le son d’une cloche placée autour de son cou. Sonneur de cloches.

Féer : Se faire des illusions, rêver. Ex. : Je me suis féée un magnifique manoir en pleine forêt/ Sceller  un  amour en offrant des fers à une jolie femme de l’aristocratie/ Jouer à la fée/ Prendre les choses à la légère, se montrer inconséquent/ Pratiquer quelque chose

samedi 16 janvier 2016

LOGORALLYES IMPROMPTUS

Ecrire avec des mots imposés - 10 minutes chrono !


............................
Moudre – remplacement – firmament – gargouillis - enfant

Un enfant regarde le firmament et son esprit s’évade, pour le moment le voici ailleurs. Hélas ! le charme prend fin avec un gargouillis de son estomac, la faim le tenaille. Il rentre donc chez lui prendre son repas, en remplacement de son rêve. Pour retrouver cet univers, il aura du grain à moudre.

Paulette
 ..........................
Ombrage – mistral – verroterie – endormir – amicalement

Je m’endors dans l’ombrage de la véranda quand, amicalement, René me réveille car le mistral se déchaîne et il a peur que la verroterie au-dessus de ma tête ne résiste pas.

Josiane
.............................. 
Baignade – trébucher – panne – ambassadeur - perruque

Lambassadeur part au bord de la mer. Sur le chemin, il pense à la bonne baignade dans la méditerranée. Soudain, une secousse, la voiture a comme trébuché, puis c’est la panne. Quelle déconvenue ! Attendre un dépanneur en rase campagne peut s’avérer bien long, le pauvre ambassadeur souffre et transpire sous ce soleil de plomb et finit par retirer sa perruque.

Christiane
............................. 
S’illuminer- hilare – vermicelle – soudain- ruine

Je vis s’illuminer d’un seul coup les ruines par un merveilleux feu d’artifice. Soudain, un rire profond, tonitruant, d’un homme hilare retentit derrière moi. Il avait renversé son pique-nique à base de soupe de vermicelles, surpris par les éclats de voix des spectateurs.

Nadine
 .............................
Fascination – escalader – printanier –provision- fauteuil

Avec mon sac à provisions bien garni qui génère la fascination des badauds en ce matin printanier, j’escalade allègrement le trottoir et j’y découvre un fauteuil Louis XVI abandonné ici pour ses derniers jours.

Claudine
...............................
Angine – friandise – obscur – engager - truelle

Avec sa truelle, Pierre refait le mur d’un obscur passage. Tout en suçant une friandise, il s’active car il s’est engagé à finir le travail pour ce soir ; mais dans le courant d’air frais, il va attraper une angine.

Marie-Thérèse
 ............................
Sortilège – fouetter – margarine – troupeau – écrire

Le troupeau monte vers l’alpage sous la houlette de Jean-René, tandis que Marinette, son épouse, restée au logis sort la margarine du réfrigérateur et fouette le blanc des œufs pour les monter en neige. Un sortilège s’abat alors sur cette famille, transformée instantanément en statues de sel tandis que j’écris cette nouvelle en leur honneur.

Marie-Christine

dimanche 10 janvier 2016

ADIEU 2015

Lourdeur, l’année fut pesante.
Angoisse face aux événements
Inaptitude à s’adapter
Solitude malgré la multitude
Silence envahissant
Et pourtant !...
Zigzaguer entre les écueils est nécessaire.

Partir pour l’avenir
Abandonner ses peurs
S’enthousiasmer pour la beauté
S’entourer, oui, mais de qui ?
Espoir, ne me quitte pas
Rassemblons avec courage toutes nos énergies.

Josiane
............................................................
L'année 2015 prend fin et c'est le moment d'en dresser le bilan. Il y  certainement eu de bons moments mais la façon dont elle a commencé et dont elle s'est terminée nous les fait un peu oublier et nous met mal à l'aise.
Comment en effet effacer de notre mémoire tous ces attentats meurtriers qui ont fauché tant de vies innocentes. Je pense donc tout naturellement à toutes ces personnes qui ont été tuées au nom d'un idéal imbécile.
Janvier avait déjà très mal commencé, la sortie de la période des fêtes s'est donc faite brutalement, l'euphorie est vite retombée. Des êtres ont été lâchement tués parce qu'ils faisaient leur travail tout simplement, qu'ils défendaient la liberté d'expression. Une policière a été abattue froidement parce qu'elle représentait l'ordre public et que cet ordre n'est pas le leur. Ce magasin attaqué au nom d'une religion qu'ils ne reconnaissent pas. Tout ces massacres au nom d'un dieu qu'ils défendent et qui n'en est pas un. Que de morts pour une année qui commençait donc très mal. Au nom de quelle soi-disant religion peut-on commettre de tels actes barbares