samedi 25 mars 2017

SANS LE "E"

A la manière de l'écrivain Georges Perec qui écrivit son roman La disparition sans que jamais ne figure la lettre "e", écrivez un texte avec pour thème "être éveillé au milieu de la nuit", sans le "e", bien sûr.
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Un train roulait dans la nuit pour Paris, à son bord un bataillon rompu. Il avait du s’assoupir car tout autour de lui un noir profond. Mais dormir, il voulait dormir. Son compagnon s’installa à plat dos et ronfla. Il ronflait si fort, lui alors siffla son compagnon modifia sa position sur un lit trop mou, passant sur un flanc mais continua. Transi il avait pourtant soif, il tâtonna, trouva son bidon dont il absorba le fond. Puis il compta jusqu’au moins un million tapotant du bout du doigt un drap trop fin, mais toujours sans solution. Quand tout à coup il vit un rayon blafard  il fût gai car il avait vaincu la nuit.

Fabienne
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Bruit sourd dans la nuit, ouragan, tourbillons chahutant la maison, agitation du sol. Mon flacon sortant du placard chuta sur un coin, diffusant mon parfum. Mon conjoint dormait. Il glapit : « Pourquoi  un fracas aussi fort dans la nuit ? » Un gond grinça, l’abat-jour s’accrocha au montant du lit. Il cria !  Ouah ! Par un faux vitrail, on voyait moult oscillations d’un acacia rabougri. Un toutou corniaud  hurla à la mort. Mauvais sort pour un lundi ! Hallucination ou frissons. Sur son tronc, un chocard siffla puis  vola sous un grand toit voisin qui tomba. Bruit ronflant d’un train fou roulant sous moi. Broum, broum. Bruit trop fort ! Qui fora un trou sous moi ? La maison vacilla.  Angoissant sursaut ! Oh toi, dormant sous un volcan, ou tapi dans ton mont, grand dragon chinois ou poisson-chat japonais qui vit sous  nous, pourquoi vous mouvoir au grand dam du vivant ?   Pourquoi t’amusais-tu, lutin malin,  ou troll aigri du sous-sol  obscur,  choquant rocs sur rocs,  châtiant tout individu. Quand finiras-tu ton sépulcral plaisir ? Ici,  dans mon jardin, on trouvait  un trou colossal. Sur mon balcon,  parmi  gravats, plâtras ou bris, fraction du toit, un plat. Qui l’avait mis là ?  Vilain titan qui importuna animaux ou humains.  Convulsions du sol, glacial cliché d’un long soir hallucinant.  Bilan Inouï !   Je  quittai mon abri  et frissonnant partis au loin, dans champ, pour un gourbi plus  dur. 

Marie-Thérèse
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Marina dans on lit dormait. On frappa trois coups brutaux. Où ? Là-haut ! Un coucou sonna. Quand ? à minuit. Dans son logis clos, fort obscur, Marina bondit. Au-dessus de son lit à baldaquin, dans un bruit assourdissant, un lourd bahut massif chuta, brisa un miroir, suivi du choc mou du bocal du poisson carassin.
Au plus fort du charivari, Katia hurla, apostrophant sur un ton incongru son mari, grand marchand d’art national, qui nonobstant le brouhaha, invoquait Mona Lisa. Martin arrivait toujours trop tard. Pourquoi ? Il avait pourtant plus d’un tour dans son sac. Un chat miaula fortissimo, à l’unisson, sourd au magistral chahut.
Katia dansait sur un volcan, au plus fort du hourvari, son mari aussi. Martin, las du boucan, du tohu-bohu, partit finir la nuit au salon dans on clic-clac, fort marri, au vu du chaos conjugal.

Marie-Christine
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Un jour a fini, à son tour la nuit fait son apparition. Individus, animaux, tout va dormir durant un  instant qui paraît infini, du moins quand on dort.
Dormir, aboutir au statut d'un gisant nonchalant, lui paraît pyramidal. Un lit, tout à la fois doux, chaud, lui paraît donc plutôt satisfaisant, attirant aussi. Lui, y couchant son corps fourbu, voudrait tant pouvoir dormir pour partir loin, toujours plus loin. Mais vouloir, pouvoir... plus ardu qu'il n'y paraît.

samedi 18 mars 2017

PROMENADE

Promenade au fil des jours. Retrouvailles d’un jour. Nuit câline où tout nous réunit. Une longue balade sur la plage, pieds nus et nez au vent. Nos vêtements claquant sous les embruns. L’action dynamisante et granuleuse des grains de sable blonds ruisselant sur le velouté de nos joues rosissant nous offre une thalassothérapie. Quand les souvenirs comme des bulles de savon émulsionnées viennent mourir doucement au creux des vagues et des marées. Quand s’enfoncent nos pieds dans le tapis mouvant d’une plage balayée par l’écume des jours. Quand le chant en continu de la houle berce nos tympans. Quand nos corps rompus de fatigue croulent sur quelques monticules  apparents. Quand nos regards se croisent et d’un commun accord nous choisissons de rester blottis l’un contre l’autre, la tête reposant sur l’épaule bienveillante. Quand le chuintement de l’eau salée s’écoulant le long de la roche couvre nos chuchotements. Quand les derniers reflets marbrés s’estompent sur le revêtement minéral  et dans la nacre des coquillages éparpillés. Quand la plage se vide des rares promeneurs, amoureux de la grande bleue. Quand les derniers chars à voile retournent au parc et que le soleil descend à l’horizon. Quand les derniers reflets de l’astre s’agrippent derrière la robe irisée d’une mer d’huile troquant son rougeoiement pour un gris argenté…Quand d’un petit mouvement lointain de vagues soulevées par une brise légère, elle nous indique qu’il est temps de rentrer… Alors au diapason des battements de nos cœurs, la flanelle de nos pantalons relevée au dessus de nos genoux pèse un peu plus sur nos membres rompus de bonheur.. . La  Nuit d’encre constellée d’étoiles qui brillent dans les yeux et nos mains unies nous réunissent. Un dernier regard vers le passé et le temps de nous dire bonsoir en un souffle, en une prière de nous retrouver bientôt, nous lie.  Le charme d’une promenade au clair de lune censée durer  jusqu’à l’aube emplit nos souvenirs et crée de nouveau l’envie.

Claudine
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C’était l’heure de la promenade et nous l’attendions avec impatience. Internes et jeunes ados, nous ne sortions que le jeudi après-midi, en rangs serrés par quatre, sous la houlette de deux surveillantes. Nous quittions l’établissement non sans qu’elles aient contrôlées la bonne tenue de nos uniformes. Nous représentions l’institution à l’extérieur. Pas question d’être débraillées ou seulement mal fagotées. Et nous étions priées de nous tenir bien droites en marchant, pas de fantaisie ! Nous démarrions en silence jusqu’à la sortie de la ville mais avant de l’atteindre, il y avait pour nos deux cerbères, un carrefour crucial. Car à cette même heure, mais en sens inverse, le collège de garçons sortait également en promenade, en rangs serrés et en bel uniforme.

samedi 11 mars 2017

RÉINCARNATION, SENSATION DE DÉJÀ VU, VIES ANTERIEURES OU FUTURES

Si je devais me réincarner ce serait en moi-même et ce dès la petite enfance. Ce qui voudrait dire que ma famille serait aussi réincarnée. Refaire ma vie pour retrouver toute les sensations agréables et éviter ce qui l’a perturbée. Je crois que c’est la peur de vieillir, la peur de la mort de ceux à qui je suis attachée qui me fait dire cela dans un moment difficile pour moi. Je voudrais retrouver les doux bras de ma mère pour consoler mes chagrins, ses mots apaisants, la force rassurante de mon père. Quand j’avais mal à l’âme je n’arrivais pas à mettre des mots dessus, c’était juste une sensation désagréable qui me donnait envie de pleurer. Je me rappelle, quand j’étais malade, de la fraîcheur de la main de maman sur mon front de sa voix douce qui me demandait si quelque chose me ferait plaisir à manger. Pourtant si petite, maman a toujours tenu une place très grande pour moi. Je ne voulais pas partir en colonie de vacances car je me sentais abandonnée et à l’aller comme au retour je pleurais comme une madeleine. Je n’ai jamais aimée être seule, je me souviens des repas de dimanche en famille, mon frère et ma sœur après le dessert quittaient la table pour aller vaquer à leurs occupations, et moi je m’installais allongée sur ma chaise la tête posée sur les genoux de ma tante qui me câlinait et je somnolais dans le brouhaha de la conversation. J’aurais voulu que cela dure éternellement. Je sais que ce n’est pas la vraie vie et que ce n’est pas possible mais je m’accorde le droit de rêver de retrouver ma sœur morte si tôt, de pouvoir espérer avoir un petit-fils ou une petite fille du côté de mon fils si ma belle-fille n’avait pas eu cet accident qui rendrait une grossesse trop risquée pour elle. Je pourrais éviter les erreurs que j’ai faites, être pour mes enfants solide et compréhensive, pour mon ex-mari avoir su prendre la bonne décision au bon moment. A force d’être hésitante sur les décisions à prendre j’ai perdu du temps et souffert pour pas grand-chose. Je suis probablement hors sujet mais c’est ce que m’inspire la réincarnation.

Fabienne
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Je me souviens de deux femmes dont j’avais rêvé : la mère et la fille. Nous avions sympathisé puis échangé des idées, nous nous étions un peu confié sur nos vie, puis nous partîmes vers des côtés opposés sans penser à nous revoir. Je me réveillai ravie, en pensant à ce bon moment passé. Puis les jours s’écoulèrent, j’oubliai cette chimère rapidement, continuant ma vie.
Un jour, je devais me rendre dans une ville lointaine pour effectuer des démarches professionnelles qui me mettaient mal à l’aise.

dimanche 5 mars 2017

LES APPARENCES SONT TROMPEUSES

Le matin, il se lève, 
Tourne le dos à Eve.
La douche terminée,
Le costume enfilé, 
Le départ du foyer
Pour toute la journée. 

À son boulot ce n'est que sourire.
Les collègues l’admirent !
Le travail est toute sa vie,
C'est un bourreau attachant,
Entre réunions et plaisanteries,
Tiré à quatre épingles quotidiennement. 

Le soir venu, le masque tombe.
L'épouse, la peur au ventre,
Reçoit les injures qui rentrent,
Les coups qui pleuvent.
Elle devient son ombre.
Elle souhaite être veuve...

Les reproches, du parfait
Qui l'a isolé des amis
De la famille, ne donne que des ordres
Rabaisse et ironise.
Rien n'est assez bien pour lui 
Et en pervers recommence et balance 
Entre costume du bourreau 
Et habit d'apparat. 

Personne ne se doute
Que cet homme qui envoûte
À l'extérieur de chez lui
Torture par plaisir 
Dit que c'est de l'amour

Et n'admettra pas la séparation...

Valérie
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Un visage d’ange. Des yeux d’un bleu bordé de longs cils divinement maquillés et de ce trait métallisé rappelant l’éclat du regard étonnamment clair et vif. Tout dans la discrétion et non un bing bling ronflant des années yéyé. Une bouche fine relevée d’un gloss rose de la période post «  M elle âge tendre »sous des mèches d’un blond entre Sylvie Vartan,  Pétula Clark et la petite midinette chantant « poupée de sire, poupée de son ». Pour un peu, on s’attendrait à ce que la demoiselle approchant la cinquantaine entonne un air entraînant, langoureux et glamour à souhait… ce qu’elle fait d’ailleurs avec ses «jeunes  copines » entre deux dossiers et autres transmissions. Mais dès que l ‘on tourne le volet et le dos, cette simili allégresse tourne au vinaigre et c’est alors un défilé de pamphlets ronflants et ô combien