vendredi 26 janvier 2018

LES DIMANCHES

Le dimanche au bord de l’eau, plus qu’une habitude, est un rite pour Gontran et Adeline. Ils se retrouvent au « Petit Quinquin » aux premiers rayons du soleil printanier. Ils y dégustent des moules et des frites puis prennent les avirons ou les rames au gré de leur humeur pour glisser sur l’eau de la Marne. Ils rajustent leur chapeau de paille pour notre Adeline aux cheveux dorés ondulant sous le vent joyeux et le fameux canotier que portait l’artiste Renoir quand il peignait ses relations proches autour d’une table. Il y avait de bien jolies dames au teint de rose et aux robes fleuries. Or, un dimanche pas comme les autres… Gontran a demandé la main de sa douce en prenant délicatement ses jolis doigts blancs gantés, sur un tapis de pétales de roses rose habilement dispersés sous ses tout petits pieds. La belle a baissé les yeux et dans un sourire radieux la lui a accordée. Notre couple déjà formé a pu ainsi sceller ses vœux de fidélité sur une onde claire et tranquille de chasteté. Le ciel bleu et le soleil brillaient d’un éclat spécial se reflétant dans le myosotis et le pervenche de leurs iris aux pupilles d’or. Après les fiançailles, ô combien romantiques, les noces furent célébrées. Ils continuèrent bien longtemps après à en célébrer les anniversaires en emmenant avec eux leur joyeux duo de bambins aux joues écarlates et au rire cristallin. Des cascades de rires qui comme des ricochets font saute-mouton au travers des vaguelettes au fil du temps.

Claudine
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Les dimanches d'hier, lorsque j'étais enfant étaient souvent réglés. Le matin, notre père faisait des œufs sur le plat pour le petit déjeuner. C'était comme une petite fête dès le réveil. Puis, après la toilette, nous mettions, mes sœurs, mes frères et moi, nos habits du dimanche, car oui nous avions nos beaux habits du dimanche que nous mettions exprès pour aller à l'église assister à la messe dominicale. Pour moi, c'était une évidence, je ne me posais pas de question et j'écoutais avec attention le prêtre pendant plus d'une heure. Et lorsque, la messe finie, nous revenions à la maison, l'odeur du poulet rôti et des frites nous chatouillait le nez. Alors, vite, nous nous changions pour ne pas salir ces beaux vêtements et nous nous installions pour déguster ce bon repas. L'après-midi, soit nous allions chez nos grands-parents paternels où nous engrangions des fous rires et des souvenirs avec tous les cousins et cousines que nous retrouvions, soit au printemps ou en été, nous passions l'après-midi en forêt où bouquets de fleurs des bois et des champs venaient garnir nos mains, puis la maison. Des dimanches simples, mais des souvenirs qui me sont chers.

Valérie
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Le dimanche est ce que l'on appelle communément un jour de repos. Il termine une semaine qui s'est passée à travailler, au moins jusqu'au vendredi la plupart du temps. C'est donc aussi le moment où on va pouvoir souffler, décompresser, reprendre des forces.

samedi 20 janvier 2018

LOGORALLYE GEANT

Ecrire un texte comportant obligatoirement les mots suivants : interdit, émerveiller, coiffeur, énigme, applaudissement, clef, huile, entrée, famille, progresser, volume, note, raie, page, cadenasser, tarte, rêver, grain, vague


L’anniversaire surprise

Il tourna la clef dans la serrure, poussa la porte et s’émerveilla devant les nombreuses tartes et gâteaux qu’il vit. Toute la famille était là et tous ces applaudissements étaient pour lui. Dès l’entrée il prit note que tante Zette avait été chez le coiffeur. Ce dernier lui avait fait une raie sur le côté ce qui ajoutait à son petit grain de folie. Il progressa heureux au milieu de tout ce monde venu rien que pour lui. Il en avait rêvé mais cela restait une énigme pour lui que ses parents aient pu le faire. Il comprenait mieux pourquoi depuis trois jours l’armoire était cadenassée et il lui était interdit d’aller dans l’arrière cuisine. Prétextant chercher de l’huile il avait jeté un vague coup d’œil mais n’avait rien vu d’autres que des volumes. Il était si remué qu’il savait déjà que dans son livre intime plusieurs pages y seraient  consacrées. 

Fabienne
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Dans les années 90, des centaines de jeunes, venus de tous les horizons, rêvant de surfer sur la vague du succès, venaient au centre-ville de Gentilly. On les apercevait parfois, à la terrasse du café, dégustant une part de tarte aux pommes : les garçons ne sortaient pas tous de chez le coiffeur avec une raie sur le milieu ou le côté ; les filles n'avaient pas le temps de rêver ou de s'enduire le corps avec de l'huile bronzante, pour se dorer au soleil. Juste en face, se trouvait l’entrée du Site Alice Dona où il n'était pas question de cadenasser ou d'enfouir son talent, mais de briller par l'excellence de la performance scénique, acquise au prix d'un entraînement intensif : la médiocrité était interdite, les  notes éliminatoires. Il fallait progresser d’arrache-pied, se surpasser à chaque instant.

lundi 15 janvier 2018

IL NE FAUT JAMAIS DIRE JAMAIS

Louise s’arrache les cheveux. Elle s’y est mise vraiment trop tard pour établir son programme de révisions. Elle n’a pas pu le tenir. Il faut dire qu’elle n’a pas trop étudié au premier trimestre et a eu du mal à se motiver au deuxième. Non, jamais, elle n’y arrivera ! D’ailleurs ce n’est même plus des révisions. Elle a fait trop d’impasses dans l’année et maintenant, elle a beau s’y acharner, il ne lui reste plus assez de jours pour tout revoir voire apprendre. Elle se désespère. Non, jamais, jamais, elle ne pourra réussir son bac et elle restera là sans ses copines qui elles bien sûr, l’auront. Elle s’en veut mais il est bien trop tard. Tout plaquer, ne pas y aller, prétendre que je suis trop malade. Toutes ces idées l’effleurent mais elles les repoussent d’un revers de la main comme sa mèche de cheveux qui lui tombe dans les yeux. Elle pousse un gros soupir et se remet au travail.
Et les heures passent ;  elle tombe de sommeil. Ni le café, ni les vitamines ne sont assez puissants pour l’empêcher de fermer les yeux. Elle s’assoupit de longues minutes et se réveille en sursaut et maugrée : « non, jamais, je n’y arriverai ! C’est tant pis pour moi. » Mais elle continue quand même  à réviser.
C’est la tête un peu douloureuse et comme dans du coton, qu’elle passe les épreuves écrites.
« La philo, allez savoir ? L’histoire, çà devrait passer, l’économie, j’espère avoir bien réussi mais les maths une vraie catastrophe ! »
Louise sort de la salle d’examen, peu fière d’elle et pas du tout  rassurée sur son sort. Elle se joint à ses copines et feint la bonne humeur, y va de son petit commentaire mais au fond d’elle-même, elle angoisse. Et dire que maintenant, il faut attendre des jours pour connaitre le verdict.
 «-  Jamais, je n’aurais dû venir, se dit-elle. Je vais  être ridicule, la honte de ma vie. »

dimanche 7 janvier 2018

UNE HISTOIRE DE BIJOUX

Lorsque j’étais adolescente, ma grand-mère maternelle m’a remis une bague de fiançailles qui avait appartenu à la mère de mon grand-père. Mon arrière-grand-mère est morte lorsque mon grand-père avait quatorze ans. D’elle, je n’ai qu’une simple photo. Et cette bague, pleine de charme, chargée d’une histoire et d’une mémoire. Elle est en or, deux petites feuilles vertes viennent entourer quatre minuscules perles représentant des fleurs. Une bague très féminine, très romantique. J’imagine la joie que mon aïeule a dû ressentir lorsque son amoureux la lui a offerte.
Cette bague est un véritable lien de famille, un héritage, et je me sens comme inscrite dans l’histoire familiale grâce à ce bijou.
Je l’ai reçu à l’âge de quinze ans et l’ai portée nuit et jour pendant de longues années. Et quand ma fille a eu ses quinze ans, je lui ai offert ce précieux cadeau d’une filiation indéfectible et indéfinissable.

Valérie
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Oublier le quotidien devant la vitrine d’un joaillier de la Place Vendôme permet de faire le point sur la beauté, le plaisir, la richesse et aussi l’envers du décor pour le plus grand nombre des mortels. En effet, un bijou cache sous ses facettes nombre de péchés capitaux : orgueil pour les uns, frustration pour les autres, suscite l’envie, peut déclencher des règlements de comptes lors de perte ou d’appropriations indues…
Comme beaucoup de touristes, j’ai pu voir les bijoux de la couronne britannique exposés dans la Tour de Londres : ces symboles de richesse, de puissance m’ont paru figés pour l’éternité. La littérature en exemples abonde : Diderot, Les bijoux indiscrets ; Maupassant, La parure ; et tant d’autres : que de promesses mais aussi de privations, d’humiliations et de misère !
Parfois, la possession d’un bijou revêt une valeur affective comme la bague de fiançailles. Une enfant de ma connaissance me disait être depuis toujours attirée par tout ce qui brille : âgée de cinq ans, elle avait trouvé la bague de sa mère, l’avait fourré dans une enveloppe et posée dans sa chambre. Son père, maniaque du rangement, jeta le tout, sans vérifier le contenu. L’enfant ne fut pas grondée, on lui dit simplement que ce bijou valait le prix d’une belle maison. Depuis, sa mère en a une aussi belle, mais ce n’est pas celle de ses fiançailles. Elle a une très  belle maison également.
Dans d’autres lieux, au début du vingtième siècle, mon grand-père paternel était « caissier », colporteur muni d’une caisse en bois attachée au cou, à l’aide d’une courroie en cuir, il allait ainsi des Pyrénées jusqu’au Berry, vendre des bagues, des boucles d’oreilles en plaqué or ou argent : ces modestes bijoux devaient porter des promesses de plaisir et de fidélité, mais aussi de deuil ; j’ai vu des femmes porter des boucles d’oreilles en argent, ornementées d’une pierre noire, comme l’onyx, pendant leur veuvage, souvent définitif : peu d’entre elles se remariaient.
Pour ma modeste part, une personne à laquelle j’avais rendu des services, mais ou la reconnaissance existe parfois, m’avait donné une alliance familiale que j’avais dû faire agrandir.
J’avais acheté moi-même ma bague de fiançailles : j’aurais dû réfléchir au degré de ladrerie du fiancé ! L’amour rend aveugle mais le mariage rend la raison !
J’ai donné ces bijoux à ma fille, en souvenir : elle les garde précieusement mais sans ostentation.

Marie-Christine
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Lors de ma dernière année d'étude au lycée technique, j'ai dû accomplir un stage en entreprise. Pas un simple stage d'observation mais un stage de trois mois. J'observais, j'apprenais mais je travaillais aussi. Chaque fin de semaine, j'étais évaluée par le directeur de l'agence sur un livret de stage que j'ai toujours en ma possession.  Au terme de ce stage je devais rédiger un rapport complet, étayé de documents si possible. Ce rapport était noté pour sa présentation, sur le fond et sur la forme, et pris en compte dans la note pour le diplôme de fin d'année.
On devait trouver ce stage par nous-mêmes, il était rémunéré ou pas, l'important était surtout de trouver où le faire. Aidée je crois par ma tante qui habitait la ville, j'ai pu  faire ce stage dans une banque à Cachan.  A l'issue de mon stage, j'ai eu la bonne surprise de recevoir une rémunération. L'autre bonne surprise fût que ma mère me laisse disposer de cet argent. Quand j'ai travaillé ensuite, il n'en a pas été de même avec mon salaire qu'elle conservait. Je ne me souviens plus de la somme reçue pour ces trois mois mais pour moi qui n'avais jamais eu d'argent, c'était beaucoup.