Passionnément, Degas peint les danseuses.
Seules, en groupes, sur scène, en coulisses. Il ne se lasse pas de la grâce de leurs mouvements, de leurs tutus vaporeux, de leur corps exigeant, malmené, émouvant.
Sous le charme de ses tableaux, on prend la plume...
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Deux danseuses, en longs tutus vaporeux, se détendent avant ou après l'effort.
Julie dont on ne distingue que les cheveux, la mèche brune et le chignon serré, se baisse sur ses cuisses. Elle tient dans ses mains ses mollets endoloris, durs et contractés par les efforts fournis les jours précédents. Elle paraît fatiguée, voire soucieuse. Douterait-elle de ses forces à venir ? Elle semble loin, très loin, son regard se perd dans les méandres dessinés dans les plaintes du plancher de bois. La position n'est pas très esthétique. La scène ne respire ni l'allégresse, ni la détente.
A ses cotés, Constance, toute occupée à étirer sa jambe gauche, replace sa cheville fine et son pied pointe en avant dans un bel alignement au risque de perdre l'équilibre. On aperçoit son doux profil, ainsi que de belles rondeurs. De ses joues colorées à ses épaules féminines, ce n'est que sensualité, douceur et beauté.
Les jolies bretelles dentelées du corsage mettent en valeur un large décolleté plongeant jusqu'à la naissance des seins. Constance jette un regard vers sa cheville. Elle caresse son coup de pied de sa main gauche et masse son mollet droit avec l'autre.
On ne voit pas les visages des danseuses. Elles se consacrent entièrement à détendre leur corps. Elles semblent entièrement tournées vers elles-mêmes. Elles sont côte à côte mais ne font que de se côtoyer, seuls leurs légers tutus de tulle se touchent légèrement.
Douce et triste solitude de la danseuse au service son art, face à ses incertitudes et à sa servitude.
Claudine
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Depuis sa plus tendre enfance, Maude consacrait beaucoup de temps à la danse. Que de sacrifices, d’heures d’entraînement et de régimes contraignants ! Elle rêvait de devenir danseuse étoile.
En se penchant au cours de ses assouplissements aux côtés de son amie la brune Léa, elle s’aperçut, oh stupeur ! qu’elle n’avait pas sa petite culotte sous ses collants et que son justaucorps était décousu.
Elle recula doucement jusqu’à la porte et courut jusqu’aux vestiaires. Elle chercha vainement. Mais où était sa petite culotte ? Distraite ce matin, elle avait enfilé son pantalon sur sa peau nue. Ses collants étant opaques, aussi elle se dit que l’on ne remarquerait pas sa situation gênante.
Elle rejoignit le groupe, rougissante et mal à l’aise. Ce cours fut le pire de sa vie de danseuse. Elle se montra gauche et maladroite, s’attirant les réflexions désobligeantes de son professeur qui ne comprenait pas l’attitude de celle qu’elle considérait comme sa meilleure élève. A la fin de la séance, Maude s’excusa en prétextant un violent mal de tête.
L’incident fut clos heureusement et elle reprit sa place pleine d’avenir.
Mireille
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Superbe livre « Les danseuses » de Degas. Beauté des mouvements, finesse des traits et des coloris. C’est un réel plaisir que de le feuilleter. Cela me rappelle d’autres jolies images.
A quoi rêvaient-elles les danseuses de Degas, et Emilie et Julie, mes petites-filles, en s’habillant en ce jour de juin 1996, à quoi pouvaient-elles rêver ?