Nuit passée lovée contre mon bébé,
Nuit angoissée, peur de le voir tomber !
Nous étions tous deux hauts perchés...
Dans ce wagon, dans cette couchette,
Où personne n'avait une seconde pensé,
A échanger sa place du rez-de-chaussée !
Petit bébé tout mignon qui n'a pas pleuré une seconde,
Juste quelques gémissements sur le matin, avant que ne grondent
Quelques personnes qui auraient pu être indisposées,
Par la présence de ce tout petit bébé,
En soi pas gênant du tout : personne ne l'a entendu !
Et son biberon, il a tout bu !
Claudine
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Insomnie et insolubles questions
américaines
Plus un
demi-siècle après, je conserve encore le souvenir cuisant d’une interminable
nuit de voyage aérien transatlantique, dans l’inconfort que vient aggraver le
bruit des moteurs à hélices de l’époque.
Pis encore,
le trajet est ponctué de deux escales : respectivement en Irlande et à
Terre-Neuve pour refaire le plein de carburant après l’évacuation réglementaire
des passagers, en l’occurrence dans la neige et par une bise mordante.
L’insomnie
m’offre le loisir de la meubler en ressassant mes interrogations et réflexions
sur l’Amérique et les quelques bizarreries de cette appellation.
Tout
d’abord, pourquoi avoir retenu le prénom et non le nom du navigateur Amerigo
Vespucci ? Je n’ai à ce jour pas de réponse à cette question qui continue
de me tarauder. Toutefois, je me garderai bien de suggérer que l’on appelle les
Américains les Vespucciens.
Par
ailleurs, comment se fait-il que cette adoption terminologique se soit imposée
par une docte assemblée siégeant à Saint-Dié dans les Vosges, cité qui n’est de
toute évidence pas ibérique ni même maritime ? Ne serait-ce pas pour
appliquer à la cartographie la toute récente technique de l’imprimerie mise au
point à Strasbourg ?
Ainsi
donc peu après la proclamation par Christophe Colomb de sa découverte, le monde
de la navigation se rendra à l’évidence : il ne peut pas s’agir des Indes.
Néanmoins jusqu’au XIXème siècle, les Espagnols se cramponnent à Las Indias et
même de nos jours subsistent les West Indies, Indiana, Indianapolis… Pis
encore, le lapsus d’Indiens persiste, sans désemparer, pour désigner un
autochtone d’une région géographique qui n’est pas l’Inde. Jusqu’à quand
va-t-on laisser traîner dans le langage le produit d’une manifeste et éphémère
bévue de navigateur ?
D’ailleurs,
n’est-elle pas choquante l’implantation dans le vocabulaire d’une hégémonie
européocentriste, comme s’il allait de soi que l’Europe était le nombril du
monde ? Ainsi par exemple, les termes « découvertes » et
« nouveau monde » s’agissant de terres qui ne sont ni nouvelles ni à
découvrir pour les autochtones ou d’un point de vu géologique.
Demeurant
dans le cadre américain, une singularité
- dans les deux sens du terme -
me vient à l’esprit : l’Amérique dite latine est partout
hispanophone à une seule exception : le Brésil où règne le portugais.
Comment expliquer cette anomalie ?
À
l’époque où la chrétienté subit, sur son flanc oriental, l’irrésistible assaut
des Ottomans, le pape redoute un conflit fratricide en Occident dans le cadre
de l’expansion coloniale de l’Espagne d’une part et du Portugal d’autre part.
Afin d’éviter un tel drame, il réunit une conférence visant à tracer dans
l’océan atlantique une frontière méridienne départageant les deux empires.
Toute éventuelle découverte à l’ouest de celle-ci tombant dans l’escarcelle de
l’Espagne et à l’est dans celle du Portugal. Bien entendu cette frontière devra
préserver la souveraineté portugaise sur les Iles du Cap Vert situées au large
de l’Afrique.
Les
représentants du Portugal insistent pour que la frontière en débat soit tracée
très loin à l’ouest du Cap-Vert. Ceux de l’Espagne ne voient aucune raison de
s’opposer à ce qui leur semble être un caprice puéril de leur vis-à-vis. C’est
ainsi que la terre qui s’avérera être le bout du nez de l’immense Brésil sera
attribuée au Portugal.
Emmanuel
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La nuit va tomber. Madame est là dans son
lit. Elle n’est pas malade mais seulement âgée et impotente. Elle angoisse et
ne veut plus rester seule dans la grande maison. Elle redoute cette heure où le
silence devient plus prégnant.