..........................................................
Henriette eut un haut le cœur en repensant à ce rosbif qui n’était même pas cuit à cœur. Elle avait beau ravaler sa
salive, elle n’en avait pas moins le cœur
au bord des lèvres. Il faut dire qu’il fallait avoir le cœur bien accroché pour absorber cette viande sanguinolente. Elle
essaya de porter ses pensées sur autre chose, Rodrigue, par exemple, son
dernier petit ami, qui paraissait-il était un véritable bourreau des cœurs. Elle se mit à chuchoter
« Rodrigue as-tu du cœur ? »
Pour en avoir le cœur net elle
mènerait sa petite enquête. Après de deux choses l’une, soit elle aurait le cœur
léger et à cette idée son cœur se
mit à battre la chamade, soit elle en aurait gros sur le cœur et cela lui serait bien plus douloureux qu’un simple pincement
au cœur. Saurait-elle alors faire
contre mauvaise fortune bon cœur, ou
aurait-elle définitivement le cœur
brisé ? Elle que ses amis taxaient de cœur d’artichaut se demandait si elle serait une fois de plus un cœur à prendre, ou bien trouverait-elle
un homme de cœur qui saurait la
séduire ? Elle changea de nouveau de registre et pensa à son travail.
Aider les autres c’était son cœur de
métier d’infirmière en cardiologie. Elle avait toujours la main sur le cœur ou le cœur sur la main. Elle était jolie comme un cœur dans
sa petite blouse blanche sous laquelle elle ne portait
qu’un cœur croisé de Playtex. Elle
se coiffait le matin en se faisant quelques accroche-cœurs tout en se récitant
par cœur la procédure d’intervention
d’une opération à cœur ouvert.
Ensuite elle partait de bon cœur à
son travail et mettait tout son cœur
à l’ouvrage et là elle ne pensait plus à Rodrigue, loin des yeux loin du cœur, même si elle le portait dans son cœur. Elle riait à cœur joie
aux facéties de ses collègues. Mais les compliments de ses patients lui allait
droit au cœur, elle était très
appréciée de ces derniers car elle n’effectuait jamais sa tâche à contrecœur, aussi quand l’un d’eux lui faisait
un présent elle l’acceptait de bon cœur et repartait de la chambre en le
serrant sur son cœur. Certains la
taquinaient quand elle prenait la tension ou posait une perfusion en lui disant
qu’elle avait les doigts glacés et invariablement elle leur répondait « à
mains froides, cœur chaud ».
Elle faisait son ouvrage de gaieté de cœur
même les tâches les plus rebutantes ou il fallait avoir du cœur
au ventre car elle se disait « à cœur vaillant, rien d’impossible ».
Fabienne
........................................................................
Se prenait-il pour un bourreau
des cœurs quand, la bouche en cœur, Gaétan tentait maladroitement de prendre un cœur en susurrant à l’oreille : «
mon petit cœur » ou en chantonnant à la belle espérée, cet air d’opérette : «
si ton cœur aime mon cœur comme mon cœur aime ton cœur,[… ]nos petits cœurs ne
feront qu’un seul cœur » mais en réalité,
ce n’était pas le cri du cœur. Il
avait surtout, disait-on, un cœur d’artichaut.
Toute approche se soldait par un échec. Il apparentait un cœur léger et
ne semblait pas s’en soucier. Cela fendait le cœur de Marie, persuadée que ce n’était là qu’une
fausse attitude. Certains prétendaient au contraire, le connaitre par cœur et disaient
de lui qu’il avait un cœur de pierre.
Ces sans-coeur se moquaient de lui et s’en donnaient à cœur joie, le
raillant sans cesse, le traitant parfois de mendiant, en lui chantant : « A
votre bon cœur, messieurs, dames. »
A Marie, cela lui mettait le cœur au bord des
lèvres même s’il tentait toujours de faire contre mauvaise fortune, bon cœur, ayant le cœur bien accroché et prêt
à résister aux sarcasmes.
Pourtant, un jour, une grossière plaisanterie alla
trop loin. Il en eut trop gros sur le cœur. Dégoûté, il quitta les lieux, la rage au cœur et ne revint plus. Marie en fut frappée au cœur et décida d’en
avoir le cœur net. Il faut dire que son cœur battait un peu pour lui. Comme à
cœur vaillant, rien d’impossible, quelques jours plus tard, un peu à
contre-cœur,- ce n’était pas dans ses habitudes – elle eut le
cœur au ventre et le chercha dans
son quartier hors du cœur de la ville. Il lui tenait à cœur de lui parler à
cœur ouvert. Son cœur battait bien la chamade mais La gardienne qui la
renseigna, ne manqua pas de lui dire combien il avait un cœur d’or, toujours le
cœur sur la main, ne manquant pas de cœur à l’ouvrage pour aider ses
voisins. Quand il lui ouvrit sa porte, il
fut stupéfait et lui arracha un cri du cœur. Sa venue lui alla droit au cœur et
il ne tarda pas à lui ouvrir son cœur. Marie lui avait pris son cœur mais il
n’aurait jamais osé le lui dire et, comme loin des yeux, loin du cœur, il ne
pensait pas la revoir mais elle était là ! Il n’avait plus le cœur serré et
elle n’avait plus mal au cœur. Hors du contexte guindé où ils se voyaient habituellement, ils s’étaient trouvés. Et c’est ainsi qu’ensemble ils
ouvrirent un petit restaurant : « A tout cœur », où tout était cuit à point,
non cuit à cœur !...
Marie-Thérèse
.................................................
De cœur à cœur : Giacomo Girolomo
Casanova n'est plus un cœur à prendre. Mais pour rentrer au cœur du problème si on veut prendre les choses à cœur sans avoir le cœur à marée basse et en y mettant tout son cœur, sans pour cela avoir le cœur
sur la main et un cœur d’artichaut : cœurs de laitues ou de lotus ?!
Casanova
a brisé plus d’un cœur ! Un vrai
séducteur ! Oui ! Bourreau des
cœurs qui fait
le joli cœur : 122 femmes frappées en plein cœur ! Un prédateur ! Il s’agissait de
dire qu’il les travaillait à cœur !
Casanova qui n’était pourtant pas très
beau : mais a transpercé le cœur ;
fait chavirer le cœur des jouvencelles qui ont eu l’imprudence de lui donner leur cœur. Encore faut-il mettre du cœur à l’ouvrage, le cœur battant la chamade : oui ! Battant à rompre ! En se rendant non à
contrecœur à un de ces rendez-vous galants en tombant sous le charme d’un cœur de pierre « hercule
au teint africain, mais aux yeux vifs pleins d’esprit… ». Fût-il que je relate
et récite par cœur les dires de
certains historiens…pour espérer être crue sans avoir le cœur serré ou le cœur gros comme ses dames qui le cœur léger s’en allait
vers le purgatoire ? L’homme au cœur
de marbre pouvait « faire rire sans rire pour autant » et percé à cœur par quelques
personnes de son siècle fort observatrices : il s’avérait « méchant,
teigneux et détestable ». Au moins il s’agissait de le remercier du fond du cœur ou contre mauvaise fortune sourire : avoir
encore du cœur ? Toujours est-il que ça fend le cœur et plus d’une femme peut encore avoir le cœur au bord des lèvres Et j’imagine
il a eu une descendance prolifique sans être mormon pour autant ! Cette
histoire est malheureusement toujours d’actualité !