Mes mots, mes mots, ceux que je chante.
Et alors, j’ai eu envie de chanter, avec des mots à moi. Pas ceux qu’ils disent nôtres, mais les miens, les nôtres qui n’ont rien à voir avec les leurs. Ce sont les mots de la classe pauvre. Notre rose, celle que je crie, a une couleur de vie. La leur reste botanique. La mienne, la nôtre, s’ouvre, s’ouvre, s’ouvre. La leur se ferme de joue en jour. Mes mots, mes mots, ceux que je chante. Je les ai ramassés dans les cafés, sur les trottoirs, en marchant sur les pavés. Je les ai trouvés à la sortie des usines, sur les étals des marchands des quatre saisons, à travers l’air pollué de Paris.
Un peuple m’a dit de chanter mes mots, nos mots.
Chante, chante, crie, hurle mes mots, mes poèmes, mes chansons.
Christiane
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Marcelle, ma petite Cécelle chérie,
Voilà bientôt trente ans que tu es partie, et ton absence a toujours été une terrible souffrance pour moi. Comme il a été dur de ne pas te voir grandir et de ne pas pouvoir te raconter l’histoire de ta famille, tu étais bien trop petite pour cela.
Bien sûr, tout au long de ces années, j’ai vécu de travail de belles rencontres avec des artistes et des gens importants, et de ton souvenir. Moi qui n’ai pas eu une mère très présente, j’aurais voulu te faire une meilleure vie, t’envoyer dans les meilleurs écoles, et tu serais devenue quelqu’un de bien. Comme tu étais jolie ! Tes grands yeux, ta gaieté et ton large sourire attiraient tous les regards. Quand tu m’as quittée, tous mes amis m’ont aidée à surmonter mon immense chagrin pour me permettre de continuer à chanter, et je l’ai fait, pensant que tu aurais été fière de moi.
Quand tu es venue au monde, j’étais très jeune, ton papa aussi et si je l’ai quitté, c’est que l’argent faisait défaut et je ne vouais pas t’entraîner dans la vie de saltimbanques qui a été la mienne dans mon enfance. Ton grand-père que j’aimais beaucoup était un acrobate, et essayé de faire de moi sa partenaire, mais je l’ai certainement beaucoup déçu car je n’étais pas douée. Je préférais chanter. Ma voix c’est mon trésor. Grâce à elle, j’ai connu succès, amitiés, voyages, maris. Oui, j’ai aimé plusieurs hommes, j’ai besoin d’aimer et tu n’étais plus là ! Un seul homme aurait pu, non pas te remplacer dans mon cœur mais y trouver une place équivalente, il avait le même prénom que toi, et m’a été arraché, tout comme toi en plein bonheur.
Maintenant, je suis malade, usée malgré mon âge relativement jeune, sans doute à cause de cette vie parsemée de joies et de peines, à courir le monde, à assumer des spectacles harassants, à entretenir tous ces amis, ce que j’aimais beaucoup faire. Je sais que je vais bientôt reposer près de toi et que je retrouverai aussi mon père, et cette lettre, je veux l’emporter avec moi pour te dire tout ce que j’ai vécu sans toi.
A bientôt ma Cécelle chérie.
Ta maman
Colette
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"Si, un jour, la vie t'arrache à moi... que m'importe si tu m'aimes... mon amour, puisque je t'aime !"
Il résonne encore dans mes oreilles, il sera galvaudé par monts et par vaux, cet hymne reste à jamais gravé dans la mémoire de ceux qui l'aime et qui s'aiment !Elle l'a chanté au monde entier son "hymne à l'amour" ! Elle l'a crié son amour pour cet homme marié ! Son Marcel Cerdan, entre tous les hommes qu'elle a aimés restera à jamais, dans son cœur désespéré ! Bien sûr, elle en aura d'autres des amants, le dernier dans sa vie sentimentale étant Théo Sarapo. Il ne remplacera jamais, l'homme de sa vie : sa passion. Celui a qui elle a demandé de la rejoindre, un ultime voyage en avion ! Bien sûr, elle est incapable de se passer de son amour, ce n'est pas un mal. Mais Marcel, ce n'était pas seulement des mains d'argile, mais un cœur de cristal. Elle ira le voir aux Etats-Unis, pour être avec lui. Il a traversé l'océan pour elle, c'était son destin, il l'aimait aussi. Elle sait parfaitement qu'il ne peut pas se libérer facilement. Mais son désir, la force de son amour la domine passionnément. Elle ne peut se passer de son sourire, de sa présence. Elle le chante, elle le déclame, elle est exigeante.
Edith piaf, dite "la môme", était une "croqueuse d'homme". Elle croquait la vie, comme les autres croquent une pomme ! C'était un petit bout de bonne femme et un sacré personnage. Elle chantait l'amour comme personne, ses chansons n'ont pas d'âge !
Elle a fait vibrer mes cordes sensibles dès l'adolescence. Elle m'a fait pleurer, aux yeux indiscrets le comble de l'indécence. J'attendais, le départ de ma mère au marché, avec impatience. Pour passer sur le tourne disque, ses plus belles chansons : c'était formidable !
"Allez, venez Milord, vous asseoir à ma table... il fait si froid dehors, ici, c'est confortable...!"
Je chantais à tue-tête tous les mots de l'amour, ceux qui dans la bouche d'une fillette insupportent. Prise par le rythme, par la musique... comme "emportée par la foule qui s'élance et qui m'emporte..."
Je me souviens de cette jeune fille au cœur d'artichaut, découvrant des sentiments troublants.
De ceux que l'on retrouve que dans les contes de fées. Dans les bras de son prince, tourbillonnante, heureuse, succombant aux premiers émois de l'amour...
"Quand tu me prends dans tes bras, quand tu me dis tout bas des mots d'amour, des mots de tous les jours ...!"
Claudine
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