Martine est furieuse et cela se voit. Elle marche à grands pas sans se soucier de fouler les fougères qui foisonnent dans ce sous-bois humide, ou de déranger une colonne de fourmis acheminant vers la fourmilière le produit de sa récolte. Il faut dire que la foudre lui est littéralement tombée sur la tête lorsqu’elle a appris que la maison de sa Mémé Jeanne avait dû être vendue, et que les nouveaux propriétaires s’apprêtaient à la démolir. Sacrilège ! Martine ne peut se résoudre à voir disparaître le paradis de son enfance. Elle y a passé de si belles vacances ! Alors, elle se hâte pour revoir les lieux, prendre des photos avant qu’il ne soit trop tard. Et les souvenirs se bousculent dans sa tête.
L’été,
dès son réveil, après une toilette rapide, elle descendait prendre un grand bol
de café au lait avec une grosse tranche de la délicieuse fougasse que faisait Mémé.
Puis, elles allaient au jardin ramasser des tomates rougies au soleil, cueillir
les fruits mûrs et se rendaient au poulailler voir si la fouine leur avait
laissé quelques œufs. Le panier rempli, Mémé lui apprenait à faire une bonne
tarte qu’elle allait mettre au four pour midi. Sur le coin du fourneau,
toujours allumé, mijotait une soupe ou un ragout au fumet épicé, mais la maison
était si fraîche dans la fournaise de l’été que cela n’était pas dérangeant.
Colette
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En
attendant l’heure du déjeuner, tandis que Mémé, munie d’une fourche allait
déterrer quelques poireaux ou bien un chou, Martine retrouvait copains et
copines pour jouer ou faire de joyeuses courses à vélo. Ils préparaient pour
l’après-midi de quoi s’occuper en se déguisant pour improviser de petites
scènes de théâtre avec la complicité de Mémé.
Allez
donc voir dans mon fourbi, disait-elle, fouillez, vous trouverez bien quelque
chose, je ne jette jamais rien ! En effet, jupes longues, chemisiers de
dentelle jaunie, fourrures mitées dont un lambeau ferait une belle moustache,
épée de bois sans son fourreau et, en avant chevaliers et princesses !
Dans ces vieilles malles, il y avait toutes les fournitures nécessaires au
spectacle. Que de rires !
Ces temps
heureux sont bien loin maintenant et Martine a le cœur gros de penser que la
disparition de la maison effacera cela pour toujours. Et d’ailleurs, pourquoi
abattre une si belle bâtisse, si pleine de charme ? Ces gens sont-ils
insensibles à la beauté des lieux ? Cette maison est-elle en mauvais
état ? Foutaises ! Ah, si seulement elle avait de quoi l’acheter, elle l’aurait faite vivre
encore, elle, en y amenant une foule d’amis, en sillonnant les alentours comme
autrefois, dans le souvenir de Mémé Jeanne, une femme si généreuse.
Colette
Envie de
soleil, envie d’évasion… Comme j’aimerais faire un très grand voyage.
Fouler un
sol inconnu dans un pays lointain, le Pérou peut-être, accompagner les
chasseurs de foudres et de tornades. Attention à ne pas se faire foudroyer !
Rêve très fou, se défouler en courant à perdre haleine sur une plage de sable
blanc, admirer les tortues en train d’enfouir leurs œufs et espérer voir les
bébés tortues courir vers la mer…
Dans la forêt amazonienne, côtoyer les énormes termitières et les fourmilières géantes… Revenir fourbue d’une randonnée sur les fouilles dans la magique Egypte…
Foutaise que ce rêve, impossible ! Mon voyage ne m’a portée que dans la baie de Somme, sur la mer du Nord.
Le rivage fouetté par le vent, un foulard bien serré sur les cheveux, j’ai pu admirer des milliers d’oiseaux, des canards, des foulques, des hérons cendrés.
Dans la forêt amazonienne, côtoyer les énormes termitières et les fourmilières géantes… Revenir fourbue d’une randonnée sur les fouilles dans la magique Egypte…
Foutaise que ce rêve, impossible ! Mon voyage ne m’a portée que dans la baie de Somme, sur la mer du Nord.
Le rivage fouetté par le vent, un foulard bien serré sur les cheveux, j’ai pu admirer des milliers d’oiseaux, des canards, des foulques, des hérons cendrés.