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Si on doit me juger physiquement, c'est vrai que je
suis un peu enrobée, j'ai tendance à me laisser aller ces temps derniers, mais
j'avoue que le régime : ce n'est pas pour moi !
N'essayez pas de me mettre à la diète, encore moins au régime sec, ce serait terrible pour moi ! J'en ai déjà la pépie.
Mais avouez qu'avoir des formes épanouies, peut réjouir plus d'un regard ! De caresser d'un œil compatissant, voire d'une prunelle avenante, la rondeur de mes flancs généreux, de mon petit ventre rond...satisfait plus d'un de mes admirateurs.
S'arrêter un instant sur la transparence nacrée de ma peau si douce au toucher...Oh ! Quelle béatitude !
On en oublie mes petits bourrelets si délicatement dissimulés, là, sous mon menton, près de mon cou ma foi si long et gracile malgré l'impact du temps et de ces années de servitude, à essayer d'apparaître sous le meilleur jour en toute circonstance, lors d'un brunch ou d'une garden-party...
Il s'agit de m'apprêter en permanence, de me revêtir de mes plus beaux atours. Je revêts une jolie robe du plus bel effet qui nimbe ma silhouette comme une statue grecque.
J'aime les légers motifs fleuris, mais sans tomber dans l’excès et la vulgarité. Juste quelques boutons de roses d'un tendre à peine éclos rehaussés de quelques feuilles d'un vert tilleul. Je préfère de beaucoup la décence, le raffinement !
Je me pare et je me parfume là, d'une petite touche de rose ancienne dans le cou.
Cours de maintien...cours de danse... cours de bienséance... Délicatesse et retenue, Mademoiselle, s'il-vous-plaît ! Vous n'êtes pas dans la cour des miracles. Soigner votre apparence ! Rester digne ! Ce sont les consignes... à respecter impérativement.
Ne pas montrer ses humeurs, son impulsivité, savoir canaliser ses pulsions et surtout ne pas commettre l'irréparable... être gauche et maladroite me serait fatal.
Ne jamais me plaindre et encore moins commettre ne serait-ce qu'un écart de conduite au risque d'être éconduite de la plus ignoble façon : être reléguée loin du salon, loin de cet endroit où se lient toutes les conversations, là où se joue le théâtre de la vie, cette vie même qui pulse dans mes veines, dans mon cœur, dans mes artères. J'ai tant besoin de me retrouver en compagnie. Si je devais terminer ma vie là-bas dans la cuisine, inutile et honteuse, loin de tout mouvement, j'en mourrais d'ennui.
Alors, je m'applique, gentille et méthodique. J’entends prévenir et satisfaire les besoins de chacun en tout bien tout honneur.
Je me fais discrète et effacée, je communie avec mon entourage. Diplomatie et assurance. Et pourtant, je n’entends pas me laisser marcher sur les pieds par mes congénères et mes voisines les plus proches. Elles auraient tôt fait de se déplacer ne serait-ce que d'un centimètre pour me faire commettre l'irréparable : renverser une goutte de thé sur la nappe blanche empesée.
Je bénéficie heureusement d'une bien longue expérience d’après-midi mondains dans cette maison bourgeoise qui m'ont appris à maitriser un gestuel que de fois renouvelé.
J'aime regarder les lèvres fines et déliées de mes invitées déguster mon doux breuvage que d'un geste assuré, je leur ai versé !
J'aime leurs yeux clos de satisfaction, quand le petit doigt levé, elle déguste et hume mon parfum, et dans l'autre main, de deux de leurs doigts aux ongles parfaitement manucurés, elles portent à leur bouche un petit four garni d'une crème sublime. Là, enfin, je peux respirer et un léger nuage s'élève alors de mes lèvres entrouvertes de fierté.
N'essayez pas de me mettre à la diète, encore moins au régime sec, ce serait terrible pour moi ! J'en ai déjà la pépie.
Mais avouez qu'avoir des formes épanouies, peut réjouir plus d'un regard ! De caresser d'un œil compatissant, voire d'une prunelle avenante, la rondeur de mes flancs généreux, de mon petit ventre rond...satisfait plus d'un de mes admirateurs.
S'arrêter un instant sur la transparence nacrée de ma peau si douce au toucher...Oh ! Quelle béatitude !
On en oublie mes petits bourrelets si délicatement dissimulés, là, sous mon menton, près de mon cou ma foi si long et gracile malgré l'impact du temps et de ces années de servitude, à essayer d'apparaître sous le meilleur jour en toute circonstance, lors d'un brunch ou d'une garden-party...
Il s'agit de m'apprêter en permanence, de me revêtir de mes plus beaux atours. Je revêts une jolie robe du plus bel effet qui nimbe ma silhouette comme une statue grecque.
J'aime les légers motifs fleuris, mais sans tomber dans l’excès et la vulgarité. Juste quelques boutons de roses d'un tendre à peine éclos rehaussés de quelques feuilles d'un vert tilleul. Je préfère de beaucoup la décence, le raffinement !
Je me pare et je me parfume là, d'une petite touche de rose ancienne dans le cou.
Cours de maintien...cours de danse... cours de bienséance... Délicatesse et retenue, Mademoiselle, s'il-vous-plaît ! Vous n'êtes pas dans la cour des miracles. Soigner votre apparence ! Rester digne ! Ce sont les consignes... à respecter impérativement.
Ne pas montrer ses humeurs, son impulsivité, savoir canaliser ses pulsions et surtout ne pas commettre l'irréparable... être gauche et maladroite me serait fatal.
Ne jamais me plaindre et encore moins commettre ne serait-ce qu'un écart de conduite au risque d'être éconduite de la plus ignoble façon : être reléguée loin du salon, loin de cet endroit où se lient toutes les conversations, là où se joue le théâtre de la vie, cette vie même qui pulse dans mes veines, dans mon cœur, dans mes artères. J'ai tant besoin de me retrouver en compagnie. Si je devais terminer ma vie là-bas dans la cuisine, inutile et honteuse, loin de tout mouvement, j'en mourrais d'ennui.
Alors, je m'applique, gentille et méthodique. J’entends prévenir et satisfaire les besoins de chacun en tout bien tout honneur.
Je me fais discrète et effacée, je communie avec mon entourage. Diplomatie et assurance. Et pourtant, je n’entends pas me laisser marcher sur les pieds par mes congénères et mes voisines les plus proches. Elles auraient tôt fait de se déplacer ne serait-ce que d'un centimètre pour me faire commettre l'irréparable : renverser une goutte de thé sur la nappe blanche empesée.
Je bénéficie heureusement d'une bien longue expérience d’après-midi mondains dans cette maison bourgeoise qui m'ont appris à maitriser un gestuel que de fois renouvelé.
J'aime regarder les lèvres fines et déliées de mes invitées déguster mon doux breuvage que d'un geste assuré, je leur ai versé !
J'aime leurs yeux clos de satisfaction, quand le petit doigt levé, elle déguste et hume mon parfum, et dans l'autre main, de deux de leurs doigts aux ongles parfaitement manucurés, elles portent à leur bouche un petit four garni d'une crème sublime. Là, enfin, je peux respirer et un léger nuage s'élève alors de mes lèvres entrouvertes de fierté.
Claudine
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Partie d’un même croquis, je suis déclinée en
formes simples ou compliquées. Carrées, rondes ou représentant une rosace, en
beaucoup de matières peut-être mais surtout en métal, fer, or, argent, vermeil
et autre.
Sans moi, nous n’aurions, dans un certain domaine,
peu de traces du Moyen Âge.
Je pense, sans vaine prétention, que je suis
indispensable. Pour certains, je suis un symbole. Je suis utile à tous, petits
et grands, riches et pauvres.
Je me sens à l’aise dans un sac, dans une
valise, sur un vêtement, pour une décoration.
Qui ne me possède pas est bien en peine. Je fais
partie des rêves et des espoirs, je garde les secrets et aussi les trésors les
plus prestigieux.
Je protège des dangers et je suis aussi
rassurante.
Je n’ai aucun problème avec la température, en
plein courant d’air, au froid, au chaud. Je résiste à presque tout. Dans un
moment de colère, il arrive que je finisse à la poubelle ou que je passe par la
fenêtre, gare à qui me reçoit sur la tête !
Comme un bien précieux chacun tient à moi très
sérieusement.
On me confie parfois à un ami qui a intérêt à
bien prendre soin de moi.
Sans moi, je pense qu’il n’y a pas de bonheur
complet car je fais partie de tous les moments de la vie.
Je suis la clef.
Monique
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Je suis absolument indispensable à certaines
personnes. Du matin jusqu’au soir, il y a toujours quelqu’un à qui je fais
plaisir. D’autres me fuient car ils pensent que je contiens quelque chose qui
peut modifier leur comportement surtout quand on abuse de moi. Mon contenu
vient de pays chauds, de provenances lointaines, et se cache dans des coques
rouges qui se brisent, une fois posées sur une plaque tournante, en libérant
une bonne odeur. Je suis un objet indispensable, en porcelaine, en verre, en
métal, manuel ou électrique. Autrefois, j’étais une simple chaussette tenue au
dessus d’un récipient. Il paraît que
dans le Nord de la France, je suis en permanence sur la cuisinière. Dans certains lieux publics, je suis sous
pression. Je m’associe volontiers aux tasses et aux bols. Quelqu’un en visite
et je m’empresse pour faire plaisir aux hôtes autant qu’aux invités. Il n’y a
que la nuit que je peux espérer un peu de répit car la personne à qui
j’appartiens, si elle s’écoutait, me ferait fonctionner en continu.
Je suis la cafetière.
Rose
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Nous sommes deux frères jumeaux qu’un rien
différencie. Nous faisons partie de la même famille, comme objets de décor
depuis de très nombreuses années, puisque celui qui nous a créés est mort
prématurément de la silicose en 1874.
Sa fille, qui n’avait pas deux ans à ce
moment-là, nous a toujours gardés et vénérés comme un trésor, souvenir de ce
père dont la mémoire lui a fait défaut. Comme elle nous a choyés, entretenus,
pour que nous arrivions en cette année 2012 sans la moindre fêlure ! Seule
un peu de peinture dorée s’est effacée par endroits sans réel dommage pour
notre beauté. Les petites scènes, représentations allégoriques du printemps
avec ses délicieuses fillettes portant paniers fleuris et couronnes de roses
ornant notre panse rebondie ont gardé, quant à elles, toute leur fraîcheur.
Bien sûr les jeunes de nos jours se moquent de
nous, et pour rien au monde ne s’encombreraient de tels objets ! Au
placard, ces horreurs rococo ! Qui voudrait de ces formes tarabiscotées et
roses de surcroît ? La mode est aux lignes pures, dépouillées, en noir, en
gris, en blanc.
Il est vrai que nous n’avons pas souvent servi à
ce pour quoi nous étions destinés, nous étions sans doute trop grands. Et pour
éviter que les chats qui grimpaient partout ne nous fassent tomber en se
frottant au passage, on nous a lestés de sable.
Alors, nous aurons bientôt un siècle et demi
d’existence, un peu de respect ! Ne nous jetez pas ni ne nous enfermez
dans un placard ! Pensez à l’amour qu’il a fallu à cette fille pour,
malgré les déménagements et les guerres, sauvegarder à travers nous la mémoire
d’un magnifique artisan et la transmettre à ses descendants.
Un amateur d’antiquités doit bien exister
quelque part qui continuerait à nous laisser vivre en bonne place dans un décor
adéquat.
Peut-être l’avez-vous deviné, nous sommes des
vases.
Colette
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