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Le déjeuner des canotiers, Auguste Renoir, Huile sur toile, 1881 |
Que m'inspire
ce tableau ? Je dirais : "Que c'est beau !" D'autres vous répondront
d'emblée :
"Mais,
c'est Le déjeuner des Canotiers
!" Merveilleux tableau ! L'un des chefs -d'œuvres d'Auguste Renoir. Ce
peintre internationalement reconnu, en aurait beaucoup réalisés : par
centaines… jusqu'à 78 ans ! Tout au long des années, tout au long de sa vie, de
peindre il n'a jamais cessé ; de ses doigts engourdis par les rhumatismes,
entourés de multiples bandelettes. Jusqu'à sa dernière heure, où dans son lit,
il désirait ardemment restituer la superbe lumière venu de l’extérieur, les
frileux rayons de soleil pénétrant l’atmosphère.
Et de ses
pauvres doigts ankylosés et meurtris, à cette belle lumière, il a souri.
M. Renoir est
un artiste, mais sa vie n'a pas toujours été gaie. Il a vécu des années
tristes.
En pleine
période impressionniste, il n'expose plus avec ses amis et se fait plus
conformiste, il revient au Salon officiel. Changement de statut sans pareil qui
lui ouvrira la porte du succès et servira son art pour la postérité. Il réalisera
alors de nombreux portraits de personnages prestigieux qui lui vaudront une
belle notoriété, renfloueront ses finances - ce qui a son importance - et
consolideront ses appuis auprès de la haute société.
C'est à ce
moment, en 1880 que son art s'affirme et se dessine, dans ses lignes. Tout en
contrastes, M. Renoir marque les contours de son destin et le souligne dans
cette œuvre divine :Le Déjeuner des Canotiers.
D'un simple
bouquet de fleurs posé sur la fenêtre à l’heure de sa mort, il a fait un feu d’artifice
coloré, il a rendu hommage à Râ et inspiré les "Tournesols" de Van
Gogh, autre grand de la peinture, amoureux comme lui de la lumière et peignant
directement dans la nature.
Mais ils ne
se connaissaient malheureusement pas ! Renoir aurait peut-être pu aider Van Gogh.
Lui aurait-il permis de se faire connaître de son vivant ? la folie et l'anis
étoilé l'ayant tué prématurément.
Claudine
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Ça s’est passé un dimanche, un dimanche
au bord de l’eau. Ce jour-là, monsieur Renoir voulait dessiner notre groupe
pour en faire un tableau.
Nous aimions bien, aux beaux jours, venir
dans ce coin champêtre canoter sur la Seine et prendre un bon déjeuner à
l’auberge. Monsieur Renoir nous avait
observés plusieurs fois, et sans doute que notre joyeuse tablée lui avait plu.
Alors, à la fin du repas, il nous avait croqué chacun à notre tour tel que nous
étions, mais jamais je n’aurais pensé qu’il puisse en faire une scène si
vivante. Quand je vois le tableau, il me semble revivre cet après-midi où,
debout, j’observais ce qui se passait sur la terrasse ombragée.
Nous avions bien mangé et bien bu aussi
comme en témoignent les bouteilles encore sur la table. Il faisait chaud, et
Jules et moi qui avions ramé toute la matinée pour le plaisir de ces dames,
nous étions mis à l’aise en tombant la veste, pas fâchés de montrer nos muscles.
Ma petite Suzanne, si jolie avec son
chapeau fleuri et sa robe bleue garnie de dentelles, s’amusait avec son petit
chien, son joujou qui ne la quittait jamais, et le peintre a très bien saisi le
mouvement de ses lèvres esquissant un baiser à l’intention de la petite bête.
Il y avait aussi Louisette, simple et
charmante, appuyée à la balustrade, avec son air moqueur, écoutant sans doute
les fadaises que lui débitait cet homme en brun. Quant à Marinette, cette blonde
au teint de lait, si elle écoutait poliment ce que disait ce garçon penché
au-dessus d’elle, on voyait bien que son homme c’était Jules, et elle le
faisait savoir en posant son bras comme une barrière autour de lui.