dimanche 18 novembre 2012

ESPRIT ES-TU LA ?

Fantomes, pendule et de boule de cristal, sorcières, prémonitions, maisons hantées, manifestations paranormales et phénomènes inexpliqués ont inspiré l'atelier

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Y croire ou ne pas y croire, par Claudine
 
Comment expliquer à quiconque possède une intelligence concrète, rationnelle et cartésienne, l'existence d'individus ayant des dons de voyance, ou encore faisant des rêves prémonitoires ?
Comment annoncer à son entourage ses pressentiments sans risquer de passer pour un original, un hurluberlu tordu ou quelqu’un ne possédant plus toutes ses facultés de raisonnement ? Faut-il être un doux rêveur pour admettre qu’une personne puisse posséder ce don ?
Alors voyance ? Dérangement de l'esprit ? 
La question étant : Doit-on juger quelqu'un sur sa façon d'appréhender et d'exprimer ses sensations et ses ressentis dans une situation de stress et d'insécurité particulièrement déstabilisante ?
Peut-on et a-t-on le droit d'exprimer l'hypothèse que cette personne développe une maladie mentale ? 
Certains parlent même de schizophrénie et de dédoublement de personnalité sans en connaître réellement les symptômes. Mais là, il s'agit effectivement d'une maladie psychiatrique suffisamment grave et chronique.
Tout est une question d'interprétation et c'est là que réside le mystère.
En effet, certaines personnes disposent de perceptions extrasensorielles plus développées que d'autres et peuvent ressentir des phénomènes pouvant être considérés comme "paranormaux" suite à un grand choc émotionnel et psychologique intervenant dans leur vie personnelle ou professionnelle. Tout un chacun connaît l'incidence et les répercussions du stress et de l'angoisse génératrice de troubles du sommeil et du métabolisme.
Ainsi je peux aisément comprendre l’état d’angoisse dans lequel pouvait se trouver mon père en 1942 et je me souviendrai toute ma vie le rêve que mon père m'a raconté. Alors qu'il se trouvait à Marseille dans un autobus, il était sur le point de se faire arrêter par les Allemands, mais son instinct de survie l'a poussé vers l'arrière du bus. Bien lui en a pris : il a pu s'échapper, évitant de justesse la déportation comme son rêve lui avait indiqué !


Dans certaines familles, des faits similaires se reproduisent de père en fille...
Dans mon sommeil, j'ai pu apercevoir le visage inanimé d'une personne m'étant extrêmement proche, j'ai reconnu ma grand-mère ! Quand je suis arrivée à l'hôpital : mon rêve n'était que le reflet de la réalité ! Le même phénomène s'est reproduit par la suite, le visage immobile de mon père m'est apparu en rêve... je savais qu'il lui était arrivé quelque chose et je ne me trompais pas ! Je n'aime pas me souvenir de mes rêves ! 
Certains jeux de cartes permettent de connaître son avenir proche ou plus lointain, ainsi que des faits présents ou passés pouvant agir sur le futur...j'ai donc appris mon avenir à partir d’un présent qui maintenant est passé !
Je souhaitais connaître mon avenir ! Non seulement, j'ai su ainsi à quoi allait ressembler le père de mes enfants et aussi le nombre exact d'enfants que j'allais avoir !
On m'a tiré les cartes à plusieurs reprises et je ne le referai plus jamais, car qu'il s'agisse du tarot, ou d'autres systèmes, les prédictions se sont révélées exactes.
De même la lecture des lignes de la main peut se montrer extrêmement précise et comporter des vérités que seule la personne intéressée est à même de connaître.
L'attente d'un bonheur éminent peut déclencher des manifestations spécifiques...
Dans la rue, j'ai eu l'occasion de rencontrer une future grand-mère très proche de ses filles qui m'a raconté qu'elle a ressenti tous les prémices de l'accouchement et les contractions que seules peuvent avoir les futures mamans lors de la venue au monde de l'heureux évènement ! Et le phénomène se reproduit lors de chaque grossesse de ses filles ! Elle a deux petits-enfants !
Suite à la visite du musée de la Poste, nous avons eu l'occasion de découvrir l'exposition sur les Sorcières du Moyen-âge à nos jours. Une connaissance m’a raconté que lors de cette visite elle a ressenti des picotements et une forte sensation de chaleur dans les avant-bras ainsi que l'impossibilité de pouvoir s'approcher de la vitrine comportant un grimoire, une urne funéraire et un serpent empaillé se dressant comme prêt à injecter son venin. Le serpent représente le  mal dans la religion chrétienne, mais est vénéré dans d’autres croyances. C'est lui qui a tendu la pomme à Eve ! Il l'a donc poussé vers le désir, la luxure et la souillure ! Ce serait une créature de Satan tout comme les sorcières dont il garde l'urne contenant les cendres d'une ou de centaines de sorcières brûlées vives avec leur chat noir sur le bûcher.
Tout d'abord surprise, mais ne pouvant pas croire ce qui lui arrivait, elle a récidivé, mais une force semblait la pousser en arrière! Plus elle s’approchait, plus les picotements étaient douloureux ! Elle a fini par contourner le ou les objets de son trouble.
J'ai appris que des juges au XVIIIème siècle avaient envoyé nombres de femmes qu'ils considéraient comme des sorcières sur le bûcher. Ils consignaient sur ce registre de cuir relié et orné d'enluminures les maigres preuves censées prouver la culpabilité et la vénalité des dites sorcières ! Sur d'autres grimoires et reliquaires, j'ai aperçu des sigles cabalistiques.
Est-ce le fait de symboliser ainsi par la réunion de ces trois éléments : grimoire, serpent et urne le fait que les sorcières étaient liées à Satan ou Belzébuth, donc le diable pour nous inspirer répulsions et peurs ?
 Où est-ce la peur du diable qui aurait poussé des hommes au terme de procès expéditifs à rendre leur justice et envoyer ainsi des femmes vers une mort affreuse, souvent sur simple dénonciation par la rumeur, sans leur donner la moindre possibilité de se défendre. 
J'ai ressenti comme une force me repoussant  et j’ai ressenti des picotements et cette chaleur dans les avant-bras, alors que je me tenais devant une tombe portant des inscriptions d'ordre religieux, au cimetière musulman de Bobigny !
Comment expliquer ces phénomènes que je qualifierais de paranormaux ? Certaines croyants ayant connu ces manifestations parlent de la présence d’âmes tourmentées et errantes dans ce vaste cimetière dont nombres de tombes ont été déplacées tout dernièrement sans autorisation des familles. Le corps du défunt ou de la défunte doit en aucune façon être en contact direct avec la terre, mais envelopper dans plusieurs linceuls. L’âme du croyant risque de ne plus trouver la paix et l’accès à l’éternel repos.
Ainsi nombre de familles parlent de profanation pour leurs morts et non-respect des croyances. Certaines ont incriminé directement l’iman présent sur les lieux. De nombreuses plaintes ont été déposées par les familles pratiquantes. Aboutiront-elles à terme pour le bonheur et la paix des âmes qui vivent ?
Doit-on chercher systématiquement une signification à une manifestation surnaturelle que nous ne comprenons pas ?
Comment expliquer quand lors d'une cérémonie religieuse et après avoir prononcé quelques phrases et allumé une bougie, on puisse se sentir bien, dans un état de calme intérieur ? Serait-ce l'emprise de la pensée qui dominerait le corps ?
Croire ou ne pas croire ! Là est la question !

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Maison hantée ? par Colette

Rien de tel qu’une maison supposée hantée pour exciter l’imagination, et susciter les comportements les plus bizarres. Je connais l’une de ces maisons, à l’écart du village, en bordure d’une forêt. Certaines personnes, ayant entendu la légende, font un grand détour pour ne pas s’en approcher, redoutant que des ondes néfastes n’en émanent. Ne dit-on pas qu’un genre de Barbe Bleue aurait habité les lieux et qu’il reviendrait régulièrement pour se venger de sa condamnation à avoir eu la tête tranchée.
Les derniers propriétaires l’ont d’ailleurs abandonnée, personne ne voulant plus y vivre. Alors, ne sait-on jamais, il pourrait bien faire tomber une tuile sur la tête d’un imprudent, ou ouvrir un grand trou sous ses pieds, le précipitant dans un gouffre, ou bien lâcher une meute de chiens sauvages pour le dévorer !
D’autres personnes, au contraire, par défi ou par goût de l’venture, vont vouloir à tout prix s’introduire dans la demeure, pour voir ou se confronter au phénomène. C’est ce qu’a fait mon cousin Albert avec deux de ses copains. Armés de torches électriques, ils ont sans trop de mal réussi à entrer. Inspection des lieux, toujours meublés mais poussiéreux comme il se doit. N’osant pas ouvrir les persiennes par crainte de se faire remarquer, ils frissonnent non de peur mais de froid et se surprennent à parler à voix basse comme s’ils craignaient de déranger quelqu’un. Montant l’escalier, par des marches grinçantes, ils découvrent des chambres où ils comptent bien passer la nuit, car c’est toujours à minuit que se manifestent les fantômes. Chacun dans une chambre, il ne faut pas montrer que l’on a malgré tout une certaine appréhension. Sa lampe à portée de main, Albert guette les bruits et s’empêche de dormir. Il veut le voir, cet esprit malfaisant ! Debout au moindre craquement de meubles anciens, il guette dans l’entrebâillement de la porte, mais rien, seuls les copains se montrent puis retournent dans leurs duvets car la nuit est froide. Ayant compris à la longue que ces bruits qu’ils entendaient n’avaient rien à voir avec une apparition, ils s’endorment. Au petit matin, déçus mais soulagés, ils s’amusent bien de leur aventure ratée. Il n’y a aucun fantôme, ça n’existe pas. À moins que...
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Les esprits en balade, par Mireille
Beaucoup de personnes sont sceptiques ou incrédules pour tout ce qui est voyance, esprits, revenants, tarot et autres.
On peut le comprendre d’autant plus que des gens peu scrupuleux gagnent beaucoup d’argent en employant des stratagèmes inimaginables pour profiter de la détresse de leurs prochains.
Toutefois, certaines personnes semblent bien avoir de réels dons de voyance, celles-là souvent n’ont pas besoin de cartes ou de boules de cristal et parfois ne se font même pas payer, mais disent simplement ce qu’elles voient en dédramatisant les mauvaises choses, en redonnant de l’espoir, même si c’est un pieux mensonge et qu’elles ont vu le pire.
Si l’on ne veut pas croire à tous ces phénomènes paranormaux, la vie nous confronte cependant à des situations inexplicables qui laissent perplexe et désarçonné.
En voici un exemple qui s’est déroulé dans un HLM. Une famille nombreuse s’installe dans un appartement. Les parents occupent le plus petite chambre pendant les mois où ils restaurent les autres pièces. Tout est rénové sauf la chambre des parents. Et voici que des événements étranges se produisent. Une canne rapportée des sports d’hiver et accrochée au mur se met à se balancer sans raison. Les portes de la penderie s’ouvrent la nuit en grinçant, on y pose une serrure pour résoudre le problème. Quelques semaines plus tard, Aline, la maman, se repose un peu sur son lit en lisant lorsqu’elle voit apparaître une petite vieille en blouse à rayures grises. La peur au ventre et la gorge serrée, elle ne peut prononcer un mot. Elle tente de se lever mais la petite vieille a disparu.
Aline pense s’être assoupie et avoir été victime d’un cauchemar ;
Quelques semaines passent encore et le même scenario se reproduit. Cette fois la vieille femme qui s’est dirigée vers la commode ouvre un tiroir. Penchée au-dessus, ses doigts décharnés semblent chercher quelque chose. Aline le cœur battant la chamade, se redresse : « Que faites-vous là ? Que cherchez-vous ? » Paniquée, elle perd la conscience nette des choses. Quand elle reprend ses esprits, il n’y a plus personne. Elle n’ose pas rapporter ce dont elle a été spectatrice à sa famille. La scène se renouvelle mais cette fois-ci, la vieille s’approche d’elle, les bras tendu en cherchant à l’étrangler. Aline voit sa dernière heure arriver, elle étouffe puis c’est le trou noir. Elle a peur maintenant de se retrouver seule dans cette chambre. Elle réfléchit et se dit qu’il doit y avoir une explication. Elle se renseigne sur les personnes qui ont occupé les lieux avant eux. Elle apprend que sa chambre était avant occupée par une grand-mère qui est morte dans son lit, et on lui montre des photos de cette femme. C’est bien celle qui hante les lieux ! Une personne qui a vécu des phénomènes identiques lui confie qu’il doit s’agir d’un esprit tourmenté, pour s’en débarrasser il faut pendant plusieurs jours brûler des cierges dans la pièce en diffusant des chants grégoriens en boucle.
Au bout d’un mois, le calme revient dans l’appartement mais Aline traumatisée ne peut oublier ce qui s’y est produit. Elle finit par déménager pour un logement dont elle était la première occupante.
 
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3 histoires mystérieuses, par Marie-Thérèse
 
Sorcières
C’était il y a bien longtemps, là-bas, dans un pays où la terre se fâche, où la mer rugit et on salue les montagnes comme des dieux, des montagnes si hautes qu’elles sont comme les rois, toujours couronnées… de nuages ! Pas question de les traverser sans leur demander la permission. Un col à passer, à pied, en bus peu importe, tous descendent. Tous se doivent de rendre les hommages au père de tous, la montagne : Un peu d’alcool, quelques feuilles, le souffle de l’initié puis quelques cailloux sur le tertre déjà commencé. Le dieu de la montagne veut bien laisser les voyageurs continuer  leur route qui monte, qui monte, sinueuse, jusqu’à leur prochaine halte, jusqu’au prochain col. Le froid sec vous saisit comme le paysage immense qui s’étend devant vous, le vide à vos pieds. Au détour d’un lacet, comme des coquillages posés de ci de là, quelques maisons de pisé, à peine visibles sur ce sol couvert d’une herbe grise si courte.
Soudain, là-bas, dans une anfractuosité de la montagne, un petit village caché et tout autour quelques champs cultivés. Là-haut, encore plus haut, une toute petite maison où vivait une vieille femme. Les villageois l’appelaient «la sorcière». Ils la craignaient un peu mais ils la respectaient et comme elle était très vieille, ils envoyaient un gamin lui portait quelque nourriture. Un jour d’été, tout était calme, trop calme. Il semblait bien que la montagne fumait mais qui s’en serait inquiété ! Peut-être n’était-ce qu’un coup de vent qui, tout là-haut, faisait la course avec les nuages. Et puis, comment regarder le ciel quand, penché sur la terre, il faut biner, sarcler, une terre si peu fertile ?...
Le gamin montait joyeux vers la petite vieille qui, en le voyant arriver, lui dit : «Va mon fils, va au village, va de maison en maison, dis leur : la terre va se fâcher, la mer va rugir, il reste peu de temps, dis leur de fuir jusqu’à l’autre versant, et surtout de descendre dans la vallée, pas celle que tu vois là en-bas, mais de l’autre côté de l’Apu. Va vite, va ». «Et toi grand-mère, pourquoi restes tu ici ?» « Moi, lui répondit-elle, je ne crains rien ! Va vite, mon fils, ce sont les villageois qui doivent fuir». Le gamin, un peu effrayé, courut jusqu’au village et s’en fut, de maison en maison, porter le message. La sorcière a dit : «fuir, vite, fuir». Les villageois se rassemblaient sur la place de l’église et s’interrogeaient. Certains dirent : «Elle est si vieille qu’elle commence à perdre la tête», il fait si beau, tout est si calme ! Les chiens sont tranquilles. Elle radote, sans doute.» Pourtant, le chef du village leur dit : «La vieille est un peu sorcière, elle a parlé ! Partons ! Nous verrons bien!» Et le gamin ajoutait «elle a dit vite, vite, il reste peu de temps.» Alors, on entendit à travers la montagne sonner une longue corne, seul moyen qu’avaient les villageois pour prévenir les isolés d’un accident ou d’un décès, voire d’un danger. Une petite file s’engagea à pied sur la route qui serpente, tout en maugréant contre les racontars de la sorcière. De l’autre côté de l’Apu, c’était si loin, plus de deux jours de marche !
Le temps restait froid et sec. La route était longue mais ils étaient presque arrivés et tout paraissait si tranquille. Soudain, un bruit sourd frappa  les oreilles des voyageurs, bruit qui enfla, enfla jusqu’à devenir assourdissant. «La montagne se fâche» dit l’un. «La sorcière l’avait dit !» La terre trembla, trembla encore et s’ouvrit. Et la montagne qui n’était autre qu’un volcan paraissant éteint, laissa tomber dans la lagune, un de ces énormes pans. La combe où se situait le village, fut balayée par une énorme coulée de boue et plusieurs maisons furent emportées. Sur le littoral, la mer se déchaîna, envahit les plages et les rues des villes côtières, détruisant  et saccageant tout sur son   passage.
Quand les secousses cessèrent après plusieurs jours, les villageois reprirent le chemin du village et découvrirent le désastre. Soudain, l’un d’eux demanda : «Et la sorcière ? Comment savait-elle ?  Mais où est-elle aujourd’hui ?» Ils envoyèrent un gamin aux nouvelles. Elle était là, en vie, à genoux, en prière. Elle avait sauvé les villageois. Il ne lui était rien arrivé. Comment deux jours à l’avance, connaissait-elle l’éminence de la catastrophe ? Comment savait-elle qu’elle ne craignait rien ? Communiquait-elle avec les esprits de la montagne ?... Encore aujourd’hui, on s’interroge !...
 
L'astrologue
C’était un de ces jours bien gris d’hiver où le ciel semble pleurer et je m’en allais prendre le train. Arrivée à la gare de Lille, je pris la file d’attente. J’étais en avance et j’avais tout mon temps.  D’ailleurs, nous n’étions que trois personnes. Au guichet, un monsieur aux cheveux blancs, penché vers la vitre, prenait un billet. Nous l’entendîmes dire : «pour Boulogne sur mer, troisième classe» et l’employé de lui demander : «Boulogne sur mer, Quelle gare ? Tintelleries ? Centrale ? Maritime ?». L’homme se redressa et tout décontenancé, marmonna : «Elle ne me l’a pas dit, elle ne me l’a pas dit. Comment vais-je la retrouver ?» La jeune fille qui me précédait, lui adressa aimablement la parole. «Vous avez un problème, Monsieur ? Vous ne connaissez pas Boulogne ? Allez-vous en Angleterre ?» Il fit signe non de la tête. Elle poursuivit : «Vient-on vous chercher à la gare ?». - «Oui, elle m’attend ! Mais où ?» - « Prenez Centrale, c’est là qu’elle sera !». L’homme se retourna vers le guichet et tout content, lança un «Centrale, s’il vous plait ».
Curieusement ce jour-là, la jeune fille et moi-même avions la même destination et nous nous retrouvâmes dans le wagon. Le monsieur, un belge, était déjà installé au moment où  je montais. Face à lui, la jeune fille était déjà là, plongée dans une revue. Je m’assis à ses côtés. Bientôt, Le train démarra. Il avait sorti d’une lourde serviette noire, trois gros livres, plusieurs crayons de couleurs et posé calmement sur ses genoux, un cahier  qu’il ouvrit. Rapidement nos yeux furent attirés par le mouvement de ses crayons mais surtout, par le dessin cabalistique, sur la page de gauche. Remarquant alors, le regard de la jeune fille par-dessus sa revue, il lui expliqua : «Je réalise des horoscopes pour des clients». Il continua, quelques minutes, son travail mais sentant sans doute, la persistance de son regard, il lui dit : «Vous avez été fort aimable avec moi ; pour vous remercier, voulez-vous que je vous lise le vôtre ?, gratuitement bien-sûr !»
Est-ce la gratuité du service ou la curiosité, toujours est-il qu’elle se laissa faire et après avoir donné les quelques éléments nécessaires, l’homme prit une feuille vierge et traça un cercle puis, à l’aide d’une règle, il le divisa en secteurs, dessina les symboles des planètes et se mit à joindre des points, à tracer des lignes. Il consulta l’un de ses livres puis l’autre. Il lui dit alors, un peu de son passé, très peu et se mit à lui prédire l’avenir. « Oh ! Mademoiselle, vous avez un grand destin. Vous étudiez aujourd’hui, la littérature ; Votre ascendant est dans votre sextile. Dans quelques mois, vous allez traverser l’océan. Vous allez vivre un grand rêve. La musique vous entoure. Ah ! Mars est opposé à Saturne, Je vois un retard, départ annulé mais Mercure revient en balance, le départ sera confirmé. Vous avez le soleil dans votre maison 7 : famille, arts. Vous rencontrez un musicien, un violoniste. C’est une salle immense, un grand concert, vous n’avez d’yeux que pour lui. Il vous semble inaccessible. Il l’est. Vous le perdez de vue.
Mais votre nœud nord revient vers Neptune. Vous le croiserez de nouveau, quelques jours plus tard,  à la terrasse d’un café. Vous  ne bougerez pas, c’est lui qui viendra vers vous. Vous parlerez ensemble puis il partira vers une nouvelle destination, un nouveau concert. Votre natal est en carré. Rien ne vous semblera alors possible. Et pourtant votre lune indique clairement que votre chemin de vie vous conduit vers lui. Au détour du chemin, votre destin  vous attend. Un concert, un autre concert, peut-être le troisième ou le quatrième. Il est là, sur scène. Ne vous inquiétez pas, il sait que vous êtes dans la salle. Il vous cherche. Il vous trouve….
Et le contrôleur… d’annoncer … «le train arrive en gare de Boulogne sur mer, terminus.». Il tendit alors à la jeune fille, la feuille sur laquelle il avait dessiné l’horoscope et griffonné son nom et son adresse. Elle la plia soigneusement et la rangea dans son sac. Nous descendîmes sur le quai.
Est-ce un hasard et le hasard existe-t-il ? Alors que le vieux monsieur disparaissait dans la foule, la jeune fille se dirigea comme  moi, vers la même rue Belterre. Elle s’engouffra sous une porte cochère et je constatais que c’était une voisine de ma tante. Celle-ci me dit la connaître.
Après plusieurs années, revenant à Boulogne sur mer, et passant devant la porte cochère, je ne pus m’empêcher de repenser à ce voyage en train et aux prédictions de l’astrologue. Je m’empressais de demander à ma tante, des nouvelles de sa voisine et oh  stupeur ! Elle me dit qu’elle n’habitait plus là avec sa mère mais qu’elle était partie aux USA. Là-bas, elle avait épousé un violoniste. Faut-il croire aux horoscopes  et à l’astrologie ?...
Le pendule
C’était quelques jours avant Noël, quelques citadins étaient venus faire leurs emplettes dans la capitale. L’école terminée, des lycéens rejoignaient leurs familles. Tous demeuraient dans la grande forêt. Seul moyen de communication : le petit avion régional qui assurait la liaison. Chargés de paquets, la vingtaine de personnes monta à bord. Le temps était calme et l’avion décolla. Deux heures de vol s‘étaient écoulées, il survolait la grande forêt. Il était presque arrivé à destination. Soudain, un coup de vent trop fort, un courant descendant et ce fut la catastrophe ! Le pilote, bien qu’expérimenté, ne put redresser le manche et l’avion s’écrasa sur la cime des arbres.
Dans cette même forêt, mais loin de là, sur le bord de la rivière, dans une petite maison sur pilotis, vivaient un scientifique allemand et sa femme. Ils répertoriaient, lui, les oiseaux, elle, les plantes. Ils attendaient leur jeune fille pour Noël. Soudain, l’ornithologue  s’aperçut que le lorito, dans sa cage, s’était tu. «Un malheur est arrivé» se dit-il et il alluma la radio, seul lien avec le monde civilisé. Il entendit le speaker annoncé «Un crash vient de se produire  au-dessus de la forêt. L’avion 742 est tombé. On ignore exactement où il se trouve. C’est dans une zone inaccessible. On est sans nouvelles des passagers mais les autorités font le nécessaire.» Il pensa immédiatement : «c’est le vol de ma fille !» Affolé et angoissé, il  chercha à  joindre le petit aéroport qui  ne put rien lui dire de plus. Ne sachant que faire, il finit par aller voir le chaman. Il n’y croyait pas mais il avait besoin d’un réconfort. Celui-ci prit son temps et prépara ses breuvages et fuma, puis il disposa ses plantes sur le sol et après quelques incantations, s’adressa à l’homme : « l’objet volant est tombé, ils sont tous morts mais pas ta fille. Elle est là dans la forêt, elle marche vers la rivière mais elle est loin, très loin. Il faudra attendre, attendre mais elle reviendra.»
Ce mince espoir le rassura momentanément. Revenant à la maison, il dit à sa femme ce que le chaman lui avait transmis. Mais les jours passèrent, un puis un autre, puis un autre encore et rien…Même les autorités abandonnèrent  les recherches ! Désespérés, ils revinrent en Belgique où la famille les attendait. Un ami leur conseilla alors de consulter un radiesthésiste réputé pour ses dons. Effondrés, fous de chagrin, ne sachant que faire, ils acceptèrent. Ils emportaient avec eux, une carte de la région où l’avion avait crashé. Après les avoir questionné sur le motif de leur venue, Monsieur D. leur demanda s’ils avaient une carte. Ils la lui donnèrent. Celui-ci prit la carte, son pendule et se concentra. Le silence régna. Ils avaient les yeux fixés sur le pendule. Effet d’optique ? Illusions ? Je ne sais. Le pendule se mit à tourner, d’abord lentement puis plus vite sur un point précis de la carte. Le radiesthésiste leur dit : «Regardez, elle est là ! Elle est vivante !» Là, oui mais où ? La carte n’indiquait ni ville ni village et d’ailleurs comment pourrait-elle être vivante, perdue dans la forêt ? Après tant de jours ? Est-ce que cela était possible ? L’humidité, les insectes mortifères, les bêtes sauvages… et comment pouvait-elle se nourrir ?  Deux mois déjà s’étaient écoulés depuis le crash !  Le radiesthésiste insista : «Votre fille est vivante, elle est là, elle est affaiblie mais bien entourée. Ne restez pas en Belgique. Repartez vite là-bas. Elle vous reviendra».
Eberlués, et bien qu’incrédules, les deux parents suivirent ses  conseils et retournèrent dans leur maison sur pilotis. A peine revenus, quelle ne fut pas leur surprise d’apprendre la rumeur. Les indiens Awa avaient recueillies dans la forêt, très en amont d’un ruisseau, une jeune fille blonde qu’ils ramenaient en barque à travers les cours d’eau. Serait-ce leur fille ? Il fallut attendre encore quelques jours avant que l’embarcation  n’atteignit le petit débarcadère du village. Ils s’y précipitèrent. C’était bien leur fille couchée dans le fond de la barque, mais vivante! Vivante! Quelle joie ce fut ! Comment avait-elle survécu à ce drame ?
Mais quelques heures après, une interrogation les interpelait. Comment le chaman l’avait-il vu? Comment le radiesthésiste de Belgique avait-il pu le déchiffrer avec son pendule alors qu’il était si loin du chaman, si loin du monde de la forêt ? Nul ne le sait.
 
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Esprits celtes, par Emmanuel
1916 : un dirigeable Zeppelin, en mission au-dessus de l’Ecosse est intercepté par un biplan de chasse britannique qui, d’une rafale, fait exploser le ballon allemand, tuant sur le coup son équipage. Les cadavres pris dans l’enchevêtrement des poutrelles sombrent dans les profondeurs du Loch Ness.
De loin en loin sous l’effet d’une rare conjonction de phénomènes hydrauliques, l’épave s’arrache au fond du lac et certaines parties de la carcasse, émergeant de la brume de surface, donnent fugitivement l’aspect d’une bête monstrueuse.
De ce sépulcre lacustre émane un esprit qui, dégagé de sa gangue humaine, explore l’espace environnant et vient fureter dans un château notoirement hanté par des revenants du cru réputés sociables, à en croire le guide touristique qui est intrinsèque à cet esprit ; la communication s’établit sans peine par un sabir télépathique universel.
C’est ainsi que l’esprit nouveau venu se fait conter certaines manifestations paranormales ayant défrayé la chronique des vivants.
En voici une dont les prémices ne sont pas sans analogie avec la querelle opposant, sur la scène de la Comédie Française, dans le Cid de Corneille, le vénérable Don Diègue et son rival Don Gormas : le premier ayant été souffleté par le second fait appel à son fils Rodrigue pour venger l’affront, en la célèbre interrogation « Rodrigue, as-tu du cœur ? » Oui mais voilà, en l’espèce, sur les landes écossaises, le fils de l’offensé n’en avait pas de ce noble cœur et prit honteusement la fuite pour se réfugier dans son château. Il y fut fort mal accueilli et le seigneur, accablé par la tache indélébile souillant le kilt de son clan, le fit enchaîner et murer en un recoin secret des fondations du château. Depuis lors, surtout par pleine lune, des visiteurs peuvent parfois entendre le bruit de ses chaînes et ses gémissements, à condition de n’être pas enveloppé d’un barrage d’ondes maléfiques de scepticisme cartésien.
Une autre paranormalité ayant, elle, acquis la notoriété, se manifeste dans le portrait d’un certain Dorian Gray : les évolutions de la physionomie du modèle portant les stigmates du temps se reportent sur son portrait peint laissant intact la beauté juvénile du modèle.

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Que se passe-t-il dans la cave ? par Christiane

Je viens vous raconter une histoire qui est arrivée à l’une de mes amies. Elle n’en a pas fait étalage à l’époque de peur de passer pour folle mais elle assure que ce qu’elle a vu et entendu était bien réel.
Elle avait loué pour les vacances d’été pour elle et sa famille une vielle maison en pierre en Bretagne. Il y avait dans cette bâtisse une cave verrouillée précise mon amie qui continue ainsi son récit : « En juillet les beaux jours étaient là et j’ai envoyé les enfants jouer au jardin. Dylan 5 ans, Kevin 3 ans et demi et Melissa 2 ans et demi. Brusquement j’ai entendu des hurlements de peur. Je me suis précipité au jardin et je n’ai constaté aucun bobo, aucune chute, rien. Mais les enfants effrayés me parlent en me montrant la porte de la cave d’un monsieur très méchant ! Pour les rassurer j’entre moi-même dans la cave et leur assure qu’il n’y a personne. Les jours ensuite se suivent et se ressemblent, dès que les enfants sont seuls à jouer au jardin ce sont des hurlements de terreur déclenchés par les « apparitions de monsieur Maurice ». Nous recevons des mais quelques jours qui viennent avec leur chien, un gros berger allemand. Alors que nous discutons tranquillement, de nouveaux hurlements résonnent. Je m’y suis habituée et nous récupérons les enfants à nouveau morts de peur, ainsi que le berger allemand aboyant à la mort contre la porte de la cave, le poil tout hérissé. J’ai commencé à croire qu’il y avait vraiment quelque chose dans la cave et j’ai interdit cette partie du jardin aux enfants par précaution. Mon mari s’absente quelques jours durant lesquels c’est moi qui suis victime et spectatrice de phénomènes étranges. Je suis réveillée en pleine nuits par des bruits étranges, de la musique, puis des rires d’enfants et enfin plus tard des sons proches de ceux d’une pelle tapant contre un seau en plastique. Je suis descendue vérifier au jardin, vide, le bon fonctionnement de la télévision, éteinte… cela se reproduisit plusieurs nuits d’affilée y compris quand mon mari revint. Je le réveillai et lui dit Écoute et lui qui s’était bien moqué de moi et de mon esprit impressionnable, entendit.
Courageux mais pas téméraire, il décida que nous allions dès le lendemain louer une autre maison pour les vacances qui furent très agréables cette fois-ci.
J’ai appris ensuite qu’aucun locataire ne restait dans cette maison. Qu’il y avait-il dans cette cave ? Des esprits, des plaisantins, des trafiquants. Je ne sais qu’en penser. Et vous, qu’en pensez-vous ?
 
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La cinquième saison, par Rose
Parfois nos rêves ne laissent pas de souvenirs précis à raconter. Mais parfois, au réveil, il arrive que l’on ne puisse reprendre le cours normal de notre vie, alors nous donnons une vie, une suite à nos rêves et leurs personnages. Cet enfant si beau, je vais le retrouver la nuit prochaine, et ce couple qui m’a invitée, c’était pour quand déjà ? comment m’habiller ? Une grande fête, quelle saison ? Elle ne paraît pas sur mon calendrier.
Elle est ma cinquième saison. Celle de mes rêves, uniquement des rêves dont je me souviens parfaitement où la vie de chacun continue, apporte du nouveau dans certains moments de ma solitude, où je me laisse aller à leur construire une vie à mon gré. Un visage, une élégance, ou l’excès de désinvolture d’un jeune.  J’ai hâte que la nuit m’apporte la suite et dans ma tête, je m’y prépare. Je marie des gens qui me semblent faits pour vivre ensemble. Cependant les voilà séparés. Jusqu’à la nuit prochaine. Je réfléchis. Tiens, c’est drôle dans les saisons courantes, je ne me souviens pas de tout ce monde. Eh bien, ils font partie de mes rêves, ceux que je voudrais toujours heureux, ceux que je me fabrique dans cette cinquième saison imaginaire. La sonnerie du réveil m’oblige à la réalité et à la reprise des habitudes. Vivement la nuit !



 

 

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