mardi 11 février 2014

UNE RENCONTRE

Heureuse, malheureuse, grave ou drôle, importante ou anecdotique mais toujours digne d'être racontée

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Vendredi 3 janvier 2014. Gare de Lyon. 12 h 43, je prends le train pour le Sud de la France afin de me rendre à un enterrement qui me chagrine mais qui ne me surprend pas. En effet, la défunte a bu beaucoup plus que de raison et fumé à s’encrasser les poumons ainsi que ceux de ses enfants. Pour une fois, j’avais tout prévu pour ne pas trouver ces cinq heures de train d’une longueur épouvantable : livre, mots fléchés et feuilles blanches pour continuer le journal d’Ashley pour lequel j’ai au moins trois ans de retard. Je m’installe tranquillement à la place que mon frère m’a gentiment réservée en 1ère lorsque j’entends un petit monsieur avec une casquette, la cinquantaine environ, demander à mes voisins si son bagage ne les gênait pas. Je me retourne pour regarder si son sac (qui ressemblait d’ailleurs au mien) ne gênait pas le mien. Le monsieur me regarde et me dit : il sera bien au chaud au milieu… Vous allez où ? A Nice lui répondis-je, et vous ? A Nice aussi, vous ne voulez pas vous assoir à côté de moi ? Je vais de ce pas voir la jeune fille à côté de laquelle je devais prendre place pour lui dire : « Je vous laisse, j’ai trouvé quelqu’un avec qui causer ».
Et me voilà installée à côté de Jacob pour un trajet Paris/Nice inoubliable. En effet, tout de suite une complicité verbale s’est installée entre nous, nous nous sommes tutoyés au bout de 15 minutes et au bout d’une demi-heure, il me disait déjà : Je sais d’avance qu’arrivés à Nice ce sera avec regret car nous n’aurons pas eu le temps de tout nous dire.
Et c’est ce qui s’est passé. Bizarrement, nous nous parlions comme si nous nous connaissions depuis des années et nos avions des milliers de souvenirs à partager et à raconter. Tout y est passé : notre vie sentimentale, amicale, familiale, professionnelle, sexuelle… sachant que je ne le reverrai sans doute jamais de ma vie (il m’avait dit tout de suite habiter en Israël), l’expérience acquise ses dernières années, l’assurance que nous donne l’âge (un des rares avantages du 3ème !), tous les tabous et complexes effacés pour la même raison, nous nous sommes racontés des choses que nous n’avions jamais dites à personne.

Surtout lui. Je lui ai évidemment parlé de mon amoureux et du nuage sur le quel je me trouve depuis 15 mois (16 maintenant) en lui expliquant que toute ma vie j’avais espéré rencontrer un homme comme lui. Et en avançant dans la conversation, je lui ai parlé de choses intimes sans me rendre compte que cela l’excitait… Il avait tellement envie de me revoir qu’il était prêt à venir au cimetière avec moi le lendemain matin ! Ayant réussi à obtenir un minuscule baiser avant de descendre du train, il me dit : Je n’ai jamais autant ramé pour obtenir si peu… Nous avons quand même passé cinq heures de rires et de bavardages que j’ai essayé les plus discrets possibles, en me disant : pour une fois que j’avais emporté de quoi m’occuper, cela n’a servi à rien !
Nous avons échangé nos mails et nos portables mais je n’ai pas voulu donner suite à cette belle rencontre amicale, trop amoureuse d’un homme dont je rêvais déjà petite fille et que j’aimerai jusqu’à la nuit des temps.

Elisabeth

Roulant depuis quelques temps sur une route de campagne
En cherchant, mais en vain, le lieu de rendez-vous,
Ne sachant que faire, perdue, au volant de ma voiture
Continuer ma route entre les champs, mais où me mènera-t-elle ?
Ou bien rebroussez chemin vers la dernière ville traversée ?
Ne perdant pas courage mais perdant la boussole
Tout droit je me dirigeais dans le sens opposé !
Route solitaire ! Soudain, une voiture me croise
Et là stupéfaction, elle freine. C’est mon ami tant recherché !

Elle ne l’avait pas voulu, elle ne l’avait pas cherché. Ce n’était qu’un amusement d’enfant ! Son but n’était que de tomber dans ce lieu désert, après un jet plus ou moins puissant tiré du jardin surplombant l’impasse mais ô malheur, elle s’était écrasée sur le capot arrière d’une voiture bien rangée dans le jardin du tribunal. Peut-être personne ne s’apercevrait-il de cet impact malencontreux ? Elle était si petite et, de fait, n’avait fait  qu’effleurer la carrosserie. Ce n’était qu’un tout petit éclat. Etait-ce vraiment un délit que si, malencontreusement, elle se soit égarée sur cette voiture ? Quelle rencontre inopportune ? Donnerait-elle lieu à l’oubli  ou plutôt à comparution et  jugement ? Que nenni ! Il y avait délit car depuis quand est-il autorisé de passer par-dessus le grillage avant de s’élancer dans une impasse même si elle est déserte ! Et encore moins d’aller s’écraser sur une voiture fut-ce par inadvertance ! De plus, sur une superbe Mercédès appartenant au juge de la contrée ! Volontaire, involontaire, maladresse ? Comment serait interprétée cette bévue ? Quelle sanction s’en suivrait  pour la coupable ?  Une si petite pierre, un si petit éclat qui allait provoquer de terribles éclats de colère car, de sa fenêtre grande ouverte, le juge avait entendu le « toc ». Il était de nature colérique et sanguine. Je le vis sortir à mi-corps par l’embrasure, furieux  et devenant écarlate au point de s’étrangler dans ses imprécations et malédictions. Mais il avait beau crier, hurler, se démener comme un beau diable, revêtu de sa toge noire bordée de rouge, agitant les bras et me menaçant du poing, je le dominais du haut de mes cinq ans car mon jardin était surélevé et, à vrai dire, je me sentais protégé par le grillage. Je me doutais bien qu’une punition s’en suivrait mais sur le moment, voir un homme se déchainait ainsi pour une bêtise dont je ne mesurais pas tout à fait les conséquences, me rendait quelque peu perplexe.
Et c’est ainsi que je fis ma première rencontre avec la justice !

Marie-Thérèse

Réjouissons-nous, humains que nous sommes !
Entrer en contact avec un nouvel être
N’est jamais banal, ni triste :
Chacun étant unique peut apporter ou recevoir de l’autre ;
On sort souvent grandi d’une vraie rencontre, que l’aventure fût brève ou le souvenir mitigé.
Ne pas saisir les occasions de croiser autrui, c’est…
Tourner en boucle dans sa solitude, ce qui
Revient à se couper les ailes.
Essayez les rencontres… et savourez-en les fruits.

Françoise



Rentrer au plus vite sous cette pluie battante...
Entreprendre de rabattre au mieux sa capuche sur ses yeux...
Naturellement encline à s'envoler avec le vent : Je suis une combattante... 
Cabas et sacs frottant contre le velours de mon pantalon trempé. Normal, il pleut !
Ombrageuse mon humeur comme le temps, quand soudain j'entends mon prénom...
Naturellement je tourne la tête vers la voix joyeuse. Quel bonheur que ce sourire : c'est trop bon !
Tirer encore une ultime fois sur cette capuche : je ressemble à un York...C'est amusant. 
Revenir sur mes pas, trouver un endroit sec pour s’abriter et discuter avec ma copine Lila...
Echanges agréables et mystère d'une rencontre due au hasard qui illumine une journée quand rien ne va !

Claudine

Retrouver la joie de vivre
Et y croire chaque jour
N’en doutez jamais
Car c’est le seul moyen
On en est persuadés
Notez-le bien, car…
Toute attention ou marque d’affection
Restera à jamais
En ce cœur que nous toucherons.

Elisabeth


Au cours de mes études à Grenoble, je loge dans une résidence universitaire où j’ai comme voisin de chambre un boursier norvégien qui parraine une petite colonie de compatriotes. Bavardant un jour avec lui, j’apprends qu’il vient de retenir une chambre pour deux Norvégiennes devant arriver sous peu. Il se proposait d’aller les réceptionner à la gare, équipé de la charrette à bagages de la maison, mais ayant un empêchement, il m’en laissa le soin. Cette mission me séduisit a priori en ce qu’elle me conférait la primeur d’une prise de contact avec deux jeunes filles, dans un milieu où les garçons sont largement en surnombre.
A l’heure dite, j’accueille à leur descente du train Anne-Marie et Liv, dissipant une lancinante incertitude qui les avait tourmentées tout au long du voyage car elles ne se savaient pas attendues. Elles voient en moi une sorte de sauveur suprême en ce qui est pour elles une terra incognita. En cheminant, nous faisons connaissance et, en fin de parcours, j’ai acquis une précieuse avance qu’il me reste à faire prospérer.
J’introduis les deux jeunes filles dans mon cercle d’amis et nous sortons en groupe au spectacle, en visite, en promenade… J’y suis spontanément perçu comme le cavalier attitré de Liv. elle se dit ravie de ma compagnie… pour perfectionner son français. Je ne suis pas dupe de ce prosaïque bémol.
Je l’emmène déjeuner en tête-à-tête dans un pittoresque restaurant surplombant l’Isère et accessible par téléphérique. Nous prenons celui-ci pour monter et redescendons la main dans la main par le sentier, après une promenade idyllique sur le plateau, entrecoupée d’opportunes stations dans des blockhaus datant de l’Occupation. C’est dans ce cadre si romantique de l’une de ces casemates que s’est scellé, par un délicieux baiser, notre lien sentimental.
Chemin faisant, Liv m’avoue que depuis le début Grenoble lui plaît beaucoup… et moi encore plus. Cependant, elle me révèle aussitôt être fiancée et sort de son sac à main une photo la montrant radieuse auprès d’un beau jeune homme en uniforme d’élève-officier de marine marchande. Ils projettent de se marier dès qu’il aura obtenu son brevet et reçu son affectation.
Dans la foulée – peut-être pour que je ne la juge pas libertine – Live précise qu’elle et lui ont convenu d’adopter un régime conjugal biphasé convenant au métier de marin qui, à en croire le dicton, posséderait une femme dans chaque port : stricte fidélité en périodes de cohabitation, pleine liberté en périodes de séparation. Le moment présent entrant visiblement dans la seconde catégorie, j’interprète cette confidence comme un encouragement, voire une invite.
Arrivés en ville en fin de promenade, nous nous rendons à une réception estudiantine de bienvenue organisée par la colonie norvégienne pour l’accueil en son sein d’Anne-Marie et Liv. je sais par expérience que de telles manifestations pêchent rarement par excès de puritanisme, surtout lorsque l’aquavit est généreusement dispensé et la lumière fortement tamisée.
J’assiste goulument au ballet frénétique de quelques lascars autour de Liv. elle a vite fait de refroidir leurs ardeurs, venant se réfugier dans mon giron et signifiant ainsi qu’elle est mienne.
A ses manifestations de féminité, Liv rajoute celles d’un féminisme ardent… et assez critique visant la France, d’autant qu’une campagne électorale y bat son plein et anime les conversations : « Je suis tombée des nues en apprenant qu’ici les femmes viennent tout juste d’avoir le droit de vote ! »
Au printemps, tout comme les oies sauvages peuplant les sagas à la « PeerGynt » d’Ibsen et Grieg, Liv ressentira l’irrésistible appel du Nord et prendra son envol pour rejoindre le fiancé qui l’attend au pays.

Emmanuel

Rassurante ou inquiétante, elle peut l’être à toute heure
Enivrante, parfois elle l’est aussi
Ne laissant pas le temps de réfléchir
Comme il est doux de se laisser séduire par son charme
O ne succombe pas trop vite
Non garde les pieds sur terre
Trop se sont brûlé les ailes en cédant sur-le-champ
Résister un peu ne coûte rien
Et c’est agir en être libre de savoir temporiser

Christiane


Revenir sur son lieu de naissance et se remémorer le passé,
Economiser ses pas et sa salive par orgueil...Silence ! Respect !
Ne rien demander à autrui, d'ailleurs, il n'ya aucune âme qui vive...
Comme par magie, sortie de nulle part devant moi : une apparition soudaine...
Omniprésente, presque irréelle, elle s'impose à moi entre le rêve et la réalité.
Normalement, recueillie derrière ce bâtiment décrépi et sinistre, je désirais ma tranquillité...
Tergiverser...Essayer de se souvenir...Ce visage me rappelle quelqu'un, je me prends à penser.
"Réfléchissons : Où l'aurais-je déjà vue ? "Nous nous connaissons ? Au collège ? Au lycée ?"
Embarrassée et ne sachant comment la nommer, je cherche son prénom : "Cécile ou Marie ?

Ranime la flamme des jeux Olympiques et en même temps celle de tes amours en voie d'extinction
Entame un chemin de croix qui t'emmènera sur le mont Olympe à la rencontre de Zeus et d'Athéna
Nimbés de cette beauté sans pareille - seuls les dieux en sont dotés -, tu tomberas en extase
Comblant ton besoin d’approcher de près la mythologie : c'est au Louvre que tu iras.
Oubliant que tu es le commun des mortels, tu admires les statues sculptées en leur honneur
Nombre de ces marbres sont amputés de doigts et de membres, mais d'autres sont en bon état.
Terriblement perplexe devant des muscles saillants et ces corps sculptés, tu tomberas sous le charme d'Apollon.
Rappel que l'esthétique masculine était extrêmement importante chez les Grecs et surtout chez cet énième fils de Zeus...
Evidence !  Cette rencontre de lumière et d'art avec ce demi-dieu à la longue chevelure illuminera ton esprit de sa lyre.
  

"Ravi de faire votre connaissance" s'exclame un certain Nicolas en apercevant une jeune femme lors d'une soirée.
Emma, une personne charmante répond poliment : "Egalement enchantée !" Sans s'imaginer qu'elle va bientôt désenchanter... 
Nicolas est un manipulateur et sait parfaitement flatter la gente féminine pour arriver à ses fins...
Croulant sous les bulles de champagne et les compliments, elle succombe vite aux charmes de notre Don Juan.
Ondulante et chancelante, la belle a perdu sa vertu et l'homme repu l'abandonne ! Il a obtenu son dû !
 Négligeant sans aucun doute de s'apitoyer sur le sort de sa victime, tel un vrai prédateur.
Traîtres que sont les flatteurs...Il faudrait toujours s'en méfier. Ils profitent des jeunes filles en fleurs. 
Recommencent et agissent de nouveau, profitant de la moindre occasion ! 
Eléonore, jeune rencontre d'un jour tout comme Emma, en a fait les frais.


Raconte jeune fille, cette rencontre avec le français qui marquera ta vie
Enonce toutes ces poésies que ton professeur déclamait avec tant de ferveur,
Novice que tu étais au pays de la prose, de la poésie...l'art de patauger en terre inconnue
Capital le choix de l'instituteur, élevant Victor-Hugo et Châteaubriant sur un piédestal
Ouvertement sectaire alors que d'autres auteurs méritaient d'être connus
Nombre d'écrivains comme Balzac, Zola, Dumas, Flaubert et Stendhal,
Tireraient sans aucun doute leur épingle du jeu...
Rancœurs et aigreurs d'écrivains eux-mêmes détrônés par le théâtre de Molière...
Et des traits de caractères en ce bas-monde dont il se nourrit, il nous en fait rire dans un vrai festival. 

Claudine

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