samedi 21 novembre 2015

L’ARRIVÉE DE LA TELEVISION

Le petit écran comme on l’appelait autrefois régnait en bonne place dans l’angle du salon. Sitôt le repas terminé, nous nous installions, chacun à sa place, pour regarder nos émissions préférées. C’était l’époque de la chaîne unique et des dimanches en famille. Malgré mon jeune âge, tous les programmes m’intéressaient. Je revois Léon Zitrone et ses épaisses lunettes pour les informations, Catherine Langeais présentant les films fraîchement sortis au cinéma, Denise Glaser discutant avec ses invités dans Discorama et les interludes avec le petit train rébus dont la petite musique résonne encore à mes oreilles.
Il nous était permis de regarder certaines émissions le soir après le dîner. Le cirque féérique de La piste aux étoiles, les variétés où chantaient les nouvelles vedettes du moment, je me les rappelle et surtout la diffusion des 5 colonnes à la une, remarquable pour ses documentaires et ses sujets d’actualité.
Les jeudis étaient consacrés, si j’ai bonne mémoire, aux feuilletons destinés aux enfants de notre âge. Je me souviens d’Ivanhoé, le héros préféré de mon frère, de Zorro et son fidèle Bernardo, de Thierry la Fronde qui fit connaître l’admirable Jean-Claude Drouot.
Je me souviens aussi de ces films du soir dotés du carré blanc qui nous intriguaient et suscitaient notre curiosité. Ils nous étaient bien entendu strictement interdits.
Chez nous, nous ne parlions pas ; la télévision meublait-elle nos silences ? J’ai puisé dans ces programmes certaines connaissances et je regrette la télévision d’autrefois, distrayante et culturelle à la fois.

Nadine
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J'ai  découvert la télévision dans un premier temps en 1960, d'abord chez une tante, la seule de la famille qui en avait fait l'acquisition. Et donc, chaque dimanche soir avec mes parents, nous partions après diner chez ma tante pour regarder LE film du dimanche soir, c'était devenu un rituel. Il m'arrivait parfois d'y rencontrer un cousin, venu lui aussi saluer notre tante. Avec le recul, j'ai pensé ensuite que c'était peut-être avant tout pour lui tenir un peu compagnie que mes parents avaient instauré cette habitude. Mon oncle venait en effet de décéder et ma grand-mère, qui en vieillissant avait été accueillie chez cette tante qui disposait de la place nécessaire, avait suivi peu après... Ma tante se retrouvait alors bien seule d'un coup.
Chez nous, c'est en 1962 qu'elle a fait son apparition. Je m'en souviens très bien car mon frère  effectuait son service militaire et je me rappelle que ma mère avait voulu lui faire la surprise à l'occasion d'une permission. Si elle a toujours été très présente et attentionnée  pour moi et mes sœurs, quand nous étions malades ou hospitalisées, et même alors que nous étions mariées, il faut bien reconnaître qu'elle avait tout de même un petit faible pour mon frère. Qu'importe, l'important était d'avoir enfin la télévision et j'en étais bien contente.
Ainsi, le dimanche nous avions aussi LE film de l'après-midi que je regardais avec mon père, ma mère étant occupée en cuisine et à d'autres travaux ménagers ; elle semblait aussi moins captivée par ce nouvel appareil. Je garde en tête quelque titres : « Thierry la Fronde », le feuilleton quotidien de 19h40 : « Janique Aimée ». Et pour ce feuilleton que nous suivions avec beaucoup d'intérêt à l'époque, je me rappelle j'allais chercher chaque jour peu avant le début une voisine et amie de mon âge, elle n'avait pas encore la télévision chez elle et venait donc en profiter chez nous, ce feuilleton la passionnant tout autant que nous. Et ensuite, nous pouvions en discuter entre nous.
Le soir, mes parents ne se couchaient pas tard car ils devaient se lever  très tôt pour travailler. J'avais l'autorisation de regarder la télévision seule pour un moment donné, mais en sourdine, avec le son vraiment très bas  pour ne pas gêner leur sommeil léger, tellement bas que j'en avais le nez sur l'écran.
Et je me rappelle avoir ainsi vu défiler mes idoles de l'époque dans l'émission « âge tendre et tête de bois » que je n'aurais manquée pour rien au monde.
Mes parents avaient fait aussi l'acquisition d'une table spéciale à roulettes qui était disposée dans un coin de la salle à manger, juste avant l'entrée de la cuisine. Il suffisait donc de tourner la table et nous pouvions regarder la télévision en mangeant le soir. Car la salle à manger n'en avait que le nom, nous ne mangions que dans la cuisine. Je me suis toujours demandé à quoi elle servait...
Mon père s'intéressait d'un seul coup à tout avec ce nouveau média. Il n'était plus possible de parler entre nous à table. Dès que l'un parlait à l'autre, on entendait « chut ! ». Et quelquefois je me rebellais. Je voulais bien admettre qu'il s'intéresse à une émission, au journal télévisé, mais même pendant le sport auquel il ne portait  aucun intérêt, il  fallait se taire ! Et ça, je ne le comprenais pas. Même pendant les publicités, ce « chut ! », c'était devenu une habitude. Alors j'osais lui faire remarquer qu'on pouvait quand même bien parler puisque c'était la publicité et que ça ne l'intéressait aucunement. Mais rien n'y faisait., il avait réponse à tout et nous devions obéir.
Fini les discussions entre nous, le récrit de notre journée, dorénavant le soir il fallait se taire et écouter la télévision, même si ça ne nous intéressait pas...
Je ne remets évidemment pas en cause ce média mais je trouve que tout de même, quelque part, il a tué la vie de famille, il a pris soudain trop de place.
Pour ma part je pense que c'est un outil qui permet de se distraire le soir quand vraiment on ne peut plus rien faire d'autre, surtout quand on est seul. Il permet également de rester informé. Certaines émissions sont très intéressantes, font rêver ou voyager. Et on peut même se cultiver avec d'autres.
Je pense aussi aux personnes âgées et malades qui ne peuvent pas trop bouger, qui sont isolées, c'est pour elles un moyen de se distraire, de ne pas rester seules dans le silence, ça procure en quelque sorte une compagnie. Mais il faut savoir doser et ne pas devenir esclave de cette télévision.
Quand on le peut , savoir trouver d'autres distractions à l'extérieur, partager des bons moments, c'est tellement plus enrichissant que d'être assis, passif, devant cet écran...
Mais je ne suis pas rancunière envers mon père et ses « chut »,  la preuve, en 1974 c'est moi qui ai offert à mes parents leur première télévision en couleurs ! Et comme je ne vivais plus avec eux, mon père pouvait bien regarder tout ce qu'il voulait !

Paulette
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Quel évènement ! Un poste de  télévision à la maison. Il est attendu depuis longtemps par les plus jeunes. Chez leurs copains, elle est déjà là. Pour mes parents, cette acquisition représente beaucoup symboliquement : le fruit du travail acharné, l’ascension sociale et une vie s’améliorant de jour en jour grâce aux progrès techniques.  Je ne suis pas présente mais bientôt en vacances, de retour dans le cocon familial, je découvre la petite merveille blottie sur un coin de meuble entre la fenêtre et la cheminée. Personne ne peut y toucher ! C’est un droit réservé à notre mère. Les émissions importantes, choisies avec soin, nous réunissent autour de la table.
L’avions-nous en juin 1953, pour le couronnement d’Elisabeth II, reine d’Angleterre ? Je ne sais et pourtant je conserve un souvenir vivace de cet événement qui marqua le monde par sa diffusion internationale. Bien sûr, c’est encore le noir et blanc mais quelle émotion de voir évoluer, si proches de nous, des personnages éloignés par la distance. Emotion que je ressens également comme des milliers de gens, en Juillet 1969, quand Armstrong et Aldrin posent le pied sur la lune et plantent le drapeau américain. Disparaissant presque dans leur tenue d’astronautes, ces deux hommes sautillent et rebondissent comme des jouets en mousse. Leur démarche étrange frappe l’esprit.
Entre temps, je suis allée au Pérou. Sur les bords de la route « panaméricaine », entre l’aéroport et la capitale, s’étalent plus ou moins visibles, des bidonvilles. Leurs misérables logements très souvent en cours de fabrication, faute de moyens, sont construits de matériaux divers : quelques briques et surtout de la  tôle ondulée, des nattes de paille et des cartons. Quel n’est pas alors mon étonnement de voir émerger de tout cet enchevêtrement, de nombreuses antennes qui, par petits groupes, telles des toiles d’araignée, sont reliées dans les airs à des poteaux. Ces gens n’ont pas grand-chose mais ils ont la télévision, don, me dit-on, d’un ancien président lors de sa campagne électorale. Et  je découvre aussi que, si nous allons inaugurer la 2è chaine en noir et blanc, ici, à Lima, il y en a déjà  4 ou 5 également en noir et blanc mais pour la plupart, privées ou semi-privées.
Et là-bas comme ici, les feuilletons télévisés vont fleurir pour la grande joie des ménagères, souvent occupées à l’intérieur de leurs logements. D’abord romans d’amour à l’eau de rose, leurs thèmes se diversifient. Ils s’appellent maintenant « séries ». Mais en famille, la télévision est, avant « internet », un moyen de se cultiver grâce aux  nombreux  reportages ou documentaires comme « Ushuaïa » ou « Thalassa ». Sur Fr3, notamment à ses débuts, cette chaîne régionale diffuse de nombreuses émissions culturelles qui nous passionnent : patrimoine de nos régions, comme une série sur les cathédrales, une autre sur les villages ou sur les pays avoisinants. Vivant en province, elle nous permet de voir des pièces du Théâtre Marigny : « Au théâtre ce soir » ou d’assister à des opéras, des concerts, visiter des musées
et admirer de grands peintres. Je me rappelle la série historique d’« Alain Decaux raconte », et aussi, à partir de 1972, celle du « Grand échiquier » avec Jacques Chancel sur Antenne 2.
La télévision permet aussi de se distraire : « La tête et les jambes », « Intervilles », « Jeux sans frontières », « Le Schmilblic » restent graver dans ma mémoire. Un autre plaisir est celui d’écouter les futurs chanteurs populaires et visualiser leur gestuelle avec « Le Petit Conservatoire de la chanson » ou  « Le Palmarès des chansons ». Dans un domaine très différent, de grands débats politiques tels : «  L'Heure de vérité » ou «  La Marche du siècle » nous renvoient un écho du moment.
Nous regardons peu les émissions sportives. Et pourtant, ce 12 juillet 1998, il fait très beau. Toute la grande famille est réunie au jardin pour fêter des noces de diamant. Parmi les convives, certains souhaitent voir la Coupe du monde de football mais n’osent le demander ni s’éclipser de peur de casser l’ambiance et les festivités. Mais, malgré les craintes de la maitresse de maison, nous nous retrouvons bientôt tous réunis, devant le petit écran, dans la salle à manger, un peu à l’étroit pour 25 adultes et 6 petits enfants. Chacun prend place comme il peut et où il peut : chaise, fauteuil, divan, et à même le sol, voire sur les genoux ou dans les bras, pour les plus jeunes !  

Pour une fois, le sport ne fut pas un motif de dispute ou de controverse mais un signe de joie devant ce match qui marqua l’histoire. Et la victoire n’en fut que plus chaudement célébrée car elle contribua à mettre tout le monde de bonne humeur pour continuer la soirée mais cette fois, sans la télévision ! 

Marie-Thérèse
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Née en 1949, je n’ai jamais entendu parler de la télévision dans le cercle familial ; la radio n’y était pas présente non plus.
Ma mère était abonnée, au prix de privations, à La Terre, journal paysan du Parti communiste français. Cet hebdomadaire était fort bien construit, avec à la une les grands titres, la tribune, la chronique de Waldeck Rochet, intitulée A coups de pioche.
Les pages intérieures développaient les informations nationales et internationales. Une colonne illustrée attirait mon attention sur les faits de société : je me souviens du curé d’Uruffe…
C’était l’époque du Spoutnik soviétique, avec à son bord la chienne Laïka ; sur le plan médical, il était question du poumon d’acier dont l’image me terrifiait, puis de la vaccination obligatoire contre la poliomyélite a réduit ce fléau.
Je découvrais des informations pratiques pour la ménagère, des réponses aux questions juridiques des lecteurs. La dernière page présentait des concours, grâce auxquels j’avais gagné un briquet ; ma culture étant pauvre, j’arrivais en queue de peloton !
Ce journal m’a permis d’apprendre à lire. Je n’allais pas à l’école en hiver à cause de la maladie, de la hauteur de la neige, de l’absence de routes. Il allait descendre une colline, sauter un ruisseau dépourvu de pont, remonter la colline d’en face, quatre fois par jour ; je déjeunais parfois chez mon grand-père, quand la situation familiale n’était pas trop explosive ; je pouvais aussi faire réchauffer (mais je n’ai jamais pu m’y résoudre), la gamelle de soldat paternelle sur le poêle Godin, devenu poreux au fil des générations et qui a failli nous tuer avec l’oxyde de carbone, nous avons été sauvés in extremis par le facteur qui regardant par la fenêtre, nous a vus endormis.
J’ai passé une année dans une maison de retraite en attendant mon placement, et je n’y ai jamais entendu parler de télévision ou de radio, nous étions en 1959. Mes camarades m’évitaient en tant que « jeune fille de l’hospice ».
Dans la famille d’accueil, la télévision en noir et blanc, à chaîne unique, de marque Ducretet-Thomson, est arrivée en 1962 dans le salon ; on écoutait la radio dans la cuisine.
Auparavant, le jour de congé scolaire, j’étais invitée chez les commerçants voisins, marchands de charbon, avec leur fille Aline et je regardais Rintintin et Thierry la Fronde.
Dans le logement, au fond de la cour, j’ai été invitée à voir un couronnement royal, chez une famille de pêcheurs : qu’ils étaient gentils et accueillants !
Je me souviens des fondateurs de l’ORTF, les trois Pierre : Desgraupes, Dumayet et Lazzareff.
J’ai vu également Max-Pol Fouchet, Léon Zitrone, son assistant Michel Drucker qui tremblait comme une feuille avec son papier à la main lors de sa première prestation, de Pierre Tchernia : Monsieur Cinéma.
La programmation était restreinte, le journal n’était pas techniquement au point pour le direct et la soirée se clôturait tôt sur le petit écran.
Je me souviens de Cinq colonnes à la une, de Lectures pour tous, La tête et les jambes, où Pierre Bellemare était très jeune.
Je me souviens des speakerines, notamment de Catherine Langeais, l’ancienne fiancée d’un futur président de la République, elle avait aussi un créneau dans la philatélie et assistait pour la cuisine Raymond Olivier.
Je me souviens des variétés, de Jacques Brel, de Bourvil, de Fernandel.
Je n’avais pas accès aux films du soir, carré blanc oblige, et de toute façon, on me mettait la main devant les yeux dès qu’un décolleté ou un baiser, si chaste soit-il, s’affichait à l’écran.
J’ai vu Denise Glazer qui a eu le mérite de lancer des artistes et de les promouvoir.
Vers 1963, notre professeur d’histoire a gagné un million de l’époque à l’émission L’homme du vingtième siècle, cette somme l’a aidé à acquérir une maison. Il avait été interrogé en finale sur la sculpture Laocoon et ses enfants, illustration figurant dans notre manuel Les auteurs latins.
Heureusement, j’ai eu la chance de savoir lire en premier, merci maman !
La télévision m’a apporté des représentations d’un autre monde, avec lequel je gardais mes distances puisque d’autres les avaient prises avec moi, j’avais peur d’être à nouveau déçue et de prendre un râteau, pas seulement celui de l’antenne !!!
Je ne réagissais pas comme ceux qui astiquaient leur salle à manger et se mettaient en tenue du dimanche, persuadés que ces vedettes, tous ces personnages, les voyaient de l’intérieur du bocal et allaient débarquer chez eux pour l’apéritif ou le dîner !
J’étais contente, mais pas heureuse.

Marie-Christine
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Le premier souvenir de la télévision, c’était le jour du sacre de la Reine d’Angleterre et l’exécution, sur la chaise électrique, d’un prisonnier aux U.S.A. A huit ans, on ne pense pas comme les grands mais le sacre de la reine m’a marqué à jamais.
Je me souviens des spectacles de Gilles Margaritis, les chanteurs de variétés.
Puis j’ai possédé un poste de télévision moi-même. Fini de regarder sur les paliers, les télés noires et blanches que nous laissaient voir, en ouvrant leur porte de temps en temps, les mamans de nos camarades d’école.
La télé nous émerveillait avec les films sur la nature, sur les animaux, les dessins animés qui font la joie des petits et des grands.
La télé est notre compagne de chaque jour. Elle nous fait rire et pleurer. Elle aide à passer le temps lorsqu’on est cloué au lit, que l’on attend pour se rendre à un rendez-vous gai ou contraignant. Elle aide à prendre son mal en patience, elle sait nous changer les idées.
Je vais rendre hommage à Guy Béart en citant quelques paroles d’une de ses dernières chansons. Ce grand compositeur et chanteur qui vient de nous quitter. « Télé ATTILA » en 2010.

« L’as-tu la télé nouvelle,
L’as-tu, l’as-tu là ?
Pas la télé à bretelles, 
Celle de Papa.

La télé toute en lamelles,
D'éclairs et d'éclats
Qui te tranchent la cervelle,
Comme un coutelas
C'est pourquoi elle s'appelle : Télé Attila.

Là où elle passe et trop passe,
L'esprit ne repousse pas
Le cœur dans ce passe-passe,
Passe de vie à trépas.

L'as-tu la télé nouvelle,
L'as-tu, l'as-tu là ?
La télé qui te harcèle,
De cris, de hourras !

Qui sépare ta famille
Durant les repas.
Les garçons d'avec les filles,
Maman de Papa
Qui s'engueulent et s'égosillent.
Télé Attila.

L'as-tu la télé nouvelle,
L'as-tu, l'as-tu là ?
Celle qui donne des ailes
À nos cancres las
Qui fait croire à la culture,
Du n'importe quoi

Sans écrit et sans lecture
Areu, areu ah !
Des bébés dans la nature
Bébés Attilas

L'as-tu la télé nouvelle,
La pub est son escarcelle
Le look son appât.
T’éblouis en cataractes.

Bling-bling et bla-bla.
Le look plus fort que les actes
Sous les caméras.
Un « look d'enfer » c'est le pacte
Avec l'Attila. »   
                                                                   
Quoiqu’il en soit, la télévision nous instruit en nous faisant découvrir des pays inconnus avec leurs façons de vivre, leurs coutumes, leurs cultures.  Le monde animal que nous découvrons du plus petit au plus grand : les insectes, le monde microscopique, les plantes, des sujets inconnus. Les spectacles de variétés magnifiques, ceux de Patrick Sébastien ; il y avait avant « Champs Élysées » avec M. Drucker.
Que ferait-on sans la télé ? Seul, pas grand’ chose, à plusieurs, il y a les jeux de société.
Mais il nous reste toujours les bonnes vieilles émissions de radio avec leurs variétés, les débats, les nouveaux chanteurs avec leurs derniers tubes.

Mireille
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Pour la toute petite fille que j’étais, je ne garde aucun souvenir de l’arrivée de cette boîte à rêves.
Mes premiers souvenirs sont cette petite série qu’était Bonne nuit les petits. Chaque soir, devant l’écran, je regardais les aventures de Nounours, Nicolas et Pimprenelle, sans oublier le marchand de sable qui nous disait « bonne nuit ». Juste après, l’heure du coucher sonnait et ma maman me mettait au lit.
Parmi les autres émissions pour enfants, vous rappelez-vous de Colargol, Minizupe et matouvu, Véronique, La maison de Toutou, Saturnin, Aglaé et Sidonie, Pépin la Bulle, Poly avec Medhi, Fifi-brin-d’acier et bien d’autres. Et celui dont j’étais amoureuse : Thierry la Fronde !
J’ai grandi avec la télévision en noir et blanc et je me rappelle quand le présentateur indiquait qu’il fallait changer de canal pour avoir la couleur !
Je me souviens de la Séquence du spectateur qui le dimanche réunissait toute la famille ainsi que que les Numéro 1 de Maritie et Gilbert Carpentier, et les bons moments partagés avec mon père devant le Tour de France et les matchs de rugby.  Et Aujourd’hui madame ou Les dossiers de l’écran.
Les speakerines, telle Denise Fabre, qui nous présentait les programmes de la journée et de la soirée.
Les présentateurs et journalistes étaient de véritables stars. Je suis sûre que tout le monde se souvient de Pierre Tchernia et de son émission Monsieur Cinéma, de Léon Zitrone, Armand Jamot, Guy Lux, Roger Gicquel, Bernard Pivot, Jacques Martin, Jacques Chancel ou Yves Mourousi…
Les feuilletons prenaient beaucoup de place dans nos vies : Nans le berger, Vidocq, Les brigades du tigre, Arsène Lupin, Deux ans de vacances, L’île mystérieuse, Amicalement vôtre, Cosmos 1999, l’homme qui valait trois milliards…
Les mercredis étaient bien remplis, comme les samedis et les dimanches. Que de souvenirs me sont remontés à la mémoire, et je revois mes parents, mes frères et sœurs, tous réunis devant cette boîte qui inondait, d’images, de sons, de musique notre salon.
Devenue adulte, j’ai acheté des DVD de certains feuilletons et mes enfants ont eu le droit de savourer les Belle et Sébastien que j’avais tant aimés.

Valérie
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Si je devais me glisser dans la peau d'une téléspectatrice en herbe qui absorbe tout ce qu'elle a le droit de visionner à la télévision, je ne pourrais que vous confier de très lointains souvenirs surgi du passé. Des hurlements et déferlements d'escadrons de nordistes attaquant les sudistes. Ou bien une tribu d'Apaches ou de Mohicans exterminés jusqu'aux derniers ou presque (depuis les survivants doivent vivre dans des réserves loin des grandes plaines jusqu'aux Rocheuses). C'était l'époque des John Wayne, des Fonda et autres grandes vedettes des Westerns incarnant des Cowboys grimaçants, leurs colts glissés nonchalamment à leur ceinture sur un vieux jean n'ayant plus de couleur tant la poussière du grand Canyon l’a tapissé de safran. C'était l'époque de Billy le Kid et de Calamity Jane. Des terreurs de l'Ouest. Et à la maison, c'était mon père qui faisait régner sa loi. Non avec un 22 long rifle, ni une kalache mais de ses épaules carrées et de sa voix de stentor. Alors, que
l'on aime ou pas ! C'était du pareil au même et heureusement qu'il y avait "celui qui tirait plus vite que son ombre" le Lucky Luke de la pampa avec son Averel et son grand Dadais de frère si bêta. Et surtout Rintintin. On ne les distinguait pas ces deux derniers, tant leur stupidité était au zénith. Ce qui n’était absolument pas le cas du petit pitbull adrénaliné qui se sortait toujours des mauvais pas grâce à sa  "Mama Dalton". D’ailleurs, il me rappelle un homme de petite taille sur la scène publique, un humoriste qui ne tient pas en place : Louis de Funès. Enfin, vous aviez deviné !  Et pour continuer toute en vitesse et en rapidité. Nous avions aussi celui qui court plus vite que son ombre. Une petite bête que je ne saurais nommer tant ses aller-venues au sein des dessins animés de Wall Disney sont nombreux et fulgurants d'intensité et de vivacité. Un écureuil ? Une belette ? Un furet ? Non ! Difficile de le décrire. En tout cas, pas celui du bois mesdames, mais bien celui d'un espace protégé créé de toute pièce dans les studios d'Hollywood certainement avec Popeye et son Olive, olivâtre comme il se doit. Mais je me souviens qu'à l'époque tout le monde mangeait des épinards pour avoir les biceps de ce roi de la bagarre et défendre sa belle si ingrate... L'esprit de la scène est là et repris certainement dans les Astérix et la potion magique en nous faisant un peu plus voyager au pays du cocorico, de la cervoise et de l'hydromel. Cette fois-ci, nous changeons de continent et nous évoluons entre bagarres contre les romains et festins de roi à base de sangliers bien nourris, aux bidons bien ronds comme nos convives autour d'un feu de bois. Autour des reliefs du repas, trônent les restes des armures de ces Romains gisant, yeux au beurre noir et bosses sur le crâne, dans un enchevêtrement incroyable.
Mais passons tout ce monde d'évasion et d'imagination et survolons le monde sérieux des adultes qui derrière l'écran suivent les dossiers de l'écran avec tous ces holocaustes et ces films de guerre, ou autres combats de spartiates entre Goliath et Achille. Entre Spartacus et Les disparus de Saint Agil. Je préfère Le fantôme de l'Opéra ou encore Belphégor et les romans de cape et d’épée : surtout d'Artagnan des Trois Mousquetaires de Dumas, aux fines moustaches et à l'allure fanfaronne dès qu'on le pique. Puis Fanfan La Tulipe, notre tourbillon national, le beau Gérard Philippe.
Non je n'étais amoureuse de Thierry La Fronde. Il ne m'impressionnait pas dans ses culottes couleur chair ou brune et ses hauts de chausse si je me souviens bien. Je préférais Robin des Bois qui donnait aux pauvres. Ce qui est plus rare à notre époque. Et Lagardère et son "Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi !" Et surtout Zorro et son sergent Garcia à qui il jouait toutes  les blagues du monde en le faisant tourner comme une toupie et une bourrique. Je rêvais dans cette Espagne sauvage et vallonnée, aux coteaux désertiques et à l'herbe rase glissant sous les sabots de son pur-sang. J'admirais la robe noire lustrée de son cheval fantastique s'ébrouant et s'évaporant dans la nuit sous le clair de lune. "Zorro ! Zorro ! Un cheval dans la nuit..."

Et le cirque Pinder et La piste aux étoiles ! Oui, nous regardions le cirque, avec les clowns Zavatta et encore son grand Benêt de "Pierrot" je crois qui se faisait toujours avoir. Il tombait. On lui renversait de la farine ou des seaux d'eau sur son pauvre chapeau crapaud. Il était trempé jusqu'aux os. Et c'était dans un drôle d'état, qu'on l'attendait avec le rouleau... à pâtisserie. Ah mais vraiment, c'est un drôle de métier que d'être clown sous le chapiteau et de se grimer en blanc, encore aujourd'hui.
Je passerai l'excellente émission du Grand Echiquier de Jacques Chancel et évoquerai celle d'un grand humoriste avec son visage rond quelque peu sarcastique qui a beaucoup donné pour la télévision avec son petit Théâtre de Bouvard et toute son équipe. Rien à voir avec les Guignols de l'info ou Collaro. Quoique qu'elles aient quelque chose en commun : ce côté grivois et provocateur que tant de Français appréciaient. Rien à voir avec le côté nunuche et répétitif de cette émission "ludique" destinée aux enfants menée par un autre humoriste : Jacques Martin qui, ma foi, s'est perdu en mièvrerie à pleurer le dimanche après midi.
Sur un ton burlesque je glisserai alors vers le théâtre de Boulevard qui ravissait mes yeux et enchantait mes oreilles. Et encore plus distrayant, allant du loufoque à l'inédit et à l'interdit... Jusqu'à ce fameux mariage non de Figaro, qui a défrayé toutes les chroniques. Il s'agit de Le Luron et de cet autre humoriste, Coluche, qui ont tout osé jusqu'au mariage homosexuel bien avant l'heure et la loi votée. On est bien loin de l'humour gentil et potache de Bourvil ou de Fernand Raynaud et de son "22 à Asnières".
Je crois alors avoir fait le tour du petit écran qui à l'époque ne comportait pas ces centaines de chaînes, sa fibre et son câble, ainsi que la box et le décodeur. Que de beaux souvenirs en tête, entre la mère Denis, la bombe Pliz qui ne "refera pas cela tous les jours" et le "cadeau Bonus", entre le "y’a bon Banania" et maintenant le "Nutella". Et les raviolis Panzani avec "Reviens, Léon, on a les mêmes à la maison !" Qu'est-ce que j'ai pu rire ! Et "Casquée, guindée, Cadenet !" C'était la laque en 68 qui faisait un casque aux CRS si je me souviens bien...L'histoire n'est qu'un éternel recommencement.
Maintenant il est temps de se rendre au lit avec Nounours et son gros nuage qui nous emmène au pays du marchand de sable. Bonne nuit, les petits a enchanté mes 20 h et mes nuits.


Claudine

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