« Blanche
Neige », quel joli nom pour un lieu gravé à jamais dans ma mémoire !
et pourtant cela avait mal commencé. J’avais six ans et venais d’entrer à la
grande école ; au cours d’un dépistage consécutif à une cuti positive, on
me diagnostiqua une primo-infection ce qui me valut une interruption de
scolarité d’un an avec séjour en préventorium, en montagne, et bien sûr
éloignement de ma famille de même durée.
Le cœur
gros, quelques jours après Noël, je fis le voyage avec mon père. Du train, je
ne me souviens plus, seule la partie finale où je découvris la montagne enfouie
sous la neige m’est restée.
Blanche
Neige était un délicieux chalet où l’on soignait ce genre de primo-infections chez les
enfants. Il s’élevait, seul au milieu d’un plateau, en plein Chablais, près de
Morzine. L’établissement où seuls vingt enfants pouvaient être accueillis était
donc à taille humaine et, qui plus est, tenu par un personnel chaleureux et
qualifié. Cet encadrement riche et ouvert au milieu d’une nature presque
intacte qui je découvris au cours de ces quatre saisons, allait me marquer et
m’attacher définitivement à la montagne… et au monde de l’éducation.
1er
flash : la fin du voyage se fait en car. Je revois la neige qui tombait
dru au fond de la gorge profonde où bondissait la Dranse, la draperie des
stalactites de glace à l’entrée des grottes le long de la route et en bordure
des toits, enfin le car qui se faufilait toujours plus loin, prudemment mais
sûrement ; aux brefs arrêts le chauffeur déposait quelques voyageurs et livrait
diverses commandes… Mon père découvrait aussi la montagne et
m’encourageait : « tu en as de la chance de pouvoir vivre ici, au
milieu de cette beauté ! » Puis ce fut l’arrêt du bus convenu, notre
guide nous attendait. Le froid, la neige moelleuse sous mes pas, le raidillon
déjà sévère qu’il nous fallut emprunter pour accéder au chalet, un mélange de
silence et de bruits nouveaux dont le rugissement du torrent plus bas.
En
arrivant, tante Mimi m’accueillit, me fit découvrir Blanche Neige qui sentait
bon le pin et
tout le mobilier façonné à la taille des pensionnaires, comme
pour les nains de Blanche Neige. Pour moi, une vie nouvelle allait commencer.
Autres
flash : l’école s’inspirait de la pédagogie Freinet, fondée sur les
activités des pensionnaires, notamment les observations au cours des promenades
en pleine nature.
Je revois
encore le saupoudrage de neige des sommets voisins en septembre-octobre, avec
quelques ancolies au bord des chemins, profitant des derniers rayons du soleil
d’automne.
Enfin,
plusieurs fois revécu au cours de randonnées d’été, la fonte des neige et ses
miracles : crocus fleuris sous le manteau neigeux soudainement dévoilés,
petites pensées sauvages piquetant la prairie qui jouxtait Blanche Neige, à la
manière des tapisseries médiévales.
J’ai tiré
de cette découverte toutes sortes de bienfaits qui allaient me servir à
différentes étapes de ma vie, pourtant je n’ai jamais cherché à devenir
montagnarde… Ce lieu est ma réserve à moi, mon recours aussi et, comme tout ce
qui est précieux, il ne faut peut-être pas en abuser.
Françoise
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Le Bataclan - novembre 2015 |
Un lieu à
jamais gravé dans ma mémoire … Mon ancien quartier situé entre république,
Nation, Bastille. Quartier où j’ai vécu pendant plus de quinze ans et qui le 13
novembre 2015 a tristement fait parler de lui avec les attentats du Bataclan et
des terrasses de café de la rue de Charonne.
Oui, il y
a dans ce quartier des enfants aux yeux tristes,
Des
enfants aux yeux noirs, superbes et racés,
Il y a
dans leur regard es profondeurs divines,
Porteuses
de tendresse que personne ne connaît.
Il y a
des solitudes intenses et désertes,
Débordantes
des vents et des soleils lointains,
Des
soleils qui réchauffent les demeures inertes,
Aux murs
de béton gris, de ce vieux quartier.
Il y a
dans les rues des femmes et des hommes