mardi 16 février 2016

FEMME EN BLEU LISANT UNE LETTRE

D'après un tableau de Vermeer


Ma Douce, comment vous portez-vous ?
Toi et notre enfant chéri que tu portes en ton sein ?
Il ne se  passe pas un jour que je ne pense à vous.
Ici, tout est gris.
Du matin jusqu’à la nuit.
Je suis si loin…
Mais bientôt…bientôt, je te le jure…. Je reviendrai, ma mie.
Ma douce pervenche. Mon petit colibri.
Je t’imagine, penchée au-dessus de ces quelques lignes
Moi le militaire indigne…
Et j’aimerais tant être près de vous, rester digne.
Ma mie, mon petit.
Vous me manquez tant.
Je sais, tu as souri…
De ce sourire énigmatique
Que seule la Joconde
Dans ses monts bleus
De ce Mont-Blanc
Aux sommets brumeux
Que nous aimons tant
Et qui nous manquent
Actuellement
Dans ce Plat Pays
Autour duquel
La guerre rugit.
Laisse couler tes larmes
Sur le parchemin
Ma Blanche Colombe
Je te prends la main
Celle qui t’apporte des nouvelles
D’hier et de demain.
Sur ce front pathétique
Porte-le à tes lèvres faméliques
Couvre-le de baisers authentiques
Assis-toi sur le velours indigo
Rehaussé de ces clous dorés
Tiens-toi légèrement penchée
Et laisse aller tes pensées.
Ouvre un des livres parcheminés
Sur la nappe damassée.
Pense à moi, ma Douce,
Je baise tes lèvres veloutées
Baisse le rideau de tes cils recourbés
Je t’aime, mon oiseau bleu.

Je vous aime, ma jolie couvée.

Claudine
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Qui est cette jeune femme vêtue de bleu et jaune sous la palette de Vermeer ? Elle est peinte de profil et on distingue à peine son visage. Elle tient, serrée entre ses mains, une lettre qu’elle lit attentivement.
Sous sa blouse, on devine un ventre rond, peut-être annonciateur d’une future naissance.
Le décor est sobre : deux chaises cloutées bleues, quelques livres sur la table et enfin, une tenture jaune sur laquelle se détache à peine le visage de la jeune femme.
Elle se tient debout, les cheveux ramassés en chignon. Elle ne semble ni mélancolique, ni enjouée mais préoccupée par la lecture de sa lettre.
Quel est l’objet de son tourment ? S’agit-il de l’être aimé qui, loin d’elle, lui annonce qu’il  ne pourra pas être présent pour la naissance de leur enfant ? Est-ce une lettre de rupture ? Ou bien s’agit-il d’un être cher, malade et absent ?
Quel est le voile de tristesse qui obscurcit son visage ?
Elle est toute à sa lecture, les doigts crispés sur son message.
Tout à l’heure, elle se laissera tomber sur la chaise ; le chagrin la submergera.
Elle s’effondrera, les sanglots soulevant sa poitrine. Personne ne viendra la consoler. Elle est seule et désemparée. Mais ceci n'est qu'imagintion. Vermeer n'a pa levé le voile sur sa toile.

Nadine
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Ce beau tableau de Vermeer « Femme en bleu lisant une lettre » me projette dans le passé. J’imagine Catalina qui, depuis plusieurs jours déjà, attend des nouvelles de son mari parti guerroyer contre les espagnols. Son beau capitaine, si fier sur son cheval caparaçonné, s’en est allé depuis des mois  et comme dans la chanson «Malbrough, s’en va en guerre», combien de fois, s’est-elle angoissée sur le sort de son amant de cœur. Telle sœur Anne qui ne voit que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie et voudrait tant voir venir un écuyer, un page, la jeune épouse éplorée, chantonne pour se donner du courage et guette le moindre signe, le moindre bruit dans la rue.
Mais soudain, toc, toc, le lourd heurtoir vient frapper la porte. Le messager est là qui lui remet la missive tant espérée. Elle le reçoit dans son habit de ménagère mais ne le fait pas entrer dans son petit intérieur cossu, tant elle a hâte de déchirer un coin de ce pli si précieux. Elle ne prend même pas le temps de s’asseoir. Elle ouvre fébrilement la lettre qu’elle parcourt, grave, avec une attention soutenue. La guerre, toujours la guerre, finira-t-elle un jour ? Mais oui, le dernier paragraphe lui apprend que les soldats ne combattent plus, qu’un traité est en vue. Les puissants de ce monde ont bien du mal à accepter mais la rumeur court : une rencontre est programmée. Elle ne peut s’empêcher de penser : « La soldatesque espagnole quittera-t-elle enfin notre contrée et le gouverneur de surcroît ? » Elle le souhaite et ose l’espérer !
Catalina rêvait ainsi en 1648 ! Le traité de Wesphalie a bien été signé et tout ceci est du passé !
Pourtant aujourd’hui encore sous des robes aux couleurs sombres ou colorées de paysannes ou de citadines, combien de femmes attendent une lettre et lisent avec la même anxiété, les nouvelles d leur mari, copain ou frère, aujourd’hui comme hier, partis à la guerre ! Quelque part dans le monde, elle ne s’arrête jamais ! Et comme autrefois, les peintres d’aujourd’hui dans un style un peu intimiste, ou bien les photographes d’art, pourront de nouveau, dans un autre décor, nous révéler une « femme en bleu », tout aussi grave et attentive, « lisant une lettre » !

Marie-Thérèse
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Au premier coup d’œil sur le tableau de Vermeer, vient à l’esprit le personnage de Madame Butterfly, de l’œuvre de Puccini. Il n’est pas aisé de s’en départir.
Quoi qu’il en soit, la jeune femme lisant une lettre est visiblement enceinte. On peut supposer qu’il existe un lien entre sa grossesse et le contenu –voire le signataire- de cette lettre.
Nous sommes à Paris aux lendemains de la Libération. Jimmy, un jeune officier américain en permission, se promène dans les rues de Paris, en compagnie de Margot avec laquelle il a eu une aventure galante que favorisaient l’euphorie du moment et le prestige de l’uniforme.
Margot va s’en trouver enceinte et en informe Jimmy.
L’idée d’un mariage de régularisation étant exclue, Jimmy, reconnaissant sa paternité, s’engage à verser à Margot une allocation raisonnable pour l’entretien de l’enfant à naître.
C’est ce type d’engagement qui fait l’objet de la lettre du tableau de Vermeer.
On peut en conclure que tout est bien qui finit bien.

Emmanuel
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Cette femme, future maman de jumeaux, était anxieuse et angoissée. Ces premiers enfants qui allaient naître dans les jours à venir, comment allait se dérouler ces naissances ? Etait-ce une fille et un garçon, ou deux filles, ou deux garçons ? Que de questions stressantes qui restaient sans réponse.
Malgré l’appréhension de la douleur de l’enfantement, elle était impatiente de voir enfin ces petits êtres qui bougeaient dans son ventre. Elle avait tant de choses à leur transmettre et tant d’amour à leur donner ! Et leur papa, allait-il pouvoir assister à ce grand bonheur ?
Que de tracas ! Son mari devait rester pour une année en Orient avec peut-être un contrat reconduit pour deux années. Quand reviendrait-il ?
Au milieu de ses pensées moroses, le facteur lui apporta une lettre. Son cœur battait la chamade : elle venait de son mari. Elle la décacheta afin de prendre connaissance de son contenu.
Les minutes qui suivirent, bouleversèrent sa vie. Pour son plus grand bonheur, son mari avait trouvé un logis assez confortable pour les accueillir tous les quatre. Il allait venir la chercher dans la semaine à venir.
Quelle joie, cette lettre ! Tout devenait possible. Finies les questions ! Que de réponses positives. A deux, tout va mieux.

Mireille
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La maison est bien triste et silencieuse...
La femme a fini de vaquer à ses occupations ménagères, son intérieur est propre et rangé, elle peut enfin s'octroyer un peu de repos bien mérité.
Elle a fait sa toilette et arrangé ses cheveux avec soin. Elle va se mettre à la lecture, un passe temps qu'elle aime, en choisissant un titre parmi les livres à sa disposition. Et ensuite, peut-être fera t-elle quelques travaux de couture qui attendent.
Mais elle n'a pas le temps de mener à bien ce projet, le courrier vient d'être acheminé et elle est justement destinataire d'une lettre. Elle ouvre avec empressement cette missive qui lui vient de son époux et la tient bien serrée entre ses mains.
Il y a plusieurs jours déjà, il est parti sur les routes exercer son métier de colporteur qui le tient régulièrement éloigné de son foyer.
Quel plaisir d'avoir de ses nouvelles, de lire son écriture, c'est un peu de lui qui est entré auprès d'elle, l'espace de quelques instants.
Dans cette lettre, il lui raconte ses journées qui consistent à aller de maison de maison pour essayer de vendre quelques-uns de ses articles.
Les journées sont parfois très fructueuses, d'autres le sont moins. L'essentiel est pour lui de revenir avec une somme suffisante pour lui permettre de les faire vivre assez confortablement, lui et sa femme. Et bientôt leur premier enfant va naitre...
Cette naissance les réjouit l'un et l'autre mais elle lui fait aussi songer qu'il va devoir redoubler d'ardeur car cela implique pour lui de nouvelles responsabilités. Un être de plus à nourrir mais aussi à soigner et à protéger.
Comme il aimerait pouvoir revenir chaque jour chez lui après la fin de son travail et retrouver sa jeune femme si douce, qui veille avec tant de soin à leur ménager un intérieur douillet.
Comment pourra-t-il voir grandir cet enfant en étant toujours éloigné de sa maison, cet enfant aura également besoin de la présence de son père. Les séparations seront pour lui encore plus difficiles qu'elles ne le sont déjà à présent.
Il se soucie également de devoir laisser sa jeune épouse régler tous les problèmes qui ne manqueront pas de se poser en son absence. Aussi réfléchit-il à changer de métier....
Profitant de ce que sa journée soit finie, il décide donc d'écrire à sa femme et, tout en lui assurant qu'il pense beaucoup à elle et à leur enfant à naître, il lui fait part de sa décision.
Il l'informe donc qu'il veut être auprès d'elle et de leur enfant chaque jour, cette naissance attendue lui semble l'occasion de revoir leur mode de vie. Et d'autres enfants viendront sans doute après, il est donc grand temps qu'il se trouve un emploi plus stable qui lui permette de vivre auprès de sa famille. Il lui confie que peut-être les débuts seront difficiles, qu'il faudra alors compter au plus juste mais il lui dit qu'il sait pouvoir lui faire confiance sur ce point.
Il la rassure également, lui certifiant qu'avec le temps et de la patience, les choses finiront par s'arranger, leur niveau de vie s'améliorera.
Les choses étant dites, il informe son épouse qu’ils discuteront ensemble de leur avenir lors de son retour et en attendant,  il lui demande qu'elle veuille bien réfléchir à tout ce qu'il vient de lui confier.
A la fin de sa lecture, la jeune femme est troublée et grave. Elle admet que son époux a raison et qu'elle se sentirait en effet plus rassurée par sa présence à ses côtés. Et naturellement, elle serait aussi tellement plus heureuse de vivre de façon régulière auprès de cet époux qu'elle chérit car c'est chose normale de vivre ensemble quand on forme un couple et que, de plus, ce couple va prochainement voir naître un enfant.
C'est donc bien vite réfléchi, elle sait ce qu'elle dira à son mari lorsqu'ils seront bientôt réunis.
Et c'est donc d'un cœur plus léger qu'elle voit passer cette journée, une de moins avant le retour de l'être aimé. Et d'un coup, l'attente de ce retour lui semble moins dure à supporter.

Paulette
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Ce tableau a été peint par Vermeer au XVIIème siècle, à Delft, dans sa maison sise à l’angle de l’Oude Langendijick et de Malenpoort, plus précisément, dans son atelier, situé au premier étage : ce dernier s’ouvrait par trois fenêtres, ce qui est fondamental pour la luminosité.
Donc, le peintre plante le décor dans un cadre familier : les murs blanchis à la chaux sont éblouissants, une carte en ocre doux est accrochée sur l’un d’eux, à l’arrière-plan. Au premier plan, on distingue une table massive supportant livres et gravures, recouverte de tissu bleu foncé, sur lequel est posé une pièce de satin jaune, en apparence négligemment disposée, pour casser la monotonie du mobilier, adoucir les angles de toutes ces formes rectangulaires, créer la dissymétrie dans la symétrie.
Deux chaises placées en vis-à-vis, recouvertes de cuir d’Espagne, sont ornementées de clous en cuivre. L’artiste n’a pas représenté les têtes de lion surmontant l’une d’elles.
La plupart de ces arêtes géométriques restent dans l’ombre car l’essentiel n’est pas là, dans cet intérieur dont on ne voit ni le sol ni le plafond.
Le gros plan montre une jeune femme debout au milieu du mobilier horizontal, peinte de profil, baignant dans la lumière naturelle. Le portrait est coupé à mi-jambe, l’inconnue est revêtue d’une ample robe ocre, aux longs et larges plis, son buste est recouvert d’une veste d’intérieur, détaillant un camaïeu de bleus, en fonction de l’exposition du modèle à la lumière. La manche gauche est nouée de rubans ocre ; l’artiste joue savamment de la disposition du bleu et de l’ocre.
Le dos est légèrement voûté, les cheveux châtain clair relevés en un chignon retenu par un ruban, tandis qu’une mèche bouclée cache l’oreille gauche.
La lumière baigne le visage de la liseuse, le peintre la faisant poser aux moments les plus ensoleillés de la journée. Son front est bombé, ses paupières mi-closes, le nez légèrement retroussé, la bouche entrouverte. Elle tient de ses deux mains aux doigts repliés, coudes au corps, une lettre, à hauteur de poitrine. Enveloppée de lumière, arrondie de douceur, elle tient peut-être une page blanche, juste un accessoire : le thème de la liseuse est fréquent à l’époque.
Qui est-elle ? Il ne peut s’agir d’une servante qui devait garder sa coiffe, on ne mélangeait pas les classes sociales. Pas plus que l’épouse du peintre, interdite d’atelier. Elle n’est pas non plus en attente de famille comme le prétendait Van Gogh, car il eût été malséant à l’époque de la représenter ainsi, le portrait remplaçant la photographie.
Ce tableau dans le quel contrastent angles et rondeurs offre un bleu apaisant issu du lapis lazuli broyé par l’artiste lui-même dans son mortier. L’atmosphère est sereine, l’ombre et la clarté sont savamment équilibrées. Le tour de force de Vermeer est de surmonter le paradoxe de la vie immobile, en donnant une occupation à son modèle, l’obligeant à rester immobile, même les yeux posés sur la lettre ne bougent pas ; la pose s’éternise.

Marie-Christine

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