Par la fenêtre je regarde droit
devant moi et je vois le périphérique qui est ma ligne d'horizon. Les véhicules
serrés et au ralenti forment de longs rubans interminables, un pour chaque sens
de la circulation. Bruit continu, tellement qu'on finit par l'oublier.
Pollution, saleté, c'est aussi le quotidien avec cette circulation de plus en
plus dense au fil du temps. On veut pourtant restreindre les véhicules, ça ne
semble pas si facile apparemment. Pour ma part je ne vois aucune diminution du
trafic, sauf pendant les mois d'été peut-être et de la nuit où les voitures ne
font que passer.
Mon regard cherche plus loin
mais il doit bien s'arrêter, bloqué par cette voie qui sert de frontière. Alors
je fais marcher mon imagination car plus loin je connais bien les lieux. Dès qu'on a franchi ce
périphérique, nous sommes à Paris et là se trouve le cimetière de notre
commune, bizarrement situé en terre étrangère. Plus loin encore on pénètre
vraiment dans cette ville, on y est si vite qu'on a l'impression d'y être chez
soi, sur un trottoir c'est ici, sur l'autre ailleurs. C'est bien aussi
l'avantage de cette ville, située aux portes de Paris comme on a coutume de le
dire.
Notre cimetière est très
ancien, on y voit encore quelques très vieilles tombes. C'est là que reposent
mes parents et depuis peu, les cendres de mon époux qui à présent est avec eux.
Et quand je suis devant cette tombe, que je regarde droit devant moi, je vois
le périphérique, et juste derrière encore, le bâtiment où je vis. Nous sommes
maintenant séparés mais géographiquement assez proches finalement, lui là, moi
juste de l'autre côté.
Ainsi, après avoir vécu d'un côté du périphérique, un jour je le franchirai une dernière fois et je rejoindrai ma dernière demeure. Ce jour-là, même si je sais qu'on ne se reverra plus, nous serons de nouveau ensemble, avec pour toile de fond le périphérique. Ironie du sort, le périphérique aura bercé ma vie, il bercera également ma mort.
Ainsi, après avoir vécu d'un côté du périphérique, un jour je le franchirai une dernière fois et je rejoindrai ma dernière demeure. Ce jour-là, même si je sais qu'on ne se reverra plus, nous serons de nouveau ensemble, avec pour toile de fond le périphérique. Ironie du sort, le périphérique aura bercé ma vie, il bercera également ma mort.
Paulette
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Dès que je me levais j’allais à la porte fenêtre donnant sur
le jardin. En hiver les plantes étaient au repos, seules les roses de Noël se
distinguaient mais dès les prémisses du
printemps je pouvais voir s’ouvrir les primevères jaunes ou violettes suivies
rapidement par les lupins. Puis sur la gauche du jardin fleurissait ensuite le
lilas aux grappes odorantes, au fond du jardin le jasmin avec ses délicates
corolles jaunes. Le long de l’allée le muguet qui évoluait si rapidement que
j’avais l’impression que j’aurais pu le voir pousser ! Sur la droite la
corrette du japon aux boules jaune lumineux et le seringua double dont je
conserve encore l’odeur en souvenir. En
mai je pouvais admirer les roses de différentes couleurs et le deutzia dont les
branches chargées de fleurs immaculées ployaient sur des roses écarlates. Au
milieu de l’herbe ma petite chatte Tilly s’étirait montrant au soleil son
ventre de petite tigresse. Quand l’été arrivait elle se trouvait une niche
fraîche au milieu des arbustes et moi je
surveillais les framboisiers dont j’avais ramené des pieds du jardin de mes
parents. Les campanules blanches et violettes pâles étaient parsemées de ci de
là et les fleurs d’hibiscus se détachaient du vert foncé du feuillage.
Maintenant je vis en immeuble avec Tilly et quand je regarde
par la fenêtre je vois la cour pavée
avec en pot quelques géraniums, la façade crème de l’immeuble attenant et puis
des toits de tuiles ternes sur lesquels poussent des antennes télé. Au loin
deux grandes tours d’habitation.
Ainsi va la vie...
Fabienne
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De la fenêtre de la chambre d’hôtel, je ne me lasse pas de contempler, avec une admiration sans bornes, le prestigieux spectacle panoramique des trois pyramides de Guizèh, l’une des antiques merveilles du monde. Le comble de ma contemplation est atteint, à la nuit tombée, par e spectacle « son et lumière ». Dans mon esprit surgit un souvenir de scolarité : «Soldats ! Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! »
Dès le matin, s’ébattent sous ma fenêtre des touristes chevauchant un chameau ou plutôt un dromadaire.
Quittant la fenêtre de ma chambre d’hôtel, je navigue, par la pensée, sur la brillante ère des pharaons qui prit fin avec les Ptolémée.
Emmanuel
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Et de
ma porte-fenêtre à la peinture écaillée, je te vois arriver : plutôt
j'entends pétarader ta moto bécane au moteur débridé. Tu viens certainement me
donner ta délicieuse ritournelle ô combien romantique et mon cœur bat la
chamade. Je porte alors à mes narines palpitantes les roses jaunes au parfum si
délicat : celles qui enserrent mon rebord de fenêtre comme un écrin... de
glamour. Oui, justement, petite parenthèse et clin d’œil aux amours de jeunesse
et aux pétales de roses qui se fanent et renaissent à fleur de vieillesse.
Alors une question qui tue : les romantiques auraient-ils disparus? Et
c'est un vague air de blues qui se dissipe dans l'air suffocant d'un été finissant ;
l'harmonica et la guitare wawa troublent ainsi le manège des sempiternels
moteurs ailés et éternels laborieux travailleurs, nos bourdons endiablés, et
évacuent les idées noires. Envie de me prendre pour un de ces insectes
butineurs qui s'activent autour de chaque corolle, de chaque pistil en quête de
pollen. Un vrai cadeau de la vie, garanti naturel, sans pesticide et autres
produits destructeurs. Et c'est de retour sur terre, ou plutôt le nez dans mes
fleurs, des monceaux de fleurs qui descendent en cascade le long de la
meulière, qui me ramènent à la vie en des vrilles entrelacées de jasmin, de
chèvrefeuille et de branches de rosiers. Et c'est un enchantement pour les yeux
et l'odorat : une fraîcheur inespérée et un bain de jouvence qui m'habille
d'un air de sainteté. Et c'est bercées par tant de ferveur et de jolies
tonalités que leurs douces ou entêtantes fragrances agissent ainsi sur mon
affect à la façon d'une bonne camomille. Bien douce drogue affective,
rassurante pour moi cette forêt vierge : repère, refuge et nidation pour
les oiseaux au printemps, Sous le feuillage, ils sont si bien. Comme cette
adolescente au cœur d’artichaut qui s'en fait un cocon. Un prétexte pour y
égrener toutes les chansons de Jacques Brel et de Bassens à la fois. Cœur de
vierge reprise par des myriades de pinsons, de moineaux et de rossignols,
peut-être en canons? De quoi créer une jolie formation où tous les registres en
trémolos, trilles, silences et reprises se mêlent en un joyeux refrain à thèmes
et variations. Un balai d'ailes frétillantes, aux tonalités toutes différentes,
s'agite ainsi sous cette tonnelle verdoyante, plus clairsemée en fin d'été,
laissant feuilles desséchées et branchages dispersés au sol près de vrilles
entrelacées. Alors certains disent que l'on doit balayer devant sa porte et son
paillasson … Moi, c'est devant ma fenêtre que je ferai le ménage en
évitant les yeux du voisinage que j'imagine trop indiscret, mais pouvant se
montrer bienveillant et pouvant aussi m'adresser des compliments. Et si l'envie
me prenait de vouloir cultiver des tomates aux fleurettes jaunes de bonheur, je
leur laisserais en caresser la tête de leurs yeux peut-être émerveillés ;
ce serait avec plaisir que je les inviterais à une dégustation gratuite,
version dînette, de ces jolies tomates cerises gorgées de sucre, aux cœurs
remplis de tendresse et de fraîcheur dont seule dame Nature peut nous
récompenser. Tout un chacun connaît parfaitement le bonheur conjugué de la
chaleur entrecoupée d'ondées. Mes tomates ne connaissent pas les désagréments
des coups de soleil, de l’insolation qui me guette et des maux de tête. Et
c'est d'abord vertes, puis oranges et enfin rouge écarlate comme mes joues aux
premiers émois, qu’elles s'épanouissent avec dévotion alors que je vous laisse
à vos réflexions.
Claudine
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Par la fenêtre de mon immeuble pendant 30 ans, j’avais une
vue magnifique. Au loin, je voyais la Tour Eiffel, majestueuse dans sa robe de
dentelle métallique. Elle a toujours été chère à mon cœur ! Un jour, j’ai
fait un rêve étrange. Elle s’était déplacée jusqu’à chez moi. Elle s’était
penchée comme pour faire la révérence, en plantant sa pointe à mes pieds. Ce
rêve je ne l’ai pas oublié ! Je voyais aussi le Sacré-Cœur, tout blanc,
trônant en haut de la Butte Montmartre. Je voyais aussi une église que nous
appelions « les anges noirs » à cause de ses quatre anges.
Au début de mes jeunes années, un stade s’est construit sous
mes fenêtres, enfin à quelques modestes mètres, sur un terrain vague. Il y avait un jardin d’enfants avec
balançoires, toboggans, des bacs à sable, un terrain de basket ainsi que
d’autres pour différents sports. Puis il y avait l’allée pour accéder aux
différents terrains de sports et de jeux. Fin des années 40, il fut planté des
peupliers. Ils étaient tout petits et fragiles, subissant en tremblant, les
pluies, les orages, les vents violents puis, au fil des années, ils grandirent.
Ils sont devenus des géants aux feuillages brillants.
Chaque soir, pendant mon adolescence, je m’accoudais à la
fenêtre, jetant un coup d’œil à la Tour Eiffel,
au Sacré-Cœur et aux anges noirs qui parfois étaient vert-de-gris.
C’est à ce moment de ma vie où je me mise à parler à ces arbres magnifiques qui
sont devenus mes amis. Je leur confiais mes joies, mes peines. Je leur avais
attribué des noms : « Nidet, Feuillet, Grandet, Verdet, etc…» Je
voulais changer le monde ; que tout le monde soit heureux. J’aurais voulu
accomplir des miracles, être une bonne fée. Du haut de mes quinze ans, je
croyais à la bonté, la sincérité, la bienveillance, à l’humanité. Puis les
années sont passées, presque un quart de siècle, mes amis étaient toujours là
qui veillaient sur ma vie, sur ma famille. Tout allait pour le mieux jusqu’au
jour où des ouvriers sont venus les couper. Ils étaient devenus si hauts qu’on
craignait un accident. Avec des bras élastiques, j’aurais touché leur cime de
ma fenêtre. Ce fut une grande tristesse. Je leur dis adieu. A leur place, ils
en plantèrent des petits nouveaux. Je ne les ai pas vus grandir car je suis
partie ailleurs.
Aujourd’hui, lorsque je regarde à ma fenêtre, je vois les
arbres d’une allée du stade qui est en face de chez moi. Parmi eux, des arbres
touffus se distinguent : trois grands peupliers qui dépassent tous les
autres, majestueusement. Ils sont beaux, bien verts. C’est en les regardant
chaque jour que je me rappelle : Nidet, Grandet, Verdet. Après 30 ans
passés dans un HLM où je ne voyais que l’hôpital avec la fumée noire de sa
cheminée et de l’autre côté, une usine, pas très jolie vue ! Aujourd’hui,
65 ans après, je retrouve une partie de l’univers qui a bercé mon enfance, mes
jeunes années et les trois peupliers.
La vie est un recommencement. On perd des amis, des choses dont
nous sommes attachés pour en retrouver d’autres dans un autre avenir.
Mireille
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Mes
fenêtres sont une ouverture sur le quotidien, la vie, à la fois unique et
banale, sur la clarté, le froid, la chaleur, selon les saisons.
Côté rue,
j’ai vu passer un homme, portant une grande fenêtre sur l’épaule, image
christique de la Passion, non vers le Mont des Oliviers mais en direction de la
quincaillerie de Léon. La tête du sinistré traversait l’emplacement de la vitre
brisée, ne sachant effectuer la réparation lui-même et ne voulant déplacer un
vitrier à domicile, eu égard à la dépense, il avait trouvé ce moyen moins
onéreux mais peu discret.
J’ai vu
passer mon nouveau voisin, juché sur le vélo familial, transportant son jeune
enfant, fier comme un pape, baignant dans la quiétude, sur le chemin du retour,
vers le nid douillet ; nos regards se sont croisés et nous nous sommes
adressés un salut cordial.
Côté
jardin, depuis mon lit, en ouvrant ma croisée, je me plonge dans la zénitude
devant l’immense écran végétal formé par le platane centenaire, haut de plus de
deux étages. Comme Confucius, je réalise que la Nature prend son temps mais
qu’elle fait bien son travail.
Au fil
des saisons, il déploie ses bourgeons au printemps, ses millions de mains en
été, se pare d’or en automne et rougeoie, tel le soleil couchant, avant de
laisser choir, en hiver, ses feuilles orphelines livrées à leur triste sort.
Dans mon
enfance, je ne pouvais pas sortir en hiver, la couche de neige s’élevant à un
mètre vingt ; j’allais regarder par la fenêtre le pommier enseveli sous la
poudreuse, visité par des merles farauds, quelques rouges-gorges plaintifs
bientôt chassés par les corbeaux cherchant pitance, aux croassements déchirants
et pathétiques, comme un cortège de pleureuses antiques.
Avant de
prendre leur envol, dérangés par la présence d’un rôdeur ou d’un prédateur, les
corvidés laissaient sur le blanc manteau une constellation d’empreintes
hiéroglyphes et signaient le tableau d’un long jet de fiente grise et liquide.
De
l’intérieur du Palais Brongniart, j’ai vu deux chapiteaux ornementés de
feuilles d’acanthe surmontant deux colonnes monumentales caractéristiques de
l’art corinthien.
Dans sa
pérennité, cette réalisation architecturale exalte l’importance et la beauté de
ce lieu datant de l’époque napoléonienne.
Depuis ma
fenêtre, la nuit, lors d’insomnies, le spectacle varie au fil des heures alors
que le déroulement de la journée est somme toute banal. Au rez-de-chaussée, un
mari volage sort par la fenêtre de la chambre d’une amie de longue date, aux
petites heures du matin, ne désirant croiser personne dans les parties communes
ni faire de bruit en ouvrant la porte de l’immeuble.
À Blois,
depuis les fenêtres du château, j’ai longuement contemplé le ruban gris de la
Loire qui emporte sans relâche dans son lit le secret d’événements tragiques et
sordides.
Au
collège, depuis les fenêtres, les élèves guettent et observent les professeurs
qui remontent vivement l’allée, quelques minutes avant la sonnerie, ou bien
leurs condisciples se dirigeant vers les vestiaires à la fin du cours d’EPS.
Les
fenêtres pouvaient également hâter le trépas en cas de pulsion de
défenestration ou au contraire nous sauver la vie : à l’école primaire, le
facteur, au cours de sa tournée quotidienne de vingt kilomètres à pied, par
tous les temps, en montagne, avait été bien inspiré de regarder les écoliers
par la fenêtre : nous étions déjà engourdis par les émanations de monoxyde
de carbone du vieux poêle : il nous avait sauvé la vie. Merci monsieur
Massat !
Marie-Christine
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Par
l’embrasure de la fenêtre, j’aperçois un morceau d’azur qui veille sur ce petit
coin de jardin, à demi laissé
à l’abandon. Sous le doux rayon de soleil qui l’illumine, la végétation
y parait presque luxuriante. Au fond et
pourtant tout proche, un énorme
noisetier cache à travers ses branches, les façades blanches des immeubles que
je devine plus que je ne les vois. Je suis étonnée, je ne pensais pas qu’un
noisetier put prendre une telle ampleur.
Il couvre de son ombre bénéfique les plantations bio. Tout en majesté,
il déborde généreusement par-dessus le
brise-vue d’un vert bleu marqueté de minuscules points d’un rouge bordeaux. Ce
sont les fleurs des jasmins qui se haussent
courageusement sur leurs frêles tiges.
Le vert un peu sombre des feuilles de l’arbre contraste avec celui plus
pâle des quelques plants de vigne qui se
dressent sur leurs tuteurs, emmêlant leurs pampres aux vrilles des kiwis. Tout
à côté, le vert foncé des feuilles oblongues du figuier se détachent sur celles
un peu plus clair d’un petit pommier et d’un poirier qui rivalisent dans leurs
nuances pourtant proches. Ils s’épanouissent tandis que plus près du sol
s’entrelacent des pieds de menthe poivrée et de persil frisé. Courbée, la lavande pose de petites taches bleues sur cette palette de vert. Tout
respire le calme et la douceur et me donne une impression de repos.
Perdue dans ma contemplation, je me prends à
rêver, rêver…de ce jour lointain où j’ai
découvert la forêt vierge, là-bas au bord de l’Amazonie. Après une
journée entière sur les hauts plateaux andins pelés où poussent difficilement
ces herbes courtes appelées « ichu », nous laissons la route étroite qui serpente le long des
cimes. A pied, les uns derrière les autres, toujours collés à la paroi rocheuse
pour éviter le ravin, nous prenons un petit chemin, vague entaille creusée à
flanc de montagne, pour arriver au village. Au fur et à mesure de la descente,
je sens l’air se réchauffer. Une légère brume flotte autour de nous, nous
donnant une sensation d’irréel et soudain au détour du chemin, elle se déchire.
Nous sommes interdits par la beauté du
site qui s’étend devant nous. Nous dominons les pentes verdoyantes et jusqu’au
fond de la vallée. Bananiers, orangers, et bien d’autres plantes que je ne
connais pas encore croissent des deux côtés de la route en une végétation
touffue. Amande, émeraude, olive,
avocat, sapin, gazon ou mousse,
le vert éclate brutalement dans toutes ses nuances. Je reste immobile,
le souffle court, m’imprégnant de la
beauté sidérante de ce tapis immense, tous mes sens en éveil. La chaleur est intense et il règne là un tel
silence que je perçois la vibration de l’air.
Mais que se
passe-t-il ? Qui vient si soudainement
briser le charme de ce spectacle éblouissant ? Des pierres qui
roulent ? Non ! Broum, broum, broum ! C’est l’autobus qui pétarade,
marquant bruyamment l’arrêt de l’autre côté du grillage. Et me voilà comme
Perrette et son pot au lait, revenue brutalement à la réalité.
Marie-Thérèse
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