lundi 15 janvier 2018

IL NE FAUT JAMAIS DIRE JAMAIS

Louise s’arrache les cheveux. Elle s’y est mise vraiment trop tard pour établir son programme de révisions. Elle n’a pas pu le tenir. Il faut dire qu’elle n’a pas trop étudié au premier trimestre et a eu du mal à se motiver au deuxième. Non, jamais, elle n’y arrivera ! D’ailleurs ce n’est même plus des révisions. Elle a fait trop d’impasses dans l’année et maintenant, elle a beau s’y acharner, il ne lui reste plus assez de jours pour tout revoir voire apprendre. Elle se désespère. Non, jamais, jamais, elle ne pourra réussir son bac et elle restera là sans ses copines qui elles bien sûr, l’auront. Elle s’en veut mais il est bien trop tard. Tout plaquer, ne pas y aller, prétendre que je suis trop malade. Toutes ces idées l’effleurent mais elles les repoussent d’un revers de la main comme sa mèche de cheveux qui lui tombe dans les yeux. Elle pousse un gros soupir et se remet au travail.
Et les heures passent ;  elle tombe de sommeil. Ni le café, ni les vitamines ne sont assez puissants pour l’empêcher de fermer les yeux. Elle s’assoupit de longues minutes et se réveille en sursaut et maugrée : « non, jamais, je n’y arriverai ! C’est tant pis pour moi. » Mais elle continue quand même  à réviser.
C’est la tête un peu douloureuse et comme dans du coton, qu’elle passe les épreuves écrites.
« La philo, allez savoir ? L’histoire, çà devrait passer, l’économie, j’espère avoir bien réussi mais les maths une vraie catastrophe ! »
Louise sort de la salle d’examen, peu fière d’elle et pas du tout  rassurée sur son sort. Elle se joint à ses copines et feint la bonne humeur, y va de son petit commentaire mais au fond d’elle-même, elle angoisse. Et dire que maintenant, il faut attendre des jours pour connaitre le verdict.
 «-  Jamais, je n’aurais dû venir, se dit-elle. Je vais  être ridicule, la honte de ma vie. »
«-  Et bien les filles on se retrouve lundi devant le lycée, » lance Marguerite au groupe d’amies. Et ajoute-t-elle avec malice, n’oubliez pas de réviser, on ne sait jamais  … un repêchage ! » Marguerite, elle,  n’a pas de soucis : excellente élève très bons  résultats.  Louise acquiesce de la tête mais aura-t-elle le courage de venir ?
Plus les jours passent et plus l’anxiété grandit en elle. Elle n’en dort plus, la nuit. Elle a beau se dire qu’elle n’avait qu’à étudier et que l’on ne  récolte que ce que l’on a semé. Mais un petit espoir, sait-on jamais, la pousse à lire et relire ses fiches.
Le lundi, elle se retrouve devant la porte du Lycée avec Marguerite et le groupe et attendent. Enfin, l’appariteur affiche les résultats. Et tandis que des cris éclatent de toutes parts, Louise regarde mais sans trop y croire. Elle est au repêchage certes mais sa moyenne est très faible : 8. La directrice la voit et lui dit :
 « - Avec autant de points à rattraper, tu n’auras jamais ton bac. Tu n’avais qu’à étudier davantage ! »
- Pas encourageante la directrice, lui souffle Marguerite mais vas-y,  il ne faut jamais dire jamais ».
Un peu réconfortée, Louise part s’inscrire pour l’oral. C’est pour demain, dès huit heures.
A l’heure dite,  Marguerite est à ses côtés et tente de la rassurer. Louise entre dans la salle. Tiens, Pierre aussi est au rattrapage. Il a sûrement moins de points à récupérer se dit-elle. Première épreuve : Maths. Elle bredouille, elle bafouille et ne connait pas bien la solution. L’examinateur tente une deuxième question. Elle y répond vaille que vaille.
« A quoi bon poursuivre, pense-t-elle. Jamais, je n’y arriverai.»
Un peu comme un automate, elle se dirige vers le professeur d’économie et tire sa question. Là, oui, elle connait. Du coup, c’est avec une certaine fébrilité qu’elle prépare son exposé et quand vient son tour, c’est avec facilité qu’elle parle. Les dix minutes imparties s’écoulent. Le professeur l’arrête. C’est fini !  
Marguerite se précipite : « Alors ? – Bof ! Nul pour les maths et en économie, faut voir ! mais jamais, jamais, je n’aurai assez de points !»
La fin de journée arrive avec les résultats. L’appariteur lit les noms des admis. Louise pousse un cri. A-t-elle bien entendu ? Oui, lui dit Marguerite qui la félicite et l’embrasse. Elle est reçue !  La directrice passe à ce moment-là et les regarde interloquée. Mais oui, il ne faut jamais dire jamais !

Marie-Thérèse
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Il y a des jours où je me dis que j'aurais mieux fait de ne pas me lever. Je suis pourtant toujours bien disposée, l'emploi du temps de mes journées est arrêté mais quand un problème survient, tout est remis en question car l'urgence est alors de régler ce problème, adieu donc la belle organisation. Et le plus souvent, comme un malheur n'arrive jamais seul, d'autres problèmes  s'enchaînent jour après jour, je me demande toujours quand tout cela va prendre fin. Et pour décrire cette période d'ennuis successifs, j'ai trouvé une expression "traverser une zone de turbulences". Mais aucun pilote dans l'avion à part moi pour en sortir.
J'essaie dans un premier temps de faire face, de réfléchir à la solution, mais quand les ennuis se succèdent, là vient tout de même un moment de découragement où je me dis "jamais je n'en sortirai, jamais je n'en verrai le bout". Il est même arrivé que j'en vienne à avoir des idées noires, à me demander ce que je faisais sur cette terre puisque rien ne va jamais droit, je me sens si seule, si perdue, si vulnérable dans ces moments-là.
Ensuite, une fois mon calme retrouvé, je parviens à mieux réfléchir et même à régler un des problèmes, du moins à trouver une solution acceptable en attendant mieux. Je suis soulagée, je reprends confiance et je pense aux autres problèmes qui sont encore en attente. De fil en aiguille, après quand même pas mal de bouleversements dans mes journées, tout finit parfois par se régler petit à petit. Certes, je n'ai pas fait tout ce que j'avais prévu initialement, ce sont quelquefois des choses qui pourtant étaient à faire rapidement mais qu'y puis-je. J'ai couru, j'ai réglé des problèmes, c'est déjà une bonne chose, le reste me paraît si peu important. Ce qui reste je le maîtrise, je sais donc que je j'en sortirai très bien.

Et quand finalement tout est enfin rentré dans l'ordre, que ma vie a retrouvé son cours normal, je me dis alors que j'ai eu tort de tant m'en faire, qu'il faut savoir rester un peu optimiste, que tout finit toujours par s'arranger. A quoi ça sert de se rendre malade, ça ne fait rien avancer. Mais ça, c'est ce que je me dis après. Il n'empêche, le jour où d'autres problèmes surviendront, je sais que je serai de nouveau dans tous mes états, on ne se refait pas, j'attends donc la prochaine zone de turbulences. Dès que je serai sortie de celle que je traverse encore actuellement, il ne faut jamais dire jamais...

Paulette
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 Au début des années 80, Valérie, atteinte de poliomyélite, était élève dans le secondaire ; elle voulait devenir médecin.
Ses parents ne la soutenaient pas, la directrice était hostile à son projet, lui assénant qu'un médecin ne doit pas être handicapé, question de présentation...
Pourtant, Valérie fut contre vents et marées soutenue par sa professeure de biologie, tout au long de sa double peine, de son calvaire au quotidien.
Valérie est médecin, son cabinet ne désemplit pas : il ne faut jamais dire jamais pour lutter contre la discrimination au handicap, la monstruosité des individus bien-pensants ayant de surcroit autorité, empêchant autrui de réaliser sa vocation, lui faisant rater sa vie.
Il fut aussi une époque où les gauchers étaient écartés du concours d'Ecole Normale :ils pouvaient triompher des épreuves écrites, mais lors du passage au tableau pour les épreuves pratiques, ils étaient impitoyablement mis à l'index ; fort heureusement ces pratiques ont évolué : il ne faut jamais dire jamais, même si des générations de futurs enseignants ont fait les frais de ces pratiques et dû se réorienter, ratant leur vocation...
A l'Unesco, Ginette eut un entretien avec une dame en fauteuil roulant, cadre juridique dans cette prestigieuse institution.
Ginette après la brillante conférence dédiée aux pays africains, apprit que l'intervenante, dans son enfance africaine, atteinte de poliomyélite, allait à l'école en rampant sur le ventre, par les pistes poussiéreuses, parfois piétinée par des camarades malveillants qui lui crachaient dessus. Ses brillants résultats la conduisirent vers des études supérieures, sous des cieux plus cléments ; elle n'a jamais dit jamais ; de plus, elle n'a pas dit son dernier mot.

Marie-Christine
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Faut-il dire «jamais au grand jamais je ne le referai»? Ou ne jamais dire le mot jamais? Ou bien «il ne faut jamais dire jamais?»
Sacré exercice de style pour en comprendre les nuances si sensibles, susceptibles de troubler l'ordre des choses et la compréhension du sujet à traiter.
Alors faut-il s'égarer hors sujet et dire «On ne sait jamais!» Ou «sait-on jamais?» Et les points d'exclamation et d'interrogation font toute la différence. Et de noyer le sujet quand on n'a jamais rien à dire qui puisse surprendre et intéresser son petit monde avec un «Je sais qu'on ne sait jamais!» Ce qui pourrait crédibiliser la thèse de l'ignorance, mais ce serait aussi faire preuve d'humilité. Des fois que ça fonctionnerait ? La première fois que j'ai entendu cette expression: elle sortait de la bouche de monsieur Gabin qui la tenait lui-même d'un philosophe.
Le mot jamais qui est un adverbe peut s'avérer être si négatif s'il est prononcé d'un ton péremptoire... Il devrait être muni d'une notice comportant le sigle rouge du danger.
Oui! Il appartient à chacun en effet de prendre ses responsabilités quand il s'agit de le prononcer.
Il devrait être mis dans la liste des mots interdits ou encore à utiliser avec modération et à bon escient sous peine de passer pour un bonimenteur et de perdre toute crédibilité face à ses interlocuteurs. Si censés que ceux-ci ne connaissent pas l'oiseau ou «le poisson qui nage en eaux profondes» le prononcent et lui fassent tout bonnement confiance au risque d'avoir certaines déceptions à venir.
On dit qu’une personne avertie en vaut deux ! Encore un proverbe. Certes on pourrait s'y référer. Et tâcher de prévenir au préalable la personne qui risque d’être déçue suite à des promesses non tenues ou des déclarations tonitruantes prononcées en public avec des témoins pour attester, pouvant se révélant au final non respectées. Le naïf ou l'optimiste ou la personne sous influence ou la forte tête ne pourra que s'en mordre les doigts et s'en vouloir de ne pas avoir écouté les conseils d'une personne plus avisée.
C'est toujours facile de traiter de tous les noms d'oiseaux «l'inconséquent», «le menteur», «le hâbleur», «celui qui l'ouvre toujours trop vite»… soit dit entre nous quelqu'un à qui on reprocherait d’être «une grande gueule qui ne tient pas ses promesses ou mange l'ours avant de le tuer!».
Personnellement en opposition, je préférerais l'adverbe «toujours» qui est plus positif mais ô combien pompeux et peut être interprété comme de la prétention. Alors pour mettre les deux parties opposées en accord, je dirai «Peut-être?» Et je me transformerai aisément en Normande, quoique je n'ai pas remarqué chez les personnes natives de cette région que l'on soit plus neutre ou encore plus discret au point de ne point vouloir donner son opinion et rester aussi évasif.
Alors pour trancher dans le vif du sujet et prendre un chemin moins glissant, je pourrais évoquer des cas de personnes qui n'utilisent «jamais le mot jamais»…et ne marchent donc pas sur des œufs ou en terrain miné...Juste une question de prudence et de lucidité.
Il faudrait éditer si ce n'est pas déjà fait un petit livret comportant les règles essentielles du «Que et quoi dire en société, et aux médias !» ou encore «comment se comporter en public»...mais là je crois que le gouvernement en cours est en train de se pencher sur le sujet. Et sans m'étendre sur le dilemme, je dirais que chaque mot, chaque tournure de phrase est étudiée de part et d'autre et qu'il s'agirait de tenir le langage appropriée en toutes circonstances pour éviter les quiproquos, les amalgames et les interprétations suggestives. Alors restons objectif, mesuré et pondéré. Tout adage, proverbe, citation méritent certes toute notre attention, mais on se devrait d'en faire une bonne utilisation...Mais comme les mentalités ainsi que les préjugés ont la vie dure. Avec un peu de chance, ils passeront les générations futures et nos petits-enfants continueront peut-être ou jamais à dire «Il ne faut jamais dire jamais».

Claudine
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Cette phrase est un non sens, mais pourtant elle est souvent utilisée. Surtout quand arrive quelque chose que l’on a ardemment souhaité. On l’utilise aussi pour encourager la personne défaitiste qui pense que jamais il n’y arrivera  en l’appuyant d’exemples. On ne pourrait pas remplacer jamais par toujours car cela devient une phrase qui est autant marquée de non sens. Je me demande qui a inventé cette phrase car elle n’est pas signée et surtout ce qu’il voulait dire. Ce qui m’étonne c’est qu’elle ait traversée les décennies en étant reprise par moult personnes  sans que cela heurte la conscience. C’est un des mystères de la langue française. J’ai beau tourner ce dicton dans tous les sens je ne les comprends pas. Je ne trouve surtout pas de quoi remplir une page et j’en suis désolée .

Fabienne

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