Premiers
pas…
Première
dent…
Premier
de la classe…
Premier
de cordée (très à la mode depuis peu)…
Premier
amour…
Premier
baiser de grande personne…
Première
cigarette…
Quant aux
premières brasses, n’en parlons pas, c’est tout simple : il suffit de
savoir nager !
Cela me
rappelle les derniers émois d’Annick survenus au moment de la reprise des
ateliers de peinture sur son lieu de résidence. L’année précédente avait été
consacrée au déménagement et emménagement : laborieuse donc. Mais Annick
avait tenu à marquer cet événement heureux en s’inscrivant à un cours de
peinture pour adultes débutants. Elle accrochait bien et cela lui avait valu
quelques belles expositions suivies d’échanges. Elle espérait continuer mais
hésitait encore entre la formule classique, assez scolaire, et ou bien trouver
un atelier plus créatif. Les aléas des inscriptions et ses hésitations firent
qu’elle perdit sa place en deuxième année de « classique ». Et comme
l’été ne s’était pas bien passé, elle se mit à cafarder, à douter d’elle.
Sans
l’avoir recherché, je fus élue confidente. Patiemment, délicatement,
j’entrepris de lui faire accepter sa nouvelle situation de manière plus
constructive.
« Essaie
d’entrer dans l’autre atelier, tu verras si ça te plait… c’est peut-être une chance.
-oui mais
il est dirigé de manière très libre, par un artiste.
-justement,
il t’apportera peut-être ce que tu recherches »
Bref,
deux semaines plus tard, elle s’était inscrite dans ce nouvel atelier et se
préparait déjà à faire sa rentrée : vérification du matériel, quelques
travaux passés et le tableau en cours où un problème se posait (de quoi
travailler avec ce nouveau professeur)
Finalement,
bien qu’arrivée par deux fois en terre inconnue, Annick semblait bien s’en
sortir. Dernièrement, elle m’a fait deux envois sur mon ordinateur : une
photo de son dernier tableau, et une fiche de conseils trouvés sur internet
« les 10 commandements en peinture ». Non seulement mon amie sait
nager, mais elle ne manque pas d’humour.
Françoise
....................................................
La découverte de nouveaux locaux, et par
n'importe lesquels !
Une sensation de no man's land aux
détours de couloirs alambiqués
Des labyrinthes à en perdre haleine,
ainsi que nos propres repères.
C'est ainsi que je fis connaissance avec
le pôle Sud et le pôle Nord de ce service
perdu entre de multiples services
d'orthopédie qui tentent de nous métastaser
Actuellement.
Et quelle ne fut pas ma stupéfaction de
découvrir 2 ailes reliées par une transverse
que je qualifierais de ruelle des pas
perdus...
Mais aussi de pas comptés au pas
cadencé
en marquant un arrêt devant chaque
chambrée.
Un face à face quotidien avec des
patients qui plus d'une fois seraient impatients.
Faut-il être demoiselle pour les garder,
ces fameuses élytres
Que nous nous essayons nuit après nuit de
développer pour gagner encore
Un peu plus de vitesse, de promptitude
et de rapidité d'exécution
En traversant d'un pas leste, sans
claudiquer comme les anciennes
Les quelques dalles qui nous séparent
des différents offices...
En faisant grincer nos articulations et,
des fois, en chantonnant une chanson.
Nul besoin de s'inscrire au gymnase club
ou encore dans une salle de sport...
Nous musclons nos mollets, et nos
muscles dorsaux sont tendus comme des arcs
Et durs comme de la pierre en fin de nuit
ou d'après midi mouvementée.
Le sang bouillonne derrière nos tempes
échauffées et il s'agit d'être de la trempe
De ces blouses blanches qui ne
s’embarrassent pas de carcan.
Nous appartenons à cette race en voie de
disparition
De celles qui toute une vie durant
ont du arpenter de long en
large leur deuxième maison.
Ce lieu qui a accueilli tant de
confidences, recueilli tant de témoignages,
éventuellement d'altercations, de
tergiversations,
Mais aussi de larmoiements, de
culpabilisation, de silences aussi et de dénis.
Nos tempes tapent au rythme de nos
efforts pour combattre l'adversité et le mépris.
Nos mains se tordent et les doigts se
rejoignent en une caresse, un égard,
Un regard vers la souffrance et l'effroi
que nous lisons dans les pupilles
De ceux et celles qui ont perdu l'espoir
et le désir de vivre le lendemain.
Pour leur redonner un éclat, un feu de
brindille...
Nous sommes là, à l'écoute, dans la
réassurance, dans l'attention
de l'instant présent en essayant de
changer les choses, les mentalités,
les habitudes enracinées, les a prioris,
les fausses idéologies, la destinée...
Pour stimuler ce que je nommerais le
sixième sens...
Comme l'instinct de préservation des
espèces et sûrement de conservation.
Cette empathie et cette emphase qui nous
est propre sinon nous ne serions pas là
A plier comme des roseaux face à la
maladie.
Nous compatissons et faisons acte de
compassion.
Avant de faire notre mea culpa et ou
notre serial victime
Et d'avancer d'un bon pas vers cette
retraite à point
Qui en angoisserait plus d'un.
Il nous en faut de la concertation, de
l'abnégation :
quand nous massons nos articulations
endolories.
Le soir ou le matin avant de prendre ou
de quitter notre poste.
Les ostéopathes, les naturopathes, les
kinésithérapeutes et les chiropracteurs
Se frottent les mains car ils peuvent se
flatter de nous avoir comme clients.
Et tous les psy aussi...Nous leur
offrons des ponts en or.
Mais de tous ces spécialistes...le plus
agréable c'est de consulter
un ou une réflexologue qui
s'occupe de vos pieds.
Oui ! Effectivement : c'est le pied. Une
ou deux fois ne sont pas coutume...
Et pourquoi pas un abonnement? Ça ne
dépasserait pas l'entendement.
Pour notre plus grand bonheur et celui
de nos petits ou grands petons.
Car nos pieds doivent soutenir toute
notre charpente et quand ils ont perdu pied...
C'est toute la masure qui croule et
s'écroule.
Tout va à l'eau ma brave dame et charité
bien ordonnée commence par soi-même.
Un bon sujet qui fait méditer et fait
grincer le parquet !
Claudine
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J'ai
débarqué à Gentilly, il y a plus de quarante ans, à la fois pour me marier et
pour prendre mon poste d'enseignante en banlieue, le tout la même année.
J'ai eu
beaucoup de mal à trouver le chemin pour me rendre à cet établissement,
empêtrée dans les routes secondaires. Je fus bien accueillie par le Chef d'
établissement ; quant aux collègues, on me fit savoir que chacun faisait sa
soupe : il était hors de question, selon eux, de travailler en équipe, tout le
contraire de la pédagogie habituellement pratiquée. Il est vrai que selon le
proverbe africain que j'ai cité dans mon discours de départ à la retraite :
"Seul on va vite, ensemble on va
plus loin"
Je suis
passée sans transition de l'enseignement en milieu rural dans le Sud-Ouest, au
milieu urbain de la banlieue parisienne, avec ses codes sociaux, dans un groupe
collet monté où le paraître prévaut bobo bling bling.
J'ai
travaillé trente-sept ans dans cet établissement. Mon objectif ne se focalisait
pas sur les faux-semblants mais sur les élèves qu'il fallait aider à envisager
sereinement l'avenir, c'est ainsi que j'ai passé trente-sept ans dans ces
lieux.
Marie-Christine
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|
C’est par une nuit noire
que j’arrive devant ce logement inconnu. Déjà fourbue par un long
voyage et trainant une lourde valise, je
remarque à peine la façade ancienne. Je sonne à la porte protégée par
une grille. Une femme d’un certain âge vient m’ouvrir et m’accueille. Après quelques
pas sur des dalles, je pénètre dans
l’appartement. Immédiatement, la logeuse
me fait faire le tour du propriétaire, les parties communes, salle de séjour, cuisine
et laverie et attenant à la salle de bains, ma chambre. Elle me donne les
quelques règles de cohabitation et mille explications que je n’écoute que d’une oreille distraite. Je
n’ai qu’une envie, manger mon sandwich et me coucher. Enfin, je peux refermer
la porte et dormir.
Le lendemain matin, je
me réveille en sursaut, la lumière du jour pénétrant à flots dans la chambre.
Quelques secondes pour réaliser que je ne suis plus dans mon ancien logement
mais à une nouvelle adresse. Je me lève d’un bond, et me précipite sur ma valise pour y prendre mes affaires de
toilette et me diriger vers la salle de bains. Je vois alors la douche alimentée par des fils
électriques flottant dans l’air tombant d’un vasistas ouvert à un peu plus de 2
mètres. Heureusement il fait déjà doux, le soleil donnant sur les vitres !
A côté, le lavabo ; j’ouvre successivement le robinet de droite puis de
gauche. Mais pas d’eau chaude ! J’ai complètement oublié les informations
données la veille. Et la douche avec ses fils pendants me fait peur. Après une
rapide toilette, je sors de la chambre dans un couloir. Où est-donc la
cuisine ? Un coup d’œil à droite, puis à gauche, il me revient à l’esprit
qu’elle se trouve de l’autre côté de la cour. C’est une pièce tout en longueur
dont une partie est vitrée. Ma logeuse m’aperçoit et après les salutations
d’usage, me montre la plaque où sur un des quatre brûleurs à gaz, je pourrai
cuisiner. Pour le moment, je suis un peu démunie. Elle veut bien pour ce matin,
me donner un peu de café moulu, du sucre de canne en poudre et deux petits
pains ronds parmi ceux qu’elle vient de s’acheter. Je l’en remercie vivement
car je ne me vois pas partir le ventre vide à l’aventure. Elle me propose de me montrer le marché dès
que j’aurai fini. Et j’acquiesce avec plaisir.
Une demi-heure plus
tard, nous voilà en route. Tout le long du chemin, je regarde les façades des
maisons et j’essaie de prendre des repères mais je ne vois guère de magasins.
Je n’ai pas trop le sens de l’orientation et c’est déjà la troisième fois que
nous tournons. Je suis distraite par la conversation de ma logeuse et puis je
ne suis pas toute seule ! Au bout d’un petit quart d’heure et après avoir
traversé un parc, nous arrivons à l’entrée du marché couvert. Là, à ma grande
surprise, ma logeuse m’annonce : « Le marché, vous y trouverez tout
ce que vous voulez, vous saurez rentrer, n’est-ce pas ? Je vous
laisse. » Pas le temps de répondre, elle a déjà disparue dans la
foule. Je ne suis même pas persuadée
qu’elle y a pénétré. Je suis un peu
anxieuse et je n’ai même pas marqué l’adresse où je vais demeurer. Pour l’instant, il me faut impérativement
faire les courses si je veux me préparer un repas. Je tourne autour des étals
et remplit mon cabas. Je ressors éblouie par le soleil. Suis-je bien entrée par
cet accès ? Je ne reconnais pas la rue.
A un vendeur ambulant, je demande mon chemin. D’un geste, il me montre
un passage et il ajoute: « au
bout, vous trouverez le parc. »
C’est stressée que je m’en retourne,
regardant à droite et à gauche pour mémoriser les lieux. « Cet
après-midi » pensai-je, je vais faire le tour des pâtés de maisons pour
mieux découvrir le quartier ! »
Marie-Thérèse
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