Je suis rentrée au CP en 1955 dans une école de montagne pyrénéenne : nous étions quatre : Yvette, Edmonde, Daniel et moi-même. Les cours se déroulaient au rez-de-chaussée d'une petite maison. Yvette et moi venions d'un hameau isolé : Miramont : nous parcourions huit kilomètres par jour, Edmonde et Daniel dont la sœur plus âgée avait quitté l'école pour travailler à Toulouse comme "bonne", habitaient sur place, à Arrous. La mixité n'a jamais été un problème, nous n'y pensions pas, nous étions plus tourmentés par la fermeture prochaine de l'école et nous aidions nos parents respectifs dans leurs rudes travaux agricoles. J'étais assez peu scolarisée : à l'automne il fallait aider les parents à faire les regains, faire du bois de chauffage, rentrer les pommes de terre, etc ... en hiver la neige était trop haute et je ne pouvais me déplacer par les chemins de terre non déneigés et puis j'étais souvent malade. Je vivais une vie immédiate mais l'école était un paradis pour moi : on s'occupait de nous ; nous étions en sécurité.
Je suivis donc le CM2 au chef-lieu de canton à Oust, là aussi une seule classe avec les différents niveaux du CP au CM2 était dirigée par un maître qui avait en charge un peu plus de vingt élèves garçons et filles de l'enseignement public : aucun fronton de ces écoles ne mentionnait ECOLE DE GARCONS ou ECOLE DE FILLES. Ces localités étaient dépeuplées : des familles entières ayant émigré à New York.
Puis je partis sous d'autres cieux et me retrouvais à Nay, dans les Pyrénées Atlantiques, dans un lycée d'Etat mixte où nous étions quarante élèves par classe : la mixité nous trouvions cela normal au quotidien ; cependant il faut reconnaître que la discrimination venait d'ailleurs : les familles aisées promettaient leur progéniture à un brillant avenir ; certaines professions également étaient plutôt réservées aux garçons ou aux filles aussi bien pour les carrières prestigieuses que modestes. L'ère du mépris, des différences matérielles, commençait, que j'essayais de combler par l'intellect pour surmonter ces obstacles.
Je me souviens de la promenade dominicale des internes du petit séminaire sous la férule des abbés en soutane : les riverains aux fenêtres se mettaient à croasser ! Quelle horreur !Je suppose qu'il n'en eût pas été de même s'ils avaient vu passer de belles demoiselles !
J'entrais enfin à l'Université ; certaines filières convenaient plus aux hommes qu'aux femmes : il y avait certainement des différences mais l'objectif était de réussir pour gagner son pain.
Enfin quand j'ai enseigné tout au long de mes quarante-deux ans de carrière j'ai toujours eu affaire à un public tant masculin que féminin. Et là j'ai senti parfois les heurts de la discrimination du harcèlement...des clans exacerbés par les réseaux sociaux, les marques de vêtements quand l'emballage prévaut ; mais, pour ne pas noircir le tableau je puis dire que souvent une bonne entente régnait grâce au respect et à la tolérance, aux vraies valeurs fondamentales.
Marie-Christine
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Je n’ai connu la mixité
pendant toutes mes études qu’au jardin d’enfants où nous allions petits.
C'est-à-dire de 3à 5 ans. Je me rappelle, c’est là que j’ai eu mon premier
amoureux, Philippe E., il portait des grosses chaussures montantes car il avait
eu la polio tout petit et marchait en boitant. Sur les photos de fêtes de fin
d’année, je nous revois en tenues folkloriques tout fiers que nous étions d’être
au bras l’un de l’autre. C’était un beau petit blond aux yeux bleus et quand
par hasard il était puni je me faisais punir moi aussi pour le rejoindre et
vice versa. Je me trouve jolie fillette sur les photos. Je disais donc
qu’hormis à cette période je n’ai pas connu la mixité dans tout mon cursus
scolaire. L’école primaire était une école de filles, tenue par une directrice
avec des institutrices dans toutes les matières, chant et gymnastique compris.
Je suppose que l’école de garçons était dirigée par un directeur, avec des
enseignants de type masculin.