Frontières !
Très vite, en moi ressurgit, une aventure, celle de cette jeune femme joyeuse
descendant de l’avion à Bogota. Elle était accompagnée de deux jeunes enfants,
un garçonnet de quelques mois dans un transat, et une fillette de trois, quatre
ans. Elle venait rejoindre son mari. Elle l’ apercevait déjà derrière les vitres de
l’aéroport. La réunion était proche ! Seul manquait le passage au poste de
police ! Cela ne devait être qu’une formalité ! Une question d’une
dizaine de minutes ! Mais oh, stupeur ! Il manque un visa, celui de
son plus jeune enfant. Elle explique à l’officier qu’elle a été mal renseignée ; le consulat n’en délivre pas
aux enfants de moins de trois ans. Rien à faire, il est inflexible, le visa est
obligatoire ! Par chance, il peut être obtenu très rapidement à un bureau
situé à l’autre extrémité du hall. Elle s’y précipite malgré la foule et remplit le formulaire. L’agent le vérifie puis lui réclame les droits
correspondants : 40 000 pesos. Malheureusement, la jeune femme n’a pas de
monnaie locale. « Vous avez des dollars ? » demande l’agent.
Elle n’en a pas non plus. Elle n’a pas prévu cette situation. Elle n’a que des
francs. « Nous ne prenons pas les francs, seulement les pesos ou les
dollars » lui répond l’agent. « Il vous faut les changer. » Oui,
où est le bureau de change ? Là-bas, plus loin, sur la gauche. Une grande
pancarte barre le comptoir « En grève » ! Que faire ?
Elle voudrait bien demander à son mari qui lui, a des pesos, mais il est de l’autre côté de la frontière ! A la fois si près et si loin puisque cette barrière est infranchissable. Derrière la vitre, il gesticule, ne comprenant rien à la situation. Impossible de se parler, de s’entendre à travers ce mur de verre épais ni même de se comprendre par gestes. Il n’y avait pas de portable en ce temps-là !... Quelqu’un pourrait, peut-être, aller le voir et chercher ces quelques pesos ? Non, personne ! Aucun agent ne veut lui rendre ce service. Va-t-elle devoir repartir ? Ne pas pouvoir entrer dans ce pays, faute d’un visa ou attendre que le bureau de change veuille bien reprendre le travail ? Bébé pleure et la fillette a disparu. Le temps passe et la situation s’éternise. A bouts de nerfs, harassée de tant d’allées et venues, la jeune femme éclate en sanglots. Tout en portant l’enfant dans son transat, elle cherche sa petite fille dans l’aéroport. Soudain, accompagné de son père, un jeune voyageur de sept ou huit ans s’approche d’elle et lui dit : « Madame, vous cherchez votre petite fille. Elle est là-bas près de la vitrine avec les lumières. Elle regarde tourner le monde.» Effectivement, un globe éclairé y tourne sur son axe. L’enfant est retrouvée mais le problème du visa n’est pas réglé pour autant. Devant son désarroi, le père la questionne aimablement. «Problème de change ?» lui dit-il «Allez-donc voir au comptoir américain ! Je pense qu’ils voudront bien accepter vos francs et vous donner des dollars.» Et c’est ainsi qu’elle put acheter le visa manquant et franchir enfin la frontière, frontière géographique certes, mais aussi frontière des habitudes, frontière des règlements, frontière de l’indifférence …
Elle voudrait bien demander à son mari qui lui, a des pesos, mais il est de l’autre côté de la frontière ! A la fois si près et si loin puisque cette barrière est infranchissable. Derrière la vitre, il gesticule, ne comprenant rien à la situation. Impossible de se parler, de s’entendre à travers ce mur de verre épais ni même de se comprendre par gestes. Il n’y avait pas de portable en ce temps-là !... Quelqu’un pourrait, peut-être, aller le voir et chercher ces quelques pesos ? Non, personne ! Aucun agent ne veut lui rendre ce service. Va-t-elle devoir repartir ? Ne pas pouvoir entrer dans ce pays, faute d’un visa ou attendre que le bureau de change veuille bien reprendre le travail ? Bébé pleure et la fillette a disparu. Le temps passe et la situation s’éternise. A bouts de nerfs, harassée de tant d’allées et venues, la jeune femme éclate en sanglots. Tout en portant l’enfant dans son transat, elle cherche sa petite fille dans l’aéroport. Soudain, accompagné de son père, un jeune voyageur de sept ou huit ans s’approche d’elle et lui dit : « Madame, vous cherchez votre petite fille. Elle est là-bas près de la vitrine avec les lumières. Elle regarde tourner le monde.» Effectivement, un globe éclairé y tourne sur son axe. L’enfant est retrouvée mais le problème du visa n’est pas réglé pour autant. Devant son désarroi, le père la questionne aimablement. «Problème de change ?» lui dit-il «Allez-donc voir au comptoir américain ! Je pense qu’ils voudront bien accepter vos francs et vous donner des dollars.» Et c’est ainsi qu’elle put acheter le visa manquant et franchir enfin la frontière, frontière géographique certes, mais aussi frontière des habitudes, frontière des règlements, frontière de l’indifférence …
Marie-Thérèse
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Avatars dus à une frontière baladeuse
En Égypte
était installé un modeste tailleur ayant comme maints concitoyens émigré au
début du XXème siècle de Trieste muni d’un passeport autrichien, Trieste
faisant partie alors de l’Empire des Habsbourg.
Pendant
la première guerre mondiale, il fut donc interné en tant que sujet ennemi.
Après la
fin de la guerre, Trieste étant incorporée au royaume d’Italie, il devint ipso
facto Italien… moyennant quoi, en juin 1940, à l’entrée en guerre du régime
mussolinien, il se vit à nouveau interné.
Relâché à
la capitulation italienne, fin 43, il aura bientôt motif à être inquiété :
Trieste, libérée des Allemands au printemps 45, a été annexée à la nouvelle
République de Yougoslavie instaurée par les partisans communistes de Tito,
ennemis déclarés du gouvernement yougoslave en exil, seul reconnu par l’Égypte,
siège par ailleurs sur le plan policier d’une répression anticommuniste
systématique.
Emmanuel
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Tu as
quitté ton pays en abandonnant ta terre, cette terre rude, durcie par le
soleil, pauvre en eau, cette eau qui est indispensable à toute vie.
Le soleil
on le retrouve sur ta peau, brûlée par lui.
Tu es
parti avec l’espoir de faire fortune au prix de quelques sacrifices… sans ta
femme, sans tes enfants restés au pays.
Tu as
traversé des frontières terrestres, fluviales, maritimes, souvent au péril de
ta vie. Combien de tes camarades ont succombé lors de ces traversées
dangereuses !
Tu es
arrivé parmi nous. Le soleil n’était pas à la fête. Les plus basses besognes
sont pour toi, quand il y a du travail ! Nous te rencontrons un peu
partout, construisant nos maisons, vidant nos poubelles. À la mine, c’est toi
qui est à l’abattage.
Et où
habites-tu ? Dans une ou deux pièces avec d’autres copains, bien parqués
comme dans un ghetto, sans confort ni chaleur… cette chaleur humaine que tout
être recherche.
Et nous,
que faisons-nous ? Nous ne cherchons même pas à te comprendre, à dialoguer
avec toi. Là aussi se dresse une frontière !
Nous
t’imposons nos traditions, nos coutumes sans chercher à connaître les tiennes,
si riches pourtant en couleurs, en amitié, en partage.
Toi, tu
ne demandes pas grand-chose : un sourire, une franche poignée de main,
quelques paroles qui pourraient te réconforter mais sans paternalisme, une aide
qui te permettrait de te prendre en main, de te sortir de la misère afin de
devenir toi-même auteur de ta propre promotion.
Bientôt,
peut-être, tu retourneras chez toi. Que vas-tu rapporter de ton séjour parmi
nous ?
Notre
amitié peut-être ? Sinon, je ne vois pas comment il sera possible
d’abattre les murs entre les hommes. Sans sympathie, comment réunir des peuples
si différents en apparence mais dont pourtant le cœur est le même, fait pour
aimer, partager, se réjouir ?
Christiane
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Difficile de délimiter la frontière
Pour déterminera qui reviendront les droits de prospection de la
filière !
C'est pour cela, que des Nations se déclarent la guerre !
Chacun revendiquant sur son sol des ressources minières
La colombe de la paix est maltraitée sans aucune manière,
Dans tous ces pays d'Afrique pétrolifères.
Quand l'hydrocarbure est dans le désert,
Extrait des profondeurs, sous les tankers !
Dans ce sub-saharien balayé par les vents chauds,
Qui dispersent les grains de sable au-delà des dunes, grâce
au Sirocco,
Les Touaregs, ces nomades noirs de peau,
Vêtus de longs burnous de coton de laine, enturbannés de bleu,
Sur leur monture à bosses nommées dromadaire connaissent bien les lieux,
Ne se trompent pas de piste, menés par l'étoile du Berger,
La boussole ou surtout le GPS, objet issu du progrès,
Pour eux n'a aucun attrait !
Ils ne savent pas s'ils sont en Algérie, en Tunisie,
Au Maroc, en Lybie ou en Mauritanie, qu’importe.
En passant par le Niger, le Soudan et le Mali,
Pour eux, le plus souvent : Pas de poste-frontière !
Ils passent sans trop faire de manières !
Il existe toujours des frontières réelles, mais leur
connaissance du désert,
Leur permettait d'éviter les gardes-frontières !
Ce qui irritait fortement les autorités des pays traversés,
Ainsi les bandits des grands espaces désertiques s'étant mis d'accord
Pour détrousser et alpaguer ces caravanes en leurs dérobant leurs biens,
Qui transportent à dos de dromadaires, étoffes, épices ou or blanc
et brun...
La frontière entre honnêteté et appât du gain s’étant estompée
Tout sentiment humain et comportement de respect disparaissent pour le
malheur de l’humanité et de ces pauvres chameliers !
La frontière entre la vie et la mort est minimisée et de
beaucoup bafouée.
Des hommes y ont laissé leur vie, par milliers.
Ainsi en est-il pour l’or blanc d’Afrique…
Il existe trois ors avec lesquels sont réalisés les bijoux, le jaune,
le rose et le blanc mais l’or des bijoux ne sera jamais aussi blanc que ce
sel-gemme blanc étincelant comme de la neige extrait de ce désert salin de
50km en Mauritanie. Ces cristaux sont durement prélevés dans ce
« mille-feuilles » sous la forme de « carottes » alternant
argile noire et couches de sel. La partie supérieure impropre à la
consommation mélangée à de l’argile noire est réservée aux animaux comme « sel
à lécher ». Les conditions d'extraction étant extrêmement ingrates et
difficiles, l’espérance de vie des sauniers est de vingt années ! Ils sont
actuellement un peu plus d'une centaine.
Puis la caravane repartait et traversait les nombreuses frontières…
Quand les sabots de leurs véhicules bosselés
Passaient la frontière sans montrer leurs papiers :
Le vent effaçait les empreintes digitales de leurs doigts de pieds
La caravane entière disparaissait à jamais,
Balayée par les vents
Imperturbable, elle franchissait la frontière du temps
Sans autorisation et sans protection particulière,
Immuable, imperturbable et suicidaire,
La caravane chemine lentement,
Vers cette mer qui les attend !
Ces grands vaisseaux du désert...
Ils arrivent ! Un mois bientôt...
Pour traverser toutes les frontières
Entre volonté et destinée
L'air marin chatouille les naseaux,
Leur peau sèche et le cuir de leur dos
Leur font depuis des siècles, un manteau.
Dernière carapace leur permettant de lutter
Contre la violence et la modernité
De ce monde déroutant et dérouté
Où nul ne retrouve ses frontières !
Entre le passé et le présent !
A sa vitesse de croisière,
Jusqu’à 50 animaux et humains
Convolaient
Vers une frontière commune
Leur
destin!
Au croisement de deux pistes, deux latitudes et deux hémisphères,
Des étoiles filantes dans la stratosphère,
Filent à la vitesse de la lumière,
Franchissent toutes les frontières.
Actuellement, les frontières entre la Mauritanie, le Mali, le Maroc et
l'Algérie sont fermées.
Les nomades sont obligés de se cantonner dans les régions sahariennes
dites plus sécurisées !
Ils ont été victimes de leur naïveté en voulant établir un pacte avec
les islamistes, puis beaucoup ont été tués !
Il y a une frontière entre le respect de la parole donnée et la
malhonnêteté menée par la cruauté !
La frontière existe donc à part entière entre ces
pays Maghrébins du nord et de l’Afrique noire occidentale coupée au
carré de toutes pièces par les gouvernements d’hommes blancs, séparant
ainsi populations, sentiments, ethnies, religions, parents des enfants.
Frontière de larmes et de ressentiments,
Frontière de la honte, de la solitude et de
l’isolement !
Frontière du bannissement !
Où l’incompréhension entraîne des perturbations de comportements,
Conflits, agressivité, conduite d'évitement, mise à l'écart et enfermement.
Frontière facilement franchissable
Entre la raison et la folie !
Frontière si fragile entre le bonheur et le
malheur !
Claudine
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Une
conversation, des conciliabules, tout d’un coup, un mot jeté en l’air retient toute
mon attention ! « FRONTIERES ». De quelles frontières s’agit-il,
celle entre les états ou celle entre les quartiers, celles de l’incompréhension
ou celles de l’interdit ? Immédiatement des mots se bousculent dans ma
tête : « voyage, évasion, liberté mais aussi étranger donc
étrange, inconnu, découverte mais encore barrières, interdictions, entraves,
répression, rétention». Une foule de sentiments contraires s’impose à mon
esprit : « protection, confort, agressivité, refoulement, interdits,
obligations, libération, enfermement, joies et douleurs. » Très vite surgissent
des images : ces files joyeuses de touristes attendant de passer la douane ou
d’obtenir le passage vers l’avion qui les emportera vers des régions plus ou moins lointaines ; celles plus tristes où
des gens harassés sous de nombreux fardeaux, se pressent à la frontière pour
fuir un pays devenu inclément, celle de la guerre et ses bombardements, de la
paix revenue, du redécoupage des frontières comme ce fut le cas pour les deux
Allemagnes, l’éclatement de la Yougoslavie ou la séparation de la Tchéquie et
de la Slovaquie. Changement brutal des limites, Transformation pacifique des
territoires : Gentilly, elle-même, eut, autrefois, une étendue bien plus
grande. Paris lui prit des terres et même
son cimetière. Aujourd’hui, nos villes, nos villages se réunissent dans
des communautés de communes et perdent un peu de leurs frontières initiales
pour en retrouver de nouvelles.
La
frontière protège contre l’envahisseur. A l’intérieur, se vit une réalité
partagée avec des règles connues, une langue
commune, ce qui peut donner une sensation de confort. On se connait, on
sait avec qui on est. Elle peut conduire au renfermement sur soi-même et au
rejet de l’autre. Alors se créent des frontières intérieures, vis-à-vis de l’inconnu
que l’on n’accepte pas, un climat propice à la discrimination, à la xénophobie,
à la peur de l’étranger. Un sentiment d’agressivité se développe vers
l’extérieur.
Marie-Thérèse
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