lundi 25 mars 2013

ANIMAL DE COMPAGNIE


Qui est la maîtresse de l’autre ? Elle a encore pris ma place sur la banquette, la coquine. Chez moi, la maîtresse s’appelle Câline.
Câline est la quatrième représentante de la gent féline à la maison.
Mina, la première, rescapée de la noyade dans la Vezère, robe blanche et noire, une corrézienne qui a apprécié de monter à Paris où elle s’est accidentellement perdue. Puis Friponne, petite boule de poils gris, égarée dans un pot de fleurs à l’école maternelle de ma cité, qui aimait beaucoup les voyages au bord de la mer, les crevettes et les anguilles. Encore une abandonnée cette minette, affamée et malade, que les bons soins d’un véto dévoué ont permis de sauver pour nous réjouir de ces ronrons pendant 17 ans. Elle aimait se rouler en boule au soleil, au pied du sapin, sur la pelouse ou le ventre à l’air, rêver enfoncée dans un profond et confiant sommeil. Il y a eu aussi Wylow, un superbe siamois, chat d’un voisin qui venait chercher refuge chez moi, loin des enfants de sa maison.
Puis, est arrivée Câline, au mois de juillet, celui où l’on part en vacances en abandonnant le petit chat qui nous a distrait un temps, cadeau de noël peut-être.
Câline, vraie fille de « Chap », est d’une indépendance sans limite. Son plaisir est de visiter les caves où trottinent sans doute quelques souris. Elle y passe parfois la nuit, comptant sur la gentillesse des voisins pour revenir à la maison vérifier si je n’ai pas oublié de garnir de pâtée ou de croquettes ses petites assiettes. Un arrêt buffet et la voilà repartie ! Trois pigeons picorent sur la pelouse, elle les appelle avec de petits miaulements. Résultat : un coup d’aile et les oiseaux disparaissent dans les arbres.
Elle est à nouveau à la maison, piétinant ma feuille d’écriture et d’un coup de museau envoyant valser mon crayon. Elle se couche avec la ferme intention de ne plus bouger. Je fourre mon nez dans ses poils doux, soyeux et chauds. Elle n’aime pas trop ça mais se laisse faire, Câline.

Chaleur, douceur
Amour, tendresse
Lovée au soleil
Indifférente aux bruits de la maison
Nous dominant de toute son indépendance
Enfin, un vrai chat comme on les aime.
Monique

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Amélie voulait un petit animal. Il pensa qu’un petit chien ferait l’affaire. Il en parle à un ami. Tous deux se rendent dans un chenil que Jean connait bien. Un Yorkshire, voilà ce qu’il te faut, lui conseille-t-il. Regarde celui-ci est tout juste âgé de trois mois, il n’a plus besoin de sa mère ! Pierre s’extasie devant son pelage long et soyeux, à la couleur variée et chatoyante, si agréable à l’œil. On dirait que l’on a pris une palette pour le teindre : Une ligne bleu foncé sur le dos sépare le brun presque noir de ses flancs, et là, autour du museau, sa couleur plus claire tire sur l’orangé rappelant celles des flammes. Quant à son front, il vire au violet. Ses pattes au contraire, se parent de blanc. Que cette petite boule de poils est belle ! « Je suis sûr que tu vas faire une heureuse ! », lui susurre Jean. Pierre se laisse convaincre sans réfléchir. Il le rapporte à la maison, très fier de sa trouvaille.


mardi 12 mars 2013

LE LOTO

Jouer au loto, gagner, ne pas gagner, rêver...

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Un jour, Félix qui était en vacances chez moi me dit :
-          Tu pourrais me donner deux euros ?
-          Oui, mais pour quoi faire ?
-          Pour faire un loto.
-          Un loto ?! Moi, je trouve que c’est de l’argent fichu par les fenêtres, on ne gagne jamais.
-          Mais si, insiste Félix, papa a gagné deux cents euros le mois dernier !
-          Et combien de fois a-t-il misé pour cela ? Moi je suis sûre qu’il y a perdu.
-          Oh, s’il-te-plaît, joue avec moi, nous partagerons les gains.
Il est si mignon que je me laisse finalement attendrir, je lui laisse faire son jeu mais du coup j’ai aussi envie de tenter ma chance. Après tout, deux euros, en l’occurrence quatre, ne vont pas me ruiner.
Me souvenant qu’on m’avait dit que mon chiffre porte-bonheur était le sept, sans réfléchir une seule seconde, je coche le sept et ses multiples, on verra bien, il n’y a plus qu’à attendre. Moi qui cire toujours haut et fort que les joueurs sont des idiots et des inconséquents ! Voilà que s’insinue en moi un petit espoir. Et si… Si cela arrivait… La perspective d’un chèque avec un chiffre suivi de six zéros, et mon imagination s’emballe. Je me verrais bien jouer les bonnes fées, gâter toute ma famille, tout en en gardant un peu pour moi mais pas trop, je ne me verrais pas entrer tout d’un coup dans la peau d’un millionnaire. Trop de bouleversements dans mes habitudes. Mais un petit voyage, un séjour en thalasso, voilà qui serait bien agréable et à ma portée. Lucide malgré tout, une petite voix me dit « ne t’en fais pas, cela ne t’arrivera pas, rien à craindre », pendant qu’un autre répète « pourquoi ne pas avoir joué le 7, 17, 27, 37, 47, le 7 aurait été encore mieux représenté ? ». Ça y est, j’ai bien peur d’avoir attrapé le virus, je suis prête à recommencer pour essayer cette nouvelle combine.
Allons, il faut retomber sur terre et arrêter tout de suite. Pourvu que je ne gagne rien du tout ou c’en est fait de moi et de mes bonnes résolutions.

Colette

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C’est encore fichu, je n’ai plus qu’à déchirer mon bulletin. J’y ai cru pendant une semaine. Pour commencer, il a fallu choisir les bons numéros, date de naissance, immatriculation de la voiture… le choix est vaste.
Après le passage chez le buraliste, c’est parti pour les projets car le problème est : comment dépenser tout cet argent ?
Bon, je fais un tour du monde, un vrai : Chine, Australie, Martinique et même le Groenland. Ensuite j’achète une maison au bord de la mer avec un grand jardin, des mimosas jaunes, des iris bleus et des escholtzias orange  et jaune doré. Sous un figuier, une balancelle, pour rêver au soleil. J’achète une voiture pour faire les commissions. J’oubliais : je change de logement. J’achète un chalet à la montagne, en Suisse, à Châtel Saint Denis où j’ai de la famille. Et quoi de plus ?

samedi 2 mars 2013

PRISON

Autour du thème des prisons, écrire un texte en vers ou en prose ou imaginer la lettre écrite par un prisonnier...
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Lettre au Père Éric, aumônier de la prison de X

Cher Père Éric,
Ce soir, j’ai un cafard monstre, alors du fond de ma taule, je t’écris ce que je pense, ce que je ressens…
Ils sont là les murs de ma prison, à m’en faire mal aux yeux de mille façons. Ils m’encerclent, me narguent et me cernent. Ils m’empoisonnent, me massacrent et me bernent. Ils me parlent, dans leur silence, et de mort et de vie. Ils me perlent comme une obsession, et d’espoir et de folie.
Quand je les touche, la nudité de leur froideur me raconte, tout à coup, toutes les fleurs. Avant, je ne savais pas les contempler et les admirer. Je voudrais aujourd’hui sentir leurs parfums, comme une odeur de liberté.
Et quand sur les murs se découpe l’ombre des barreaux, elle me raconte l’horizon et le soleil pourtant si beaux. Hier, je ne savais pas en profiter pleinement. Aujourd’hui, ils me chantent ici l’air de la liberté.
Et même si j’écris, le silence épais et pesant me murmure peut-être la présence de ce Dieu dont tu m’as parlé et que tu dis vivant.
Celui à qui je ne pensais jamais, et surtout pas à lui parler.
Peut-être qu’il m’invite à sa rencontre, comme des prémices de liberté.
Et quand de l’école toute proche, résonne les cris des enfants, je les imagine en récréation, riant, courant, jouant. Ils me parlent en un instant de l’enfant que j’ai été. Et de celui qui peut renaître, un jour, fruit de ma liberté.
Alors, je me dis : « Paolo, qui aura le dernier mot ? Les murs ou les fleurs ? Les murs ou l’enfant ? Les murs ou le soleil ? Les murs ou le Dieu dont tu m’as parlé ? Dis Paolo, qui aura le dernier mot ?
Bonsoir Père Éric, et peut-être à bientôt.
Paolo

Christiane
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Très chère mère,

Van Gogh
Aujourd’hui, c’est un jour heureux. Les autorités ont donné leur accord. Je peux enfin comme quelques autres, écrire à ma famille. Cela ne nous était pas arrivé depuis des mois. Un gardien nous a  octroyé une seule feuille de papier car ici tout est rationné, surtout le papier et les crayons qu’ils considèrent comme un moyen subversif. Il a promis de vous envoyer ces lettres et j’ose espérer qu’ils le feront. Quand tu  la recevras, je serai peut-être encore là, au milieu de nulle part, ou ailleurs ou parti à jamais mais tu sauras combien ton fils te chérit et te remercie de toutes les valeurs que tu lui as inculquées. Mère, je t’aime tellement que, malgré ton absence, tu m’es une aide si précieuse.  Ici, il faut beaucoup de courage pour résister à la grisaille du temps et des murs. Et bien souvent, tu m’en as montré l’exemple, dans ces rudes journées de travail que tu as effectuées pour que je grandisse et que je reçoive l’instruction que tu n’as jamais eue. Mais tu m’as appris la notion de l’effort et à ne jamais renoncer. Ton image me soutient chaque jour et je dialogue avec toi en silence, car, ici le silence est de rigueur et il nous oppresse souvent. En effet, il est interdit de parler sauf pendant la petite demi-heure de promenade où nous tournons dans la cour, les uns derrière les autres. Cette-mini récréation est-elle journalière ? Je n’arrive parfois plus à m’en rendre compte car ils la suppriment fréquemment pour un motif inconnu. Aussi, pour lutter contre ce silence si profond, nous nous essayons à siffler doucement comme dans un murmure ou à imiter le chant des quelques rares oiseaux qui vivent dans ces contrées perdues et que nous ne voyons jamais.