Je me souviens des senteurs mêlées de houx, de fougères
sèches, de petites branches de sapin et surtout de la mousse encore humide que
nous ramassions pour décorer la maison à Noël.
Je me souviens de l’éclat dans la lumière des étoiles
que nous découpions et des guirlandes que nous fabriquions tout au long d’un
après-midi mêlant les papiers argentés et dorés.
Je me souviens de la joie qui s’emparait de nous en
accrochant dans le sapin les boules et de petits objets-surprises qui bientôt
brilleraient sous les feux de nombreuses ampoules électriques multicolores disséminées
çà et là.
Je me souviens de ces bâtonnets magiques que ma mère
allumait avec une allumette et qui se consumaient en crépitant et en jetant
mille étincelles.
Je me souviens du soir de Noel où nous nous
retrouvions, l’un derrière l’autre, encore à moitié endormis mais impatients,
sur les marches de l’escalier attendant que la porte s’ouvre aux douze coups de
minuit pour aller découvrir nos cadeaux.
Je me souviens de la bonne odeur des craquelins
chauffés au four et du chocolat bien chaud que nous dégustions avec des
brioches.
Je me souviens de la grande nappe blanche toute décorée
sur laquelle étincelaient les verres à pied du « beau service » et le
dessous de plat en verre qui renvoyait mille et une raies de lumière
multicolore.
Je me souviens du rituel du dessert de Noël :
éteindre les lumières sauf celles du sapin au moment où maman posait le
plum-pudding sur la table, tandis que papa craquait une allumette pour le faire
flamber. Les flammes bleues et jaunes de la cuillère dansaient autour du gâteau
que maman arrosait et nos yeux pétillaient.
Je me souviens aussi de ces Noëls où nous étions très
nombreux. Maman demandait au plus jeune de se cacher sous la table. D’une main,
elle prenait dans la grande corbeille une friandise, un fruit sec ou une petite
figurine, tout en disant : « Tirelititi, pour qui ? » et
l’enfant lui répondait.
Je me souviens de la chaude ambiance que créaient la
musique et les chants que nous reprenions en chœur : Il est né le Divin
enfant, bientôt suivi de Mon beau sapin et de Petit papa Noël.
Je me souviens aussi de ces Noëls au Pérou annonçant la
fin de l’année scolaire, la chaleur et les plaisirs de l’été.
Je me souviens de la confection de sapin à partir de
trois couronnes de feuillages de taille différente enlacées de larges rubans
rouges et semées de morceaux de fleurs de coton.
Je me souviens de la grande carte postale du Père Noël
sur son traineau dans un paysage enneigé que l’on plaçait sur ce sapin,
contrastant si fort avec nos tenues légères et un soleil éblouissant.
Je me souviens de l’odeur des panettone et du chocolat
tiède et bien épais que l’on savourait à minuit.
Je me souviens des enfants déposant leurs chaussures
devant la porte d’entrée et de leurs cris joyeux qui éclataient dans la rue
lorsque, le lendemain matin, ils découvraient leurs cadeaux.
Je me souviens surtout de ces Noëls chaleureux où,
réunis en famille, nous partagions le bonheur d’être ensemble pour contempler
l’émerveillement de nos petits devant le spectacle lumineux du sapin et de la
crèche, ou écouter leurs petits cris de joie en découvrant leurs cadeaux au son
d’une musique douce.
Marie-Thérèse
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Je me souviens des vitrines des Galeries Lafayette et
du Printemps : vitrines animées où jouaient des poupées et des animaux en
peluche. Ils interprétaient sur un fond musical soit des danses soit des contes
de Perrault. Tout cela ravissait les jeunes spectateurs ébahis… Il fallait
faire des heures de queue pour assister à ces spectacles gratuits ! Je me souviens aussi des Pères Noël qui
se promenaient sur le boulevard Hausmann et qui se faisaient photographier avec
les enfants (Tiens, il y avait donc plusieurs Père Noël ? Étrange !).
Je me souviens des Noëls de guerre où les rues
n’étaient plus illuminées et les vitrines sombres et inertes. Plus de Père Noël
de rouge vêtus se promenant dans les rues mais des uniformes verts et des
bottes martelant les pavés. C’était le couvre-feu ! Plus de messe de
minuit mais à 18 heures… Dans les souliers, moins de cadeaux mais des choses utiles : pulls,
chaussettes tricotés avec amour par les grands-mères quand elles avaient pu
récupérer quelques pelotes de laine… d’ailleurs depuis longtemps nous ne croyions
plus au Père Noël descendant par la cheminée. Je me souviens de bien d’autres Noëls vécus dans la chaude
atmosphère familiale… Je me souviens, je
me souviens…
Je me souviens que c’est Noël chez nous dans quelques
jours. Noël chez nous où un vieillard se meurt au creux de sa solitude. C’est
Noël en Afrique où l’on meurt de faim ou dans une embuscade. C’est Noël chômage
de l’homme jeune encore qui s’en va au bistrot se noyer dans l’alcool ou
s’étourdir dans les drogues. Mais je me
souviens aussi qu’un jour à Noël, un enfant est venu sur notre terre.
Qu’es-tu donc venu faire ? Nous apprendre que l’homme est grand mais qu’il
a encore besoin d’enfants !
Christiane
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Comment ne pas se souvenir de ces nuits de Noël occupée à confectionner les fameux emballages des cadeaux et tout ça pour aider le père Noël dépassé par les évènements ! Dans une intimité toute relative, en risquant à tout moment de surprendre des petits yeux espiègles cachés derrière la porte du salon, je me hâte. Mais là, tapis dans l’ombre, je les surprends, mes petits coquins surveillant les moindres de mes faits et gestes d’elfe à forme humaine préposée à cette tâche méticuleuse. Un frôlement dans le couloir, des rires assourdis. Le temps d’aller voir et des petits pieds à pas feutrés s’enfuient vers la chambre.
Je me souviens des après-midi passées à choisir des décorations de Noel afin d'en revêtir le sapin que je m'apprête à ériger dans le salon.
Tu dois te souvenir O tantine, toi qui défraye la chronique à vouloir toujours être sur ton trente-et-un, quand tu m'as ramené tes petites Causettes loqueteuses : trois misérables petites mistinguettes que j'ai transformé en Cendrillon ce jour de Noël béni traditionnellement de tous les dieux, mais du tien et du mien, qui est des trois le plus ancien !?
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Je me souviens de ces
préparations de repas de Noël où l'ambiance frénétique et électrique ne
reflétait en rien la quiétude et le bien-être qu'une journée de Noël apaisante
et bénéfique aurait pu nous apporter. Tout n'était qu'épluchages,
cuissons, empressement, inquiétude et stress, pour se terminer en éternelles
discussions politiques enflammées. Personne n’écoutant personne, le ton
montait. Le repas prenait des allures de foire d’empoigne. Chacun monté sur ses
ergots, tout n’étant que caquetage et hoquetage. On se jaugeait et se jugeait
des pupilles-revolvers dilatées de colère. Impression d’assister à un combat de
coqs et de me trouver dans un poulailler.
Je me
souviens de ces repas de Noël où régnait un calme mortel autour d'une table où nous
nous regardions en chiens de faïence alors que le champion des poulets jaunes
labellisés aux normes NF, nourri exclusivement aux grains, dixit le volailler,
faisait son apparition magique au-dessus de la table en aiguisant les appétits.
Moment magique où seules les pupilles brillantes de convoitise s’animaient
stimulant sans vergogne les estomacs qui criaient famine depuis longtemps. Le
début des festivités résonnait dans nos oreilles au bruit de notre déglutition,
comme la flamme sacrée marquant le début des jeux olympiques. Superbe instant quand
atterrissaient savamment les premiers plats. Un silence
respectueux courrait dans l’assemblée et tous les yeux convergeaient
vers le chapon chaud et fumant. Il s’accompagnait de ses fagots de haricots
d'un beau vert extra fin ainsi que de ses petites charlottes gourmandes
dorées à point. Repas gargantuesque présenté sur des plats de porcelaine.
Je me
souviens de cette merveille : la maitresse de maison chaperonnait ce chapon
qui tenait la vedette jusqu'à ce que la cisaille le cisèle plus ou moins
délicatement, lui extirpant ses morceaux de choix. Ses cuisses, de loin les
plus convoitées, étaient réservées presque d'office au chef de clan et à la
première-née. Cette dernière aurait aussi bien annexé le blanc, les ailes et
l'extrémité de la pauvre bête que je n'ose nommer pour ménager son intimité. Ne
restait ensuite de la volaille estropié que sa carcasse gisant dans la gelée.
Je me
souviens, comble de l’injustice, que les caprices de l’aînée n’étaient en rien
réprimés, encore moins réprimandés. Alors forte de ses privilèges, elle en
usait et en abusait. Elle semblait visiblement ignorer les regards plus
ou moins insistants, envoyés à la dérobée dans sa direction. Insensible
aux pupilles belliqueuses et réprobatrices, chargées de cette colère montante.
Elle ne pouvait pas ne pas se rendre compte de l’état d’esprit ambiant !
Un sentiment d’impuissance et d’injustice comme un carcan plombé s’emparait de
nous et nous maintenait dans l’impossibilité de nous exprimer au risque d’être
repris âprement et de se voir exclu de cette belle tablée. Dans sa toute-puissance,
elle ne pouvait imaginer une seule seconde, qu’il en soit autrement. Engager
les hostilités était totalement impensable et inacceptable. D’ailleurs,
l’atmosphère, serait devenu vite irrespirable… Dommage, et malgré les effluves
absolument divines émanant du poulet dodu qui flattaient tant nos narines, personne
n’aurait enfreint les règles de la bienséance. Nous gardions nos reproches
en nous, mais que de sensibilités à fleur de peau. La principale intéressée,
consciente ou pas du malaise qu'elle générait, aggravait encore son cas
en fouillant la pauvre bête de ses doigts sales, en essayant
d'extraire le maximum de sang caché là entre les côtes. Elle poussait le
paroxysme de l’horreur en portant à sa bouche son majeur droit maculé. Avec un
petit bruit de succion effroyable, elle se délectait. Elle n’a jamais dérogé à
cette manie et bien longtemps après au fil des repas et des années. Ce scénario
pourtant recevait la douce approbation de sa mère conciliante, en
admiration devant la merveille des merveilles : sa première-née, nourrie au
chapon !
Je me
souviens de ces paroles répétitives et ponctuées peut-être de regrets et de remords
? Culpabilisait-elle ? Combien de fois, nous a-t-elle fait part de son
souci de garder la ligne ! Ah ! Que de paroles délicates dans un
estomac sans fond ! Frustration, me dira-t-on ? Elle comble un
manque ! Oui, le chapon, c’était trop bon ! Difficile d'y résister. Elle
ne se lassait pas de répéter à qui voulait l’entendre cette phrase :
« Je n’ai plus faim ! ». Alors
autant lier l'acte à la parole... Personne ne l'obligeait de se servir
directement dans le plat. Petits bouts par petits bouts, elle subtilisait, je
voulais dire chapardait, la moitié du chapon. Vous aurait-elle coupé
l'appétit ? Mais il ne faudrait pas nous prendre pour les dindons de la farce
ou encore des pintades ou des dindes aux marrons.
À quand les chapons à quatre cuisses pour faire baisser la tension ?
Je me souviens de cette écharpe élastique qui nous a tous faire rire par ses couleurs chamarrées et sa matière extensible à souhait. Et comme le boa constrictor de la grande Zora, il se détendait. Qu'est-ce que nous avons pu nous étrangler de rire dans une joyeuse farandole enserrant le canapé où dame "rabat-joie" siégeait comme une reine d’Angleterre, réellement offensée au milieu de cette manifestation de joie intempestive. Le protocole étant bouleversé en cette veillée de Noël, Mme "I'm so Chocking" ne se serait jamais permis un écart de conduite. De laisser ainsi transparaître ses émotions et sa joie était contraire à ses conceptions.
À quand les chapons à quatre cuisses pour faire baisser la tension ?
Je me souviens de cette écharpe élastique qui nous a tous faire rire par ses couleurs chamarrées et sa matière extensible à souhait. Et comme le boa constrictor de la grande Zora, il se détendait. Qu'est-ce que nous avons pu nous étrangler de rire dans une joyeuse farandole enserrant le canapé où dame "rabat-joie" siégeait comme une reine d’Angleterre, réellement offensée au milieu de cette manifestation de joie intempestive. Le protocole étant bouleversé en cette veillée de Noël, Mme "I'm so Chocking" ne se serait jamais permis un écart de conduite. De laisser ainsi transparaître ses émotions et sa joie était contraire à ses conceptions.
Je me
souviens de cette même charmante personne bienveillante possédant un sens aigu de
la bienséance et du savoir-vivre qui s'est fait un joyeux plaisir de me
retourner en main propre le cadeau que je lui avais fait l'hiver précédent à
l'occasion des fêtes en m'interdisant de lui en offrir à l’avenir,
ainsi qu'à l’ensemble des autres invités. Dommage, c'était la seule fois où nous avions la possibilité de nous réunir, à
l'occasion des Fêtes de Noël. Ce réveillon fut le dernier. Il avait commencé
sous de bons auspices et se termina glacé, comme la bûche.
Quand même à Noël, il n'y a pas de trêve
! Comment ne pas se souvenir de ces
matins divins où chacun s'observe, se toise à la dérobée, enveloppe le
frère, la sœur, la cousine d'un regard calculateur et froid.
Quand jalousies et envies transpirent des yeux suspicieux au point que
chacun doit compter en comparant la quantité et la taille de cadeaux qui lui
ont été impartis pour se persuader qu'il n'a pas été lésé !
Comment ne pas se souvenir de cette moue de dédain devant cette pintade de Noël aux deux pommes confectionnée avec amour mais sèche comme ce manque de considération et de reconnaissance dont seuls les adolescents savent faire preuve avec grand art à l'âge ingrat.
Comment ne pas se souvenir de cette moue de dédain devant cette pintade de Noël aux deux pommes confectionnée avec amour mais sèche comme ce manque de considération et de reconnaissance dont seuls les adolescents savent faire preuve avec grand art à l'âge ingrat.
Comment ne pas se souvenir de ces nuits de Noël occupée à confectionner les fameux emballages des cadeaux et tout ça pour aider le père Noël dépassé par les évènements ! Dans une intimité toute relative, en risquant à tout moment de surprendre des petits yeux espiègles cachés derrière la porte du salon, je me hâte. Mais là, tapis dans l’ombre, je les surprends, mes petits coquins surveillant les moindres de mes faits et gestes d’elfe à forme humaine préposée à cette tâche méticuleuse. Un frôlement dans le couloir, des rires assourdis. Le temps d’aller voir et des petits pieds à pas feutrés s’enfuient vers la chambre.
Je me souviens des après-midi passées à choisir des décorations de Noel afin d'en revêtir le sapin que je m'apprête à ériger dans le salon.
Tu dois te souvenir O tantine, toi qui défraye la chronique à vouloir toujours être sur ton trente-et-un, quand tu m'as ramené tes petites Causettes loqueteuses : trois misérables petites mistinguettes que j'ai transformé en Cendrillon ce jour de Noël béni traditionnellement de tous les dieux, mais du tien et du mien, qui est des trois le plus ancien !?
Vous devez vous souvenir,
vous mes petites stars d'une nuit, dans vos robes étoilées, fleurant bon
l'amande et la lavande, un petit rien de vernis sur vos ongles d'enfants, vos
yeux en disaient long sur le plaisir ressenti et votre peau d'un noir d'ébène
brillaient sous les guirlandes électriques.
Comment ne pas remarquer leurs yeux remplis d'étoiles et de lune de minuit quand en haut du sapin luit l'étoile du Midi, et en bas se trouve leurs petites chaussettes remplies de chocolats entourés de papiers de soie.
Je me souviens de petites mains déchirant les papiers colorés métallisés des friandises et papillotes pendues aux sapins.
Je me souviens des petites et des grandes faims faites de petits riens et de petits pains.
Je me souviens des petites quenottes et des bouches dévorant les petits fours au saumon et au foie gras de canard.
Tu devras te souvenir, toi tout petit bout prématuré, de ton premier Noël que tu auras peut-être l'occasion de passer auprès des tiens, chez toi, dans cette famille qui t'attend ardemment.
Comment ne pas remarquer leurs yeux remplis d'étoiles et de lune de minuit quand en haut du sapin luit l'étoile du Midi, et en bas se trouve leurs petites chaussettes remplies de chocolats entourés de papiers de soie.
Je me souviens de petites mains déchirant les papiers colorés métallisés des friandises et papillotes pendues aux sapins.
Je me souviens des petites et des grandes faims faites de petits riens et de petits pains.
Je me souviens des petites quenottes et des bouches dévorant les petits fours au saumon et au foie gras de canard.
Tu devras te souvenir, toi tout petit bout prématuré, de ton premier Noël que tu auras peut-être l'occasion de passer auprès des tiens, chez toi, dans cette famille qui t'attend ardemment.
Claudine
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