mardi 24 décembre 2013

MAIS UN BEAU JOUR,IL DISPARUT.

Excipit : votre texte se terminera obligatoirement par cette simple phrase "Mais un beau jour, il disparut."
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Dans un splendide musée de renommée internationale étaient exposés des centaines de tableaux tous plus beaux les uns que les autres. Cependant l’un d’entre eux retenait particulièrement l’attention des visiteurs de par son originalité, ses couleurs, sa dimension, mais surtout son interprétation. Chacun et chacune s’arrêtait un temps infini devant cette œuvre incontournable, inqualifiable, en lui donnant à chaque passage une nouvelle image. Tantôt poétique, tantôt dramatique, tantôt humoristique. Tout était permis devant cette toile aux mille teintes inventées et créées par l’artiste. Le musée obtint grâce à lui une réputation défiant toute concurrence et attira des milliers de curieux, jusqu’au jour où, sans préambule et emportant avec lui tous ses mystères et toutes ses richesses artistiques, il disparut.

Elisabeth
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H(his)M(majesty’s)A (australian)S(ship) SYDNEY

Nous sommes en été 1940 à Alexandrie. S’y trouve la principale base navale de l’empire britannique, située stratégiquement sur la route des Indes, aux abords du canal de Suez, verrou hermétique isolant l’Italie fasciste de son empire d’Afrique orientale et vouant celui-ci à un inéluctable et prompt anéantissement.
Selon un usage répandu dans les couches aisées de la  population alexandrine, mes parents parrainaient un marin de l’escadre mouillant dans le port. C’était en l’occurrence un jeune quartier-maître du croiseur australien Sydney. Il avait table ouverte chez nous, lors de ses permissions. Mes parents entretenaient une relation épistolaire avec sa famille, à l’autre bout du monde.
Peu après l’entrée en guerre de l’Italie fasciste de Mussolini, le Sydney, en opération, remporta un triomphe en coulant le Bartoloneo Colleoni, joyau de la marine de guerre italienne.
Auréolé de gloire, le Sydney rentra dans son bercail alexandrin. Notre jeune hôte, à sa première permission, s’avéra en savoir moins que nous sur l’exploit du navire. En effet, confiné à son poste de combat, il se trouvait quasiment comme l’était à Waterloo le Fabrice de Stendhal dans sa Chartreuse de Parme.
Nous le revîmes ensuite plusieurs fois chez nous, mais un beau jour, il disparut.
P.S. : été 1941, le Sydney patrouillait dans l’océan indien, à la recherche d’un corsaire allemand qui y sévissait. Mais un beau jour, il disparut ;
P. S.  du P. S. : Cette disparition, sans rescapé ni le moindre débris flottant, est paraît-il un cas unique dans l’histoire des batailles navales.

Emmanuel
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Au Resto du Cœur, il était très fidèle. C’était mon ami l’Algérien.
C’était Khalid, le Nord-Africain.
Les cheveux frisés
Les yeux sable doré
C’était mon Apollon au teint basané.
Une chambre que l’on partage au rythme des trois huit
Une solitude qui vous plonge dans le vide
La musique du pays qu’on écoute parfois
Rend nostalgique la darbouka.
On dit bien à la ronde
Que tes traits sont si creux
Ton visage n’est pourtant pas si vieux
Et même si ton pauvre corps
Est brisé par les durs travaux
Si tes mains sentent parfois le chlore
J’aime le mat de ta peau
Il rêvait d’aller plus encore vers le nord
À mille lieues d’ici
Dans un pays où on l’aurait appelé « Monsieur »
C’est peut-être la raison pour laquelle
Un beau jour, il disparut.

Christiane


O que de tendres souvenirs
Semblables aux sensibles corolles
Qui délicatement s’envolent…
Comme la lumière du soleil disséminant
Savamment ses rayons d’or en caressant
Lascivement les cordes d’une mandoline,
Qui égrène des sons divins, enchanteurs.
Lors d’une mutine et ludique promenade
Délicieuse et vibrante sérénade,
Aux trémolos et soupirs
Aussi légers que la lyre 
Ton cœur chavire.
Comme une ode à la joie,
Libératrice et lumineuse,
Emulsionne tes sens en émoi.
Que d’offrandes magnifiques,
Et aux combiens romantiques,
Offertes gracieusement
Aux déesses de l’amour :
Aphrodite et Vénus, puis à Apollon,
Dieu de la lumière, de l’avenir,
Du chant, de la musique et de la poésie,
Ainsi qu’à l’arc magique de Cupidon.
Marianne, jolie jeune femme famélique,
S'abandonne ainsi aux plaisirs de l’amour
Nostalgique.
O que de douces paroles,
Qui doucement s’envolent,
Entêtantes senteurs,
D’encens, dispersées,
Comme tant de notions de valeurs
Disparues, enfouies à jamais,
Au fond de ta mémoire.
O que de ferveurs, que de langueurs,
Que de promesses d'amour,
Que de "je t'aime, que de toujours",
Modulés sur tous les tons,
Murmurés, susurrés au creux de l'oreiller…
Jeune femme au combien romantique,
Amours au combien érotiques
O jeune femme, O combien amoureuse,
Tu te souviens des premiers frissons,
Toutes en caresses
Toutes en prouesses.
Tu bouscules les principes, ivre de volupté,
De ces émois, de cette passion sublime,
Dès l’étreinte ultime.
Symbiose et jouissance des sens,
Union des corps chargés de beauté,
Union des âmes porteuses de liberté,
Amours interdites enchantées
Bouleversement des sentiments.
Amours sans offense. 
Lieux maudits à jamais
Marques indélébiles de la passion,
Des plaisirs charnels, de la déraison.
Sur vos mains, sur vos pieds,
Dans les draps froissés,
Mille échos dans les tentures chamarrées,
Cœurs chavirés, face aux chevets,
De cette immense cheminée
Dans cette chambre de cette demeure baroque 
Berceau porteur de tant de souvenirs équivoques
Où tant de désirs, de plaisirs effrénés
Où tant d’élans passionnés,
Resteront à jamais gravés,
Dans les rideaux de ton alcôve,
Où désormais seule, tu te loves.
Tu te consume du feu torride,
Comme une torche vive.
Comme un bateau ivre.
Feux de l’enfer qui chavire
Et consume les âmes,
Tu te diriges vers l’expiation,
Et tu vies actuellement l’enfer de la diffamation.
O jeune  amoureuse entière et passionnée.
Que cet amour libre et fier, ne te fasse pas divaguer,
Comme le cœur si léger de ton marquis ardent et imprudent,
Profitant, impudent de la pureté de tes sentiments.
A cet amour insensé pour ce noble portugais
Que tu continues néanmoins d’encenser,
Dans le précipice, tu te précipites, creusé
Par un conquérant guerrier
Attiré vers de lointaines contrées.
Amoureux de tout ce qui porterait jupons
S’enorgueillissant de ces nombreuses conquêtes,
Et de lui-même imbu.
Pauvre Marianne dans sa Saudade confondue…
Ne pouvant prévoir et admettre ce qui pourtant
Etait évident…
 « Mais un beau jour, il disparut. »

Claudine
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C’était un beau matin de printemps, un de ces jours où le ciel d’un bleu intense est parsemé de petits nuages blancs, légers comme des flocons. Un rayon de soleil plus fort que ceux des jours précédents frappait la vitre de la fenêtre et réchauffait déjà l’atmosphère.
Dans le jardin, l’herbe encore courte verdissait et sur les tiges des arbres, les bourgeons gavés de sève, s’enflaient au point de vouloir éclater. Déjà quelques passereaux étaient de retour et commençaient à virevolter pour faire leur nid, attrapant de-ci de-là dans leur bec, une brindille ou une mousse. J’avais entendu le chant du coucou et toute la nature semblait revivre. Je me sentais des envies de me prélasser au soleil dans une chaise longue au milieu de la pelouse mais l’air était encore frais.
Soudain, j’entendis remuer la gamelle du chat posée sous l’auvent, à même le sol, et tout aussitôt frapper ou plutôt gratter à la porte. J’ouvris et ne vis personne. Je refermai la porte, intriguée. Ce n’était pas Minette, ma chatte bien-aimée ; elle était couchée à côté de moi. Avais-je rêvé ? Mais non, ça grattait à nouveau. J’ouvris, baissai les yeux. Et là, il m’apparut pour la première fois, recroquevillé dans un coin. Une petite boule brune !
Profitant de la porte entrouverte, Minette approcha et la petite boule se mit à gonfler, gonfler, tout en émettant une espèce de sifflement sourd, signe de colère. J’attrapai prestement la chatte et l’enfermai dans la cuisine de peur qu’elle ne lui fît du mal. Je l’entendais maintenant manger les croquettes. À travers la vitre, je le regardais s’agiter, ses deux courtes pattes posées sur le rebord de la gamelle. J’ouvris doucement la porte et il ne s’enfuit pas. Au contraire, il me fixa de ses petits yeux vifs et ronds comme pour m’interroger. Je lui glissai une jatte de lait qu’il but avec avidité.
C’est ainsi que je fis la connaissance d’un jeune hérisson que je prénommai Arnold.
Dans un coin du jardin, sous des branchages, je lui fabriquai un abri de carton avec sa porte. Au lever du jour, à la tombée de la nuit, il venait régulièrement se restaurer et s’abreuver dans les gamelles de la chatte. Minette le regardait avec respect et Arnold s’accoutuma à sa présence. Jamais ils ne se cherchèrent querelle. Mais un autre chat survenait-il dans le jardin qu’Arnold se mettait immédiatement en boule puis à gonfler, prêt à l’attaque, émettant ce petit sifflement court, très aigu finissant comme dans une roucoulade. Les jours rallongeant, il apparaissait de plus en plus tôt pour ne revenir que de plus en plus tard. J’avais pris l’habitude de le guetter et de lui parler doucement. Je réussis même à l’apprivoiser suffisamment pour, de temps à autre, le caresser d’un doigt sous son museau pointu.
La saison s’avança tranquillement puis vint l’été et son ardent soleil. Arnold se réfugiait dans son abri, sous le feuillage que je lui renouvelais fréquemment pour en conserver la fraîcheur. Il ne réapparaissait que lorsque les rayons obliques du soleil venaient se briser contre la façade opposée.
Mais le ciel s’assombrit, la pluie arriva et le temps redevint frais. Les feuilles commencèrent à tomber. Pourtant Arnold continua ses visites encore quelques temps.
Une nuit, la température baissa et frisa les zéro degré.
Le lendemain, le soleil brilla encore faiblement mais en ce beau jour, il disparut.

 Marie-Thérèse


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