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© L'attente, Gérald Assouline |
Si la
neige était parchemin
Tu
écrirais ton histoire
Dans la
froideur du petit matin
Le corps
engourdi de sommeil
Mais
aussi et surtout
Des
fatigues de la veille
Au rythme
de tes pas
En long
filigrane
Sur les
pavés et le macadam
Qui mènent
à tes usines
Si la
neige était parchemin
Tu
écrirais l’histoire de tes fils
Sortis
tout droit de la nuit
Pour
s’engouffrer encore endormis
Dans le
trou béant de la mine
Dans
cette bouche
Dévoreuse
de lumière
Qui les
vomira, noirs
Dans le
noir revenu
Et
parfois lourd
De leur
souffle disparu
Si la
neige était parchemin
J’y
lirais la vie de tes filles
Inscrivant
de leurs pas
Furtifs
ou appuyés
Si la
neige était parchemin
J’y
lirais des danses
Et des
rondes d’enfants
Dans
l’insouciante désinvolture
De petits
hommes
Qui ne
sont pas encore mûrs
Si la
neige était parchemin
On lirait
en rouge sang
L’histoire
de tes fils assassinés
Pour
avoir cru l’espace d’un printemps
À ce
simple mot
SOLIDARITE
À ce
simple mot
LIBERTÉ
Christiane
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Au
premier coup d’œil s’impose une réminiscence de temps de guerre : celle
d’une ville sous alerte aérienne, avec ses rues désertes et ses immeubles aux
fenêtres sans lumière, le seul éclairage provenant de « cette obscure
clarté qui tombe des étoiles », dixit Rodrigue dans le Cid de Corneille.
Sous cet
angle, l’attente que doivent endurer les personnes réfugiées dans les abris, ne
serait-elle pas celle du coup de sirène qui annonce la fin de l’alerte ?
Cette
fugitive impression évoquée, on peut, après avoir scruté la photo, discerner en
bordure de celle-ci la minuscule silhouette d’une femme reléguée dans un coin
de rue.
Serait-ce
elle qui éprouve les affres de l’attente ? Que doit être pénible ce guet,
les pieds dans la neige. L’empathie que l’on peut éprouver est accentuée par
l’environnement en noir et blanc plutôt sombre ainsi que la solitude de ce
personnage dans ce cadre lugubre.
Emmanuel
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L’attente,
toute en espérance, est un tourment délicieux. La joie nous inonde quand elle
prend fin heureusement. Mais si l’attente est vaine, elle nous plonge alors
dans le trouble et le doute, la tristesse, parfois même le désespoir.
Cette
photographie en noir et blanc d’un fragment de paysage urbain semble réunir les
contraires : il a suffi d’appuyer sur le déclencheur pour immobiliser le
temps qui n’en finit pas de s’écouler… comme l’attente d’ailleurs. L’atmosphère
est sombre malgré la neige blanche. On est à la croisée de deux rues, mais
comme c’est difficile de circuler entre ces immeubles sombres et tirés au
cordeau qui barrent l’horizon ! Un personnage en bas, à gauche, fait les
cent pas au pied d’un feu tantôt rouge, tantôt vert. Est-ce lui qui attend ou
bien le photographe en vue plongeante sur le carrefour ? L’attente se
prolonge et dans la couche de neige qui s’épaissit peu à peu, il y a quelque
chose qui tient du linceul.
Si le
blanc de la rue est déjà Sali et balafré, celui des toits est éclatant…
quelques flocons voltigent encore, hésitant entre le gris blanc du sol et le
blanc lumineux des toits percés d’antennes. L’immeuble d’en face est à présent
emmitouflé dans la neige, apportant à ses pensionnaires un peu de chaleur, de légèreté
et peut-être aussi d’espoir : l’attente se prolonge… il va sûrement se
passer quelque chose, mais quoi ?
Françoise
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Ce coin
de paysage urbain semble comme figé pour l’éternité. Il s’en détache une impression
de sérénité. Seule vie : la neige. Elle tombe, lumineuse, transparente, en
petits flocons, s’amoncelant sur les toits de ces hautes maisons coiffées aux
murs noircis. Tout bruit est étouffé. Mais ce contraste clair-obscur souligne
aussi l’austérité de ce quartier dégageant un sentiment de tristesse. Rien ne paraît
bouger, même la boutique, en rez-de chaussée, reste fermée. La rigidité des
façades et la régularité presque militaire des fenêtres peuvent évoquer un
casernement. Malgré les antennes de télévision sur le toit, c’est la vision de
la pauvreté qui domine. Les cheminées ne
crachent pas de fumée. Elles ne sont
donc pas allumées. Et pourtant, il ne doit pas faire très chaud ! Est-ce une ville fantôme ? Non, les
immeubles ne sont pas abandonnés. Les habitants calfeutrés dans leurs appartements,
ont circulé dans ces rues ; pour preuve, des traces de roues : Celles
de bicyclette ou de charrette car leur
largeur n’est pas celle de voitures. Tout est immobile comme suspendu au temps
qui passe. Dans ce carrefour désert, minuscule et presque invisible, seul un
homme bien emmitouflé, plaqué contre le mur, attend sous un lumignon falot
accroché au mur. Il s’est placé juste sur l’angle des deux rues, peut-être pour
mieux se protéger le visage de la bise qui doit mordre ou n’est-ce pas plutôt
car il ignore d’où viendra ce qu’il guette : une personne ? un
véhicule ? Ce qui est sûr. C’est qu’il est là transi dans le froid et
qu’il attend !
Marie-Thérèse
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Bâtiments couleur de houille
comme dans le nord, porteurs de sinistrose et de silicose. Cette mort lente par
asphyxie, par manque de lumière me laisse nauséeuse. Face à ces blocs blocs
pointant désespérément au ciel leurs toits de zinc pentus recouverts de neige
et leurs antennes perdues dans la bouillasse du ciel, l'attente est de rigueur,
le risque d’embourbement dans la neige maculée un risque. Peut-être se
fera-t-on écraser par une énigmatique et fantomatique voiture. Il n'y a pas un
chat circulant dans ces rues mortes où l’on meurt de froid juste avec un pauvre
manteau battant les jambes de pantalon.
Je la
fuis cette ville fantôme avec ses yeux si encaissés au fond de leurs alcôves,
bien abrités dans ces loggias comme à l'opéra. Un temple sans musique et sans
joie. Personne aux balcons, cette maison de style n’est-elle désaffectée ?
Juste le froid qui frôle leur fer forgé et souffle comme un asthmatique le long
des façades de front. Un bloc aussi froid que le vent, droit comme un I sans
aspérité, ni relief, ni encore vie, n'offre à l'histoire qu'une légende qu'il
se crée de ses yeux sans rideaux, ni volets !Claudine
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Attendre que la neige fonde afin
d’effacer la grisaille, ainsi que la tristesse de cette ville mélancolique.
Que revienne la chaleur pour nous
réchauffer le cœur et nos mains violacées par le froid de l’hiver installé !
L’attente se fait longue, quelques
semaines encore dans la grisaille. Puis le soleil reviendra briller réchauffant
les rues et ainsi dégeler nos cœurs glacés.
Ceux-ci se remettront à battre. Les
chansons reviendront sur nos lèvres. Tout paraitra plus facile comme un titre
de la Comtesse de Ségur : « Après la pluie, le beau
temps. »
Mireille
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© J'aime les femmes qui lisent, Gérald Assouline |
Quel
plaisir pour cette jeune femme de se plonger dans un livre, à demi-étendue sur son lit pour oublier le froid qui mord, la nuit
qui angoisse ou l’ennui qui ronge. Quelle joie de gommer les soucis, d’oublier
la monotonie du décor et des jours qui s’écoulent, vivre enfin l’aventure à travers
le récit et s’échapper vers d’autres horizons ! Bien à l’abri dans son coin, la tête appuyée contre le bois du lit qui, faute
d’espace, est caché derrière un paravent et accolé au mur, elle lit. Une lampe
posée à même le sol, renvoie un halo d’un vif éclat, sur le plafond et éclaire les pages que la lectrice parcourt
avidement. Par contraste avec les couleurs sombres de l’environnement et de ses
vêtements, le chemin que la lumière dessine sur son oreiller et son visage,
traduit l’émotion intense qu’elle ressent. La blancheur de son bras, telle une
flèche illuminée, conduit avec force, le spectateur vers le livre, objet de
toute son attention. A travers ce jeu de lumières, le photographe nous avoue
son empathie pour ces femmes qui lisent.
Marie-Thérèse
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J'aime les femmes qui lisent et pour cause : elles ne causent pas comme
moi parce que je lis presque pas!
Une femme qui lit, c'est une aubaine pour un beau parleur, pour un paon ou un coq de basse-cour ! C'est une manne d'inspiration pour le phallocrate qui pond toute les cinq minutes une mauvaise blagounette sur la femme qui ose dire ce qu'elle pense, celle qui a souvent quelque chose à dire. Nous sommes aussi desservies de ce coté-là! Et les histoires de blondes sont fréquentes. Mais revenons à nos moutons.
La femme au livre est brune, à des paupières lourdes de femme sémite et des doigts enserrant comme un billet ou un morceau de pain : les pages de son livre ! Elle parait captivée, elle en dévore le contenu. Elle ne se laisse pas distraire lovée contre les oreillers de son lit à haut dossier. Tout respire chez elle la sensualité et la dualité : la lutte entre l'intellectualisme effréné et la libéralisation des mœurs...Noire à l'extérieur et blanche à l'intérieur.
Une femme qui lit, c'est une aubaine pour un beau parleur, pour un paon ou un coq de basse-cour ! C'est une manne d'inspiration pour le phallocrate qui pond toute les cinq minutes une mauvaise blagounette sur la femme qui ose dire ce qu'elle pense, celle qui a souvent quelque chose à dire. Nous sommes aussi desservies de ce coté-là! Et les histoires de blondes sont fréquentes. Mais revenons à nos moutons.
La femme au livre est brune, à des paupières lourdes de femme sémite et des doigts enserrant comme un billet ou un morceau de pain : les pages de son livre ! Elle parait captivée, elle en dévore le contenu. Elle ne se laisse pas distraire lovée contre les oreillers de son lit à haut dossier. Tout respire chez elle la sensualité et la dualité : la lutte entre l'intellectualisme effréné et la libéralisation des mœurs...Noire à l'extérieur et blanche à l'intérieur.
Claudine
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J’aime les femmes qui lisent, les hommes
et les enfants aussi.
Lire est une grande richesse pour
l’esprit
Une lecture bien construite éveille la
façon de voir les choses, donne à réfléchir. Elle nous place dans des
situations inimaginables par les intrigues des livres, nous préparant dans la
vie à affronter les aléas qui viendront nous surprendre.
Mireille
1 commentaire:
Je suis Gérald Assouline, et je tiens à vous remercier très sincèrement pour ces textes écrits, lors de l'atelier d'écriture...Ils me touchent tant ils sont délicats.
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