Histoires de voisinage, histoires d'humanité... Les voisins, c'est toute une histoire !
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C’est
il y a bien longtemps déjà. Ma grand-mère a, pour voisine, une charmante
anglaise de quatre-vingt ans. Je la revois, grande, mince, élégante, toujours
bien pomponnée. Ses cheveux gris argentés illuminent son visage sévère. Elle
porte de délicieuses robes très souples aux tissus clairs imprimés de fleurs
aux couleurs acidulées rose bonbon, bleu tendre ou violet mauve, ce qui nous
surprend fortement car dans le quartier, toutes les personnes âgées y compris
ma grand’mère s’habillent de noir, à peine agrémenté d’un col ou de parements
blancs. La couleur n’est pas de mise.
Ma
grand-mère vit, dans une de ces maisons anciennes, en pierre, à trois étages,
juste à l’angle de la place du donjon. A l’intérieur, un escalier de bois
étroit aux marches élevées donne accès, à chaque niveau, à deux petites pièces.
Dans la maison voisine, accolée à la
sienne, vit seule, au deuxième étage, Madame Graix. Elles se rencontrent
souvent et taillent une petite bavette sur le seuil de la porte.
La guerre
arrive et avec elle, les bombardements fréquents. « Vite, aux
abris ! » Ma grand’mère ne va pas loin. Elle a une cave souterraine
aux murs épais et voûtés. Il lui suffit de descendre. Mais Madame Graix n’en
pas. Elle doit rester chez elle, presque sous les toits. Surgit alors une idée
géniale ! « Creusons un gros trou dans le mur juste sous la
tablette de toilette et bouchons-le par un énorme oreiller ! Recouvrons-le
d’une taie imprimée presque similaire au papier peint du mur. A chaque alerte, vous
pourrez ainsi venir dans notre cave ! » Tel un furet, Madame Graix se
glisse agilement de son chez-soi, chez ma grand’mère et dégringole les
escaliers pour se mettre à l’abri. Et ce
petit manège dure pendant plusieurs années. Elle n’a pas besoin de sortir dans
la rue. Les soldats allemands sont là, sur la place. La situation est bien trop
dangereuse.
Un jour,
un obus tombe sur la maison voisine à la sienne et éventre un des murs de sa
chambre. Quelle frayeur que cette découverte en remontant l’alerte passée !
Et que serait-il advenu d’elle si elle
était demeurée dans son appartement ? Pour toujours, elle voue une infinie reconnaissance
à ma grand’mère. La guerre est finie. Une solide amitié unit les deux voisines.
Chaque année, je viens en vacances. Parfois, Madame
Graix nous rend visite mais je suis intriguée car je ne l’entends jamais sonner
ni monter les escaliers de bois qui pourtant craquent sous les pas. Un beau
jour, dans l’après-midi, je me trouve dans la chambre. Soudain, le petit rideau
sous la tablette s’ouvre, l’énorme
oreiller que je n’avais pas remarqué, disparait prestement et la tête de Madame
Graix apparait. Avec une agilité surprenante pour son âge, elle enjambe le trou
et se glisse dans la pièce. Son visage sévère se déride et elle sourit devant
mon étonnement
C’est
ainsi que j’appris l’histoire de ce voisinage et de cette amitié qui ne se
départit jamais au long des années. Ce n’est qu’après sa disparition que le
trou fut rebouché !
Marie-Thérèse
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Ma
voisine Marguerite est morte ce matin
Elle est
morte ce matin
Comme une
lampe s’éteint
Sans
bruit, sans se plaindre
Entouré
de ses bouquins
Elle est
morte ce matin
Dans la
tranquillité
Et la
misère du corps
Mais la
richesse du cœur
Elle est
morte ce matin
Avec pour
compagnon, un ami, le moineau
Qui
chaque jour vient au bord de sa fenêtre
Sans
collier ni attaches
Elle est
morte ce matin
Cette
grand-mère
Seule
À
Gentilly
Elle est
morte ce matin
Pourtant
elle a connu la richesse
Et mon
cœur crie la détresse
Car elle
a tout donné
Elle est
partie sans bruit
Sur la
pointe des pieds
Pour ne
déranger personne
Comme
elle était venue
Environ
un mois après le départ de Marguerite, une nouvelle résidente devint ma
voisine. Mme M. Elle venait d’Ivry et circulait en fauteuil roulant qu’elle
manipulait avec une remarquable dextérité. Son aide-ménagère était sa seule
accompagnatrice, ses enfants habitant Montpellier n’avaient pu se déplacer. Mme
M. était l’opposé de Marguerite :
bougon, peu aimable, elle réclamait sans cesse quelque chose. Au début de son
séjour l’aide-ménagère qui l’avait accompagnée venait souvent la voir, mais un
beau jour, elle n’est plus revenue. Mme M. s’est alors tournée vers moi ;
malgré son petit bonjour matinal accompagné de de ses six baisers sur le front,
elle frappait sans arrêt à ma porte pour me demander l’heure, pour relever son
store qu’elle ne pouvait atteindre ou descendre à la salle à manger à 10h du
matin. Le personnel a mis le holà : « Elle va vous tuer avec ses exigences,
laissez-la tomber. » De fait Mme M. s’est un peu calmée. Moi-même n’occupe
plus la même chambre. Cependant chaque jour, je passais dans la salle à manger
où elle restait seule tout l’après-midi en raison de son mauvais caractère.
J’essayais de lui parler un peu, quelquefois elle répondait mais n’oubliait pas
de me donner ces six bisous rituels sur le front.
Il y a un
mois, sa fille est venue la chercher. Au bout de deux ans, elle avait enfin
obtenu une place dans une maison de retraite près de Montpellier. En regardant
s’éloigner la voiture, je n’ai pu retenir les larmes qui me montaient aux yeux…
Oui, Mme M. malgré votre mauvaise tête, je vous aimais bien.
Christiane
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Voisins, voisines !
Proches ou pas…
Réguliers ou omniprésents ?
Voir résolument absents !
Et au bataillon : inconnus !
Mieux : Jamais aperçus
Ou à jamais disparus
Ou à jamais disparus
Par les commères de quartier.
Discrets ou gênants ?
Impossibles ou charmants ?
Leurs propos sont surprenants !
Ce sont souvent les absents
Qui ont tord !
Lors d’une réunion dans l’ascenseur !
Il faut toujours un fautif !
Quand par malheur,
En cas de panne et de réfection
Il faut payer les charges
Et monter les bras chargés, les étages.
Que de dos courbés, de genoux fléchis
Et de réflexions !
C’est la faute des voisins !
C’est bien connu !
« Si ce n’est toi, c’est quelqu’un des tiens ! »
Quand l’espace d’un pacte,
La solidarité craque dans un tract,
Elle passe en revue ses troupes vacantes
Et surtout disponibles et
bienveillantes.
Elle demande à son petit monde de s’entraider.
Elle souhaite tant que dans l’immeuble, on fasse la paix !
Du porte à porte et pour relater les faits : un écrivain.
Elle réclame de la présence au quotidien !
Ou simplement de répondre « présent »
Et de savoir qu’on existe, et au final, on est combien ?
Derrière chaque porte, il y a de tout !
Du froussard au curieux,
Du sans parole au teigneux !
En passant par l’indiscret
Et le trop discret !
Il y a les « je me mêle de tout, j’ai tout vu ! »
Il y a les « je n’ai rien vu, rien entendu ! »
Et du bout de leurs chaussons, s’en vont en courant…
Les « Je n’étais pas là ou je ne suis pas au courant ! »
Les « Vous savez, quoi ?!!! »
Pour finalement raconter
n’importe quoi !
Tout à coté dans les logements
Il y a des jeunes, des enfants
Et évidemment leurs mamans…
Des grands et des adolescents !
Des adultes entre deux-âges esseulés
Au mieux célibataires, en couples ou isolés,
Des anciens, des veufs et des retraités
Beaucoup de personnes âgées.
En gros des habitants !
Bien dans leur peau
Ou en plein désarroi…
Le voisinage c’est parfois
Un coup de Trafalgar
Du grand bonheur à l’effroi !
Nous sommes comme sur F.B
Ou sur les blogs, des soi distants amis
Voir des parfaits inconnus ou des relations…
Et plus si affinités…
Et quelquefois, il y a des tensions !
Nous ne sommes pas en pays conquis…
Ni en pays de guerre,
Mais des fois, c’est la galère.
Tout dépend des locataires…
Et de leur caractère.
On ne s'entend pas toujours comme larrons en foire...
C'est des dos que l'on voit le soir,
S'évanouir dans l'ascenseur,
Quand la fatigue est là
C'est des dos que l'on voit le soir,
S'évanouir dans l'ascenseur,
Quand la fatigue est là
On sent la douleur...
Celles des corps et des cœurs !
On sent la sueur…
S'évanouir dans l'ascenseur,
Puis, chacun et chacune chez soi.
Claquemurés entre deux parois
Bien cloisonnées...
Derrière le judas,
Les personnes âgées sont enfermées.
A croire qu'il n'y en a que pour ceux
Qui font la fête au rez-de-chaussée
Claquemurés entre deux parois
Bien cloisonnées...
Derrière le judas,
Les personnes âgées sont enfermées.
A croire qu'il n'y en a que pour ceux
Qui font la fête au rez-de-chaussée
Entre deux coups de perceuses,
Les nouveaux locataires creusent.
Ils annoncent la couleur,
Le jaja de la semaine
A coup de Pré fontaine
Entre deux Heineken
Entre deux coups à boire,
Entre deux coups de poings
Entre deux coups de gueule,
Autant sur une île déserte
Vivre seule !
Puis c'est la folie du samedi soir
Ambiance hard et rock and roll…
Les nouveaux locataires creusent.
Ils annoncent la couleur,
Le jaja de la semaine
A coup de Pré fontaine
Entre deux Heineken
Entre deux coups à boire,
Entre deux coups de poings
Entre deux coups de gueule,
Autant sur une île déserte
Vivre seule !
Puis c'est la folie du samedi soir
Ambiance hard et rock and roll…
On trinque, on vide les canettes…
Ca glousse, ça rigole chez « les minettes »
Ca beugle chez les fans de « Johnny.. »
Ailleurs, on écoute radio Nostalgie…
Ailleurs, on écoute radio Nostalgie…
« Du blues, toujours du blues « de Jonas
C’est « La vie en rose » d’Edith Piaf
Qui, dans le hit-parade des anciens, décoiffe
Ça chante et ça déchante au 4ème…
Entre Wagner et la Walkyries
C’est un concert de ressorts de lit…
Mais chez les jeunes, c'est le rap qui dérape,
Et le casque sur les oreilles, le son à fond,
C'est les anciens qui craquent et se morfondent...
Du matin au soir, on bout, on sature…
Alors, viennent les injures.
Mais chez les jeunes, c'est le rap qui dérape,
Et le casque sur les oreilles, le son à fond,
C'est les anciens qui craquent et se morfondent...
Du matin au soir, on bout, on sature…
Alors, viennent les injures.
Entre deux exclamations de voix,
Entre le chahut et les bruits de pas...
Entre le chahut et les bruits de pas...
Les grincements de l’ascenseur,
Les pas feutrés des voleurs,
Les portes qui claquent et la peur,
Les bris de bouteilles et de verres
Et les lourdes atmosphères...
Les bris de bouteilles et de verres
Et les lourdes atmosphères...
Les hurlements des propriétaires
De chiens bruyants et braillant
Se mêlant aux cris des enfants
Et ceux de leurs parents
Se mêlant aux cris des enfants
Et ceux de leurs parents
C'est l'assistante sociale
Ou l'agent de police
Qui à pas comptés, se glisse
Entre deux portes, dans l'interstice
D'une énième scène de ménage
Drame de la vie, injures et outrages,
Entre deux protagonistes,
Qui se battent comme des chiffonniers
Entre eux : des enfants hagards oubliés !
Alors, quand vient la grande fête...
Au fait, tu te souviens ?
Bien sûr la fête des voisins...
Personne dans le hall,
Personne ne vient
Bien sûr la fête des voisins...
Personne dans le hall,
Personne ne vient
Puis enfin arrive sœur sourire...
Elle fait son entrée, son cinéma
Personne n’est réfractaire…
Nous sommes tous frères
Enfin on peut rire !
Celle qui détend l'atmosphère
Celle qui relie les cœurs et crée des transferts !
Celle qui a décidé de porter le dernier coup
A la tristesse et au dégout !
Définitivement la rigolo- manie
S'installe et fait sa loi !
Les sœurs-soupirs
Et les frères-désespoir
D'ailleurs : "On en a marre !"
N'ont qu'à accorder leurs violons,
Nous on se marre !
Des danses de salons
Tango, valse et mazurka
Pourquoi, on ne danserait pas ?
Trismus et sinistrose
Nous on a notre dose !
Overdose ! Overdose !
On va les travailler au corps
Celle qui détend l'atmosphère
Celle qui relie les cœurs et crée des transferts !
Celle qui a décidé de porter le dernier coup
A la tristesse et au dégout !
Définitivement la rigolo- manie
S'installe et fait sa loi !
Les sœurs-soupirs
Et les frères-désespoir
D'ailleurs : "On en a marre !"
N'ont qu'à accorder leurs violons,
Nous on se marre !
Des danses de salons
Tango, valse et mazurka
Pourquoi, on ne danserait pas ?
Trismus et sinistrose
Nous on a notre dose !
Overdose ! Overdose !
On va les travailler au corps
Non ! Non ! Je ne perds pas le nord !
On va la mettre au point
Notre fête des voisins
Dans la gazette du coin !
Jeunes et vieux feront l'évènementiel...
La bonne humeur, c'est l'essentiel !
On va la mettre au point
Notre fête des voisins
Dans la gazette du coin !
Jeunes et vieux feront l'évènementiel...
La bonne humeur, c'est l'essentiel !
À bas les masques !
Vive la rigolo manie,
Vive la rigolo manie,
La gentillesse et la bonne compagnie
L'entraide et la sympathie
D'avance merci !
Au diable, toute cette hypocrisie
Qui sature les murs et les parois
De l'immeuble enfin endormi.
L'entraide et la sympathie
D'avance merci !
Au diable, toute cette hypocrisie
Qui sature les murs et les parois
De l'immeuble enfin endormi.
Claudine
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Des
récentes élections municipales se détache, en
mon voisinage immédiat, une singularité à connotation
« Tournesol ». En effet, réside, dans la même cage d’escalier que
moi, le maire-adjoint de Gentilly chargé, entre autres, des retraités et
seniors. Nous nous croisons fréquemment et échangeons force amabilités.
Au cours
des premières décennies de la « Cité » où je loge depuis plus d’un
demi-siècle, règne une ambiance très conviviale animée notamment par les
enfants qui fréquentent la même école primaire, se retrouvent en colonie de
vacances, s’ébattent sur une aire de jeux aménagée à leur intention dans le
parc alentour.
À cet
égard, il leur est formellement interdit de dévaler, en patins ou à bicyclette,
les allées du parc en dehors de cette aire de jeux qui leur est dévolue. Le
gardien, chargé entre autres de la discipline, dispose d’un moyen astucieux
pour sanctionner les éventuels délinquants : ceux-ci se voient privés de
leur tour de rôle dans l’arrosage du parc au moyen de la lance à eau. Ce gardien
fait preuve d’autres qualités aux beaux jours, lorsque la convivialité atteint
un summum à l’occasion d’un pique-nique improvisé dans le parc : il joue
de l’accordéon et se charge des grillades au barbecue, lequel dispute la
vedette à un tonnelet de beaujolais livré par l’ancestrale cave Fillot de
Gentilly.
Cette
apothéose en matière de voisinage demeure gravée dans la mémoire des
participants.
Emmanuel
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Les
voisins font partie de notre vie au quotidien, surtout si l’on reste des
trentaines d’années à chaque résidence collective.
Au fil
des ans, nous sommes mutuellement acteurs et spectateurs des joies et des
malheurs de nos voisins. Parfois au fil des ans, les évènements nous rendent
très proches par des confidences, des petits services rendus. On croit presque
faire partie de leur famille et ce sont des amis.
Puis un
jour, l’on part le cœur serré pour d’autres lieux, l’on se promet de se revoir.
Les
premières semaines, ils nous manquent, tous ces bruits, le son des voix, de
leurs pas, on croit les voir, les entendre.
Souvent
nous allons leur rendre visite. On passe de bons moments. On garde des
habitudes, l’on fait des courses ensemble, les sorties. Puis les visites et les
rencontres s’espacent au fil des jours. Certains partent ailleurs, d’autres
pour l’au-delà. Une ou deux personnes restent fidèles gardant des liens solides
éternellement.
Pour
d’autres même scénario, mais personne ne se revoit malgré trente années à se
côtoyer. Les mois, les années passent, personne, pas de coup de fil
téléphonique. On se rencontre par hasard, on s’embrasse, on échange des
nouvelles pendant un laps de temps. On promet de se téléphoner mais en vain,
toujours les mêmes prétextes pour ne pas se voir jusqu’au jour, rempli
d’amertume, on comprend que ce n’étaient pas des amis sincères mais juste des
voisins.
A méditer
avant d’être trop indisponible et croire aux amitiés factices qui souvent ne
sont qu’un leurre.
Mireille
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