dimanche 12 octobre 2014

SACHA GUITRY A DIT


Choisir une  de ces citations de Sacha Guitry et laisser aller votre plume.
-   « Ces mains qui fermeront mes yeux et ouvriront mes armoires. »
-    « J’ai la prétention de ne pas plaire à tout le monde. »
-   « Il y a  des gens qui parlent, qui parlent – jusqu’à ce qu’ils aient enfin trouvé quelque chose à dire. »
-   « Les femmes, on les a dans ses bras – puis un jour sur les bras – et bientôt sur le dos. »
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Ces mains qui fermeront mes yeux et ouvriront mes armoires.

Et si du plus profond du purgatoire, je te voyais fouiller ainsi dans mes affaires et me défaire de mes biens les plus chers... Que pourrais-je faire au milieu des flammes à rôtir éternellement comme un poulet écervelé ? Que te dirais-je qui te ferait réfléchir et t'inciterait à fléchir, à abandonner cette quête jamais assouvie. De tes doigts tordus par le désir, tu brûles de découvrir ainsi moult objets d'art et valeurs qui ont tant compté en mon cœur. Et si ton regard s'abaissait sur ces lignes que je t’incite vivement à lire pour t’en imprégner. Lignes de ta main que tu as refusées à cette diseuse de bonne aventure qui t’avait depuis longtemps décrypté ! Ces grandes lignes de ta vie transparaissant à travers le champ opaque et trouble de tes yeux avides, seulement tournés vers le mal et ce bien se vendant au prix de l’or. Tu n’as que faire de ces autographes que, par milliers, j’ai dédicacé de mon vivant. Seules t’intéressent les œuvres signées qui peuvent te rapporter.
Tu ne souhaites que faire de l'argent. La culture et la pérennité tu veux en toucher les droits d'auteur éternellement. T'accaparer ainsi mon vécu et ma destinée serait de la pure hérésie, tu n'en as ni l'étoffe, ni l'aura. Tu laisses ainsi libre cours à tes préoccupations résurgentes du moment : me voler. As-tu pensé en faire donation à un musée, avant d'en faire négoce au plus offrant ? Vas-tu observer mes dernières volontés en découvrant ce testament qui repose par voie notariée tranquillement au fond d’une étude, justement dans un tiroir ? Cachetée? Vas-tu t’ interposer et le revendiquer ? Vas-tu t’y opposer et ne pas me permettre de vivre post mortem ma notoriété que toute ma vie durant je me suis attelé à cultiver ? Vais-je découvrir par voie spirituelle  que l’on m’aurait oublié ? Vas-tu salir ma réputation et éditer un de ces livres où je n’aurais plus aucun secret caché dans les tiroirs et les placards ? Me laisserais-tu vivre dans l’esprit et les pensées de mes fidèles admirateurs ? Lecteurs d’antan, internautes d’aujourd’hui, passionnés d’hier et de demain qui par coupures de presse et dédicaces sur internet ont appris et apprendront mon décès. Ils me découvriront ou me feront connaître, et de par leurs yeux curieux s’imprègneront de tout et de rien pour se faire une idée de ma personnalité entretenue par une presse plus ou moins bien intentionnée.
Je te fais don ainsi de tous mes biens avant même que tu prennes connaissance de mon testament. Mais sache que je suis endetté jusqu'au cou et qu'il te faudra d'abord rembourser banquiers, créanciers et Trésor public pour enfin pouvoir te pavaner et espérer vendre cette demeure qui aurait besoin d'être refaite de la cave au grenier. Avant de pouvoir faire peau neuve, sache que tout a été répertorié par les huissiers. Mais si toutefois après avoir payé les frais de notaire, tu règles factures anciennes et à venir que j'ai gentiment adressées à ton nom, je te serai infiniment reconnaissant du fond de mon enfer. Alors, tu me voueras une éternelle reconnaissance et j'apprécierai de là-haut cette pénitence que je vivrais avec délectation au paradis des spoliés, loin des tentations terrestres et de leur rapacité. Loin de leur monde de vautours harangueurs, arnaqueurs et alpagueurs. Loin des sollicitations et des intérêts.

Claudine
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Ses mains m’ont fermé les yeux. Il était 17h15 en cette soirée d’automne. Quelques minutes avant, elle me tenait les mains en me rassurant ; je savais que mon heure de quitter cette terre était arrivée. J’avais peur de l’inconnu et de quitter la femme que j’aimais, tous les petits bonheurs terrestres malgré ce monde qui devenait de plus en plus cruel.
Je ne sentis rien ; je flottai à hauteur du plafond au-dessus de mon corps inerte qui n’allait pas tarder à se refroidir.
Ma compagne me caressa les mains, se leva, ouvrit notre armoire avec un sang-froid que je ne lui connaissais pas.
Elle prit un sac dans lequel elle déposa ses bijoux ainsi que les miens et quelques objets de valeur m’appartenant. Elle prit mon chéquier et ma carte bleue dans le tiroir, me baisa tendrement le front en me disant : « je reviens vite » comme si de rien n’était.
Je l’ai suivi en flottant dans l’air ; j’étais devenu une âme sans corps. Elle déposa le chèque à la banque daté de la veille qu’elle venait de remplir et signer en mon nom puis retira de l’argent avec ma carte. Elle gardait la tête froide.
Je n’étais même pas en colère. J’avais 22 ans de plus qu’elle. Quand je l’ai connue, elle avait dix-sept ans.
Les enfants de mon premier mariage que je vois rarement vont venir tout chambouler chez moi pour prendre le maximum. La nouvelle femme qui partage ma vie me voue une admiration exagérée. Elle m’a apporté jusqu’à ce jour amour et tendresse et je lui en sais gré, elle au printemps, moi en hiver. J’approuve ses gestes car elle ne fait que prendre ce que je lui destinais avant que les vautours arrivent en demandant des comptes.
Elle revint auprès de mon corps en faisant part de son immense chagrin. Je voulus la croire. A minuit, elle prévint les personnes à prévenir. Les pompiers arrivèrent rapidement. Elle resta à mes côtés pour me veiller lorsque mon fils arriva en pleurant, attristé de la mort de son père. C’était le seul qui venait régulièrement à la maison, une grande complicité s’était installée entre nous et ma compagne. Ils ont quinze ans de différence mais se comprenaient à mi- mots. Je flottais dans le couloir quand je les vis enlacés qui s’embrassaient en pleurant.
Je compris la cruauté de la vie qui fait que ceux que l’on aime le plus, qui ont notre confiance absolue nous trahissent.
Mais qu’importe, je ne peux parler de vengeance, je ne suis plus de ce monde, mon absence leur sera moins dure emportée par leur amour. Je vais voir les charognards arriver. Je serai étonné de constater que certains ont de la peine. Mais où vais-je, où vais-je ?
Cela m’aura servi d’écrire une histoire à partir d’une phrase : Merci Sacha

Mireille
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Ces mains qui fermeront mes yeux et ouvriront mes armoires

À l’approche de la Toussaint, cette citation évoque la mort que je me refuse de voir tristement ou de façon mercantile comme Sacha Guitry.
Amis quand je ne serai plus, vous me manquerez. Aussi que mon enterrement soit bref, sans discours. Ce jour-là, écoutez des musique et lisez des poèmes. buvez des chants de joie, de naissance, de vie, d'espoir, , je les écouterai. Puis retournez chez vous et dégustez du vin, du meilleur, sans mot dire, juste en vous souvenant des fois où nous avons trinqué ensemble.
Mettez-moi, mes amis, en un lieu montagneux si possible d’où je vous verrai vivre, d’où des engins terrassiers n’auront pas accès trop vite. Que je m’en aille en paix, qu’on me laisse le temps : je ne suis pas pressée. Ne mettez pas sur mon ventre une pierre car granit ou ciment sont trop froids. Je veux que le soleil me chauffe un peu. Je veux sentir la pluie couler sur mon visage.
Sur ma tombe de terre, amis, plantez un arbre fruitier. En me décomposant, je lui donnerai vie et il s’élèvera bien beau, bien vivant. Il bercera des gamins turbulents dans ses branches. Ses racines me cloueront, confondue à ma terre parisienne.
Vous pourrez de temps en temps venir me tenir compagnie, comme tous les oiseaux du ciel nichés dans ma chevelure verdoyante, mais ne venez point trop car la vie suit son cours.
Ne m’amenez pas de fleurs coupées ni ces horribles mascarades de plastique qui les singent. Laissez plutôt couvrir ma tombe d’authentiques fleurs sauvages. J’aimerais éviter d’être un mort inutile. Tout comme je le fus durant ma vie. A chacune de vos visites, s’il vous plaît, cueillez sur mon arbre un fruit et mettez-le en terre, au moment venu pour qu’il devienne arbre à son tour et qu’il donne des fruits.

Christiane
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 « Il y a  des gens qui parlent, qui parlent – jusqu’à ce qu’ils aient enfin trouvé quelque chose à dire. »

Samuel ne supporte plus sa sœur Sandra. Il lui reproche d’être trop bavarde ! Et encore si elle parlait pour dire quelque chose mais non, elle ignore ce qu’est la concision. Dès le matin, ce sont des interminables discussions. Veut-il aller à la salle de bains ? Elle commence par lui dire qu’il doit se presser car elle a son brushing à faire. Ne va-t-elle pas rencontrer son petit ami au collège ! Et la voilà lancée dans un grand discours pour lui expliquer qu’elle doit se faire belle pour lui plaire surtout qu’il risque de lui préférer une petite peste qu’elle déteste. Et que pour ce faire, elle va avoir besoin de temps ! Comme s’il ne le savait pas d’avance ! Il essaie de lui couper la parole et sent qu’il va perdre patience. Chaque matin, c’est la même ritournelle. Il lui faut surtout entrer dans la salle de bains avant elle. Ca y est, il a réussi à y pénétrer mais guère à l’interrompre car, même la porte refermée, elle continue à lui commenter ce qui se passera peut-être à l’entrée du collège. Samuel n’en a cure ! La douche lui fait du bien et le calme. Il se met même à rire doucement sous cape en entendant Sandra demander à leur mère d’intervenir car elle ne peut faire sa toilette.  Samuel occupe les lieux et pourtant ! Elle aura besoin de temps pour faire son brushing ! Et bien sûr arriver à l’heure au collège. Le temps passe et elle poursuit son discours sans pour autant faire quelque chose.
A peine est-il sorti que Sandra s’exclame : « Enfin, tu as été bien long, mais qu’est-ce que tu as pu faire pour mettre autant de temps ? » Samuel s’abstient de lui répondre et se sauve en courant dans sa chambre. Et bientôt s’éloigne tout à fait de ce flot de paroles en prenant le chemin de l’école. Il ne la retrouvera que ce soir.
Sandra a toujours quelque chose  à raconter. Le moindre petit détail lui donne matière à un long roman.
A-t-elle rencontrée la voisine en revenant à la maison ? La voilà qui vous informe sans même que vous lui demandiez : « Mme Simon a mis sa belle robe rouge, tu sais, celle qu’elle avait à la réception de la préfecture et ses nouvelles chaussures noires à haut talon. Elle est allée chez le coiffeur car pour une fois, ses cheveux étaient bien maintenus, elle qui les a toujours un peu fou-fou dans la figure. En fait je crois qu’elle revient de chez le notaire. Je l’ai entendu dire à Mme Petiot qui l’accompagnait, que la maison de son oncle était sur le point d’être vendue…. » -« Peux-tu te taire un peu lui dit maman, je n’aime pas t’entendre cancaner de la sorte, une vraie concierge ! Et tout ceci ne nous concerne pas. » 
Dépitée, Sandra se précipite dans sa chambre et attrape son portable qu’elle décroche. A travers la porte, Samuel l’entend parler pendant des heures jusqu’à l’heure du repas !...
Maman lui demande comment s’est passée la journée au collège. Elle reste très évasive sur les cours sauf une ou deux critiques sur tel ou tel professeur ou élève mais surtout, elle se lance très vite sur le récit du repas à la cantine où elle s’est bien amusée avec son amie Muriel. Elle devient intarissable et parle, parle au point que plus personne ne l’écoute. Maintenant, elle commente la sortie. Elle a ou n’a pas fait un bout de conduite à son petit ami du jour. « Comment s’appelle-t-il, déjà ? » lui lâche insidieusement Samuel.
Sandra se rebiffe devant la pique envoyée par son frère et la voilà repartie de plus belle sur un autre registre. «Tu le fais exprès, tu te moques de moi, je viens de le dire. D’ailleurs comment le saurais- tu ?, tu ne m’écoutes même pas. Tu es méchant avec moi et patati et patata. »
Heureusement, le repas est fini et Samuel s’esquive dans sa chambre où il met la musique, casque sur les oreilles. « Comme ça, je ne l’entendrai plus » pense-t-il « mais comment peut-on à ce point parler pour ne rien dire » se demande-t-il tout en se mettant à chantonner. 

Marie-Thérèse
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Les quatre citations de Sacha Guitry me confortent dans le sentiment d’abjection que j’éprouve à l’égard de leur auteur et qui frise la nausée.
Quelle suffisance dans cette autosatisfaction qu’exprime la seconde, la critique étant dévolue à autrui dans les trois autres citations. Pour ce qui est de la première, sont trainées dans la boue rien moins que ses plus proches appelés à fermer ses yeux pour se précipiter aussitôt à ses armoires. Enfin que dire de ce jeu de mots de la quatrième citation ? Il pue une misogynie de très bas étage !

Emmanuel
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Ils ne connaissaient rien de sa vie ni même ce qu’il avait souffert, seul dans son petit deux pièces qu’il avait tant de difficulté à tenir propre à la fin de sa vie. Il lui était si pénible de se baisser, de frotter et même d’essuyer. Parfois, le chiffon lui tombait des mains et il lui fallait alors le ramasser. Il suait à grosses gouttes pour cet effort devenu pour lui colossal. Mais jamais, il ne recevait de visite de sa famille. Il y avait si longtemps qu’il s’était brouillé avec sa sœur et encore plus avec son demi-frère.         Il ne connaissait même pas ses neveux. D’ailleurs pourquoi ce seraient-ils intéressés à lui, il était considéré comme un miséreux. Il n’avait pas grand-chose à donner et puis ces neveux, les services sociaux les avaient retirés très jeunes à leurs parents lors de leur séparation alors, de leur vieil oncle, il n’avait qu’une très vague idée ! Pourtant quand la rumeur se répandit qu’il venait d’entrer à l’hôpital, tous cherchèrent à s’informer. Tarderait-il à mourir ? Laisserait –il un petit trésor car pas question pour eux de dépenser un centime pour l’enterrer. Par contre, si jamais ils pouvaient récupérer quelque chose, sait-on jamais, ils se devaient d’être présents à ses derniers moments.
Sorti de l’hôpital, le vieil oncle ne tarda pas à mourir mais,… chez lui ! Personne ne fut là pour lui fermer les yeux. Il s’écroula simplement derrière la porte et c’est un voisin qui appela la police, ne le voyant pas aller chercher son pain comme chaque matin. Il fallut bien pousser  la porte pour le rejeter un peu plus loin dans la pièce. Et les services de Pompes Funèbres mandatés par la ville, l’installèrent  au milieu de la pièce, dans un cercueil de pin tout simple, sans poignées, sans inscription aucune.
Aussitôt su, aussitôt arrivés. Ils étaient là, groupés se serrant les uns contre les autres à cause de l’exiguïté des lieux. Mais ils ne pensaient guère à l’oncle et sans aucune décence, ils détaillaient les quelques meubles qu’il avait possédés. Ils commencèrent même à se disputer. « -Moi, je prends la cuisinière, disait l’un et moi le frigidaire, dit un autre mais non, c’est à moi, dit la sœur. Prenez plutôt, les étagères si vous voulez ! Et sa montre, réclama un troisième. Il avait bien une montre. Ce n’est pas pour toi, tu es une femme. Et moi, j’emporte les assiettes et les verres. Pourtant, il n’y en avait guère ! Il avait bien quelques vêtements aussi déclara le dernier ouvrant bruyamment les armoires et les tiroirs. Ah, cette salopette en jean ! Et ces chemises : ce sera très bien pour moi. »
 Je crois bien que l’appartement avait été entièrement vidé avant même que le cercueil ne l’eut quitté et qu’il eut rejoint sa dernière demeure. D’ailleurs, il ne fut suivi que par la sœur. Les neveux, venus de loin, devaient vite repartir. Ils n’avaient pas de temps à perdre pour l’accompagner. Ils se quittèrent non sans réclamer à leur tante de bien leur envoyer le détail de tout ce qu’il pouvait posséder à la banque, et surtout de ne faire aucune dépense d’aucune sorte. L’enterrement fut donc des plus simples et des plus rapides. Les pompes funèbres durent réclamer à la banque le paiement de leurs frais, juste ce qui était légal et auxquels nul ne pouvait se soustraire !  Le cercueil disparut à jamais, sans trace aucune, sous un petit monticule de terre qui peu à peu se tassa.

Marie-Thérèse

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