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Grégoire est
un petit garçon de trois ans. Quelle joie pour lui quand le soir arrive, que le
ciel s’habille de noir et d’étoiles, installé dans son petit lit, quand sa
maman prend un grand livre dans l’armoire, puis sort son doudou d’un tiroir et
vient s’assoir sur le lit près de lui.
De sa
voix douce, livre ouvert sur un grand mouchoir posé sur ses jambes pour ne pas
altérer la beauté de l’ouvrage, elle débute l’histoire qui se passe dans une
ferme ravissante où les oiseaux, moineaux et roitelets, chantent tout le jour,
picorent poires, pommes et graines, où les oies et les poules cherchent de petits
vers, où la fermière donne à boire à certains, du foin ou du grain à d’autres,
où le mois des moissons est un moment de fête pour tous les habitants et tous les
voisins. Voilà un temps attendu avec espoir et joie par les enfants qui vont s’assoir
par grappe sur le toit des tracteurs qui avancent doucement. La moissonneuse
coupe les champs dans un nuage de poussière, ramasse le grain frais et laisse
la paille. Avec les gerbes, les petits fabriquent des « cabanes » et
là, ils peuvent jouer en toute tranquillité, manger des noix et noisettes et
quelque fois, sous la moiteur et la chaleur, avoir des boissons fraîches…
Des moments
heureux qui laissent coi et rêveur le petit Grégoire qui aime tant les animaux
et cette vie à la ferme ! Ah, si seulement il avait le pouvoir de s’y
transporter !
Mais voici
que le voile du sommeil se pose sur les paupières de l’enfant, aucune angoisse
ne viendra perturber son sommeil. Le pouvoir de l’histoire lui donnera des
rêves enchantés. La nuit sera paisible pour ce petit garçon qui est un roi dans
le cœur de sa maman…
Valérie
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Au
Moyen-Âge
Sous la
loi salique règnent sur notre territoire les Valois, rois de droit divin qui
s’entourent de moines siégeant en auditoire.
Trois
d’entre eux s’avèrent sans foi ni loi. Même s’il fait froid dans la moiteur du
soir, ils s’évadent parfois du dortoir pour aller oisivement déambuler dans le
noir au promenoir en se racontant des histoires où, libres comme des moineaux,
on fait la foire dans la paroisse sitôt franchi l’octroi de la ville de Blois.
Défroqués,
ils se trouvent tous trois en grand désarroi et, sans émoi, empruntent la voie
du péché sous tous les toits, vivant en hors-la-loi mais restant courtois à
l’égard de bourgeoises sans voile et au doux minois.
Se
refusant à vivre en voyou, l’un des trois ex-moines trouve un emploi dans le
cadre de tournois, au service d’un baron en pleine gloire, moissonnant les
victoires. Un autre devient bonimenteur de foire, tandis que le troisième
s’enferme dans sa tour d’ivoire.
Emmanuel
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C’est le
mois de la moisson. Pour une fois, les trois joyeux lurons choisissent comme
loisirs, d’aller à la foire. Ils prévoient de dénicher mais c’est
aléatoire, un racloir et un arrosoir sur
le présentoir de Grégoire. Après le sens giratoire obligatoire, pourquoi ne le
voient-ils pas ? Ils louvoient sur la voie étroite qui poudroie. François
aperçoit, des voiles de soie sur un perchoir, tel un séchoir. C’est Grégoire
qui s’est éloigné provisoirement sur le promontoire, près du beffroi pour
se prévaloir d’un
grand territoire, pouvoir se mouvoir et accroitre ses avoirs. Il
dévoile sur des toiles :
Bassinoires et rôtissoires voisinant avec un dévidoir, une balançoire et même
une pétoire. Dans une armoire sans tiroir, s’entrecroisent passoires et écumoires,
poêles et bouilloires, grilloirs, entonnoirs et égouttoirs. Que d’accessoires
bien nettoyés ! Hélas, pas d’espoir, pas d’arrosoir ! Quel
déboire !
A côté,
Godefroy choie les oisillons et les oiseaux mais pas les poissons et leurs
nageoires. Il leur broie du grain et il emploie une vieille baignoire comme abreuvoir, réservoir d’eau. Moineaux et
roitelets boivent assoiffés.
Pour la
troisième fois, Benoit appelle Antoine et l’empoigne. Ils revoient dans le
voisinage près du square verdoyant, la paroi du laboratoire qui côtoie le
prétoire où s’est déroulé, c’est la loi, le plaidoyer d’un voisin au loyer
impayé.
Toutefois,
ce soir, c’est la foire. Devant un auditoire pantois qui reste coi, au son des hautbois, il s’y déploie … Quoi ? Un convoi d’autrefois.
Ouah ! C’est un exploit ! Des palefrois et un charroi, un roi qui
vient s’asseoir et s’appuie sur l’accoudoir. Des demoiselles au beau minois se
joignent à lui. Sautoir d’ivoire, jupes
chatoyantes ondoyant sur le sol, elles ploient sous le poids d’une croix. Sans
s’émouvoir, le roi la reçoit puis les toise et les renvoie, d’un mot en patois
du terroir.
Waouh,
waouh ! Un chien en tapinois, se
met à aboyer. Une oie pleine d’effroi tournoie dans les airs. François ne voit
que trop tard sa trajectoire et
maladroit, heurte Eloi qui, sur le trottoir, un vrai butoir, choit de tout son
long. Il a mal au doigt! Il saigne. Vite un
mouchoir ! Il va falloir le soigner !
Mais il
va pleuvoir. Tous se redéployent sous le toit d’ardoise du conservatoire, autrefois
manoir, un film, une histoire comme en
pochoir, des ombres chinoises de jaguar, de chamois et de sournois putois puis
de quelques moines lisant des grimoires sur des écritoires. D’autres
vont au parloir, voir des voyageurs de Samoa qui au réfectoire reçoivent
des boudoirs et une boisson. Ils ont froid. Mais vouloir un foyer non
rougeoyant mais flamboyant en été c’est illusoire, même incroyable !
C’est le
soir, il fait noir. Alors, au-revoir !
Marie-Thérèse
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Voici une
histoire d’un territoire de banlieue. Sur mon balcon, entre les plantes, dans
le rougeoiement d’un soleil du soir, j’aperçois une toile d’araignée ;
cette dernière déploie ses fils de soie en un voile où bientôt une proie de
prendra. Dans la moiteur d’une nuit noire maintenant arrivée, un chien
aboie ! Faut-il s’en émouvoir ?
Ses
aboiements plaintifs réveillent ses congénères. Voici un voisin canin qui
s’octroie le droit de se joindre au concert.
Ces voix
insolites nous éloignent de la rumeur habituelle des voitures.
Josiane
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Magloire
se préparait pour partir à la foire du village. Victoire, sa femme, avait
revêtu sa jolie robe de moire lilas. Elle demanda à son mari en se regardant
dans le miroir de vérifier le fermoir de son magnifique sautoir. Ensuite
s‘étant exécuté, il se dirigea vers l’armoire pour chercher sa cravate noire
dans le tiroir mais il ne trouva qu’un grimoire. Il alluma une bougie en forme
de poire qui se trouvait sur le bougeoir de Crystal. Il mit dans sa poche un
mouchoir et ayant retrouvé sa cravate, le couple s’apprêta à partir mais en
s’attardant un instant devant la volière dans laquelle les oiseaux sifflaient
gaîment en sautant du plongeoir dans la baignoire dans laquelle ils
s’ébattaient.
Il y
avait de la joie dans l’air. Ce soir, le couple partit plein d’entrain en
pensant à la fête au bon cidre qu’ils allaient boire en écoutant les flonflons
du bal qui les feraient danser, enlacés tendrement.
Mireille
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Ce soir,
les étoiles scintillent dans le ciel bien noir où un croissant de lune semble
nous dire « au revoir ».
Avant de
traverser en voiture un petit bois de résineux, nous respirons un peu l’air
imprégné de cette odeur suave. Nous avançons lentement sous le toit sombre
offert par la nature.
À la
sortie du bois, nous nous trouvons près de la place du village où doit se
dérouler une veillée de noël en plein air. Des guirlandes aux ampoules
multicolores relient les maisons aux
branches des arbres et les arbres entre eux. Beaucoup de villageois des
environs sont là. « Bonsoir, mon vieil Eloi, comment vas-tu ? »
« Et toi Benoît ? Depuis la dernière foire où nous nous sommes
croisés »
Les
femmes de leur côté témoignent de leur joie en exhibant leur toilette neuve
pour l’occasion. En effet c’est la première fois que le nouveau curé chargé de
vingt-trois clochers a eu l’idée d’organiser une fête commune pour la veillée
de noël. Nous sommes en Poitou et il ne fait pas froid, alors pourquoi ne pas
installer une crèche vivante dehors.
Une
étroite cabane de planches a été adossée contre le mur de l’église. Une
véritable étable y est installée. Rien n’y manque : paille, foin,
instruments aratoires, sans oublier la mangeoire dissimulant sous la paille des
bouilloires pleines d’eau chaude. Tout est prêt sauf la chorale d’enfants
animatrice… Ah, les voici ! Bergers et bergères jouant de la flûte et du
pipeau. Ils sont accompagnés soit d’un mouton, d’une brebis, d’un chien et même
d’une oie. Les animaux se couchent aux pieds de leurs maîtres. Juste derrière
eux, avance lentement un homme aux cheveux poivre et sel, il guide un petit âne
boiteux et une vache aux poils roux. Il les installe de chaque côté de la
mangeoire, alors que la chorale entonne « Entre le bœuf et l’âne gris ».
Voilà qui
paraît, toute recueillie, Marie vêtue d’une tunique de toile blanche couverte d’un long voile
bleu. Elle porte dans ses bras son cher petit roi emmailloté de langes.
Quoiqu’elle fasse Joseph est là, près d’elle, pour la soutenir. Une jeune fille
s’incline avec foi devant la mangeoire et y dépose son précieux fardeau. Les
cloches sonnent à toute volée tandis que la foule chante « Il est né le
divin Enfant » pendant que par poignées voltigent les confettis.
On se
pousse, on se bouscule pour entrer dans l’église beaucoup trop petite pour
contenir cette cohue. Ma foi, pour une fois on restera dehors et on chantera la
paix, la joie en se serrant les coudes.
Christiane
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Près du
petit bois dans sa niche, du dortoir et du boudoir
dans un vieux Manoir, Grégoire le "wawa"
dans le noir, aboie. Il est aux aboies
! Aurait-il repéré une proie cet animal sans foi ni
loi à la toison
de poils
poisseux? Malgré l'éloignement, cet aboiement comme une voix perçante traverse
les parois, jette l'effroi et résonne
lugubre comme un pressentiment mettant son environnement en émoi. Le maître des
lieux qui faisait la loi appelé "St Eloi"
cité ainsi paradoxalement avec son manque de foi notoire ne
disait jamais au revoir à personne. De son encensoir,
le moine entouré de ses ouailles, quittant le parloir,
lui avait donné l'extrême onction selon le bon vouloir de cet
incroyant impénitent. Le pouvoir de
l’ecclésiastique croyant en sa bonne étoile, à joué sur les dernières
volontés du mourant qui pourtant décriait et parlait de la maison de dieu lieu
pourtant où il faut croire «comme d'un mouroir d’idées"
! Dans une belle trajectoire, un peu comme une balançoire,
l'abbé Issoire, décrit un mouvement
ample de sa main moite. Les bavards du coin avertis depuis peu par
les aboiements de ce braillard de WAWA :
« Le Briard », hurle à la mort ! Voisins, voisines, shootés
au kawa, se pressent par pure curiosité, mais faute d'entrevoir
la dépouille mortelle ne semblant pas s’émouvoir
plus que cela. Issoire en reste coi !
La petite troupe semble se mouvoir
vers la sacristie où repose le corps. Mais faute de le voir, et ne de même pas l’apercevoir
de façon même dérisoire, ils restent dans le couloir dans le noir.
Ils font un signe de croix sur leur
poitrine, ils ne savent quoi croire.
Sans blasphémer : « c’est quoi ce foutoir ! Nous avons la poisse.
Il faut garder la foi ! Nous
avons fait notre devoir »
S’exclame Renoir. Inutile de mettre
du poivre sur le « feu mon
seigneur » ! Ils raconteront l'histoire, en
la gardant dans leur mémoire. Allez savoir ? Sur le
chemin caillouteux, un oisillon tombé de son perchoir, un
petit roitelet voulant certainement atteindre la mangeoire,
croyant
certainement en sa belle étoile, piaille ses déboires
sur une branche basse dans un noisetier de teinte brou de noix dont
les futures noisettes commencent à enfler. Renoir, l’installe
près de l’abreuvoir, là où tous les
oiseaux viennent y boire et y choir pour
faire un brin de toilette, chassant ainsi les oiseaux sur leurs balançoires en bois de noisetiers. Le
chemin serpente jusqu'à un verger où de grands noyers qui donnent
de belles noix qui iront dans le
grand séchoir. Dans la moiteur
de leurs haleines liées dans une belle journée d’automne. Ils s'épanouissent sur le domaine du feu
"seigneur à la noix". Charmant sobriquet donné comme un
avaloir par les villageois, certainement pour
le prévaloir. Ce petit chef se prenant pour un
roi et de plus marchant de guingois, les toisaient d'une
façon narquoise au détour d'un chemin, quand il les croisait.
Son regard pesait de tout son poids plus particulièrement sur
Edouard, l'un d'entre eux qui dormait comme un loir,
enserrant de son bras dans son sommeil une poêle lui servant d'accoudoir.
Côtoyant le chemin creux, en arrivant au village, on entrevoit
le lavoir. L’hiver venu, avec les grands froids,
il faut rompre la glace. Du fond des chaumières, sous les toits
d'ardoise et de lauses, les poêlons sur le
poêle mène bon train et l'odeur du foie de canard, pur
produit du terroir, fleure bon
arrivant chez les voisins par la fenêtre aux croisillons
ouverts. Devant les portes un écritoire où est inscrit :
"Vient donc me tenir le crachoir, ici y'a de la joie
! Je te ferai gouter de ma poire ! " Sous
entendu que ce sont de "bonnes poires" en somme ces villageois
! Et évidemment ! Il y a du beau monde sur le trottoir, près
du saloir et de ‘abreuvoir…euh du dessoûlloir ! En état d’ébriété avancé, sitôt
rentrés chez eux en louvoyant et gouailleurs, ils s’écroulent dans leur baignoire respective les jours de grandes
foires ayant évité de peu la grande armoire. Mais Histoire de
garder la tête haute, face au miroir du placard, la coiffure
en pétard et l’œil furibard, ils font
peine à voir : un mouchoir sur la bouche et l’œil au beurre noir en pochoir!
Comment ne pas décevoir leur femme une fois de plus qui serait en mesure de se
moquer…de leur poire et de leur rappeler à leurs poivrots de mari
qu’ »il n’est pas ben de trop boire pour la gloire
au point de plus rien voir! »
Claudine
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