mercredi 25 mars 2015

LE PIGEON



Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre… Tendres pigeons aux petits pois qui régalent nos palais. Ces oiseaux tiennent une place particulière dans notre vie. Les pigeons voyageurs qui transportent des messages vitaux à travers tout le territoire et qui, en temps de guerre, se font résistants de communication. Ils portent aussi l’Amour aux belles qui échangent un romantique courrier par leur intermédiaire.
Chaque parc a ses pigeons. Ils amusent petits et grands qui leur donnent des petits morceaux de pain ou de gâteaux. L’un arrive, un peu méfiant puis succombe à la tentation ; suivent deux ou trois de ses congénères, tout en gardant une certaine distance, puis se pressent parfois une vingtaine d’oiseaux dans un surprenant bruit d’ailes.
Avec du temps et de la patience, il y en aura toujours un plus confiant qui s’approchera vers vous et mangera le morceau de pain sur votre chaussure. Satisfaction !
Sur les bords des bassins au printemps, messieurs les pigeons  arrivent, plumes gonflées, leur jabot coloré de vert, de mauve métallisé. Ils avancent droits et fiers pour conquérir les belles pigeonnes qui jouent les divas en s’esquivant, se dandinant avec grâce jusqu’à ce que le couple se forme et parte roucouler, tranquille, loin des gens et du bruit.
Nous les rencontrons sur les places dans tous les pays, sur le parvis des cathédrales.
Les pigeons restent dans les souvenirs d’enfance. Ils sont aussi notre présent nous faisant tromper l’ennui. Ils attirent l’attention de ceux qui attendent sur les bancs partageant leur pitance avec eux. Que serait la vie sans nos pigeons ? Qui prolongerait l’enfance jusqu’à la nuit des temps ?

Mireille
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« Bonjour ! Je suis le pigeon voyageur, celui que vous haïssez tant dans les villes françaises pour mes dégradations, dites-vous ! Pourtant, je fais la joie des enfants et des touristes sur la Place Saint Marc à Venise ou sur la place San Francisco à Lima. Vous souhaitez ma disparition mais il n’en ait pas toujours de même partout  car qui dit « pigeon », dit pigeonnier. Regardez défiler devant vos yeux dans la torpeur de la chaleur africaine, ces immenses murs ronds de pisé blanchis aux mille trous qui se succèdent les uns tout près des autres, donnant l’impression d’un mur qui s’étire sous les rayons du soleil.
Mais ce sont les Egyptiens qui, les premiers, ont fait de moi un oiseau domestique. Logeant paisiblement dans le creux des falaises, ils sont venus attraper mes congénères, afin de pourvoir à leur alimentation.  Pour leur confort, ils eurent l’idée de leur construire des édifices propres à les contrôler et à les saisir plus facilement. L’intérêt que nous suscitions, il y a déjà plus de 5000 ans, est attestée par la bonne cinquantaine de pigeonniers regroupés en un immense carré, sur le site de  Kothür à Mit Gahmr dans le Delta du Nil.  De leurs formes de cônes ajourés au sommet arrondi qui s’élèvent vers le ciel, s’échappent des milliers de battements d’ailes.
Car nous avons fait et faisons encore partie du quotidien, dans le  régime alimentaire de nombreuses régions d'Egypte. De plus, le pigeon farci n’est-il pas un de leurs plats nationaux traditionnels comme l’est au Maroc, dans  les autres pays du Maghreb et même en Andalousie dont elle est originaire,  la célèbre pastilla, sorte de pâte feuilletée, fourrée de pigeons, d’oignons, de coriandre et d’œufs durs.
Mais vous qui me décriez pour mes fientes, ne savez-vous pas combien nous  sommes un précieux allié des agriculteurs dans des pays plutôt arides, là où elles servent d’engrais naturel contrairement à vos pays, dits développés, qui ne prônent plus que  les produits chimiques. Ils leur ont même attribué le joli nom de « colombine ».  Grecs, Romains les utilisaient déjà et  l’Empire Ottoman, en diffusant sa culture en a répandu l’usage dans toutes les régions du Moyen Orient (Iran, Irak, etc..). Depuis ces temps immémoriaux, peut-être servent-elles encore dans les champs de Cappadoce, en Turquie où l’on retrouve, autour de Göreme (Vallée des pigeons, Vallée Rouge, Vallée de Meskendir)  de nombreux pigeonniers colorés parfois en ruines et parfois conservés comme patrimoine national.
En France, le droit de posséder un pigeonnier était réservé aux nobles. La Révolution Française s’empressa d’abolir ce privilège et dans certaines régions, ce précieux élément utilisé par les viticulteurs, était  valorisé à tel point qu’en guise de dot, les filles châtelaines en offraient un sac à leur fiancé.
Et puis, c’est bien connu, je suis fidèle, je  reviens toujours à mon pigeonnier car je suis doué d’un sens de l’orientation dû en partie, à ma sensibilité magnétique dans mes tissus. Egyptiens, grecs, romains, perses ou chinois ont bien su utiliser cette compétence pour faire de moi,  un messager fiable, rapportant des informations, souvent vitales, en temps de paix ou pendant des périodes troublées. Ainsi, j’ai joué un rôle important dans les transmissions durant les 3 dernières guerres que fit la France (1870, 1914 et 1939). Et pendant la Seconde Guerre mondiale, les anglais allèrent même jusqu’ à parachuter  des milliers de mes congénères  dans le ciel de  France.
Aujourd’hui, bien sûr, ce rôle militaire a disparu même si le Ministère des Armées françaises entretient encore  un colombier et un musée au Mont-Valérien à Suresnes dans la banlieue parisienne. Mais de nombreux colombophiles enthousiastes ont pris la relève et continuent à nous élever en vue de compétitions locales, régionales ou internationales. En France, le Nord Pas-de-Calais arrive le 1er en nombre d’adhérents, est-ce sa proximité avec la Belgique où de nombreux passionnés pratiquent ce sport.
Si, par hasard, vous partez en vacances à la campagne, dans une de nos régions, là où se
cultivent les céréales, demandez-bien. Peut-être découvrirez-vous dans les environs d’un petit village ou près du château, les murs ou les ruines d’un de nos anciens pigeonniers installés sur les terres des nobles d’autrefois, comme dans les Deux-Sèvres, celui de Pouzay, très particulier. (1/2) De forme ronde, il a nourri  jusqu’à 5 000 de mes semblables. Aujourd’hui, il a perdu son toit et un chêne a poussé à l’intérieur. Ces constructions s’élèvent du sol comme à Allemagne-en-Provence(3) ou à Simiane (4) qui en possèdent deux, un de forme arrondie, celui du château et l’autre rectangulaire tel une maison perdue dans la prairie des Alpes de Haute Provence. D’autres, généralement carrés, couronnent les porches. Ceux de Dangny Lamberty(5) et de Montloué(6) dans l’Aisne en sont des exemplesDolus d'Oléron en Charente Maritime (7)  est, quant à lui, octogonal, de même que celui de Cornile - La Luminade, (9) en Dordogne mais lui, n’est plus sur le sol mais sur pied. A chacun sa différence !
Alors,  à quand un tour de France des pigeonniers pour nous remettre à l’honneur pour services rendus ! » 

Marie-Thérèse
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Le dimanche matin tôt, avant que les fêtards du samedi soir et les travailleurs de la semaine s'éveillent de leur grasse matinée bien méritée, Mme Harpagon roucoule avec ses pigeons. Dans sa chemise de nuit, sa veste et ses chaussons, sa mise en plis raplapla et ses cheveux décolorés comme une Marilyn défraîchie, tombée du lit, elle n'est pas franchement sexy. Mais les pigeons n'en n'ont cure et c'est dans son giron, qu'ils se réfugient. Dans son dos, elle emporte le sac de grains qui font craquer les volatiles. Et voici qu'elle en distribue à la volée, tout autour d'elle, comme un agriculteur répandrait les semailles dans les profonds sillons de son champ. Sauf que nous sommes en ville. La dame se cache derrière les balustrades afin qu'aucun regard indiscret et irrévérencieux ne darde au dessus des bosquets et que des bouches ne sortent des jurons comme des pavés soixante nuitards ou pré crépusculaires ! Alors avec force mouvements d'ailes, de plumes qui volent et de roucoulements ardus, famille pigeon lui volerait presque dans les plumes, tant leur appétit est grand et la quantité de grains diminuant à la vue de leurs yeux rouges avides et avertis… Ils sont tous là formant un nuage autour d'elle. Ce ne sont que ballerines et petits rats en un ensemble pas si harmonieux que ça ! La chorégraphie bien que répétée maintes fois est fréquemment interrompue au premier danger, à la première semonce d'un passant pour mieux se reformer un peu plus loin… ! Puis ils se regroupent et forment un ballet, sauf que la scène n'est pas à l'opéra Garnier mais derrière le saule, les futaies et le peuplier. Ils s'activent, grignotent, font ripaille, se chamaillent le long des remblais et des rambardes de bois qui ceinturent la cité. Sous leurs griffes, les pavés cimentés gémissent et crissent. Comme voutes : Les cimes des arbres qui protestent, bruissent et gémissent sous la caresse des ailes et du vent. Dodelinant du cou, gonflants leurs jabots en montrant leurs jolies couleurs irisées, ils se dirigent vers leur bienfaitrice préférée, à petit pas chaloupés et cadencés. Ils en gloussent de plaisir. Ils connaissent la musique par cœur, ils sont apprivoisés. Elle est heureuse, elle tend les bras, elle tend les doigts. Plusieurs d'entre eux viennent s'installer sur ses mains charmeuses. Elle en ronronne de joie. Elle les couve du regard, elle leur dit des mots d'amour. Certainement des « je t'aime » et des « toujours ». Et mesdames et messieurs les pigeons ont l'air d'apprécier ce langage de velours. Ils l'enveloppent de leur envol plumeté, laissant ici et là quelques duvets. C'est un « Boléro de Ravel », le » Sacre du Printemps » qui s'ensuit et nous rappelle que même dans leurs petites cervelles, il peut y avoir des habitudes et des devoirs qui s'inscrivent et s'instaurent au rythme des petits matins et des petits câlins quand tout va bien. Puis quand la famille se restaure comme il se doit, quand les becs cessent de claquer et que les gosiers semblent
satisfaits, Mme « Aragón » dans ses chaussons ornés de fientes et de plumettes regagne ainsi sa maison un peu comme dans les « Sorcières de Salem ». Et d'utiliser le mot "je t'aime" et  aimer, n'est pas une mince affaire et on dit souvent que quand on aime, on ne compte pas sa peine. Car tout le monde sait que plus elle leur donnera, plus elle aura de becs à nourrir... Les pigeons se reproduisant rapidement, presque aussi vite que les lapins et peuvent trouver domicile partout près et dans nos foyers, dans nos pots de fleurs, nos sous-charpentes et nos balcons. Il lui en faut des deniers pour nourrir son pigeonnier ambulant. Mais de mettre la main à son porte monnaie n'a pas l'air de la gêner outre mesure. Le problème est qu'elle doit ramener des quantités de plus en plus importantes car les graines ne contiennent pas de produits contraceptifs afin de les stériliser. Et tout le monde sait que l'estomac de toute cette population volante est sans fond. Et de dire qu'un pigeon est rassasié est une hérésie totale... Manger à satiété, n'existe pas dans leur jargon. Et ce serait trop vite parler même pour Mme Harpagon qui parle à l'oreille de ses pigeons !...

Claudine
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D'un œuf blanc je suis née, après 14 jours de couvaison, au creux d'un nid discret au milieu des branches d'un sapin....
Mes parents sont des tourterelles des bois, de la grande famille des pigeons, le plus petit de cette espèce mais surtout le plus beau ! Non, non, je ne suis pas fière ! C'est seulement vrai !
Notre plumage adulte que j'aurai dans 2 à 3 mois sera alors délicatement coloré. Ma tête, mon cou et le dessous de mon corps sont rose foncé avec des rayures blanches et noires au cou, du orange au milieu des plumes, l'extrémité des ailes noire avec des motifs écaillés sur l'ensemble de celle-ci .....
Adulte je mesurerai 27 cm et pèserai 100 à 200 g .....
Dans trois semaines je prendrai mon envol dans ces forêts européennes pour m'exercer et me muscler avant la grande migration qui se fera à l'automne, car oui, nous sommes les seuls pigeons migrateurs ! Nous remontons de l'Afrique fin avril, début mai pour nous reproduire dans les zones rurales, car nous n'aimons pas les villes et leurs bruits !
Pendant les 5 mois passés en Europe, nous profitons de notre habitat pour nous reproduire et élever nos petits... Une alimentation qui se décline en graines, fruits de plantes sauvages et cultivées, ainsi que semences d'herbes sauvages. Mais nous n'allons jamais picorer dans les
mangeoires que les humains mettent à disposition .....
Mon espèce est en déclin rapide depuis quelques années à cause de l'effet combiné des méthodes agricoles, des sécheresses africaines et... malheureusement de la chasse lors de nos migrations...
J'espère que ce petit exposé vous aura fait découvrir mon espèce si discrète !

Valérie
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Nous sommes en été 1940 en Egypte, plus précisément à Alexandrie et encore plus
précisément dans son immense port civil et militaire.
Je fais partie d’une escouade de scouts-marins basée au club nautique français dont l’immeuble se dresse sur l’un des quais du port. Y sont à disposition, non seulement de petites embarcations : yoles, canoës, kayaks et autres, mais encore un cotre de grande envergure.
Sur une terrasse de l’immeuble est domicilié un pigeon voyageur baptisé Surcouf car né, dit-on, à Saint-malo. Le volatile se voit choyé comme une mascotte. D’aucuns prétendent entretenir  avec lui un esprit de camaraderie. Bref, il fait partie intégrante du club nautique, au même titre que son personnel de fonction.
Bien entendu, notre pigeon voyageur fétiche ne s’y sédentarise pas. Il est embarqué sur le cotre à chacune des sorties de celui-ci vers le large. Plus tard, en bout de course en haute mer, il est lesté à une patte d’un message codé, puis relâché et, de ses propres ailes, rentre au bercail.
A propos de notre cotre, il me revient en mémoire une mésaventure où le pigeon voyageur surnommé Surcouf ne pouvait être d’aucun secours. En voici le déroulement.
A l’aube d’une belle matinée, nous sortons du port et faisons voile en chantant à tue-tête :
V’la l’bon vent, v’la l’joli vent,
V’la l’bon vent, ma mie m’appelle
V’la l’bon vent, v’la l’joli vent,
V’la l’bon vent, ma mie m’attend
Quelques heures plus tard, nous abordons sur une plage splendide à l’orée du désert pour y pique-niquer et nous baigner. Sur le chemin du retour, le vent tombe et notre inquiétude croît car il nous faut absolument franchir le goulet avant la tombée de la nuit quand y est déployé un filet de protection contre les sous-marins de poche et « hommes-grenouilles » italiens.
Hélas, il fait déjà nuit et nous sommes pris dans le projecteur d’une vedette de la Royal Navy qui nous accoste. Nous supplions qu’on nous ménage une petite ouverture pour nous faufiler. Eclat de rire du commandant de la vedette : « Ok, mais il faut d’abord prier les Lords de l’amirauté de m’en donner l’autorisation ». Cependant, courtois, il se justifie : « Imaginez que vous ayez été repérés et suivis par un sous-marin qui serait en ce moment sous votre quille et attendrait en salivant que nous ouvrions la passe. Allez donc ancrer là-bas et attendez l’aube. De mon côté, je vais faire avertir vos familles pour les tranquilliser. » Peu après, la vedette est de retour pour nous apporter des couvertures ainsi qu’un thermos de thé et des biscuits. Bref, tout est bien qui finit bien.

Emmanuel
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Partout, mais surtout dans les agglomérations
Immigrent ces gros volatiles
Généralement, ils préfèrent les parcs et les jardins publics
En bandes importantes, ils s’y installent
Où vont-ils ? D’où viennent-ils ?
Nul ne le sait, sinon qu’ils causent de gros dégâts aux monuments historiques

Remarquable couple de gros pigeons
À l’envergure plus grande que celle du pigeon commun
Mais aimant les lieux calmes et tranquilles
Ignorant, d’ailleurs, comme leurs cousins toute règle de propreté
Énervant par leurs roucoulements perpétuels
Reviennent toujours au même endroit pour y construire leur nid et élever leurs petits

Rares sont les endroits où l’on n’entend pas ce «rhou rhou » monotone
Ordinairement dès les premiers rayons du soleil
Unanimement par ce son répété, ils s’appellent et se reconnaissent
Cheminées ou balcons, de là ils font connaître leur position
Offre, appel, reconnaissance, ce « son », toujours le même est fatigant
Unanimement chacun sait qu’il s’agit d’un appel amoureux
Liant deux pigeons s’aimant d’amour tendre
Et se recherchant l’un l’autre pour façonner un nid douillet
Réservé pour recevoir les œufs, fruits de leur amour

Christiane

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