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C’est moi
la petite mouche qui vient frapper à la vitre. Curieuse, je participe à votre
vie souvent à votre insu, mais j’aime aussi me faire remarquer comme ces belles
d’autrefois qui se posaient une mouche sur le visage. M’apercevez-vous ?
Vous vous empressez de fermer la fenêtre. Mais trop tard, je suis déjà rentrée.
Je vous regarde, tapie derrière un meuble et m’amuse déjà de votre réaction.
Vous êtes là, le nez en l’air. Vous ne me trouvez pas ? Je volette autour
de vous, vous agaçant parfois jusqu’à l’énervement. Je vous vois vous agiter,
regarder en tous sens, cherchant un journal pour m’expulser de votre domicile
ou mieux une tapette pour m’écraser. Mais, fine-mouche, je me sauve et me cache
dans vos papiers, derrière le coin de l’armoire où vous ne pourrez m’attraper
et puis quand vous vous êtes rassis, plongé dans vos écritures, vraies pattes
de mouche, je viens vous faire un brin de causette en bourdonnant à vos
oreilles. D’un geste, vous m’écartez et je monte au plafond car moi, je sais
marcher la tête en bas, les pattes en l’air. Furieux, vous m’attendez et vous
restez là bêtement à regarder voler les mouches, dit-on. Vous replongez-vous
dans vos travaux ? Je reviens vers vous en vrombissant. Exaspéré, vous
espérez faire mouche. Mais c’est raté une fois encore ! Vous êtes là,
agacé comme un gobe-mouche et moi je continue mon jeu. À la cuisine, je vais,
de ma trompe, goûter vos plats, je suce et je savoure. Vous en prenez la mouche
au point d’en devenir fou. Quelle mouche t’a donc piqué ? vous dira-t-on
mais je ne suis pas moustique ou taon, je ne pique pas, moi ! Contente de
mon petit tour, je disparais dans la nature. Pour un moment plus ou moins long,
vous n’entendrez plus que voler les mouches. Ni moi ni mes consœurs ne seront
là pourtant !
Marie-Thérèse
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Je suis
un moustique et me fais ici le porte-parole de mon espèce, dans la condamnation
des mesures de génocide prises à notre encontre par certains bipèdes
homo-sapiens. Je constate de prime abord que ledit génocide ne se justifie en
aucune façon par une quelconque idéologie ni par le moindre besoin vital. Notre
massacre perpétré par ces bipèdes n’est pour eux qu’une vulgaire question de
confort passagère. En somme : une tuerie par commodité !
Un summum
de l’horreur a été atteint naguère sur l’île de Corse, sur le rivage bordant le
désert des Agriates. Pour le tournage du film Le jour le plus long, les stars à
la peau délicate sont à l’origine d’une démoustication massive ce qui a
déséquilibré
la chaîne alimentaire et privé les oiseaux de nourritures.
la chaîne alimentaire et privé les oiseaux de nourritures.
Je dois
admettre toutefois ne pouvoir faire pattes blanches : je partage en effet
la responsabilité dans la diffusion par contagion de maladies graves, voire mortelles, comme la malaria. Mais il n’y a là rien de délibéré pouvant nous être reproché.
la responsabilité dans la diffusion par contagion de maladies graves, voire mortelles, comme la malaria. Mais il n’y a là rien de délibéré pouvant nous être reproché.
Emmanuel
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Dans l’immense fourmilière
Au milieu d’autres, par milliers
Par une belle journée printanière
D’un petit œuf, je suis née…
Larve puis nymphe
Je suis devenue jeune adulte
Dans le nid qui chauffe
Je suis encore inculte…
Mes premiers jours d’adulte, je les vis
Et ma mission est de m’occuper
Des jeunes et de la Rein, même la nuit
Œufs et larves ainsi que Reine, nourris
et lavés…
Puis, je participe à la construction du
nid
Et à l’approvisionnement de la colonie
Dehors, il faut alors courir
Eviter les dangers, accumuler les
provisions pour nous nourrir
Je vivrai de 3 semaines à 1 an, là
D’une caste stérile, je ne pondrai pas
Il existe différentes formes de
spécialisations
Dans ma société, pas de préférences et
d’attentions…
Seule compte la colonie
Notre société survit
Depuis la nuit des temps
Et la vôtre humains, y ressemble
tant !
Valérie
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Si j’étais une mouche, posée sur ta
bouche… Je ne jouerai pas les saintes Nitouche !
Je me transformerais, débonnaire, en une
parfaite tortionnaire.
Avec ma mine pas très catholique, encore
moins orthodoxe, et mon profil patibulaire,
Je n’aurai de cesse de te harceler,
légère et rapide, vibratile et extrêmement mobile.
Si l’envie te prenait de vouloir
t’écarteler. Il te faudrait des mains et des doigts extensibles…
Ce serait comme dans Carmen qui ne veut
pas devenir une proie. Et alors « Prend garde à toi ! »
Tu rendrais vite les armes et deviendrais
fou ; ce serait mon désir, voyez-vous !
D’un bleu-vert électrique, je suis dans
mon genre magnifique. Je suis souple et athlétique. Des fois trapue et petite.
Je suis électromagnétique au point d’en devenir maléfique.
D’un beau vert irisé, je copierais
aisément les jolies tonalités de la carapace du scarabée.
Service de voierie ! A table !
C’est servi. Omnivore et carnivore. Pour un peu insectivore.
Du bleu lagon au bleu indigo, en passant
par le bleu océan, mon existence est dorée.
Je suis gourmande et peu difficile. J’ai
une prédisposition pour le faisandé sucré-salé. Tous mes sens sont extrêmement
développés. Mon odorat est infaillible et capteurs doté. J’ai de si nombreuses
pupilles juxtaposées que je vois de tous les côtés. Mes mandibules mobiles et
musclées s’activent et se repaissent de ces rapines en excédent…
Carnassière, végétarienne à mes heures,
je suis vraiment un prédateur ! Un insecte nuisible évidemment !
Astucieuse et opportuniste, je sais
prendre tous les risques. Je ne chôme jamais. Ni RMI, ni RSA. Encore moins
d’allocations familiales. Je ne paye pas d’impôts plus que cela pour mon
travail zélé, et surtout ma nombreuse descendance, très rapidement se montrera
aussi active et horripilante que moi !
Claudine
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Coccinelle
ou bête à Bon Dieu, tel est mon nom parce que je suis très utile à l’homme.
Beaucoup dans ma famille se nourrissent de pucerons, ce sont des insectivores
naturels appréciés des jardiniers et j’en suis fière !
Je suis
de petite taille, 1cm tout au plus. Mon corps a une face ventrale noire et
plate, et une face dorsale en forme de dôme arrondi, plus ou moins ovale. Je
suis pourvue de six courtes pattes (comme tous les insectes) mais elles me
permettent de courir assez vite sur les branches et les brins d’herbe, les
feuilles qui ne plient pas sous mon poids. La couleur de mes élytres a permis
de me baptiser coccinelle, qui veut dire écarlate. Les taches rares qui
agrémentent ce rouges sont en nombre variable et n’indiquent en aucun cas mon
âge !
Bête à
Bon Dieu, pourquoi ce surnom flatteur ? Les anciens prédisaient beaucoup
de bonheur à celui qui voyait s’envoler une coccinelle. Je ne sais pas si
j’apporte le bonheur ; mais moi, je suis heureuse de grimper sur une tige
de fleurs ou de feuilles sans la faire plier, de gambader le long d’un brin
d’herbe. Je suis l’amie des grands et des petits, les uns et les autres font
attention de ne pas m’écraser, cela leur porterait peut-être malheur !
Volant
de-ci- delà dans les près, je suis heureuse de ma liberté et du respect que
l’on me porte. Hélas, les pucerons dont je me nourris se font rares ou sont
couverts d’insecticides, produits chimiques qui nous exterminent rapidement.
Aussi nous sommes moins nombreuses qu’auparavant. Aujourd’hui, le soleil brille
et, perchée sur ma branche de cerisier, j’ai envie d’ouvrir mes ailes pour
m’envoler là-bas sur l’une de ces belles pommes jaunes qui font ployer les
branches de l’arbre voisin. Si quelqu’un me voit, il pourra dire :
« Il fera encore beau demain ! ».
Christiane
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Je suis une jolie libellule. Mon corps
est bleu métallisé.
J’ai de beaux grands yeux noirs à
facettes, deux paires d’ailes vertes et bleues. Je peux voler à 90 km à
l’heure. Je me déplace dans les airs, me pose sur les plantes aquatiques.
En bon voisinage avec mes consœurs, on
s’amuse joyeusement.
Parfois je fais des caprices imitant la
petite fée Clochette.
Aussitôt les autres me
disent : «Arrête de faire ta Clochette !»
La vie est belle ! Je me nourris
d’insectes, de larves de grenouilles et de crapauds qui voudraient bien
m’attraper pour me dévorer.
La nuit tombée, avec les amies, nous
formons un gracieux ballet au-dessus de la mare, accompagnée par le chant des
batraciens.
Ainsi passent les jours, en attendant le
gentil prince charmant qui me dira : « Jolie Demoiselle,
m’accorderez-vous cette danse ? »
Si je dis « Oui », nous
danserons toute la nuit, au-dessus des roseaux, sur lesquels, plus tard, je
surveillerais mes têtards s’ébattant dans la mare jusqu’à ce qu’ils deviennent
de belles demoiselles et de jolis damoiseaux qui prendront leur envol pour un
nouveau destin.
Ainsi va la vie, pas trop différente de
celle des humains.
Vole, vole, jolie demoiselle !
Mireille
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Je suis petite, très petite, mais j'ai six pattes qui
n'arrêtent pas et sont toujours en activité car je suis une ouvrière déjà âgée.
Je vais, je cherche, je porte et transporte, je reviens, c'est ainsi toute la
journée. Mes consœurs me suivent fidèlement et font de même. C'est que nous
devons alimenter le restant de la colonie, ce qui n'est pas une mince affaire.
Mes antennes sont elles aussi toujours en mouvement, elles me guident et
m'aident à trouver ce que je cherche, grâce au toucher et à l'odeur.
La reine bien sûr ne fait que pondre et dormir, pas étonnant
qu'elle ait une telle longévité. Les
jeunes ouvrières aussi doivent être nourries afin qu'elles puissent accomplir
leur propre travail qui consiste à entretenir le nid et s'occuper des larves.
Mais il me faut aussi manger naturellement et je possède
donc deux estomacs. Le jabot sert à mes propres besoin tandis que l'autre, dit
communautaire, me permet de garder en réserve ce qui est destiné aux autres qui
m'attendent.
Les plus jeunes ouvrières s'affairent donc au nid, c'est le
privilège de l'âge. Avec les mois qui passent, un jour elles changeront de
poste et seront chargées de veiller jalousement près de son ouverture, en attendant
de prendre ma relève et celles de mes consœurs qui seront passées de vie à
trépas. Notre vie est courte mais bien remplie.
Quand je suis lasse, je fais de brèves siestes. Ainsi sur la
journée, cela me procure quelques heures de répit, Allons, justement, ma pause
est finie, il me faut aller chercher du miellat, et donc d'abord débusquer les
pucerons qui le produisent. Quelques sucs de plantes et de fruits divers, les
œufs d'insectes s'il s'en présente, seront aussi les bienvenus. Mais si jamais
sur mon chemin je trouve quelques gourmandises abandonnées par l'homme, ma
récolte n'en sera que meilleure.
Tout de même, en y réfléchissant, ils se prennent pour qui
les hommes ? Certes, je suis gouvernée par la reine, comme eux le sont aussi
par un homme qui a tous les pouvoirs. La différence est qu'ils n'en sont jamais
contents, quel qu'il soit. Et pourtant, ils le choisissent ! De notre côté,
nous ne contestons par notre reine et nous travaillons avec acharnement pour
assurer sa survie et celle de sa descendance.
Entre ouvrières, point de querelle, je travaille en parfaite
harmonie avec mon groupe, les hommes peuvent-ils en dire autant ? Et quant à
mon travail, j'estime qu'il est quand même une lourde charge pour le petit
insecte que je suis. Mais je ne m'en plains jamais, c'est ainsi, je suis née
pour être ouvrière, au diable les 35 heures !
Paulette
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-
Je
vole ! Qui m’a appris ?! Je ne sais… je vole au-dessus d’un pré plein
de fleurs. Tiens celle-là m’attire, je vais me poser délicatement sur elle.
Humm ! Comme elle sent bon. Ô mais voilà un bel insecte qui passe. Qui
es-tu ?
-
Mais
je suis un papillon comme toi ! Tu es très belle, le sais-tu ?
-
Moi ?!
Mais je suis si terne…
-
C’est
parceque tu ne vois que le dessous de tes ailes, comme moi. Viens je t’emmène
visiter notre champ. Là ces fleurs rouges ce sont des coquelicots, ici des
bleuets, là des boutons d’or en abondance…
-
Moi,
j’aimerais visiter le monde, il doit y avoir d’autres fleurs ailleurs !
-
Peut-être,
mais nous n’aurons pas le temps d’aller voir.
-
Et
pourquoi ? Si je le veux, je le ferai.
-
Tu
oublies que tu dois pondre tes œufs avant la nuit !
-
Qu’est-ce
que la nuit ? et pourquoi je devrais pondre avant la nuit ? Tu
m’ennuies, tu sais.
-
Ah,
je t’ennuie. Alors je te laisse, moi je vais vivre au-dessus de ce magnifique
pré.
-
C’est
ça, pars. Je n’ai besoin de personne. Au fil du temps qui passe, je suis bien
seule et aïe, que m’arrive-t-il ? Je suis prisonnière. Quelle est cette
énorme chose qui me prend par-dessous les ailes ?
Eh, oui, tu étais si belle qu’un chasseur
de papillons t’a vue et prise. Te voilà exposée dans sa collection.
Colette
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La
cigale…
Je suis née dans la garrigue provençale,
je suis fille du soleil.
Très tôt mes talents ont été reconnus,
par le biais de radio-crochets. Très vite, je suis montée à Paris, ma notoriété
a explosé au cabaret de la Cigale, où je grattais également la guitare en
faisant des claquettes.
Ma notoriété fut telle que je me
produisis, comme vous le savez, au stade de France et à la télévision.
A tout venant, sans cesse je stridule et
renouvelle le répertoire de la chanson française. J’engrange des royalties et
mon pécule grimpe prodigieusement.
Pour placer mon pactole, j’avise un butor
qui va craquetant en tous lieux ma bonne fortune, attirant requins et
aigrefins, si bien que j’ai dû le menacer pour lui clouer le bec de mon avocat,
le scorpion, aux arguments définitifs.
Après quelques récitals à New-York, je
vais me reposer en Californie, dans ma propriété, voisine de celle de C.D.,
tout en me consacrant à la production internationale de ma carrière de star.
De : cigale.com-berverlyhills
…
et la fourmi
Je suis la fourmi, jadis fourmillante et
sémillante, thésaurisant, spéculant, stockant les céréales dans mes silos
secrets.
Aujourd’hui, la concurrence étrangère,
impitoyable, sévit ; l’austérité fait sa grise mine, longue comme un jour
sans pain. Bref, la mévente est là, je ne puis déstocker, les prix chutent, la
bourse aussi. Le climat s’en mêle avec l’alternance de la sécheresse et des
étés pourris : quel tourment !
De plus, hier, un tracteur, prenant ma
résidence pour une taupinière, a écrasé mon royaume avec pertes et fracas. J’ai
eu la vie sauve mais, sauve qui peut !
Dans la tourmente, malgré ma mine
déconfite, je repars de zéro, sous d’autres cieux, vers de nouveaux locaux.
Comme ma mère me disait que j’avais un joli filet de voix, me voici dans le
métro, faisant la manche, mais les voyageurs, aussi incultes qu’ahuris,
manquent plus d’une fois de m’écraser !
Je me produis enfin au cabaret de la
Fourmi, où le public est aussi rare qu’avare mais où j’espère, grâce à mon
obstination, survivre jusqu’à la saison prochaine !
Comme je songe à mon avenir, si vous me
trouvez un travail dans la comptabilité, écrivez-moi à : fourmi@grigou.blé
Marie-Christine
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Je suis
une abeille charpentière, espèce peu commune, donc assez solitaire.
Grosse,
lourde, sombre, j’ai le privilège d’arborer une couleur rare, un joli bleu
métallisé come certaines libellules, mais la grâce et la légèreté en moins.
Le monde
n’est plus ce qu’il était : pollution, pesticides m’ont fait perdre la
boussole et c’est au radar que je plonge dans les fleurs qui m’attirent le plus
par leur odeur et leur couleur.
Je
m’immerge au cœur d’une belle, me gorgeant de son nectar, m’enivrant de son
parfum, je voudrais m’endormir là à tout jamais ! Mais je dois me
réveiller. Au boulot ! Lourde et lente, les pattes surchargées de pollen,
je dois rentrer auprès de ma famille.
Josiane
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