dimanche 24 avril 2016

BATH TIME IN GAZA

Ecrire à partir de cette photo de Emad Samir Nassar, lauréat du prix Sharjah dphotographie 2016
Bath time in Gaza - Emad Samir - 2016


Je pourrais écrire sur la destruction, sur la guerre qui ravage ce pays depuis tant d’années… Non, je vous parlerai de ce père qui sourit, qui s’émeut devant ses enfants. L’heure du bain est un moment privilégié d’échanges et de jeux… Devant l’horreur du paysage qui ressemble plus à l’apocalypse qu’à autre chose, il trouve la force de sourire et de faire rire ses petits afin de leur faire oublier, tout du moins le temps d’un bain, ces cris, ces bruits et ces morts… Ce père essaye certainement de fabriquer une  vie normale, avec ses rites et ses rythmes… et le bain en fait partie… une sorte de piscine qui les amuse alors qu’il fait si chaud dehors !
Les enfants ont toujours été l’espoir de l’humanité et avoir le courage de créer une vie dans ces conditions, de pouvoir les élever et leur donner l’amour relève du défi. Mais… se posent-ils autant de questions ? Non, je ne pense pas… Les enfants naissent partout dans le monde, qu’il y ait des guerres ou non, que les conditions d’hygiène ou de confort soient présentes ou non… Ainsi est la vie… et la vie donne le sourire même dans les pires conditions !

Valérie
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Si ma colère pouvait gronder aussi fort que les canons, si mes ruisseaux de larmes pouvaient éteindre le feu, à la vue de cette image chaotique, éphémère, paradoxalement fixée pour l’éternité par un cliché photographique ?
Qui se souvient de Ramallah, surpeuplée, sous le blocus, puis laissée pour morte : ville fantôme, sous chape de silence de plomb.
Un nuage de fumée s’élève au loin, perpétrant d’autres pilonnages d’artillerie aux mortiers, et des frappes aériennes par hélicoptères équipés de missiles d’une puissance de feu comparable à celle des plus gros obus d’artillerie.
Dans ce qui fut une ville, un appartement, à ciel ouvert, éventré, pulvérisé, montrant une scène de résilience éphémère sous le ciel chauffé à blanc.
Une attaque aérienne vient d’anéantir intégralement des quartiers à forte densité de population.
Parmi les gravats, les décombres, les armatures métalliques tordues par la déflagration, dérisoires guirlandes, fétus de paille : le père comme si rien ne s’était passé, rafraîchit ses deux fillettes. Elles sont toute habillées dans la baignoire d’angle ; c’est un instant exceptionnel, intense. Ils ont tout perdu mais ils sont vivants ! La vie ne tient qu’à un fil, dans ce cadre apocalyptique, aussi hostile et raviné que la surface de la lune.
Mais où sont donc la mère et le reste de la famille ?
Ils sont loin, les droits de l’enfant ! À la vie, à l’éducation, à l’alimentation, à la santé, à l’eau, à l’identité, aux libertés, à la protection.
La politique de la terre brûlée, de l’extermination systématique, au vu et au su du monde entier, vole l’enfance à la jeunesse porteuse d’avenir : faut-il ériger en exploit la victoire des marchands d’armes qui ont de beaux jours devant eux ? La vie humaine des victimes innocentes n’a pas plus de valeur qu’un crachat lancé en défi au monde entier, une imposture devant l’atteinte aux droits fondamentaux de tout être humain, théoriquement du moins.

Marie-Christine
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« Enfants de tous les pays, de toutes les couleurs, vous avez dans le cœur votre bonheur »
Enrico Macias chantait cette si jolie chanson qui mettait à l’honneur tant d’enfants d’origines et de pays différents.
Des enfants ayant un destin lié souvent aux conditions et événements socio-politiques, ethniques, religieux du pays  de leurs parents. Des problématiques et des conflits pouvant amener des hommes à massacrer des populations entières en ne préservant ni les femmes, ni les personnes âgées, ni les enfants.
Mais autant les enfants peuvent vite saisir et capter le côté inquiétant d’une situation lors d’un conflit armé de guerre civile, fratricide, ou entre tribus et peuplades aux idéologies opposées, autant, et c’est ce qui est le plus surprenant et déroutant, les mêmes enfants ayant subi, vu, vécu, ressenti ces situations de stress intense peuvent être hypersensibles et réceptifs aux moindres spectacles festifs se déroulant sous leurs yeux.
Alors cette photo est révélatrice, porteuse de cette force et de cet espoir que nulle part ailleurs dans le monde, dans un espace de paix et de sérénité au quotidien, qu’aucun autre enfant ayant l’habitude de vivre paisiblement ne peut ressentir aussi fortement et chaleureusement.
Quoi de plus stupéfiant que de regarder s’égayer deux enfants dans une baignoire, sous le regard enchanté de leur père qui rit en les voyant ô combien heureux.
Une joie simple qui éclate sous le soleil palestinien, dans un ciel azuré. Bleu comme l’eau de la mini piscine que cette maison de luxe anciennement spacieuse pouvait offrir à ses hôtes afin de s’y relaxer.
Un spa presque à ciel ouvert, avec vue sur des éboulis et sur un champ de désolation tout droit sorti de la planète Mars.
Le contraste est fort comme la lumière dans les reflets de l’eau. Ces trois personnages sont comme une auréole du bonheur de se retrouver, seuls au monde, dans un rapprochement, un échange et une transmission de chaque instant : un émerveillement des sens et une projection vers un ailleurs. Cette possibilité de pouvoir ainsi sublimer le moment et oublier ainsi tous les tourments nous rappelle que la vie ne dure pas éternellement et qu’il faut saisir les moments heureux, et même les provoquer.
C’est ce que je nommerais la positive attitude. Je rajouterai que ce serait important de savoir ô combien on peut être vulnérable et qu’à tout moment tout peut se retourner contre nous… et que justement notre instinct de survie et nos valeurs profondes d’amour pour la vie nous poussent à nager vers la surface et à sauver notre peau grâce à cette positivité que chacun est à même de posséder, mais que l’on noie sous flot de sentiments et d’émotions contraires.
L’enfance est source de résurrection et elle est vraiment l’avenir de l’homme autant que celui de la femme qui donne naissance à l’enfant. Les enfants sont nos terminaisons nerveuses. Ils nous donnent souvent des leçons de courage et d’insouciance. Ils sont notre bateau ivre, notre arche de Noé, notre présent et notre futur. Ils sont ce que nous voulons et pouvons bien leur donner : notre patrimoine et notre généalogie. Notre descendance et le poids de nos espérances. Ils sont tout ceci.

Claudine
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Espérance
Est-il plus beau spectacle que des enfants qui rient au milieu des ruines,
Semblant oublier pour un moment le spectacle désolant qui les entoure.
Pendant quelques instants ils profitent avec leur père du bonheur qui s'offre à eux,
Epanouis comme on peut l'être à leur âge et désireux avant tout de vivre.
Riant et jouant dans ce bain qui les rafraichit et semble les ravir,
Aucun d'eux ne pense plus aux bombes qui anéantissent toute vie alentour.
Nuages gris qui passent dans un ciel qui se voudrait toujours bleu,
Chassons toutes ces images négatives pour ne voir que le meilleur,
Espérons qu'un jour une paix durable reviendra entre les hommes.

Liberté
Les enfants profitent d'un  beau moment heureux,
Insouciants comme on sait l'être à leur âge dans un environnement si triste.
Baignés par un père désireux de leur apporter un peu de joie et de bonheur,
Ensemble ils essaient de survivre, coûte que coûte.
Repoussant au fond de leur mémoire tout souvenir qui ternirait cette belle journée,
Tentant aussi d'oublier ce qui est habituellement leur quotidien malheureux,
Et voulant à tout prix que la vie remporte ce rude combat.

Vivre
Voir le désastre laissé par la guerre,
Imaginer que la vie doit continuer,
Vivre à tout prix pour montrer sa force,
Rire après tant de larmes versées,
E
spérer qu'un jour enfin on ne pleurera plus.

Paulette
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Belle réalisation photographique  dans le saisissant contraste des lumières,
Ambition de l’homme conquérant qui donne la vie et la détruit,
Ramenant à la misère et à la douleur ses concitoyens,
Alors que tous s’entêtent à survivre malgré les calamités.
Ce père de famille qui, malgré les gravats et l’absence de toutes commodités,
Donne avec tendresse le bain à ses enfants chéris,
Sera-t-il demain ce combattant qui lancera le jet mortel sur l’ennemi ?
Pourquoi détruire ainsi un territoire où il pourrait faire « si bon vivre » ?
Pour des idéologies qui prônent la paix mais ne la respectent jamais !
Pourquoi apprendre aux enfants à se battre et non pas à cultiver la tolérance ?
Certes c’est utopique et pourtant le vœu de chacun.
« Plus jamais la guerre ! » a-t-on clamé très fort mais la guerre est toujours là
Sur notre terre, quelque part comme des taches qui se diffusent et s’étalent.
Le peuple de Gaza ne demande qu’à vivre en paix !
Les politiques  belliqueux  lui en octroieront-ils le droit ?
La loi du Talion ne peut qu’appeler à la vengeance et à la déraison
Alors que la joie et le bonheur d’une famille sont là, à portée de main,
Comme les symbolisent dans toute leur fraîcheur,
Les rires des fillettes sous le jet d’eau de leur père.

Marie-Thérèse
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Enfants de Gaza…
Dans un champ de ruines
Un père est tout sourire
Devant ses enfants de Palestine
Sous les bombes de destruction
Le bain est jeu et adhésion
Une relation pour l’avenir
Oublier juste un temps
Les cris et les pleurs
Pour un peu de bonheur
Et sécher les larmes de sang…

Valérie
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Au milieu des horreurs de la guerre qui n’en finit pas, ils ont survécu, échappant à la mort. Ils sont venus parmi les décombres  se baigner dans leur baignoire qui trône intacte parmi les décombres.
Le temps s’est arrêté quelques instants comme si tout était comme avant. C’était comme si la paix était revenue. Les canons, les fusils, les grenades semblent faire une trêve pour mieux frapper dans les jours à venir.
Un rayon de soleil cache les gros nuages noirs et masque l’odeur du sang et de la mort. C’est un instant magique que ce père savoure avec ses enfants qui, joyeux, s’ébattent en riant gaiement dans l’eau pas très claire.
Cet instant de joie retrouvée leur fait oublier un moment la tristesse et la peur au milieu des décombres et le chant lugubre des grands corbeaux noirs qui cherchent quelque nourriture. Ils font vibrer leurs cordes vocales comme pour annoncer les futurs innocents qui vont être assassinés sans raison.
Chantez, riez, les enfants avec votre père charmé de votre joie qui peut-être demain ne sera plus là, ni vous non plus.

Mais si vous survivez, j’espère que vous pourrez voir cette photo ou un film des instants magiques où l’espoir est permis.

Mireille
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Oh, cette image ! Cet homme s’occupant d’enfants, ses enfants ?
Par ce qui fut un mur ou une fenêtre nous apercevons un champ de ruines. Nous sommes, -enfin ils sont – cernés par la guerre.
Dans les années 50, puis les suivantes, nous espérions ne plus jamais revoir ces images. La guerre de 39-45 nous avait fait de telles destructions, en si grand nombre ! Nous avions connu pendant l’occupation, les restrictions, puis celle-ci terminée, les tickets apparurent. Des tickets pour l’alimentation, les vêtements… mais cela ne réglait pas tout. Il fallait continuer à faire la queue devant les magasins. Je me souviens de ces tristes instants. Un autre souvenir vient frapper ma mémoire : le retour tant espéré des prisonniers amenant de la joie dans certains foyers. Le retour de deux de mes oncles fut un instant mémorable pour nous.
Et voilà ! De souvenir en souvenir, je n’ai pas quitté le passé. Ce passé qui nous est commun à tous et à toutes. La vie est-elle donc un éternel recommencement ? Pourquoi les hommes et les femmes oublient-ils les leçons du passé. Pourquoi ces tueries, ces tortures, ces pleurs, ces ruines ? Pourquoi l’être humain se conduit-il ainsi ?
Actuellement, nous sommes confrontés aux attentats. Vers quel avenir nous dirigeons-nous ? Je ne sais pas. Oh la la !! voilà mes pensées qui se mettent à battre la campagne comme le disait mon grand-père. Vous nous demandez ce que nous inspire cette image ?! Et bien voilà une partie de ce qu’elle m’a inspiré. Je n’oublie pas le présent… Partout dans le monde, la guerre, les attentats, tuant indifféremment les enfants comme les parents. Oh, je me répète, comme se répètent toutes ces souffrances. A qui ? à quoi, sont-elles utiles ? Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse… personne n’a de réponse.

Colette
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Ruines
Raids aériens sont passés par là,
Usines, maisons d’habitation, tout est anéanti :
Immense champ de ruines,
Ne laissant debout que quelques pans de murs
Éventrés, d’où pendent, çà et là, quelques fils
Suspendus aux murs qui les protègent.

Guerre
Grande désolation, partout plane la mort !
Unique espace vivant : ce bac rempli d’eau,
Enfants jouant dans cette piscine improvisée,
Remplie, non d’eau parfumée mais d’eau boueuse.
Récréation inattendue entre deux attaques !!!
Et joie de se laisser frotter le dos par un adulte bienveillant.

Enfants
En regardant cette photo
Nul ne peut rester indifférent.
Fantôme de ville, jadis si vivante.
Aujourd’hui : amas de pierres, de tuiles, de toits éventrés !
Non, la guerre anéantit tout,
Tragédie inouïe où tout disparaît,
Sauf le désir de vivre et de reconstruire à quelques-uns ne ville plus belle.

Baignoire
Bac bien placé pour se rafraîchir
L’ombre du portique en bien mauvais état.
Imaginez la joie de ces gamins !
Grande plongée dans ‘eau sale de ce récipient.
Ne pas s’y laver, bien sûr, mais y patauger tant et plus.
Ô bienheureuse accalmie, court moment de répit !
Il faut malgré tout se dépêcher :
Rares et bien courts sont ces instants précieux
Et l’on ne sait jamais d’où viendra le danger !

Dalles
Devant nous, les ruines de Gaza,
Avec toute leur horreur ; les bombes ont jeté l’effroi.
Loin, très loin, ce ne sont qu’amas de pierres, de maisons éventrées.
Là-bas, plus rien ne tient debout.
Enfants de ce pays martyr,
Soyez sans crainte, un jour votre ville revivra.

Christiane
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Sur la photo, ce qui d’emblée saute aux yeux est l’antinomie entre, d’une part, la désolation d’un champ de ruines occupant la totalité du paysage et, d’autre part, la jouissance d’une baignoire dans laquelle s’ébattent  des enfants. C’est là, nul doute, le choc entre un passé lugubre – pour ne pas dire haïssable – et un présent qui se veut radieux et peut-être même prometteur de « lendemains qui chantent ».
La prise de vue date de 2016 et se situe à Gaza. En vérité, innombrables sont les ruines au Proche-Orient, notamment en Syrie.
Dans ce pays et, plus précisément, dans la cité antique de Palmyre, s’est déroulé, il y a peu, une opération de vandalisme de portée international, au détriment de tout le monde dont vous et moi. Des iconoclastes se proclamant islamiques y ont procédé au dynamitage délibéré des précieux vestiges appartenant au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

Emmanuel



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