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Cela
ne sentait pourtant pas la poudre, il
n’avait pas eu maille à partir avec ses voisins. Il ne s’agissait même pas pour lui de soulever
des montagnes ou d’effectuer un travail d’Hercule, pas même de chercher une
aiguille dans une botte de foin, c’était seulement de mettre la main à la pâte
et non pas la main à la poche. Bête à manger du foin, Omer, non point !.. Au
ras des pâquerettes, point du tout ! Mais voilà paresseux comme une couleuvre, il
remettait toujours à la semaine des quatre jeudi, sa collaboration. Effeuillait-il
la marguerite ou s’endormait-il sur ses lauriers ? Qui le saura ? A tout
bout de champ, il tremblait comme une feuille et gémissait qu’il était à
ramasser à la petite cuiller, motif cousu de fil blanc, nul ne l’ignorait. Il prenait
aussitôt la poudre d'escampette et filait à l’anglaise, pour se retirer sous sa
tente.
Omer
ne roulait pas sur l’or et même tirait souvent le diable par la queue. Mais il
n’était pas encore complètement sur la paille. Combien de fois ne lui avait-on répété « Aide-toi,
le ciel t’aidera », « le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt »
ou encore « la fortune sourit aux audacieux », en essayant d’enfoncer
le clou. Il était alors dur de la feuille et un ange passait. Il fallait bien
constater que tel père, tel fils, ce qui
faisait dire à son entourage que les chiens ne font pas des chats et que
c’était bien bonnet blanc et blanc bonnet. Il était pourtant dans la fleur de l’âge et solide
comme un chêne. S’il avait eu du cœur au ventre, il aurait pu avoir le vent en
poupe, franchir le Rubicon et forcer la
chance sans se mettre martel en tête. Ce
n’était pas la mer à boire,seulement de ne pas chercher midi à quatorze heures,
se remonter les manches, prendre son
courage à deux mains et s’efforcer de ne pas jeter le manche après la cognée. Mais
voilà ! En
mettre un coup, c’était mission impossible, même s’il ne faut jurer de rien. Avec un tel énorme poil dans la main, il allait droit au mur. Pour qu’il changeât son fusil d’épaule, il aurait fallu un peu de poudre de perlimpinpin. Ce n’était pas demain la veille que cela arriverait !
mettre un coup, c’était mission impossible, même s’il ne faut jurer de rien. Avec un tel énorme poil dans la main, il allait droit au mur. Pour qu’il changeât son fusil d’épaule, il aurait fallu un peu de poudre de perlimpinpin. Ce n’était pas demain la veille que cela arriverait !
Omer
n’était pas fier comme Artaban et ne se croyait pas sorti de la cuisse de Jupiter.
Au contraire, quand il n’était pas dans les bras de Morphée, il rasait plutôt
les murs ou prenait la clef des champs pour battre la campagne, et ainsi se
mettre à couvert pour ne pas payer son
écot.
Ce
jour-là, il aperçut ses voisins casser
la graine, à la fortune du pot. Il pensa
s’en mettre plein la panse et arriva la fleur au fusil. Ça ne mangeait pas de pain, n’est-ce pas ?
Il espérait bien les rouler dans la
farine en faisant ainsi d’une pierre deux coups. C’était voir par le petit bout
de sa lorgnette et croire à la cerise sur le gâteau. C’était aussi sans compter avec la levée de
boucliers qui s’en suivit et tous de faire du foin contre l’intrus en
découvrant le pot aux roses et en clamant : « C’est le bouquet ! –
il ne faut pas pousser grand-mère dans les orties !» Pierre veillait au grain. Droit dans ses
bottes, il jeta le pavé dans la mare, lui remonta les bretelles en le secouant
comme un prunier et l’envoya sur les roses, non sans lui crier : «C’est
ça. Va revoir ta copie, la balle est dans ton camp maintenant. Prends-en
de la graine ». Ce fut la réponse du berger à la bergère. Omer ne prit pas
longtemps racine mais, sur le champ, prit ses jambes à son cou sans demander
son reste et détala comme un lapin. Les convives riaient sous cape et lui cassaient
du sucre sur le dos. Il avait voulu jouer
dans la cour des grands mais il se retrouvait gros jean comme devant. Il avait voulu jeter de la poudre aux yeux et
il en était pour ses frais. Il devait faire comme mauvaise fortune bon cœur, rongeait
son frein et comme dit le proverbe « Qui rit vendredi, dimanche pleurera» – En prit-il
de la graine ? L’avenir le dira. Affaire à suivre !...
Marie-Thérèse
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Ce soir je m'ennuie, que
puis-je faire au lieu de peigner la
girafe ? J'allume le téléviseur, période électorale oblige, un débat se
déroule entre deux prétendants à la place suprême et donc... affaire à suivre. L'un répond au
journaliste en argumentant, l'autre ensuite fait de même mais pour moi, tout ce
qui se dit pour le moment, c'est bonnet
blanc et blanc bonnet.
Le discours du premier
commence, il se tient droit dans ses
bottes alors que le deuxième qui est
au taquet semble déjà rire sous
cape en se disant que son adversaire est en train de jeter de la poudre aux yeux, que
personne ne sera dupe. Celui qui a la parole remarque son jeu et change son fusil d'épaule, il joue dans la cour des grands, ce n'est
donc pas le moment de regarder par le
petit bout de la lorgnette. Tout en continuant son discours, il se dit
que connaissant les idées défendues par son concurrent, celui-ci va aller droit dans le mur. Et ne dit-on
pas justement que c'est au pied du mur
qu'on voit le maçon ? Donc rira
bien qui rira le dernier et son
petit doigt lui dit qu'il ne devra pas chercher midi à quatorze heures pour voir ça.
C'est au tour du deuxième
candidat de prendre la parole, la balle
est dans son camp. Il fait des promesses à n'en plus finir, après tout ça ne mange pas de pain. Tellement
qu'à l'entendre, ça semble aussi facile que faire passer un chameau par le chas d'une aiguille. Il nous roule dans la farine mais si ça doit
réellement se concrétiser, alors je pense que nous verrons tout ça la semaine des quatre jeudis. Il se
sent le vent en poupe et
apostrophe son adversaire en lui demandant de revoir sa copie car forcément, c'est lui qui a raison. Cette
attaque tombe comme un pavé dans la mare et soulève une levée de boucliers de la part de
l'autre réputé pour être soupe au lait et qui lui répond donc sur le fil du rasoir. Je me dis alors en les regardant que ça vole au ras des pâquerettes et que ma parole, avec leurs grands gestes
ils vont en venir aux mains. Mais ils se contiennent car jeux de mains, jeux de vilains se
souviennent-ils.
Les échanges sont terminés,
heureusement car je ne me voyais pas sortie
de l'auberge, ce fut vraiment la
réponse du berger à la bergère. Lequel des deux a été le plus sincère,
autant chercher une aiguille dans une
botte de foin. Tous deux sont issus de familles engagées politiquement, les chiens ne font pas des chats. Et, cerise sur le gâteau, ceux-là mêmes
qui prétendent bien connaître ceux qui vivent en tirant le diable par la queue, roulent sur l'or. Qui l'emportera le jour venu ? L'avenir nous le dira mais je ne donnerai pas ma langue au chat. Tout
ce que j'ose espérer, c'est de ne pas tomber
de Charybde en Scylla. En attendant vogue la galère, je coupe le téléviseur, ce débat m'a rendue aussi
triste qu'un jour sans pain, à bon
entendeur, salut.
Paulette
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«En Avril ne te découvre
pas d’un fil» dit le proverbe, mais il faisait si beau que nous sommes partis
pour le week-end à la campagne. Les après-midi ensoleillés nous incitaient à
tomber les manteaux, à jouer au ballon en pull ainsi qu’à la pétanque. La
cerise sur le gâteau, le ciel était bleu sans nuage. Les oiseaux réchauffés par
le soleil chantaient en sautillant de branche en branche. Les feuilles tendres
repoussaient doucement.
Droit dans ses bottes,
mon ami d’enfance n’était pas peu fier
de gagner toutes les parties de pétanque. Il devait s’exercer à Paris
pour être aussi fort ou la chance l’habitait et lui, nous jetait de la poudre
aux yeux, se prenant pour un champion de boules. Mon petit doigt m’a dit que ce
n’est pas demain que je gagnerai, peut-être la semaine des quatre jeudis ?
Jeu de mains, jeu de
vilain ! En chahutant avec mon partenaire, une de mes boucles d’oreille
tomba dans l’herbe. Nous avons eu beau chercher, impossible de la
retrouver : Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Un peu attristés par cette perte, le soir
tombait, il fallait penser à rentrer.
Ces deux jours passés
très vite, nous voici en voiture pour le retour à Paris, fatigués mais heureux
et détendus.
Mireille
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Je me présente : Désirée Faribole,
candidate hors normes et tous bords confondus aux élections : en effet, je
ratisse large.
Nous sommes déjà en Avril, en cette
période de frilosité et de fébrilité, je m'inscris contre l'adage : en avril ne
te découvre pas d’un fil, car je n'ai pas froid aux yeux !
Quand j'apprends les faux-pas de mes
concurrents sur des peaux de bananes, je ris sous cape lorsque la Presse
découvre le pot aux roses.
Droits dans leurs bottes, ils déclarent
mordicus être victimes de complots, de machinations ; pour peu, ils nous
feraient pleurer. Pas un pour relever l'autre: c’est blanc bonnet et bonnet
blanc. Mon petit doigt me dit que le jour où ils laveront plus blanc que blanc
pour de vrai, ce sera la semaine des quatre jeudis et des trois dimanches !
Pourtant,
empêtrés dans les "affaires", ils vont cahin caha droit au mur:
simultanément, ma côte grimpe à vue d'œil.
Voyons leur programme, quand ils en ont
un, il est vite et mal ficelé, improvisé, réajusté et vogue la galère sur nos
sous ! Voyez-les comme ils ont le vent en poupe ! Si vous leur demandez où ils
mènent le pays, vous les plongerez dans l'embarras!
Qui sont-ils ? Périssent-ils de faim de
froid, de canicule, de grippe ?
C'est une bonne fonction, sans obligation
de résultats ! Les belles promesses, professions de foi; bouche cousue sur
leurs avoirs, surtout quand ils roulent sur l’or. A eux l'éternelle cerise sur
le gâteau, à nous les noyaux et autres pépins ! C’est pas demain la veille
qu'ils nous rempliront les poches !
Ils nous bercent, nous enfument de grands
projets, tellement démesurés, pour bien nous montrer qu'ils jouent dans la cour
des grands. Ne soyons pas dupes, ils ne nous voient que par le petit bout de la
lorgnette. Ils devraient se remettre en question, revoir leur copie, avec leurs
discours à la guimauve, au ras des pâquerettes ! Jadis, l'un d'eux s'invitait
chez vous, à la fortune du pot, afin de soigner sa popularité, ça ne mange pas
de pain. On ferait plutôt passer un chameau par le chas d’une aiguille que de
nous faire croire au sacro-saint principe fondamental de l'égalité, car ils
sont plus égaux que nous ! Ils cumulent les fonctions, sans jamais tomber dans
les pommes : attachés ici, détachés là, parachutés on ne sait où : autant
chercher une aiguille dans une botte de foin, que de clarifier leur cursus, qui
leur laisserait des loisirs pour courir la gueuse, selon leurs désirs et
capacités.
Plus sérieusement, quand on aborde les
questions qui fâchent, ils excellent dans le maniement de la langue de bois et donnent
leur langue au chat. Leur pedigree est garanti grand teint.
Dans les circonstances délicates,
fluctuations, ballotages, entre deux tours, ils affûtent leur stratégie : c'est
là où l'on voit défiler les cocus magnifiques et fleurir les mariages forcés
des coquins et des requins. C'est l'éternelle réponse du berger à la bergère,
en vertu du principe Qu'un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
Parfois un pavé dans la mare les
éclabousse, comme un fait exprès, au moment le plus inopportun, mais les
ricochets sont brefs, l'onde de choc de faible amplitude, les affaires vite
classées .Ils s'exposent rarement à marcher sur le fil du rasoir.
Le murmure populaire ne s'élève pas
jusqu'à la clameur indignée ou à la levée de bouclier. Les grands ne
s'abaissent pas à se prêter au jeu de mains jeu de vilains.
Croient-ils tout ce qu'ils nous débitent?
Rien n'est moins sûr ! Demain tout sera pour le
mieux dans le meilleur des mondes, l'aube se lèvera sur des journées radieuses,
porteuses d'un avenir prometteur, dans le meilleur des mondes. Tout est cousu
de fils blanc.
Champions des coups bas, ils changent leur
fusil d’épaule, pour garder la balle dans leur camp, soufflant le chaud, le
froid jouant de la séduction, chant des sirènes, miroir aux alouettes ; tous
les coups sont permis : la fin justifie les moyens !
J'ai très peu parlé de moi, à cause de ma modestie,
mais je vais gagner, aussi vrai que je me nomme Désirée Faribole. L’avenir le
dira très prochainement !
De plus, pour la première fois chez nous,
vous allez voir à mes côtés le premier monsieur de France, mon prince consort !
Affaire à suivre !
Marie-Christine
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Comment oublier les élections alors que
chaque jour on nous rebat les oreilles des frasques financières des uns, des
bévues des autres, à tel point que l’on aurait presque envie de fermer le
poste. Si l’on s’éloigne un peu du ring on se rend compte que quelque soit le
parti en cause c’est bonnet blanc et blanc bonnet, tous menteurs comme des
arracheurs de dents, tous parle de crise et de restrictions budgétaires mais
aucun d’entre eux ne tire le diable par la queue. Et pourtant dans les meetings
et les débats chacun argue du bien-fondé de la mission dont il se sent investi.
Prenons en exemple une femme politique qui semble avoir le vent en poupe actuellement,
c’est pour moi la cerise sur le gâteau de l’ineptie politique. Tel père, telle
fille me direz-vous, c’est vrai elle aussi crie haro sur le baudet sur les
immigrés mais ce n’est pas son seul credo. Dans les débats à première vue elle
présente bien, mais l’habit ne fait pas le moine et dès qu’elle ouvre la bouche
elle harangue avec violence aussi bien les journalistes que ses adversaires.
Elle ne répond jamais directement aux questions qui lui sont posées et quand la
balle est dans son camp, elle pique, elle éructe, elle hurle, puis se drape
dans sa dignité comme si elle avait été attaquée. On doit lui reconnaître
qu’elle ne change pas son fusil d’épaule, ni ne retourne sa veste. Ses propos
de campagne sont pratiquement ceux de son père, à peine nuancés car elle est
plus fine que lui. Avec ses arguments elle arriverait presque à vous faire croire
qu’elle peut faire passer un chameau par le chas d’une aiguille. Lui ne voulait
pas être président, il voulait être connu et reconnu. Elle ne veut que le
pouvoir, être présidente au nez et à la barbe des autres candidats mais elle a
encore du pain sur la planche pour y parvenir et ce n’est pas parce qu’elle a
la grosse tête qu’elle est la mieux placée. Je n’espère qu’une chose c’est que
cela n’arrivera que quand les poules auront des dents !
Fabienne
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Aux abois,
Madeleine Patissier et Marcel Porte Maillot, cruellement désargentés, dans une
banlieue déshéritée, vivaient d’expédients. Futurs titulaires d’un titre d’expropriation,
ils tiraient le diable par la queue. La sonnette d’alarme ayant retentie à la
banque, les clignotants au rouge, il fallait de mettre au vert. Un week-end à
la campagne, en période pascale, leur souriait : changer d’air, se refaire
une santé, ils brassaient ce leitmotiv, cette réponse du berger à la bergère. Ils
déguerpirent donc emmitouflés comme des esquimaux, sus les averses de grêle,
grésil et autres giboulées, car en avril il ne faut pas se découvrir d’un fil. Ainsi,
un jeudi, dès potron minet, sac au dos, ils se postèrent au bord du
périphérique, partirent en stop et vogue la galère : direction la Creuse,
en plusieurs étapes. La chance sourit aux audacieux et à ceux qui se lèvent
tôt. Ils avaient le vent en poupe. Ils se rendaient chez leur tante Aimée
Porthelune, pour se remettre à flot, la rouler dans la farine serait une simple
formalité : ils en riaient sous cape et même dans leur cache-nez, car dans
leur sinistre logis, on ne voyait pas plus de beure dans les épinards que de
beurre en branche depuis belle lurette. Affaire à suivre.
L’aïeule
les recevrait à la fortune du pot, ça ne mange pas de pain. Bien qu’avare au
dernier degré, ils espéraient de sa part un geste, une lueur d’attendrissement,
envers les deux cigales d’arrière-saison. L’accueil, à l’image des intempéries,
fut glacial et le régal mesquin. Il était plus aisé de faire passer un chameau
par le chas d’une aiguille que d’ouvrir la bouche sur le mot qui fâche ;
quant à la bourse, garnie d’économies forcenées, de bouts de ficelle, elle
demeurait hermétiquement close, dûment enveloppée d’oursins et autres
hérissons.
Toute cette
histoire était cousue de fil blanc, de grosse ficelle, car la tante vivait dans
une gêne apparente, soigneusement entretenue, nul ne s’étant hasardé à porter
un éclairage sur l’origine obscure de ses avoirs. Cette situation perdurait
depuis des générations car les chats ne font pas des chiens : chez elle,
on n’attachait pas les chiens avec la saucisse. Les Porthelune avaient eu
pignon sur rue du temps où ils prétendaient jouer dans la cour des grands. Cependant
Patissier et Porthelune, sidérés par l’apparente santé de l’ancêtre, s’accrochaient
pourtant désespérément à l’héritage, comme moule au bouchot : un tiens
vaut mieux que deux tu l’auras. Il n’y avait pas péril en la demeure :
grâce aux RTT du jeudi et au lundi de Pâques férié, la religion a parfois du
bon, ils profitaient de la semaine des quatre jeudis pour tirer l’affaire au
clair. C’était sans compter la visite inopinée du cousin Paul Périssoire, perdu
de vue, vivant chichement au jour le jour : il ne roulait pas sur l’or. Il
subodore les motivations des deux écornifleurs, suppute leur potentiel de
réussite, à revoir drastiquement à la baisse, par le petit bout de la lorgnette.
Pourtant, ils pensaient faire d’une pierre deux coups. Mais où cachait-elle son
magot ? Je donne ma langue au chat. Pourtant, il n’y a pas de fumée sans
feu. Où est le bas de laine ? L’avenir le dira. Ils eurent beau faire des
pieds et des mains, l’aïeule resta fermée comme une huitre, durant toute cette
singulière réunion de famille : du trésor, point de nouvelles. Autant chercher
une aiguille dans une meule de foin. Ce fut le neveu Périssoire, qui droit dans
ses bottes, mit les pieds dans le plat. Il jeta le pavé dans la mare, alléguant
haut et fort que les deux indésirables en voulaient à ses liquidités, ainsi fut
découvert le pot aux roses. La balle était dans le camp de Périssoire : ce
fut un tollé, une levée de boucliers. L’aïeule en chevrotant narra par le menu
que Porte maillot avait une réputation sulfureuse, ayant dissipé sa jeunesse à
courir la gueuse, que ses recherches d’emploi se concluaient systématiquement
sur le fil du rasoir. le ton monte, les deux cousins s’apostrophèrent en termes
bas, si bien que les deux banlieusards, changeant leur fusil d’épaule. Jeu de
mains jeu de vilains n’étant pas leur tasse de thé, quittèrent précipitamment
le logis enfumé, sans remercier l’hôtesse ni le cousin, ils refirent du stop,
direction leur coin isolé de banlieue grise. L’aïeule, en présence de
Périssoire, tomba dans les pommes, emportée par une crise cardiaque. Grande fut
la déconvenue de Périssoire : toute la fortune des Porthelune reposait sur
des bons au porteur, des emprunts russes, cachés au grenier, dans un sac,
rongés depuis longtemps par les rats. Elle n’avait jamais eu connaissance de ce
détail qui eût avancé l’heure de son trépas. On trouva aussi des liasses de
grosses coupures qui n’avaient plus cours depuis des décennies, entre les piles
de draps de l’armoire. Il n’y eut pas de cerise sur le gâteau, ils furent gros
jean comme devant : ils étaient tous allés droit dans le mur. La maison
avait été mise en viager : dame Porthelune leur avait jeté de la poudre
aux yeux. C’est l’histoire
somme toute banale d’une famille aux rapports distendus qui n’ayant jamais
accordé ses violons, n’a pas su revoir sa copie. On ne craint jamais assez les
vrais rats : quand on ne veut pas faire les frais d’un coffre-fort, on
jette le bébé avec l’eau du bain. Mon petit doigt me dit que les neveux de dame
Porthelune ne retourneront pas de sitôt dans la Creuse : c’est pas demain
la veille !
Marie-Christine
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