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Un
train roulait dans la nuit pour Paris, à son bord un bataillon rompu. Il avait
du s’assoupir car tout autour de lui un noir profond. Mais dormir, il voulait
dormir. Son compagnon s’installa à plat dos et ronfla. Il ronflait si fort, lui
alors siffla son compagnon modifia sa position sur un lit trop mou, passant sur
un flanc mais continua. Transi il avait pourtant soif, il tâtonna, trouva son
bidon dont il absorba le fond. Puis il compta jusqu’au moins un million
tapotant du bout du doigt un drap trop fin, mais toujours sans solution. Quand
tout à coup il vit un rayon blafard il
fût gai car il avait vaincu la nuit.
Fabienne
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Bruit sourd dans
la nuit, ouragan, tourbillons chahutant la maison, agitation du sol. Mon flacon
sortant du placard chuta sur un coin, diffusant mon parfum. Mon conjoint
dormait. Il glapit : « Pourquoi un fracas aussi fort dans la
nuit ? » Un gond grinça, l’abat-jour s’accrocha au montant du lit. Il
cria ! Ouah ! Par un faux vitrail,
on voyait moult oscillations d’un acacia rabougri. Un toutou corniaud hurla à la mort. Mauvais sort pour un
lundi ! Hallucination ou frissons. Sur son tronc, un chocard siffla
puis vola sous un grand toit voisin qui
tomba. Bruit ronflant d’un train fou roulant sous moi. Broum, broum. Bruit trop
fort ! Qui fora un trou sous moi ? La maison vacilla. Angoissant sursaut ! Oh toi, dormant sous
un volcan, ou tapi dans ton mont, grand dragon chinois ou poisson-chat japonais
qui vit sous nous, pourquoi vous mouvoir
au grand dam du vivant ? Pourquoi t’amusais-tu, lutin malin, ou troll aigri du sous-sol obscur, choquant rocs sur rocs, châtiant tout individu. Quand finiras-tu ton
sépulcral plaisir ? Ici,
dans mon jardin, on trouvait un trou colossal. Sur mon balcon, parmi gravats,
plâtras ou bris, fraction du toit, un plat. Qui l’avait mis là ? Vilain titan qui importuna animaux ou humains.
Convulsions du sol, glacial cliché d’un
long soir hallucinant. Bilan
Inouï ! Je quittai mon abri et frissonnant partis au loin, dans champ,
pour un gourbi plus dur.
Marie-Thérèse
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Marina dans on lit dormait. On frappa
trois coups brutaux. Où ? Là-haut ! Un coucou sonna. Quand ? à
minuit. Dans son logis clos, fort obscur, Marina bondit. Au-dessus de son lit à
baldaquin, dans un bruit assourdissant, un lourd bahut massif chuta, brisa un
miroir, suivi du choc mou du bocal du poisson carassin.
Au plus fort du charivari, Katia hurla,
apostrophant sur un ton incongru son mari, grand marchand d’art national, qui
nonobstant le brouhaha, invoquait Mona Lisa. Martin arrivait toujours trop tard.
Pourquoi ? Il avait pourtant plus d’un tour dans son sac. Un chat miaula
fortissimo, à l’unisson, sourd au magistral chahut.
Katia dansait sur un volcan, au plus fort
du hourvari, son mari aussi. Martin, las du boucan, du tohu-bohu, partit finir
la nuit au salon dans on clic-clac, fort marri, au vu du chaos conjugal.
Marie-Christine
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Un jour a fini, à son tour la nuit fait son apparition.
Individus, animaux, tout va dormir durant un
instant qui paraît infini, du moins quand on dort.
Dormir, aboutir au statut d'un gisant nonchalant, lui paraît
pyramidal. Un lit, tout à la fois doux, chaud, lui paraît donc plutôt
satisfaisant, attirant aussi. Lui, y couchant son corps fourbu, voudrait tant
pouvoir dormir pour partir loin, toujours plus loin. Mais vouloir, pouvoir...
plus ardu qu'il n'y paraît.