Si je devais me réincarner ce serait en
moi-même et ce dès la petite enfance. Ce qui voudrait dire que ma famille
serait aussi réincarnée. Refaire ma vie pour retrouver toute les sensations
agréables et éviter ce qui l’a perturbée. Je crois que c’est la peur de
vieillir, la peur de la mort de ceux à qui je suis attachée qui me fait dire
cela dans un moment difficile pour moi. Je voudrais retrouver les doux bras de
ma mère pour consoler mes chagrins, ses mots apaisants, la force rassurante
de mon père. Quand j’avais mal à l’âme je n’arrivais pas à mettre des mots
dessus, c’était juste une sensation désagréable qui me donnait envie de pleurer.
Je me rappelle, quand j’étais malade, de la fraîcheur de la main de maman sur
mon front de sa voix douce qui me demandait si quelque chose me ferait plaisir
à manger. Pourtant si petite, maman a toujours tenu une place très grande pour
moi. Je ne voulais pas partir en colonie de vacances car je me sentais
abandonnée et à l’aller comme au retour je pleurais comme une madeleine. Je
n’ai jamais aimée être seule, je me souviens des repas de dimanche en famille,
mon frère et ma sœur après le dessert quittaient la table pour aller vaquer à
leurs occupations, et moi je m’installais allongée sur ma chaise la tête posée
sur les genoux de ma tante qui me câlinait et je somnolais dans le brouhaha de
la conversation. J’aurais voulu que cela dure éternellement. Je sais que ce
n’est pas la vraie vie et que ce n’est pas possible mais je m’accorde le droit
de rêver de retrouver ma sœur morte si tôt, de pouvoir espérer avoir un
petit-fils ou une petite fille du côté de mon fils si ma belle-fille n’avait
pas eu cet accident qui rendrait une grossesse trop risquée pour elle. Je
pourrais éviter les erreurs que j’ai faites, être pour mes enfants solide et
compréhensive, pour mon ex-mari avoir su prendre la bonne décision au bon
moment. A force d’être hésitante sur les décisions à prendre j’ai perdu du
temps et souffert pour pas grand-chose. Je suis probablement hors sujet mais
c’est ce que m’inspire la réincarnation.
Fabienne
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Marie-Christine
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Je me souviens de deux
femmes dont j’avais rêvé : la mère et la fille. Nous avions sympathisé
puis échangé des idées, nous nous étions un peu confié sur nos vie, puis nous
partîmes vers des côtés opposés sans penser à nous revoir. Je me réveillai ravie, en
pensant à ce bon moment passé. Puis les
jours s’écoulèrent, j’oubliai cette chimère rapidement, continuant ma vie.
Un jour, je devais me rendre dans une ville lointaine pour effectuer des démarches professionnelles
qui me mettaient mal à l’aise.
Ne sachant pas si la rencontre allait être favorable ou décevante, une personne de ma famille proche m’accompagnait. Ensuite nous devions effectuer quelques emplettes avant de supporter un long trajet pour nous rendre à notre domicile. Evidemment, l’entretien ne fut pas concluant. Je m’en doutais un peu mais au moins j’aurais essayé, pensant que l’avenir mer sourirait une prochaine fois.
Ne sachant pas si la rencontre allait être favorable ou décevante, une personne de ma famille proche m’accompagnait. Ensuite nous devions effectuer quelques emplettes avant de supporter un long trajet pour nous rendre à notre domicile. Evidemment, l’entretien ne fut pas concluant. Je m’en doutais un peu mais au moins j’aurais essayé, pensant que l’avenir mer sourirait une prochaine fois.
Au moins au tournant
d’une rue, sur le bord d’un mur, deux femmes étaient assises, souriantes,
avenantes. Elles nous saluèrent, nous invitant à prendre place à leurs côtés
pour bavarder un peu. Confiantes, nous primes place, attirés par leur amicale
chaleur. Je croyais les connaitre depuis toujours ; elles m’étaient familières.
Je reconnaissais leurs doux regards clairs, leurs visages accueillants, leurs
voix douces et réconfortantes.
Après un long moment
d’échange agréable sur nos vies, elles me redonnèrent l’espoir de vivre de
meilleurs moments pour moi, sans savoir mon tourment. Nous repartîmes le cœur
léger en se demandant quand nous les avions vues ? C’est à cet instant que
je me suis souvenue de mon rêve, c’est ce rêve que je venais de vivre dans la
réalité. J’en parlai à ma compagne.
Etonnée, je repris ma
vie en mains mais parfois le visage de
ces femmes me revient. Comme c’est étrange ! Au fil des ans, d’autres
personnes m’ont confié des cas similaires qu’elles avaient vécus, sans trouver
de réponse. Malgré les ouvrages parus sur ce sujet, la majorité des individus
ne veulent pas admettre ces mystères de la vie. Et pourtant !
Mireille
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Regarder attentivement tout ce qui m'entoure,
Et me dire que je ne découvre rien de nouveau.
Inventer ou faire semblant d'inventer,
N'y changeront rien, je connais déjà ce que je vois.
Car sinon comment expliquer ce lieu où je ne suis jamais venue,
Avec tant de détails qui me reviennent à l'esprit,
Regarder encore, et encore, essayer de comprendre,
Ne pas vouloir croire que je connais bien cet endroit.
Avec une certaine crainte j'essaie de continuer l'expérience,
Tout en restant sur mes gardes, je refuse de me laisser aller.
Imaginons que j'aie déjà visité cet endroit il y a longtemps,
Oublions le moment présent, et alors ?
Non, je suis moi, rien que moi, et n'ai jamais été personne d'autre.
Et me dire que je ne découvre rien de nouveau.
Inventer ou faire semblant d'inventer,
N'y changeront rien, je connais déjà ce que je vois.
Car sinon comment expliquer ce lieu où je ne suis jamais venue,
Avec tant de détails qui me reviennent à l'esprit,
Regarder encore, et encore, essayer de comprendre,
Ne pas vouloir croire que je connais bien cet endroit.
Avec une certaine crainte j'essaie de continuer l'expérience,
Tout en restant sur mes gardes, je refuse de me laisser aller.
Imaginons que j'aie déjà visité cet endroit il y a longtemps,
Oublions le moment présent, et alors ?
Non, je suis moi, rien que moi, et n'ai jamais été personne d'autre.
Paulette
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Ils m’en avaient tant parlé qu’à la
première occasion, je n’hésite pas à partir avec eux, sac au dos et sandales
aux pieds. Après plusieurs kilomètres de marche sous le soleil de l’été, nous arrivons dans cette petite crique ronde
presque fermée laissant entrer la mer par un étroit goulet. Les habitants de la
région et même les géographes l’appellent la « petite mer » tant
elle est enserrée par les collines avoisinantes.
Fatigués, nous nous écroulons sur le sable
chaud en haut de la plage. Pour moi, c’est la première fois que je viens dans
ce lieu. Vite, je me relève et m’assois pour admirer le paysage et cette mer
d’un bleu vert que peu de vaguelettes viennent rider. Sa transparence est telle
qu’elle laisse voir au fond les rochers qui affleurent.
Pourquoi aussitôt ai-je ressenti cette
impression de déjà-vu, d’un lagon là-bas dans les mers chaudes. Je me revois
plongeant telle une sirène, dans ces eaux claires, frôlée parfois par les
poissons-clowns, jaunes et noirs, les poissons-papillons, bleus et jaunes à
rayures noires et les poissons bagnards rayés aussi mais à la tenue bien plus
sombre. Sans bouteille à oxygène, en bougeant les jambes d’un mouvement
alternatif, je descends lentement jusqu’aux fonds
coralliens. La diversité de leurs couleurs me fascine : les verts, se
teintant du plus tendre au plus foncé, les bleus pâles des aigues-marines
s’intensifiant jusqu’à se métamorphoser en outremer, les violets presque roses
se nuançant pour offrir des mauves, des lilas, mais aussi des améthystes, des parmes,
et même des carmins. Une plante animal,
brève tache rouge, étincelle de ci- de là, sur ce parterre d’algues.
Mais
je ne suis pas là pour flotter dans cette douce masse liquide à contempler ces merveilles. Je suis à la
recherche de ces petites tortues de Ridley mesurant seulement de 60 à 75 cm de
long. Leur carapace de couleur olivâtre
se confond parfois dans les hautes herbes qui ondulent à peine sous l’effet
d’un faible courant. En tant que
scientifique, je dois essayer d’en connaitre le nombre et d’en étudier leurs
mœurs : alimentation des adultes, développement des juvéniles, en capturer
deux ou trois, avec une extrême précaution. Là-haut- sur la plage, elles seront
mesurées, pesées et peut-être harnachées d’une balise Argos avant d’être
remises à l’eau. Certaines, bien vivantes, sont blessées. Je m’en empare pour
les faire soigner au plus vite avant que leur carapace ne leur serve de linceul
car je le sais bien, cette espèce est en voie de disparition. Je remonte à la surface, les carapaces de
celles qui n’ont pas survécu, prises dans des mailles de filets trainant dans
le lagon.
Un léger vent m’envoie brusquement un peu
de sable dans les yeux qui se dessillent. Moi, scientifique, chargée d’une
telle mission, impossible, je ne l’ai jamais été. Plonger dans le lagon me
ferait peur, impensable pour moi, moi qui ne sais même pas nager. A la mer, je barbote comme un canard
et c’est ce que je m’apprête à faire. Ai-je vraiment été cette sirène dans une
autre vie ou est-ce l’ardeur du soleil
qui m’a fait rêver ? Pourquoi ce
lagon, cet intérêt soudain pour les tortues ? Ici, dans cette crique, bien
au-delà de la barrière rocheuse, seul, l’espace d’un instant, un aileron de dauphin
perce les vagues avant de disparaitre.
Marie-Thérèse
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Le mystère
de l'invisible est insondable et impénétrable : il dépasse notre raison
cartésienne.
Ce thème protéiforme,
fait couler beaucoup d’encre, génère des royalties et même des pactoles comme
ce fut le cas de la série "Les revenants" ; des ouvrages, comme
"Les revenants " de Laura Kasischke ou si l'on considère la
croyance en la réincarnation, si présente en Inde.
Plus près de
nous, on se demande si les frontières avec l'au-delà sont étanches : V. Hugo
essayait de communiquer avec sa fille Léopoldine, disparue tragiquement.
Pour ma part,
lors d'un coma consécutif à un accident de voiture, j'ai connu le "tunnel
bleu" : j'en suis revenue».
Sinon, j'ai
revu en rêve un proche, plusieurs années après son décès : il était retourné en
poussière une première fois ; je le voyais assis sur un banc, dans son costume
gris, immobile et silencieux, prêt à se pulvériser une deuxième fois : il avait
perdu ses trois dimensions.
Dans un
registre moins mortifère mais insolite, comme tout patient, je patientais, dans
la salle d'attente d'un hôpital. Soudain, dans cette aile hospitalière
habituellement paisible, on entendit des éclats de voix réprobateurs, nous nous
jetâmes tous dans le couloir : un individu qui semblait tout droit tombé d'une
page de Proust, alla se réfugier derrière la porte vitrée du secrétariat.
Notre choc
était tel que personne n'avait envie de rire ou de s'attrister : le simili
dandy portait un costume trois pièces moutarde avec des motifs pied de poule
marron et vert fonce d'excellente qualité ; le gilet, parfaitement ajusté sur
une chemise de prix, immaculée, rehaussée par une cravate ornementée d'une
épingle en or ; les boutons de manchette étaient du même métal précieux.
Il portait
au poignet une montre Cartier en or ; il avait à son annulaire gauche une
chevalière en or. La veste était ornementée d'une pochette bouffante surmontée
d'un gros œillet rouge.en tissu.
Des
chaussettes moutarde rentraient dans de luxueuses chaussures en cuir blanc,
dont le bout et le talon étaient marron.
Pour
compléter le tout, le personnage, venu s'asseoir à côté de moi, posa son talon
gauche sur son genou droit, y posa sa badine en bois précieux surmontée d'un
pommeau à tête d'aigle en argent massif : grâce à sa souplesse hors normes, il
érigeait une barricade, gardant ses distances, son mutisme. Il se mettait en représentation.
Son visage
était glabre ses cheveux courts, bruns, peu fournis coiffés avec une raie latérale,
bien plaqués. Il avait de grosses lunettes rondes à monture en or.
Il affichait
une corpulence frêle de communiant des années cinquante.
Je l'observais
à la dérobée pendant une heure trente : ce n'était pas un perroquet échappé
d'une volière : il ne voulait pas passer pour un patient, en train de mettre
ses gouttes; ce n'était pas un mannequin sorti d'une vitrine : il était vivant
mais tellement apprêté, partiellement intemporel, spécimen indéfinissable et
inintéressant...sur ces entrefaites, le médecin vint le chercher en appelant
"Madame Marie-Laure Gandin "...!!! Ce fut le bouquet final! On ignore
ce qui se cache derrière les apparences : des vies multiples, sordides,
cocasses...
Le deuxième
thème de réflexion, je l'ai trouvé dans des récits d'enfance et d'adolescence
de Georges Sand.
Il faut
faire très attention à ce que l'on raconte aux enfants : l'auteur ayant perdu
son père d'un accident de cheval dit à sa mère : "Mon papa est encore mort
aujourd'hui"? Ou encore : «Mais quand mon papa aura fini d'être mort, il
reviendra bien te voir " ? L’enfant comprend la mort mais ne la croit pas éternelle.
Sa mère ne
voulait pas la détromper , en lui disant qu'elles l'attendraient et elle
défendait aux domestiques d'expliquer quoi que ce fût .Ces derniers, confondant
superstitions et regrets prétendaient avoir vu le mort traverser le corridor,
descendre l'escalier, en grand uniforme, marchant lentement, sans paraître voir
personne, passant près d'eux, sans les regarder ni parler. Un autre l'avait vu
dans l'antichambre de l'appartement de sa femme .En traversant la salle de billard,
une servante l'avait vu assis, les coudes appuyés sur la table et la tête dans
les mains. Il est délicat d'aborder le thème de la mort avec de jeunes enfants.
Enfin, j'ai
relu "Les revenants" d'Ibsen : le père, Alving, même marié a continué
à mener une existence dissolue, à s'encanailler, tout en critiquant
l'immoralité .La mère a voulu soustraire son fils Oswald à ce milieu, dès l'âge
de sept ans : il avait vécu à Paris menant une vie de bohême. Parents
défaillants, père mort dans les orgies, puis, retour de l'enfant prodigue,
adulte, mais atteint d'une maladie transmise par le père et souffrant de ne pas
avoir été un peintre célèbre.
Oswald
s'ennuie dans ce paysage de pluie, noyé par l'alcool. Il aurait pour tout
horizon la vue de l'appétissante domestique pleine de vie : Régine : quand la mère
voit son fils courtiser la bonne, elle s'écrie d'une voix rauque :
"Des revenants. Le couple du jardin d'hiver qui revient"
En effet, Régine
était la fille adultérine que feu son époux avait eue avec Jeanne sa domestique.
Les mêmes
situations se reproduisent : elles reviennent : Régine et Oswald
Ignoraient
qu'ils avaient le même père. Oswald dit à sa mère qu'il est un "mort
vivant».
Le père et
le fils se considéraient comme des hommes finis. Régine, à son tour, part mener
une vie dissolue, elle ne veut pas le soigner; Oswald pour briser le choc de
cette déconvenue, pour mettre un terme à ces drames familiaux à répétition, se
donne la mort en absorbant en présence de sa mère, le poison qu'il lui avait
montré : il cherchait en vain le soleil. Oswald ne pouvait assumer le rôle d'un
"revenant ».Il voulait mettre fin à la répétition du schéma familial
qui ne lui permettait pas d'envisager sereinement l'avenir.
Tout
doucement, je m’endors… Tout se bouscule autour de moi, je suis comme une
balle. Mon corps devient léger, léger, comme aérien. Je marche, mais aussi je
vole, me transporte d’un lieu à un autre comme portée par des ailes invisibles.
Je suis devenue fée. Je viens d’obtenir ma première « mission », je
dois faire que les méchants deviennent bons. Je mets ma robe couleur de temps
et prends mon fuseau-sortilège. Je vais me rendre au château et délivrer le
neveu du roi, enfermé par celui-ci dans son donjon depuis cinq ou six ans.
Vais-je réussir ma mission ? Oui ! De plus, dès qu’il m’a aperçu le
prince est tombé amoureux de moi et, comme je viens de toucher le roi avec mon
fuseau enchanté, il est devenu bon sur le champ. « Puisque vous vous aimez,
mariez-vous et à ma mort, vous hériterez du royaume ! »
Je sens
mon cœur qui bat et tout à coup, je vois ma chaise, la table, la pièce où je
suis… et je me réveille.
Christiane
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