samedi 11 mars 2017

RÉINCARNATION, SENSATION DE DÉJÀ VU, VIES ANTERIEURES OU FUTURES

Si je devais me réincarner ce serait en moi-même et ce dès la petite enfance. Ce qui voudrait dire que ma famille serait aussi réincarnée. Refaire ma vie pour retrouver toute les sensations agréables et éviter ce qui l’a perturbée. Je crois que c’est la peur de vieillir, la peur de la mort de ceux à qui je suis attachée qui me fait dire cela dans un moment difficile pour moi. Je voudrais retrouver les doux bras de ma mère pour consoler mes chagrins, ses mots apaisants, la force rassurante de mon père. Quand j’avais mal à l’âme je n’arrivais pas à mettre des mots dessus, c’était juste une sensation désagréable qui me donnait envie de pleurer. Je me rappelle, quand j’étais malade, de la fraîcheur de la main de maman sur mon front de sa voix douce qui me demandait si quelque chose me ferait plaisir à manger. Pourtant si petite, maman a toujours tenu une place très grande pour moi. Je ne voulais pas partir en colonie de vacances car je me sentais abandonnée et à l’aller comme au retour je pleurais comme une madeleine. Je n’ai jamais aimée être seule, je me souviens des repas de dimanche en famille, mon frère et ma sœur après le dessert quittaient la table pour aller vaquer à leurs occupations, et moi je m’installais allongée sur ma chaise la tête posée sur les genoux de ma tante qui me câlinait et je somnolais dans le brouhaha de la conversation. J’aurais voulu que cela dure éternellement. Je sais que ce n’est pas la vraie vie et que ce n’est pas possible mais je m’accorde le droit de rêver de retrouver ma sœur morte si tôt, de pouvoir espérer avoir un petit-fils ou une petite fille du côté de mon fils si ma belle-fille n’avait pas eu cet accident qui rendrait une grossesse trop risquée pour elle. Je pourrais éviter les erreurs que j’ai faites, être pour mes enfants solide et compréhensive, pour mon ex-mari avoir su prendre la bonne décision au bon moment. A force d’être hésitante sur les décisions à prendre j’ai perdu du temps et souffert pour pas grand-chose. Je suis probablement hors sujet mais c’est ce que m’inspire la réincarnation.

Fabienne
............................................
Je me souviens de deux femmes dont j’avais rêvé : la mère et la fille. Nous avions sympathisé puis échangé des idées, nous nous étions un peu confié sur nos vie, puis nous partîmes vers des côtés opposés sans penser à nous revoir. Je me réveillai ravie, en pensant à ce bon moment passé. Puis les jours s’écoulèrent, j’oubliai cette chimère rapidement, continuant ma vie.
Un jour, je devais me rendre dans une ville lointaine pour effectuer des démarches professionnelles qui me mettaient mal à l’aise.
Ne sachant pas si la rencontre allait être favorable ou décevante, une personne de ma famille proche m’accompagnait. Ensuite nous devions effectuer quelques emplettes avant de supporter un long trajet pour nous rendre à notre domicile. Evidemment, l’entretien ne fut pas concluant. Je m’en doutais un peu mais au moins j’aurais essayé, pensant que l’avenir mer sourirait une prochaine fois.
Au moins au tournant d’une rue, sur le bord d’un mur, deux femmes étaient assises, souriantes, avenantes. Elles nous saluèrent, nous invitant à prendre place à leurs côtés pour bavarder un peu. Confiantes, nous primes place, attirés par leur amicale chaleur. Je croyais les connaitre depuis toujours ; elles m’étaient familières. Je reconnaissais leurs doux regards clairs, leurs visages accueillants, leurs voix douces et réconfortantes.
Après un long moment d’échange agréable sur nos vies, elles me redonnèrent l’espoir de vivre de meilleurs moments pour moi, sans savoir mon tourment. Nous repartîmes le cœur léger en se demandant quand nous les avions vues ? C’est à cet instant que je me suis souvenue de mon rêve, c’est ce rêve que je venais de vivre dans la réalité. J’en parlai à ma compagne.
Etonnée, je repris ma vie  en mains mais parfois le visage de ces femmes me revient. Comme c’est étrange ! Au fil des ans, d’autres personnes m’ont confié des cas similaires qu’elles avaient vécus, sans trouver de réponse. Malgré les ouvrages parus sur ce sujet, la majorité des individus ne veulent pas admettre ces mystères de la vie. Et pourtant !


Mireille
...............................................
Regarder attentivement tout ce qui m'entoure,
Et me dire que je ne découvre rien de nouveau.
Inventer ou faire semblant d'inventer,
N'y changeront rien, je connais déjà ce que je vois.
Car sinon comment expliquer ce lieu où je ne suis jamais venue,
Avec tant de détails qui me reviennent à l'esprit,
Regarder encore, et encore, essayer de comprendre,
Ne pas vouloir croire que je connais bien cet endroit.
Avec une certaine crainte j'essaie de continuer l'expérience,
Tout en restant sur mes gardes, je refuse de me laisser aller.
Imaginons que j'aie déjà visité cet endroit il y a longtemps,
Oublions le moment présent, et alors ?
N
on, je suis moi, rien que moi, et n'ai jamais été personne d'autre.

Paulette
..............................................
Ils m’en avaient tant parlé qu’à la première occasion, je n’hésite pas à partir avec eux, sac au dos et sandales aux pieds. Après plusieurs kilomètres de marche sous le soleil de l’été,  nous arrivons dans cette petite crique ronde presque fermée laissant entrer la mer par un étroit goulet. Les habitants de la région et même les géographes  l’appellent la « petite mer » tant elle est enserrée par les collines avoisinantes.
Fatigués, nous nous écroulons sur le sable chaud en haut de la plage. Pour moi, c’est la première fois que je viens dans ce lieu. Vite, je me relève et m’assois pour admirer le paysage et cette mer d’un bleu vert que peu de vaguelettes viennent rider. Sa transparence est telle qu’elle laisse voir au fond les rochers qui affleurent.
Pourquoi aussitôt ai-je ressenti cette impression de déjà-vu, d’un lagon là-bas dans les mers chaudes. Je me revois plongeant telle une sirène, dans ces eaux claires, frôlée parfois par les poissons-clowns, jaunes et noirs, les poissons-papillons, bleus et jaunes à rayures noires et les poissons bagnards rayés aussi mais à la tenue bien plus sombre. Sans bouteille à oxygène, en bougeant les jambes d’un mouvement alternatif,  je  descends lentement jusqu’aux fonds coralliens. La diversité de leurs couleurs me fascine : les verts, se teintant du plus tendre au plus foncé, les bleus pâles des aigues-marines s’intensifiant jusqu’à se métamorphoser en outremer, les violets presque roses se nuançant pour offrir des mauves, des lilas, mais aussi des améthystes, des parmes, et même  des carmins. Une plante animal, brève tache rouge, étincelle de ci- de là, sur ce parterre d’algues.
 Mais je ne suis pas là pour flotter dans cette douce masse liquide  à contempler ces merveilles. Je suis à la recherche de ces petites tortues de Ridley mesurant seulement de 60 à 75 cm de long. Leur  carapace de couleur olivâtre se confond parfois dans les hautes herbes qui ondulent à peine sous l’effet d’un faible courant.  En tant que scientifique, je dois essayer d’en connaitre le nombre et d’en étudier leurs mœurs : alimentation des adultes, développement des juvéniles, en capturer deux ou trois, avec une extrême précaution. Là-haut- sur la plage, elles seront mesurées, pesées et peut-être harnachées d’une balise Argos avant d’être remises à l’eau. Certaines, bien vivantes, sont blessées. Je m’en empare pour les faire soigner au plus vite avant que leur carapace ne leur serve de linceul car je le sais bien, cette espèce est en voie de disparition.  Je remonte à la surface, les carapaces de celles qui n’ont pas survécu, prises dans des mailles de filets trainant dans le lagon.
Un léger vent m’envoie brusquement un peu de sable dans les yeux qui se dessillent. Moi, scientifique, chargée d’une telle mission, impossible, je ne l’ai jamais été. Plonger dans le lagon me ferait peur, impensable pour moi, moi qui ne sais même  pas nager. A la mer, je barbote comme un canard et c’est ce que je m’apprête à faire. Ai-je vraiment été cette sirène dans une autre vie  ou est-ce l’ardeur du soleil qui m’a fait rêver ?  Pourquoi ce lagon, cet intérêt soudain pour les tortues ? Ici, dans cette crique, bien au-delà de la barrière rocheuse, seul, l’espace d’un instant,  un aileron de dauphin perce les  vagues  avant de disparaitre.

Marie-Thérèse
..............................................
Le mystère de l'invisible est insondable et impénétrable : il dépasse notre raison cartésienne.
Ce thème protéiforme, fait couler beaucoup d’encre, génère des royalties et même des pactoles comme ce fut le cas de la série "Les revenants" ; des ouvrages, comme "Les revenants " de Laura Kasischke ou si l'on  considère la croyance en la réincarnation, si présente en Inde.
Plus près de nous, on se demande si les frontières avec l'au-delà sont étanches : V. Hugo essayait de communiquer avec sa fille Léopoldine, disparue tragiquement.
Pour ma part, lors d'un coma consécutif à un accident de voiture, j'ai connu le "tunnel bleu" : j'en suis revenue».
Sinon, j'ai revu en rêve un proche, plusieurs années après son décès : il était retourné en poussière une première fois ; je le voyais assis sur un banc, dans son costume gris, immobile et silencieux, prêt à se pulvériser une deuxième fois : il avait perdu ses trois dimensions.
Dans un registre moins mortifère mais insolite, comme tout patient, je patientais, dans la salle d'attente d'un hôpital. Soudain, dans cette aile hospitalière habituellement paisible, on entendit des éclats de voix réprobateurs, nous nous jetâmes tous dans le couloir : un individu qui semblait tout droit tombé d'une page de Proust, alla se réfugier derrière la porte vitrée du secrétariat.
Notre choc était tel que personne n'avait envie de rire ou de s'attrister : le simili dandy portait un costume trois pièces moutarde avec des motifs pied de poule marron et vert fonce d'excellente qualité ; le gilet, parfaitement ajusté sur une chemise de prix, immaculée, rehaussée par une cravate ornementée d'une épingle en or ; les boutons de manchette étaient du même métal précieux.
Il portait au poignet une montre Cartier en or ; il avait à son annulaire gauche une chevalière en or. La veste était ornementée d'une pochette bouffante surmontée d'un gros œillet rouge.en tissu.
Des chaussettes moutarde rentraient dans de luxueuses chaussures en cuir blanc, dont le bout et le talon étaient marron.
Pour compléter le tout, le personnage, venu s'asseoir à côté de moi, posa son talon gauche sur son genou droit, y posa sa badine en bois précieux surmontée d'un pommeau à tête d'aigle en argent massif : grâce à sa souplesse hors normes, il érigeait une barricade, gardant ses distances, son mutisme. Il se mettait en représentation.
Son visage était glabre ses cheveux courts, bruns, peu fournis coiffés avec une raie latérale, bien plaqués. Il avait de grosses lunettes rondes à monture en or.
Il affichait une corpulence frêle de communiant des années cinquante.
Je l'observais à la dérobée pendant une heure trente : ce n'était pas un perroquet échappé d'une volière : il ne voulait pas passer pour un patient, en train de mettre ses gouttes; ce n'était pas un mannequin sorti d'une vitrine : il était vivant mais tellement apprêté, partiellement intemporel, spécimen indéfinissable et inintéressant...sur ces entrefaites, le médecin vint le chercher en appelant "Madame Marie-Laure Gandin "...!!! Ce fut le bouquet final! On ignore ce qui se cache derrière les apparences : des vies multiples, sordides, cocasses...
Le deuxième thème de réflexion, je l'ai trouvé dans des récits d'enfance et d'adolescence de Georges Sand.
Il faut faire très attention à ce que l'on raconte aux enfants : l'auteur ayant perdu son père d'un accident de cheval dit à sa mère : "Mon papa est encore mort aujourd'hui"? Ou encore : «Mais quand mon papa aura fini d'être mort, il reviendra bien te voir " ? L’enfant comprend la mort mais ne la croit pas éternelle.
Sa mère ne voulait pas la détromper , en lui disant qu'elles l'attendraient et elle défendait aux domestiques d'expliquer quoi que ce fût .Ces derniers, confondant superstitions et regrets prétendaient avoir vu le mort traverser le corridor, descendre l'escalier, en grand uniforme, marchant lentement, sans paraître voir personne, passant près d'eux, sans les regarder ni parler. Un autre l'avait vu dans l'antichambre de l'appartement de sa femme .En traversant la salle de billard, une servante l'avait vu assis, les coudes appuyés sur la table et la tête dans les mains. Il est délicat d'aborder le thème de la mort avec de jeunes enfants.
Enfin, j'ai relu "Les revenants" d'Ibsen : le père, Alving, même marié a continué à mener une existence dissolue, à s'encanailler, tout en critiquant l'immoralité .La mère a voulu soustraire son fils Oswald à ce milieu, dès l'âge de sept ans : il avait vécu à Paris menant une vie de bohême. Parents défaillants, père mort dans les orgies, puis, retour de l'enfant prodigue, adulte, mais atteint d'une maladie transmise par le père et souffrant de ne pas avoir été un peintre célèbre.
Oswald s'ennuie dans ce paysage de pluie, noyé par l'alcool. Il aurait pour tout horizon la vue de l'appétissante domestique pleine de vie : Régine : quand la mère voit son fils courtiser la bonne, elle s'écrie d'une voix rauque : "Des revenants. Le couple du jardin d'hiver qui revient"
En effet, Régine était la fille adultérine que feu son époux avait eue avec Jeanne sa domestique.
Les mêmes situations se reproduisent : elles reviennent : Régine et Oswald
Ignoraient qu'ils avaient le même père. Oswald dit à sa mère qu'il est un "mort vivant».
Le père et le fils se considéraient comme des hommes finis. Régine, à son tour, part mener une vie dissolue, elle ne veut pas le soigner; Oswald pour briser le choc de cette déconvenue, pour mettre un terme à ces drames familiaux à répétition, se donne la mort en absorbant en présence de sa mère, le poison qu'il lui avait montré : il cherchait en vain le soleil. Oswald ne pouvait assumer le rôle d'un "revenant ».Il voulait mettre fin à la répétition du schéma familial qui ne lui permettait pas d'envisager sereinement l'avenir.

 Marie-Christine
.........................................................
Tout doucement, je m’endors… Tout se bouscule autour de moi, je suis comme une balle. Mon corps devient léger, léger, comme aérien. Je marche, mais aussi je vole, me transporte d’un lieu à un autre comme portée par des ailes invisibles. Je suis devenue fée. Je viens d’obtenir ma première « mission », je dois faire que les méchants deviennent bons. Je mets ma robe couleur de temps et prends mon fuseau-sortilège. Je vais me rendre au château et délivrer le neveu du roi, enfermé par celui-ci dans son donjon depuis cinq ou six ans. Vais-je réussir ma mission ? Oui ! De plus, dès qu’il m’a aperçu le prince est tombé amoureux de moi et, comme je viens de toucher le roi avec mon fuseau enchanté, il est devenu bon sur le champ. « Puisque vous vous aimez, mariez-vous et à ma mort, vous hériterez du royaume ! »
Je sens mon cœur qui bat et tout à coup, je vois ma chaise, la table, la pièce où je suis… et je me réveille.

Christiane

Aucun commentaire: