Enfant, un
bel été, c'était la saison de la fenaison ; mon père fauchait les prés, dès
l'aube, parfois très loin de la maison, avec sa faux affûtée comme un rasoir ;
vers les neuf heures, nous défaisions les andains alignés parallèlement, les
étendions à l'aide d'une fourche. Nous faisions ensuite la pause de midi,
déjeunions sous un arbre, à l'orée d'un bois, au plus fort de la chaleur.
Au milieu de
l'après -midi, nous allions retourner le foin étendu le matin ; avant la tombée
du jour, nous ratissions l’herbe coupée le matin, pour faire des meules : il
fallait s'activer par grand beau temps.
Le lendemain
matin, nous allions défaire les meules de la veille, afin de retourner le foin
une nouvelle fois ; ainsi, le fourrage, sec et odorant, fleurant le serpolet,
était chargé à grandes fourchées sur le traîneau tiré par les deux vaches : en
altitude dans les prés pentus à très forte déclivité, il était impensable
d'utiliser la charrette qui se fût retournée avec l'attelage dans le précipice,
avec pertes et fracas.
Il était
parfois nécessaire de transporter le foin dans une bâche, jusqu'au fenil.
C'était une
vie rude mais saine, au plus près de la nature. Qu'il faisait bon le soir de
rentrer, après avoir cueilli dans les sous-bois aux fougères arborescentes des
cèpes, des girolles ou bien à l'orée du bois, des fraises et des myrtilles.
Je
n'oubliais jamais en redescendant d'Escots de faire rentrer les poules dans le
poulailler à cause du renard, des belettes des fouines, des maraudeurs et de
rapporter les œufs à la maison.
Faire une
bonne omelette aux champignons en rentrant après avoir allumé le feu dans
l'âtre et se reposer en regardant à l'horizon le soleil fermer son rideau
écarlate jusqu'à la prochaine représentation...jusqu'au lendemain matin, à
l'aube, pour le voir se lever sur le champ de sarrasin en fleurs, aux épais
épis de fleurs blanches mellifluentes : blé noir qui accompagnera l'hiver un
civet de lapin : un vrai festin !
Nous étions
fiers d'aider nos parents à faire la provision de fourrage pour que les bêtes
qui nous aidaient tant ne manquent pas de nourriture en hiver : rien de plus
déchirant que d'entendre beugler des vaches devant un atelier vide, de les voir
dépérir et de les conduire chez l'équarrisseur !
C'était la
jeunesse, même si j'ignorais tout de mon avenir, c'était tout de même bon à
prendre !
Actuellement,
un bel été est le bienvenu avec une température assez clémente, quelques tièdes
averses baignant les tilleuls de l'avenue sous la brise légère.
Quelques
journées à la mer sont particulièrement appréciées : je suis allée à Cabourg :
direction la plage : j'ai marché dans l'eau jusqu'à Houlgate, en passant par
Dives -sur- mer, lieu d'embarquement de Guillaume pour la bataille d'Hastings,
en 1066. A marée basse, je m'étonnais de franchir un gros ruisseau : j'ai dû
lutter pour ne pas être déstabilisée : sans le savoir, j'ai traversé la Dive !
Sinon, je
passe des journées à l'extérieur pour fuir les nuisances sonores sciemment
imposées par des barbares toxiques.
Aller au
Parc floral de Vincennes le dimanche, écouter les concerts de plein air : le
quartet de Daniel Zimmerman sur la Barge à Jazz ou Lisa Simone sur la Scène
Delta avec son batteur, son contrebassiste et son guitariste, vous arrachent du
plancher des vaches.
S'extasier
sur les nymphéas puis lever les yeux vers le ciel changeant pour observer le
ballet imprévisible des nuages poussant leurs ballots de coton échevelé, filant
leur quenouille au gré du vent, écheveau des Parques dévidant le fil de la vie,
cachant le soleil, pâle comme la lune.
Fragiles en
apparence, les nuages assez puissants pour cacher la toile bleue du ciel et
même l'astre du jour, sont le maillon incontournable du cycle de l'eau, de la
vie.
Voir des
tableaux fugitifs flottant dans l'espace, des océans mousseux, des colosses
errants, improvisant une chorégraphie improbable.
Suivre dans
leur course erratique des géants : griffons et chimères humectés de pluie,
volumineux et impalpables qui ne doivent leur existence qu'au soleil à l'eau et
au vent.
Parfois les
vagues et rouleaux aériens fuligineux renversent leurs noirs parapluies ou par
des soirs radieux les nuages rosis au couchant poussent leur barcarole à la porte
de l'horizon pourpre et or.
Se détendre
sous le champ des nuages, se créer une bulle de sérénité, un petit coin de
paradis est primordial.
"
J'aime les nuages... les nuages qui passent, là-bas ... là-bas ... les
merveilleux nuages " écrivait Charles Baudelaire, dans Les petits poèmes en
prose.
Sinon, l'été
est pour ma fille et moi la période incontournable de nos fêtes et
anniversaires.
A défaut de
se voir très souvent, nous maintenons une bonne complicité : c'est l'occasion de
nous dire que nous nous aimons sincèrement, en toute simplicité.
Enfin, l'été
sonne hélas, la clôture de l'atelier d'écriture, espace irremplaçable de
re-création récréative.
Bel été à
tous !
Marie-Christine
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Un bel
été, un été indien, dont on se souvient, qui marque les esprits, qui vous
permet de planer loin des paparazzis, des indélicats et des sans-gêne. Libre de
son corps, de ses mouvements, de ses pas, de son emploi du temps. Libre de
vaquer où l’on veut, accompagnée de bonnes ondes positives.
Un bel
été qui ne se finira jamais, entre deux anges gardiens qui se soucieraient de
mes états d’âme, de mes aspirations et de mes besoins réels.
Un bel
été qui dirait bye bye aux soucis, aux irrévérencieux, aux égocentriques et
porteurs de poisse.
Une jolie
pirouette dans le temps, dans les songes, loin des tourments.
Un bel
été partagé où chacun de nous se confierait et donnerait ce qu’il a envie de
donner, où l’amour, le respect et la tendresse enfin triompheraient.
Claudine
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Il
faisait beau, même très beau, cet été-là. La chaleur était arrivée d’un seul
coup et c’est en tenue légère que nous préparions nos bagages pour partir en
vacances dans notre chère 11CV Citroën familiale. Déjà mes parents avaient
installé la galerie sur le toit et les valises commençaient à s’entasser. Et
alors que la plupart des gens descendaient vers le sud à la recherche du soleil
et de ses ardeurs, tous les ans dans un rituel immuable, nous roulions en sens
inverse, retrouver le berceau familial et la fraîcheur des bains de la mer du
Nord. Habituellement, nous partions de bonne heure pour parcourir cette longue
distance en une seule journée.
Mais cet
été-là, mes parents décident de faire le chemin par étapes et de visiter un peu
les régions traversées. Pour cela, ils ont acheté une tente et tout le
nécessaire pour camper. C’est un grand évènement. Et nous voilà partis tout
excités à l’idée de dormir presque à la belle étoile. La route bien que
beaucoup plus courte que d’habitude nous paraît interminable tant nous sommes
impatients de nous installer au camping.
Pourtant
un premier arrêt s’impose celui du repas que nous prenons dans un grand champ,
à l’orée d’un bois à l’ombre d’un châtaignier pour nous protéger des coups de
soleil. Du coffre arrière, ma mère saisit une petite table qu’elle déplie pour
y poser le panier à provisions. Nous sommes heureux, profitant de l’air pur et
de la bonne chaleur de ce mois d’août. Pourtant, bien vite, nous reprenons la
route pour gagner Vouvray où mon père a décidé de passer notre première nuit.
Bientôt nous
atteignons le bois de Luynes, où se trouve le camping et nous nous installons.
Mes parents, tout néophytes dans l’art du montage, mettent quelques temps à
comprendre les procédés pour lever cette grande tente à auvent qu’ils n’ont pas
eu le temps d’essayer auparavant. Sous les chênes feuillus, nous les aidons de
notre mieux à piquer les sardines ou à taper avec le maillet dans une ambiance
joyeuse de cris et de rires car parfois
tout un pan de toile s’affale nous couvrant le visage et le corps. Il faut
alors redresser le tout et remettre en les enfonçant davantage les piquets qui
se sont déterrés. Enfin la voilà bien amarrée à côté de la voiture. Mes parents
nous emmènent alors visiter les chais troglodytes de cette région. Bien sûr,
encore jeunes, nous ne goûtons pas au célèbre petit vin, mais nous écoutons
avec plaisir l’histoire commentée par un guide d’âge très respectable, conteur
né. Il émaille son récit de multiples anecdotes savoureuses, tantôt pour les
enfants, tantôt pour les adultes. Nous sommes tous sous le charme. Rentrés au
camp, nous inaugurons les douches non sans nous éclabousser mutuellement. L’humeur
est comme le temps, au beau fixe et tout nous semble agréable et drôle. Après le
repas pris à moitié sur les genoux, nous nous glissons sous la tente et nous
couchons enfin dans nos duvets tout neufs. Malgré mon désir de conserver les
yeux ouverts pour voir les étoiles, je m’endors à poings fermés jusqu’au
lendemain.
Et c’est
alors le démontage de la tente qu’il faut reloger dans le coffre avant de nous
diriger vers le Pont de Tancarville qui vient d’être construit quelques années
plus tôt. Le jour suivant, nous nous arrêtons à Yvetot, pour découvrir sa nouvelle
église toute ronde et ses vitraux chatoyants sous la lumière. Le
lendemain, nous atteignons Abbeville. Un petit coup de volant à gauche et nous
longeons la baie de Somme jusqu’au Parc ornithologique du Marquenterre. Après
une longue promenade pour contempler les oiseaux, nous plantons la tente à ses
abords. Chaque camping apporte son lot de surprises, de plaisirs et de
rencontres. Les plaisanteries fusent et les fou- rires sont nombreux. Sur la dernière partie du chemin, une petite halte s’impose aux faïenceries de
Desvres avant de débarquer heureuses dans la famille. Bien des visites nous
attendent toutes aussi diverses, comme celle du Gris-nez et la petite ville de
Wissant ou aller déguster quelques produits locaux au Moulin de la Galette de
Marquise.
Cet
été-là, un des derniers passés en famille, a pour moi un charme tout particulier car à la
variété des découvertes se sont
mêlés plaisirs et jeux
dans une ambiance joyeuse et fraternelle.
Marie-Thérèse
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Un bel
été, c’est celui des vacances au bord de la mer, le sable fin, le ciel bleu,
les nuits étoilées sur la plage désertée. C’est le temps des loisirs, des
sports de nautiques, de la natation, des longues randonnées par la campagne et
la montagne. C’est le temps des amours de vacances qui s’achèvent au moment du
retour, bien souvent. C’est le temps des confidences auprès e sympathiques
inconnus que nous ne reverrons plus, de l’échange d’idées avec nos tracas du
moment. C’est courir, main dans la main, sur la plage, sans se préoccuper de
savoir si l’on va résister à ce cadeau offert dans les quelques jours qui
restent avant le retour. C’est la joie de vivre dans la paix près des êtres qui
sont chers à notre cœur. C’est un été rempli d’amour et de bonté, ce qui est le
plus important si le soleil et le ciel bleu s’en mêlent. Ce sera vraiment un
bel été ! C’est
aussi les magnifiques couchers de soleil que l’on photographie tout en ramant
au fil de l’eau…
Mireille
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Cette année-là nous avions emménagé dans notre nouvelle
maison et il fut décidé que nous passerions l'été au jardin. Pas question de
partir en vacances, il convenait de
limiter les frais et nous en profiterions pour continuer tranquillement
l'aménagement de notre intérieur. En consolation il nous restait la piscine
gonflable, pas de quoi nager mais s'il faisait bien chaud, nul doute qu'on
serait content de s'y rafraîchir.
Cette maison était située en région parisienne, dans un
quartier pavillonnaire, au calme. Pas trop de circulation non plus, juste une
petite rue desservant les riverains. C'était également un quartier plutôt âgé,
autour de nous la plupart des voisins étaient des retraités. Avant même les
congés, nous avions déjà pu profiter de notre petit jardin, y prendre
quelquefois un repas quand le temps le permettait. Allez, finalement cet été
nous ne serions pas si malheureux.
L'heure des congés sonna enfin, la maison commença à changer
de rythme, ça au moins on pouvait se le permettre. Oui, on pouvait, sauf que
notre voisin de droite ne l'entendit pas ainsi. Profitant des heures encore
fraîches, de bon matin on l'entendit taper le métal à tout va. Nous
supportions, on pensait qu'il devait bien faire le nécessaire pour réparer ce
qui devait l'être chez lui. Mais les jours passant, nous compriment vite que ce
n'était pas ça, les travaux se répétèrent jour après jour, inlassablement. De
nos fenêtres du premier étage, nous vîmes aussi qu'il avait construit un
poulailler au fond de son jardin. Il allait donc élever des poules, aurait-il
aussi un coq qui allait pousser la chansonnette, lui aussi de bon matin ?
Les travaux ne s'arrêtant jamais en dehors de la mauvaise
saison, on se posa des questions, ce retraité faisait-il de petits travaux pour
arrondir ses fins de mois... Son jardin était grand, profond, pas très fleuri,
je trouvais ça dommage avec une telle surface. La maison était elle aussi très
grande pour un couple âgé, on aurait dit qu'on venait tout juste d'en terminer
la construction tellement son état était parfait, ses murs bien blancs, elle
sortait du lot dans le quartier.
Un soir où nous devions recevoir des amis pour dîner au
jardin, nous aperçûmes la voiture d'une entreprise de bâtiment garée devant
chez le voisin. Que pouvait-il devoir faire comme travaux sur une telle
maison... Nous ne le comprenions pas mais nous fûmes de nouveau envahis par le
bruit. Cette fois ce fut le marteau piqueur, la bétonneuse, la ponceuse et que
sais-je encore, des engins très bruyants en tout cas. Bizarre, une entreprise
qui vient travailler en fin d'après-midi et qui ne s'arrête que quand la
lumière du jour diminue, soit un peu après 21h... Tout ce qu'on pouvait voir, c'est que le
chantier se situait sur le large balcon qui dessert toute la longueur du
premier étage de la maison, balcon en
parfait état par ailleurs.
Et notre voisin de gauche... Lui aussi était retraité mais
nettement plus jeune, ça devait être assez récent. Son jardin est bien sombre,
planté d'arbres partout où on a pu en mettre. Mais quand les feuilles tombent,
ça fait un beau gâchis au sol et qui se produisit dès l'été cette année-là,
avec la sécheresse qui régna en ce mois d'août caniculaire. Sans doute aime
t-il les travaux de jardinage en bonne compagnie car c'est toujours quand nous
sommes là le dimanche qu'il se plaît à nettoyer ou tondre sa pelouse. Et vu
l'importance du nettoyage chez lui, il
s'est résolu à faire l'acquisition d'une souffleuse, matériel pratique mais très
bruyant. En dehors des travaux de jardinage, quand le couple se trouve au
jardin, combien de fois avons assisté aux scènes de ménage... Ainsi nous sommes informés des moindres
détails, mentalement nous faisons l'arbitre et déterminons qui à nos yeux a
raison ou tort..
Nous résidons donc dans un petit quartier bien vivant, l'âge
des propriétaires aurait pu nous laisser penser que ce serait tout le
contraire. Pas d'ennui à redouter dans ce coin, chacun s'évertue à y faire
régner l'ambiance autour de nous. Nous les remercions du fond du cœur, qui sait
ce qu'aurait pu être cet été passé en région parisienne sans eux....
Paulette
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