mercredi 23 août 2017

UN BEL ETE

Enfant, un bel été, c'était la saison de la fenaison ; mon père fauchait les prés, dès l'aube, parfois très loin de la maison, avec sa faux affûtée comme un rasoir ; vers les neuf heures, nous défaisions les andains alignés parallèlement, les étendions à l'aide d'une fourche. Nous faisions ensuite la pause de midi, déjeunions sous un arbre, à l'orée d'un bois, au plus fort de la chaleur.
Au milieu de l'après -midi, nous allions retourner le foin étendu le matin ; avant la tombée du jour, nous ratissions l’herbe coupée le matin, pour faire des meules : il fallait s'activer par grand beau temps.
Le lendemain matin, nous allions défaire les meules de la veille, afin de retourner le foin une nouvelle fois ; ainsi, le fourrage, sec et odorant, fleurant le serpolet, était chargé à grandes fourchées sur le traîneau tiré par les deux vaches : en altitude dans les prés pentus à très forte déclivité, il était impensable d'utiliser la charrette qui se fût retournée avec l'attelage dans le précipice, avec pertes et fracas.
Il était parfois nécessaire de transporter le foin dans une bâche, jusqu'au fenil.
C'était une vie rude mais saine, au plus près de la nature. Qu'il faisait bon le soir de rentrer, après avoir cueilli dans les sous-bois aux fougères arborescentes des cèpes, des girolles ou bien à l'orée du bois, des fraises et des myrtilles.
Je n'oubliais jamais en redescendant d'Escots de faire rentrer les poules dans le poulailler à cause du renard, des belettes des fouines, des maraudeurs et de rapporter les œufs à la maison.
Faire une bonne omelette aux champignons en rentrant après avoir allumé le feu dans l'âtre et se reposer en regardant à l'horizon le soleil fermer son rideau écarlate jusqu'à la prochaine représentation...jusqu'au lendemain matin, à l'aube, pour le voir se lever sur le champ de sarrasin en fleurs, aux épais épis de fleurs blanches mellifluentes : blé noir qui accompagnera l'hiver un civet de lapin : un vrai festin !
Combien en ai-je vu des ciels de Turner sans connaître cet immense artiste !
Nous étions fiers d'aider nos parents à faire la provision de fourrage pour que les bêtes qui nous aidaient tant ne manquent pas de nourriture en hiver : rien de plus déchirant que d'entendre beugler des vaches devant un atelier vide, de les voir dépérir et de les conduire chez l'équarrisseur !
C'était la jeunesse, même si j'ignorais tout de mon avenir, c'était tout de même bon à prendre !
Actuellement, un bel été est le bienvenu avec une température assez clémente, quelques tièdes averses baignant les tilleuls de l'avenue sous la brise légère.
Quelques journées à la mer sont particulièrement appréciées : je suis allée à Cabourg : direction la plage : j'ai marché dans l'eau jusqu'à Houlgate, en passant par Dives -sur- mer, lieu d'embarquement de Guillaume pour la bataille d'Hastings, en 1066. A marée basse, je m'étonnais de franchir un gros ruisseau : j'ai dû lutter pour ne pas être déstabilisée : sans le savoir, j'ai traversé la Dive !
Sinon, je passe des journées à l'extérieur pour fuir les nuisances sonores sciemment imposées par des barbares toxiques.
Aller au Parc floral de Vincennes le dimanche, écouter les concerts de plein air : le quartet de Daniel Zimmerman sur la Barge à Jazz ou Lisa Simone sur la Scène Delta avec son batteur, son contrebassiste et son guitariste, vous arrachent du plancher des vaches.
S'extasier sur les nymphéas puis lever les yeux vers le ciel changeant pour observer le ballet imprévisible des nuages poussant leurs ballots de coton échevelé, filant leur quenouille au gré du vent, écheveau des Parques dévidant le fil de la vie, cachant le soleil, pâle comme la lune.
Fragiles en apparence, les nuages assez puissants pour cacher la toile bleue du ciel et même l'astre du jour, sont le maillon incontournable du cycle de l'eau, de la vie.
Voir des tableaux fugitifs flottant dans l'espace, des océans mousseux, des colosses errants, improvisant une chorégraphie improbable.
Suivre dans leur course erratique des géants : griffons et chimères humectés de pluie, volumineux et impalpables qui ne doivent leur existence qu'au soleil à l'eau et au vent.
Parfois les vagues et rouleaux aériens fuligineux renversent leurs noirs parapluies ou par des soirs radieux les nuages rosis au couchant poussent leur barcarole à la porte de l'horizon pourpre et or.
Se détendre sous le champ des nuages, se créer une bulle de sérénité, un petit coin de paradis   est primordial.
" J'aime les nuages... les nuages qui passent, là-bas ... là-bas ... les merveilleux nuages " écrivait Charles Baudelaire, dans Les petits poèmes en prose.
Sinon, l'été est pour ma fille et moi la période incontournable de nos fêtes et anniversaires.
A défaut de se voir très souvent, nous maintenons une bonne complicité : c'est l'occasion de nous dire que nous nous aimons sincèrement, en toute simplicité.
Enfin, l'été sonne hélas, la clôture de l'atelier d'écriture, espace irremplaçable de re-création récréative.

Bel été à tous ! 

Marie-Christine
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Un bel été, un été indien, dont on se souvient, qui marque les esprits, qui vous permet de planer loin des paparazzis, des indélicats et des sans-gêne. Libre de son corps, de ses mouvements, de ses pas, de son emploi du temps. Libre de vaquer où l’on veut, accompagnée de bonnes ondes positives.
Un bel été qui ne se finira jamais, entre deux anges gardiens qui se soucieraient de mes états d’âme, de mes aspirations et de mes besoins réels.
Un bel été qui dirait bye bye aux soucis, aux irrévérencieux, aux égocentriques et porteurs de poisse.
Une jolie pirouette dans le temps, dans les songes, loin des tourments.
Un bel été partagé où chacun de nous se confierait et donnerait ce qu’il a envie de donner, où l’amour, le respect et la tendresse enfin triompheraient.

Claudine
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Il faisait beau, même très beau, cet été-là. La chaleur était arrivée d’un seul coup et c’est en tenue légère que nous préparions nos bagages pour partir en vacances dans notre chère 11CV Citroën familiale. Déjà mes parents avaient installé la galerie sur le toit et les valises commençaient à s’entasser. Et alors que la plupart des gens descendaient vers le sud à la recherche du soleil et de ses ardeurs, tous les ans dans un rituel immuable, nous roulions en sens inverse, retrouver le berceau familial et la fraîcheur des bains de la mer du Nord. Habituellement, nous partions de bonne heure pour parcourir cette longue distance en une seule journée.
Mais cet été-là, mes parents décident de faire le chemin par étapes et de visiter un peu les régions traversées. Pour cela, ils ont acheté une tente et tout le nécessaire pour camper. C’est un grand évènement. Et nous voilà partis tout excités à l’idée de dormir presque à la belle étoile. La route bien que beaucoup plus courte que d’habitude nous paraît interminable tant nous sommes impatients de nous installer au camping.
Pourtant un premier arrêt s’impose celui du repas que nous prenons dans un grand champ, à l’orée d’un bois à l’ombre d’un châtaignier pour nous protéger des coups de soleil. Du coffre arrière, ma mère saisit une petite table qu’elle déplie pour y poser le panier à provisions. Nous sommes heureux, profitant de l’air pur et de la bonne chaleur de ce mois d’août. Pourtant, bien vite, nous reprenons la route pour gagner Vouvray où mon père a décidé de passer notre première nuit.
Bientôt nous atteignons le bois de Luynes, où se trouve le camping et nous nous installons. Mes parents, tout néophytes dans l’art du montage, mettent quelques temps à comprendre les procédés pour lever cette grande tente à auvent qu’ils n’ont pas eu le temps d’essayer auparavant. Sous les chênes feuillus, nous les aidons de notre mieux à piquer les sardines ou à taper avec le maillet dans une ambiance joyeuse  de cris et de rires car parfois tout un pan de toile s’affale nous couvrant le visage et le corps. Il faut alors redresser le tout et remettre en les enfonçant davantage les piquets qui se sont déterrés. Enfin la voilà bien amarrée à côté de la voiture. Mes parents nous emmènent alors visiter les chais troglodytes de cette région. Bien sûr, encore jeunes, nous ne goûtons pas au célèbre petit vin, mais nous écoutons avec plaisir l’histoire commentée par un guide d’âge très respectable, conteur né. Il émaille son récit de multiples anecdotes savoureuses, tantôt pour les enfants, tantôt pour les adultes. Nous sommes tous sous le charme. Rentrés au camp, nous inaugurons les douches non sans nous éclabousser mutuellement. L’humeur est comme le temps, au beau fixe et tout nous semble agréable et drôle. Après le repas pris à moitié sur les genoux, nous nous glissons sous la tente et nous couchons enfin dans nos duvets tout neufs. Malgré mon désir de conserver les yeux ouverts pour voir les étoiles, je m’endors à poings fermés jusqu’au lendemain.
Et c’est alors le démontage de la tente qu’il faut reloger dans le coffre avant de nous diriger vers le Pont de Tancarville qui vient d’être construit quelques années plus tôt. Le jour suivant, nous nous arrêtons à Yvetot, pour découvrir  sa nouvelle  église toute ronde et ses vitraux chatoyants sous la lumière. Le lendemain, nous atteignons Abbeville. Un petit coup de volant à gauche et nous longeons la baie de Somme jusqu’au Parc ornithologique du Marquenterre. Après une longue promenade pour contempler les oiseaux, nous plantons la tente à ses abords. Chaque camping apporte son lot de surprises, de plaisirs et de rencontres. Les plaisanteries fusent et les fou- rires sont nombreux.                 Sur la dernière partie du chemin, une  petite halte s’impose aux faïenceries de Desvres avant de débarquer heureuses dans la famille. Bien des visites nous attendent toutes aussi diverses, comme celle du Gris-nez et la petite ville de Wissant ou aller déguster quelques produits locaux au Moulin de la Galette de Marquise. 
Cet été-là, un des derniers passés en famille, a  pour moi un charme tout particulier car à la variété des découvertes se sont  mêlés  plaisirs  et  jeux dans une ambiance joyeuse et fraternelle.  

Marie-Thérèse
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Un bel été, c’est celui des vacances au bord de la mer, le sable fin, le ciel bleu, les nuits étoilées sur la plage désertée. C’est le temps des loisirs, des sports de nautiques, de la natation, des longues randonnées par la campagne et la montagne. C’est le temps des amours de vacances qui s’achèvent au moment du retour, bien souvent. C’est le temps des confidences auprès e sympathiques inconnus que nous ne reverrons plus, de l’échange d’idées avec nos tracas du moment. C’est courir, main dans la main, sur la plage, sans se préoccuper de savoir si l’on va résister à ce cadeau offert dans les quelques jours qui restent avant le retour. C’est la joie de vivre dans la paix près des êtres qui sont chers à notre cœur. C’est un été rempli d’amour et de bonté, ce qui est le plus important si le soleil et le ciel bleu s’en mêlent. Ce sera vraiment un bel été ! C’est aussi les magnifiques couchers de soleil que l’on photographie tout en ramant au fil de l’eau…

Mireille
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Cette année-là nous avions emménagé dans notre nouvelle maison et il fut décidé que nous passerions l'été au jardin. Pas question de partir en vacances,  il convenait de limiter les frais et nous en profiterions pour continuer tranquillement l'aménagement de notre intérieur. En consolation il nous restait la piscine gonflable, pas de quoi nager mais s'il faisait bien chaud, nul doute qu'on serait content de s'y rafraîchir.
Cette maison était située en région parisienne, dans un quartier pavillonnaire, au calme. Pas trop de circulation non plus, juste une petite rue desservant les riverains. C'était également un quartier plutôt âgé, autour de nous la plupart des voisins étaient des retraités. Avant même les congés, nous avions déjà pu profiter de notre petit jardin, y prendre quelquefois un repas quand le temps le permettait. Allez, finalement cet été nous ne serions pas si malheureux.
L'heure des congés sonna enfin, la maison commença à changer de rythme, ça au moins on pouvait se le permettre. Oui, on pouvait, sauf que notre voisin de droite ne l'entendit pas ainsi. Profitant des heures encore fraîches, de bon matin on l'entendit taper le métal à tout va. Nous supportions, on pensait qu'il devait bien faire le nécessaire pour réparer ce qui devait l'être chez lui. Mais les jours passant, nous compriment vite que ce n'était pas ça, les travaux se répétèrent jour après jour, inlassablement. De nos fenêtres du premier étage, nous vîmes aussi qu'il avait construit un poulailler au fond de son jardin. Il allait donc élever des poules, aurait-il aussi un coq qui allait pousser la chansonnette, lui aussi de bon matin ?
Les travaux ne s'arrêtant jamais en dehors de la mauvaise saison, on se posa des questions, ce retraité faisait-il de petits travaux pour arrondir ses fins de mois... Son jardin était grand, profond, pas très fleuri, je trouvais ça dommage avec une telle surface. La maison était elle aussi très grande pour un couple âgé, on aurait dit qu'on venait tout juste d'en terminer la construction tellement son état était parfait, ses murs bien blancs, elle sortait du lot dans le quartier.
Un soir où nous devions recevoir des amis pour dîner au jardin, nous aperçûmes la voiture d'une entreprise de bâtiment garée devant chez le voisin. Que pouvait-il devoir faire comme travaux sur une telle maison... Nous ne le comprenions pas mais nous fûmes de nouveau envahis par le bruit. Cette fois ce fut le marteau piqueur, la bétonneuse, la ponceuse et que sais-je encore, des engins très bruyants en tout cas. Bizarre, une entreprise qui vient travailler en fin d'après-midi et qui ne s'arrête que quand la lumière du jour diminue, soit un peu après 21h...  Tout ce qu'on pouvait voir, c'est que le chantier se situait sur le large balcon qui dessert toute la longueur du premier étage de  la maison, balcon en parfait état par ailleurs.
Et notre voisin de gauche... Lui aussi était retraité mais nettement plus jeune, ça devait être assez récent. Son jardin est bien sombre, planté d'arbres partout où on a pu en mettre. Mais quand les feuilles tombent, ça fait un beau gâchis au sol et qui se produisit dès l'été cette année-là, avec la sécheresse qui régna en ce mois d'août caniculaire. Sans doute aime t-il les travaux de jardinage en bonne compagnie car c'est toujours quand nous sommes là le dimanche qu'il se plaît à nettoyer ou tondre sa pelouse. Et vu l'importance du  nettoyage chez lui, il s'est résolu à faire l'acquisition d'une souffleuse, matériel pratique mais très bruyant. En dehors des travaux de jardinage, quand le couple se trouve au jardin, combien de fois avons assisté aux scènes de ménage...  Ainsi nous sommes informés des moindres détails, mentalement nous faisons l'arbitre et déterminons qui à nos yeux a raison ou tort..
Nous résidons donc dans un petit quartier bien vivant, l'âge des propriétaires aurait pu nous laisser penser que ce serait tout le contraire. Pas d'ennui à redouter dans ce coin, chacun s'évertue à y faire régner l'ambiance autour de nous. Nous les remercions du fond du cœur, qui sait ce qu'aurait pu être cet été passé en région parisienne sans eux....

Paulette

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