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A Montélimar, on ne vendait pas que
du nougat mais de la Valstar. Par une nuit noire, tardivement, Edgard rentre
dans un bar, complètement hagard. Au bout d'un comptoir il bouscule un gros
malabar et dans un bon tintamarre de foire, capharnaüm et vacarme s'ensuivent.
Faute d'avoir dit bonsoir, il s'entend traiter de "bâtard, connard et
salopard" par le clan des loubards ayant pour idole : Baltazar. On a le
gros lard qui s'appelle Gérard, un autre flemmard du nom de Richard qui n'a pas
un dollar en poche et enfin Gaspard, l'avare. Trop trouillard, il s'enfuit dans
un couloir menant aux urinoirs et dans sa précipitation en perd son calebar.
Empêtré dans son propre bazar : la situation se révèle étrange et plutôt
bizarre. Un vrai polar... Une fois remis son slibard, Edgard le smicard prend
ses jambes à son cou. Un départ dare-dare sur le tard. Mais comme on dit:
" Un Mars et ça repart!" Mieux qu'un carambar, une barre fruitée ou
un sachet de car...il se retrouve dans le brouillard. Sacré fêtard. Il prend
l'autocar qui mène vers la gare. Gare aux regards sur ses cheveux en pétard et
son costard ringard. Bon il s'agit de se tenir peinard sinon le machiniste se
prenant pour le père fouettard va appeler les gendarmes d'une façon
péremptoire. Il risque de se retrouver au placard ou dans un corbillard... Ce
car est un vrai tortillard. Il rêve d'une Jaguar. Il traîne le long des
boulevards. Il a le cafard. Depuis que sa femme, une vraie cougar, l'a fait
cornard il est furibard. Il oublie son désespoir dans les boudoirs des
bobinards. Père peinard : ensuite il dort comme un loir. Là-bas les dames du
lupanar, blafardes et fardées comme jamais ne piquent pas un fard et éteignent
leur lanterne : de vrais phares quand elles dansent la carmagnole ou la danse
des canards comme au Carnaval. Seuls les clients goguenards, assistent d'une
façon jubilatoire et ostentatoire à ce spectacle... Blagues de comptoir,
pur avatar, canulars, coup de Trafalgar?... Des histoires de mœurs plutôt hard,
dignes de "L'assommoir" de Zola. Nulle trace dans les grimoires. Nul
moyen de parer à un subterfuge à la barbe des juges lors de la chasse aux
sorcières dont la justice était sans artifices.. Il ne suffit pas de vouloir
mais de pouvoir… Fallait être débrouillard à l'époque. C'était aller à l'abattoir
que de mettre ses talents d'oratoire d'un ton nasillard debout derrière le
parloir d'un tribunal afin de défendre la cause des femmes vénales et
artificielles. Se pourvoir en cassation? Nenni. Nul échappatoire vers le
purgatoire. Juste besoin d'un battoir pour purger ses péchés. Les pouvoirs en
place étaient-ils barjots ou tocards? Certains ont fini par s'asseoir sur leurs
espoirs et à ne plus croire en la justice des hommes et des femmes.
Claudine
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Arthur
l'ardennais a farouchement marché par tous les temps, sous le brouillard
ardoisé de Charleville, Charleroi ou plus tard, de Paris.
Tôt ou
tard, il partirait, fort marri, sans retard, larmes de rage et de cafard,
délaissé par ses rares camarades, mais soutenu par son professeur Izambart.
Oh! quitter
ces cieux blafards, où même les oiseaux babillards chantent avec parcimonie.
Préparer
d'arrache-pied le départ ,en grand désarroi, prendre le large, s'arracher à une
mère furibarde, dont le mari arrogant, partit à l'armée, à jamais disparu.
S'arracher
du carcan de la marâtre dardant un regard marmoréen, harpie
sarcastique, hargneuse , avare de bonnes paroles, de pardon, harcelant Arthur
concernant le "charabia" des Carnets et rimes harmonieux, feuillets
épars du poète ardent, pris pour un scribouillard.
Oh! partir,
rompre les amarres, Arthur, au parcours hasardeux, monte dans un compartiment,
arrive Gare du Nord :les gendarmes le mènent, hagard, dans l'univers carcéral :
derrière les barreaux, c'est la précarité : même pas de parloir.