samedi 24 février 2018

LE SON "AR"

Ecrire un texte contenant le maximum de mots comprenant le son "ar"
...........................................
 A Montélimar, on ne vendait pas que du nougat mais de la Valstar. Par une nuit noire, tardivement, Edgard rentre dans un bar, complètement hagard. Au bout d'un comptoir il bouscule un gros malabar et dans un bon tintamarre de foire, capharnaüm et vacarme s'ensuivent. Faute d'avoir dit bonsoir, il s'entend traiter de "bâtard, connard et salopard" par le clan des loubards ayant pour idole : Baltazar. On a le gros lard qui s'appelle Gérard, un autre flemmard du nom de Richard qui n'a pas un dollar en poche et enfin Gaspard, l'avare. Trop trouillard, il s'enfuit dans un couloir menant aux urinoirs et dans sa précipitation en perd son calebar. Empêtré dans son propre bazar : la situation se révèle étrange et plutôt bizarre. Un vrai polar... Une fois remis son slibard, Edgard le smicard prend ses jambes à son cou. Un départ dare-dare sur le tard. Mais comme on dit: " Un Mars et ça repart!" Mieux qu'un carambar, une barre fruitée ou un sachet de car...il se retrouve dans le brouillard. Sacré fêtard. Il prend l'autocar qui mène vers la gare. Gare aux regards sur ses cheveux en pétard et son costard ringard. Bon il s'agit de se tenir peinard sinon le machiniste se prenant pour le père fouettard  va appeler les gendarmes d'une façon péremptoire. Il risque de se retrouver au placard ou dans un corbillard... Ce car est un vrai tortillard. Il rêve d'une Jaguar. Il traîne le long des boulevards. Il a le cafard. Depuis que sa femme, une vraie cougar, l'a fait cornard il est furibard. Il oublie son désespoir dans les boudoirs des bobinards. Père peinard : ensuite il dort comme un loir. Là-bas les dames du lupanar, blafardes et fardées comme jamais ne piquent pas un fard et éteignent leur lanterne : de vrais phares quand elles dansent la carmagnole ou la danse des canards comme au Carnaval. Seuls les clients goguenards, assistent d'une façon jubilatoire et ostentatoire  à ce spectacle... Blagues de comptoir, pur avatar, canulars, coup de Trafalgar?... Des histoires de mœurs plutôt hard, dignes de "L'assommoir" de Zola. Nulle trace dans les grimoires. Nul moyen de parer à un subterfuge à la barbe des juges lors de la chasse aux sorcières dont la justice était sans artifices.. Il ne suffit pas de vouloir mais de pouvoir… Fallait être débrouillard à l'époque. C'était aller à l'abattoir que de mettre ses talents d'oratoire d'un ton nasillard debout derrière le parloir d'un tribunal afin de défendre la cause des femmes vénales et artificielles. Se pourvoir en cassation? Nenni. Nul échappatoire vers le purgatoire. Juste besoin d'un battoir pour purger ses péchés. Les pouvoirs en place étaient-ils barjots ou tocards? Certains ont fini par s'asseoir sur leurs espoirs et à ne plus croire en la justice des hommes et des femmes. 

Claudine
......................................................
Arthur l'ardennais a farouchement marché par tous les temps, sous le brouillard ardoisé de Charleville, Charleroi ou plus tard, de Paris.
Tôt ou tard, il partirait, fort marri, sans retard, larmes de rage et de cafard, délaissé par ses rares camarades, mais soutenu par son professeur Izambart.
Oh! quitter ces cieux blafards, où même les oiseaux babillards chantent avec parcimonie.
Préparer d'arrache-pied le départ ,en grand désarroi, prendre le large, s'arracher à une mère furibarde, dont le mari arrogant, partit à l'armée, à jamais disparu.
S'arracher du carcan de la marâtre dardant un regard marmoréen, harpie sarcastique, hargneuse , avare de bonnes paroles, de pardon, harcelant Arthur concernant le "charabia" des Carnets et rimes harmonieux, feuillets épars du poète ardent, pris pour un scribouillard.
Oh! partir, rompre les amarres, Arthur, au parcours hasardeux, monte dans un compartiment, arrive Gare du Nord :les gendarmes le mènent, hagard, dans l'univers carcéral : derrière les barreaux, c'est la précarité : même pas de parloir.
Le Caropolitain marchera sans trêve, écharpe autour du cou, désargenté. Au lieu du charme des Parnassiens, il verra le Champ de Mars, devenu parc d'artillerie, les barricades écarlates, les arquebuses, les hussards et grognards faire parler les armes ; Paris sans farine, Paris abattant ses arbres. De l'Arc de Triomphe au Jardin des Plantes, les animaux lardés à l'arme blanche, y compris les rats sont des mets rares.
Plus tard, il croisera les Communards, les bombardements, ça barde, c'est le carnage.
Arthur n'arrête jamais de parcourir les boulevards, semés de traquenards : partout et nulle part. Harassé, il parvient à Montmartre. Au hasard de marches forcées, il échoua au Cabaret vert, y dévora des tartines. A Charleroi taraudé par la faim, il vola quelques carrés de chocolat ; goûta parfois aux paradis artificiels, trouva peu d'âmes charitables, secourables.
Pris de cafard, il s'égare d'une gare à l'autre. Rien ne lui est épargné. Il se prépare, s'embarque pour le Harar.
Après tant d'alarmes, parvenu au terme de son parcours, l'artiste de génie, à l'article de la mort, arrive à Marseille pour faire opérer son carcinome.
Trop tard, Arthur souffre le martyre, sa sœur arrange dans sa chambre l'étoffe abyssinienne chamarrée, l'orgue de Barbarie. Arthur voit des arcs-en-ciel, des anges de marbre blanc.
A moins de quarante ans, le voyant égaré parmi des charognards, s'écarte des busards. Au terme de l'errance, il est en partance vers l'oiseau de feu multicolore.

Marie-Christine
..................................................
Arbre arborescent
Arrange tes branches 
Tel un phare... 
Tes feuilles bariolées arrachées
Par le vent de l'automne
Tourbillonnent et s'échouent... 
S'en suit l'hiver qui te voit sans fard 
Le froid te prend dans ses bras, 
Cassures et carnaval 
De ton bois un masque d'armure, 
Les rires arrosent ta carcasse. 
Le printemps arrivant 
La sève remontant 
Les bourgeons dardent le vert ardent
Charmant et charnus, 
Éclatent à l'aurore écarlate.
L'été écarte la fraîcheur 
Ta parure garnie
Marie la gaieté et la joie 
Dans le jardin.... 
Parle arbre de paradis 
Ta parole dans un murmure 
Vaut mille regards 
Que l'homme t'écoute 
Te regarde... 
Avant que l'aventure ne s'arrête 
Et que la vie de tes bras ne parte... 
Tu es le témoin du temps qui passe, 
L'alarme des méfaits 
Tes larmes sont trop discrètes 
Pour les humains barbares...

Valérie
..........................................................
 Ce mardi de mars, Arthur est dans le jardin garni de quelques arbrisseaux. Il a réparé le bardage du hangar avec des ardoises,  arraché quelques chardons parvenus par hasard parmi les arums et les ardents. Il arrose  les  parterres de marguerites quand Carmen aussi écarlate que son écharpe et sa parka,  arrive de la pharmacie et  du marché chargée de sa cargaison de carottes, de haricots, de cardes, d’artichauts  mais aussi de sardines, de harengs, du lard, d’un canard  et même des figues de Barbarie et des caramboles ; pour les tartines, des marmelades rares de baies d’arbousiers et d’argousiers.
Arthur s’arrête sous l’arbre et charmé, la regarde puis il marche vers elle et la débarrasse de tous ses articles. Que de marchandises ! Ensemble, ils les gardent  dans les armoires. Il range le Pommard dans le bar et Carmen pose la marmite d’argile sur le feu. Harassée par son fardeau, elle s’empare du fauteuil et se laisse choir. Arthur bavarde à ses côtés:
 « -. Le Parisien parle du mariage très particulier de deux parachutistes, tels des archanges dans les airs !
-          Où ça,
-          A Marcoussis. Tu le ferais ?
-          Oh non, j’aurai trop peur,  articule-t-elle
-            Toi, couarde, remarque-t-il, un peu goguenard.
-            Tu me nargues. Ne sois pas arrogant comme  Artaban. Dans la charrette mal arrimée par mégarde qui s’embarquait vers le fossé, tu ne faisais pas ton faraud ! argumente-t-elle.
-            Pardon, pardon. Regardons  plutôt les arcades de cette gare avec un parc à  l’arrière ! Quelle architecture harmonieuse !
-            Et là, vois ces parents  âgés : Oscar et Marthe sous l’arc en ciel.
-            Ils sont charmants.
-            On croirait Arsinoé, mon aïeule et Arsène, son mari.
-            Celui qui était arquebusier ou marin ?
-            Pourquoi pas arbalétrier mais non pardi carabinier
-            Lui qui arpentait la France avec Marc, son camarade d’armée, le farceur ?
-            Oui, il n’était pas en garnison. Par-ci, par-là sans parapluie, ni parasol, il marchait : Arles, Marseille la Camargue ou Tarascon. Parcourir l’Ardèche  pour parvenir dans  la Margeride était ardu et pas peinard ! et tout autant pour un départ de Tarbes pour Arcachon, Marennes dans les Charentes et  plus tard Dinard  en  Armor. Il arriva même jusque dans les  Ardennes.
-            Partirions –nous ?
-            Partir ? mais pour où ?
-            Partout ! en Arcadie, dans les Carpates, à Argos  ou en Arabie,  à Carthage,  à Madagascar ?
-            Non, par là, ça se bagarre.
Le veau marengo caresse alors leurs narines de son parfum.
Ils vont en manger une partie  avec des petits lardons et le farci. Ils parachèveront  leur repas avec un far et un quartier de tarte à la rhubarbe.

Marie-Thérèse 
...........................................................
Bernard marcha vers la mare où barbotaient des canards, insouciants du brouillard en ce bizarre mardi de mars. Martine, adossée à un arbre, portait un  manteau marron à martingale et arborait un foulard bariolé. Ensemble ils se rendirent à l'arrêt du car dont le chauffeur barbu les conduisit à la gare de Narbonne.
A leur arrivée, ils se mirent à parcourir les artères de la ville, Bernard étant à la recherche d'un endroit particulier pour faire sa déclaration. Où allait-il bien pouvoir faire sa demande en mariage, en tout cas pas devant ce marchand de malabars, carambars et autres barres chocolatées devant lequel ils passaient sous les arcades. Non, le mieux se disait-il serait un bar dans lequel ils pourraient également déjeuner. Pas de caviar au menu, Bernard n'était pas avare mais il n'était pas riche non plus. Pas question pour autant de se contenter d'une archaïque baraque à frites. Ils s'arrêtèrent plus loin devant un estaminet fréquentés par des artistes, une darne de bar sans arête et sa farce, cuisinée au beurre de baratte fut parfaite. Le plat fut arrosé d'un verre de vin et ils terminèrent par  une part de ce gâteau flambé à l'Armagnac dont Martine raffolait. L'arôme d'un café marqua la fin de ce repas qui ne les laissa pas barbouillés et dont l'ardoise s'avéra raisonnable. C'est alors que Bernard dut se décider à parler, tâche bien ardue.
Ils s'étaient arrangés pour être installés à l'écart des clients, près d'une armoire où ils avaient pu se débarrasser, Bernard préférant rester en débardeur. Dans ce coin, aucun risque de voir débarquer un indésirable. Le moment venu, tel un aristocrate, il mit donc un genou au sol devant Martine et s'appliqua à bien articuler. Sa belle rendit bien vite les armes d'ans un large sourire qui n'était pas plus artificiel qu'arrogant.
Bernard, bon garçon et garde du corps à la fois, offrit à sa dame un tour en barque sur l'étang du jardin arboré et parsemé de narcisses, en lui garantissant un départ dans les temps car ils leur faudrait bien repartir. Il partagèrent ainsi un  moment paradisiaque et le temps qui s'était levé participa à faire de cette journée un moment inénarrable, les parapluies avaient finalement fait place aux parasols.
Le mariage fut célébré plus tard, il fit l'objet d'un article dans le canard du coin, bien entendu.

Paulette
.....................................................
Noël approchait et les réjouissances de cette fin d’année – la dernière en pleine mer. Oscar, le vieux gardien préparait ses adieux au phare en le nettoyant au balai-brosse. Comme jeune mousse, il avait appris à le faire chaque matin sur le pont du bateau de pêche. Aujourd’hui, il peaufinait le travail en s’excitant sur l’ocedar. Peu bavard, Oscar… La solitude, il l’avait connue surtout quand la mer déchaînée jetait ses paquets sur le phare lors des tempêtes hivernales… Mais il avait aimé cette solitude et ce corps à corps. Évidemment, il était devenu marginal mais pas ignare. Car le phare ne manquait pas de visiteurs l’été et notre gardien adorait expliquer sa vie au milieu des éléments marins. Enfin, il ne s’ennuyait pas et lisait sans compter, plus que ceux des terres. Pour marquer son départ, il avait invité ses meilleurs fêtards. Il se dirigea vers l’estuaire avec sa vedette et un quart d’heure plus tard, il amarrait au quai du port où se tenait le marché de noël. Il y avait là une animation particulière autour des produits de la mer, coquillages crustacés et poissons, et les rois de la fête : homards, bars, sardines, darnes de thon… Cela n’empêchait pas les volaillers de faire affaire. Oscar ne put résister devant pintade et poularde… un canard aux épinards serait également bienvenu. Impossible d’oublier la tradition, il acheta un far breton et quelques tartes. Quant aux boissons, il alla se ravitailler dans son bar préféré. Il s’arrêtait partout, échangeant plus de paroles que de dollar car tous les locaux le connaissaient. Oscar le gardien entra donc au bar se réchauffer en se restaurant d’une assiette de moules frites. Il devait maintenant aller se mettre aux fourneaux pour le repas du soir et c’est sur un petit air de harpe qu’il quitta le port, piquant droit vers le large et son phare.

Françoise
.............................................................
Un bruit sourd me réveilla brusquement, je m’assieds dans mon lit avec encore imprimé sur la cornée les images de mon dernier rêve, un malabar en culotte de sumo tout droit sorti d’un barnum, arc-bouté au panneau d’un char de carnaval, faisant d’improbables  arabesques. Je regarde l’heure, sept heures moins le quart, trop tôt pour se lever alors je retourne dans les limbes jusqu’à plus tard. C’est surement ma chatte qui a sauté de la table bar. Je pense à mon cartable à préparer, aux deux carambars posés sur la table de l’entrée et que je me réserve de manger plus tard, à la part de tarte aux poires dans le réfrigérateur, au polar que j’ai attaqué hier. Je commence à rêver à des canards glissant sur l’eau trouble de la mare d’un parc, au phare du bord de mer et ses éclats de lumière saccadés, aïe, j’ai appuyé sur le panaris que j’ai au pied gauche. Je décide de me lever quand même, ce matin de mars est brumeux et j’exècre les barbares qui nous tirent du lit si tôt. J’enfile ma robe de chambre et me couvre la gorge d’un foulard bien chaud, je me dirige vers la cuisine pour me faire un café, je jette le vieux marc et rempli d’eau ma bouilloire, je débarrasse la table du reste de tartare de la veille, je me tranche un morceau de batard et je file dare dare aux toilettes. Une fois mon petit déjeuner avalé, je m’habille et jette un dernier coup d’œil à ma chambre, je n’ai pas refait le lit et ma chatte s’étale voluptueusement sur la couette on dirait presque un lupanar. Je descends à toute volée mes escaliers et claque la porte derrière moi.   

Fabienne

Aucun commentaire: