- Il chantonnait en tournant et retournant la terre...
- Elle ne se souvenait plus du tout pourquoi elle était montée au grenier...
- La musique s'élevait, pure...
- En provenance du périphérique, des bruits inhabituels...
- Vu les circonstances, un petit verre d'eau-de-vie ne lui ferait pas de mal...
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Elle ne se souvenait pas du tout pourquoi elle était monté au grenier. Somnambulisme? Début d'Alzheimer? Assise sur une
malle en chemise de nuit, sans chaussons, les cheveux retenus dans un filet, elle se frottait les yeux aux premières lueurs du jour. Les chardonnerets et
les mésanges en des trilles élégantes et pimpantes lui souhaitaient une
bonne journée. Elle tenait à la main une photo représentant un tout petit
blondinet. Elle approchait son doigt de ses lèvres en un doux baiser et
pourtant si lointain. Un voile léger masquait maintenant son regard. Elle se
prenait à sourire en prononçant son prénom : Bruno... Bruno... Les souvenirs la
submergeaient en vagues successives et elle approcha la photo de ses lèvres.
Mon petit. Mon petit, répètait-elle au comble de l'émotion...
Claudine
Elle ne se souvenait plus du
tout pourquoi elle était montée au grenier
et se trouva donc bête quand elle se retrouva plantée au milieu de la pièce,
parmi tout ce qui était devenu inutile et qu'on avait remisé là. Mais pourquoi
avaient-ils gardé tous ces objets se demandait-elle, si leur utilité n'était plus
de mise, s'ils étaient hors d'usage, pourquoi ne pas les avoir jetés tout
simplement ?
Il y en a un qui attira son
regard et qu'elle examina de plus près. Oui, ce petit cheval de bois à bascule
était cassé, usé, il avait largement fait son temps. Mais il lui rappelait tant
de souvenirs qu'il était trop difficile de s'en séparer. Il la renvoyait dans
un autre temps, où elle était bien plus jeune et insouciante, en y pensant elle
souriait. Elle ne se rappelait plus vraiment des moments où son père l'avait
posée à califourchon sur ce cheval mais en imaginant la scène, elle en était
émue aux larmes. Ce pauvre petit cheval avait ensuite servi à sa propre fille,
cette fois elle se rappelait très bien des jeux qu'elle partageait avec la
jeune enfant qu'elle était alors. Et ce n'est pas aujourd'hui encore qu'elle
jetterait ce jouet cassé qui faisait maintenant partie de la famille.
Elle ne se souvenait plus du tout pourquoi elle était montée au grenier, mais, n'ayant pas activé la minuterie, dans la pénombre, elle trébucha, sur le palier du second, sur un rat mort qui commençait à se putréfier. Elle déambula dans le grenier, parmi les moutons, à la recherche d'un carton pour y mettre l'indésirable. Cette corvée accomplie, elle se souvint qu'elle devait remonter au grenier pour prendre le sapin et les guirlandes pour égayer la fête de Noël.
Marie-Christine
Elle
ne se souvenait plus du tout pourquoi elle était monté au grenier tant les
souvenirs affleuraient à son esprit. Cette peur panique du noir qu’elle avait
ressentie enfant quand, pour se cacher,
elle se glissait derrière la porte, ne pouvant faire un pas de plus, croyant
entendre les fantômes ou quelques êtres malfaisants. Plus tard, bien plus tard,
elle avait compris que de petites chauves-souris accrochées au plafond, dérangées par le simple courant d’air que
provoquait l’ouverture de la porte, se
mettaient alors à voler à travers la pièce, en poussant de légers cris aigus. Ça la terrorisait. Et le cœur serré, le ventre noué, glacée, elle écoutait et
très vite ressortait de sa cachette. Aujourd’hui encore toutes ses sensations
lui revenaient en mémoire et dans son for intérieur, elle en riait, se moquant
d’elle-même.
Marie-Thérèse
Elle ne se souvenait plus du tout pourquoi
elle était montée au grenier. Elle refit le chemin en sens inverse mais rien ne
vint à son cerveau. Elle ferma les yeux pour mieux se concentrer. Elle était là
les bras ballants, ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait et
cela se produisait de plus en plus fréquemment et cela l’inquiétait
Fabienne
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Vu les circonstances, un petit verre d'eau-de-vie ne lui ferait pas de mal... J’avais
entre douze et quatorze ans… avec ma famille, nous revenions du pays des corons
où ma cousine venait de se marier. Nous étions encore en plein exotisme chti et
avions fait honneur aux spécialités régionales… À l’époque, j’étais parfois
sujette aux crises de foie. La voiture allait bon train et je percevais déjà
les signes avant-coureurs d’un dérangement désagréable. Me sentant de plus en
plus mal, mes parents décidèrent de s’arrêter devant le premier café venu, au
bord de la route… En entrant, et devant ma pâleur, la tenancière ne se fit pas
prier pour m’offrir d’urgence le service de ses toilettes, puis un
remontant : « un petit verre d’eau-de-vie ne lui fera pas de
mal ! » Contrairement à nos habitudes familiales, mon père accepta.
Comme j’étais novice en la matière, le breuvage me fit l’effet d’un coup de
fouet dont je me souviens encore. Ça aura été mes premiers contacts avec les
spiritueux.
Après les
remerciements d’usage, et au soulagement de tous, nous ne tardâmes pas à
reprendre la route. L’incident était clos.
Françoise
Vu les circonstances, un petit verre
d'eau-de-vie ne lui ferait pas de mal. C'était il y a bien longtemps au fond de
nos campagnes...quand les colporteurs et hommes a tout faire passaient dans les
villages. L'éther et le chloroforme n'était pas encore de rigueur. Les
anesthésiant n'existaient pas. On ne connaissait pas l'effet du clou de girofle
sur les douleurs dentaire. Et la route des épices était bien loin.
Surtout pas à la portée de toutes les bourses. Seul l'alcool, la gnole comme on disait, pouvait
éventuellement atténuer, voir endormir la douleur. Sans pour cela friser le
coma éthylique, un petit verre n'était pas de refus en cas de rage de dent et
pour beaucoup d'autres occasions d'ailleurs !!!
Claudine
Vu les circonstances, un petit verre d'eau-de-vie ne lui ferait pas de mal : en effet René cumule les coups durs en ce mois de Janvier : d'abord, malgré son loyer très élevé, il s'est enfui à l'hôtel pour échapper au bruit infernal des voisins ; de plus une résidente, rentrant un soir l'a prévenu que sa porte était ouverte, alors qu'il n'a pas encore déménagé ; il est venu rapidement : un remontant serait le bienvenu, à condition de ne pas en abuser...
Marie-Christine
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La
musique s'élevait, pure dans le chœur de
l'église, que c'était beau. Peut-être influencés par les lieux qui incitaient
au recueillement, les auditeurs écoutaient religieusement, rien en tout cas ne
semblait pourvoir venir troubler leur
attention.
Riche idée que d'avoir choisi l'église du village pour organiser ce concert des élèves du conservatoire de musique, les notes résonnaient, le son y est tellement plus profond, si pur qu'il arrivait à vous donner des frissons. Un sentiment de bien-être vous envahissait et à la fin du concert, c'est satisfait et complètement apaisé qu'on quittait ces lieux.
Riche idée que d'avoir choisi l'église du village pour organiser ce concert des élèves du conservatoire de musique, les notes résonnaient, le son y est tellement plus profond, si pur qu'il arrivait à vous donner des frissons. Un sentiment de bien-être vous envahissait et à la fin du concert, c'est satisfait et complètement apaisé qu'on quittait ces lieux.
Paulette
La musique
s'élevait pure, me racontait mon grand-père déporté : on faisait chanter les
femmes, surtout les polonaises, pour donner le change, faire croire qu'elles
étaient heureuses? A partir de Décembre 1940, au camp
d'Auschwitz, pour un maigre cachet, pour assurer la survie de leurs proches et
surmonter le désespoir, certains jouaient du piano. Il existait un orchestre
symphonique de quatre-vingts musiciens et une fanfare de cent-vingt membres.
Parmi eux, Simon Laks, dont la technique était d'une parfaite pureté,
compositeur et violoniste polonais, juif , interné au camp de Pithiviers,
déporté à Auschwitz en Juillet 1942,il jouait deux fois par jour : la musique,
même sublime était aussi un moyen de torture, de domination totale, aggravant
la prestation physique et morale, incitant les détenus à la tâche .Simon devint
chef d'orchestre.
Marie-Christine
La
musique s’élevait, pure dans les airs. Un berger menait ses chèvres sur la
sente rocailleuse. Intrigué par cette symphonie inhabituelle, il fit un détour
par le petit refuge tout près du sommet, là où l’herbe se faisait plus courte
et plus rare. Il découvrit un petit groupe d’instrumentistes qui s’était réuni
là, pour un week-end. Ils répétaient,
loin du bruit de la ville, et en toute quiétude, leur petit concert. Flûte,
alto, violon et clarinette lançaient dans l’air
leurs sons tour à tour aigrelet ou profond.
Marie-Thérèse
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Il
chantonnait en tournant et retournant la terre, cassant les mottes de ses
talons. L’air était frais, le soleil dardait ses premiers rayons. Quelque part
au loin un oiseau sifflait à gorge déployée en réponse à sa chanson. Il était
bien, il était heureux. Le printemps était là.
Fabienne
Il chantonnait en tournant et retournant
la terre dans un mouvement vif et répétitif avec sa binette hilarante... A
chaque fois que sa bèche travaillait les mottes de terre glaireuses, une
goutte de sueur perlait sur son front. Elles glissaient le long de ses sourcils
fournis pour suivre le chemin de ses pattes d'oie encadrant des yeux d'un bleu
limpide et rieur. Elles continuaient leur course le long des commissaires de
ses lèvres charnues encadrées d'une barbe dense et hirsute. Elles se perdaient
dans une masse de cheveux roux mousseux et frisés recouvrant en partie une
chemise à carreaux ouverte sur sa poitrine. Et dessinaient une carte de
l'Irlande revisitée aux bons soins de notre travailleur infatigable et bêcheur
émérite.
Claudine
Il
chantonnait en tournant et retournant la terre, heureux qu’il était d’avoir
retrouvé le paradis perdu de ses ancêtres. Il était resté si longtemps absent
travaillant dans l’obscurité du fond de la mine. Maintenant, sur ses vieux jours, il y revenait
enfin, respirant à pleins poumons l’air pur de ses montagnes, bêchant son
potager où, bien avant lui, son père et
son grand-père avaient cultivé les raves et les pommes de terre. Il en était si
joyeux qu’il en sifflotait par moments ou prononçait quelques mots d’une
rengaine ancienne. Qu’il faisait bon de demeurer au bercail !
Marie-Thérèse
Il
chantonnait en tournant et en retournant la terre dans le jardin de la petite
copropriété, alléguant qu'il fallait arracher les mauvaises herbes : Marcel
sévissait tout le long du mur mitoyen, il chantait même à tue-tête, pour se
donner du cœur à l'ouvrage. Voulait-il réactualiser la fable de La Fontaine :
Le laboureur et ses enfants ?
Quelle
obstination à creuser ainsi des tranchées et ériger des taupinières : bien lui
en prit : on entendit un bruit métallique : il brandit au vu et au su de tous,
sous le nez de sa compagne qui affichait un grand étonnement un trousseau de
clés !
Etait-ce la
raison pour laquelle on entendait de violentes disputes appuyées par le nombre
de chaises cassées agonisant sur le trottoir ?
Plusieurs
raisons peuvent éclairer cette sombre affaire :il s'agirait de l'une des
facéties d'un enfant ou d'une cachette connue de certains visiteurs..
Marie-Christine
Il chantonnait en retournant la
terre, il songeait déjà à la belle
récolte qu'il ferait. Mais avant d'en arriver là, il lui fallait d'abord
préparer le sol, semer, attendre et apporter beaucoup de soins aux jeunes
pousses au fur et à mesure de leur croissance. C'est seulement après un long
moment que viendrait la récolte, serait-elle bonne, les épis de blé
seraient-ils nombreux, bien fournis, sains et de bonne qualité, chaque année
c'était la grande question. Comment serait la météo, tout pouvait être remis en
cause avec un temps trop capricieux pour la saison.
C'était un travail difficile,
plein d'aléas aussi, mais il souriait, il aimait tout de même ce métier, il n'en
connaissait pas d'autre d'ailleurs. Peu lui importait, jamais il ne pourrait
renoncer à son travail, à cette liberté, à la lutte qu'il menait chaque fois
pour gagner. Pour lui ce n'était que du bonheur.
Paulette
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En
provenance du périphérique, des bruits inhabituels lui parvinrent et
l’effrayèrent. C’était comme un bruit de tonnerre suivi d’un crépitement de
mitraillettes. Que pouvait-il bien se passer ce jour-là ? Cela ne
ressemblait en rien au choc de deux voitures qui se télescopaient ou celui d’un camion qui se heurtait sans
ménagement à une pile du pont. De sa fenêtre, il ne percevait que les signaux
lumineux, indiquant une modification de la circulation et le bruit des sirènes
annonçant la présence de la police. A intervalles réguliers, il entendait des
rafales de tir sans en comprendre l’origine. Ce n’est que le lendemain en
ouvrant son journal qu’il découvrit la
course –poursuite des policiers pour arrêter une Land rover en
provenance de l’aéroport. Elle roulait à grande vitesse et essayait de leur
échapper. Devant le refus du conducteur
d’obtempérer à son interception, ils n’avaient pas hésité à tirer dans les
pneus du véhicule puis à viser le
moteur. Et cette course effrénée sous le feu nourri des armes s’était passée
juste sur le tronçon du périphérique qu’elle pouvait apercevoir de chez elle.
Marie-Thérèse
En provenance du périphérique,
des bruits inhabituels lui parvinrent, ce
qui l'incita à aller jusqu'à sa fenêtre dont elle souleva le rideau.
Au premier abord le
périphérique lui apparut semblable aux autres jours mais d'où venait alors ce
bruit de musique. Devant elle les voitures passaient en continu mais soudain
elle remarqua que rien ne bougeait sur l'autre file. Elle ne voyait pas des
voitures, une fraction de seconde elle aperçut plutôt une masse sombre qui lui fit
penser à une longue remorque. En y regardant de plus près, elle comprit qu'il
s'agissait en fait de motos, rangées en rangs si serrés qu'on n'en distinguait
pas une qui sortait du lot. En voir ici un tel nombre était impressionnant, de
là provenait donc cette musique bizarre pour laquelle le mot cacophonie était
plus approprié.
Le soir en regardant les
informations locales à la télévision, elle eut la réponse à ses questions, il
s'agissait en fait d'une manifestation contre la baisse de la vitesse sur les
routes décidée par le gouvernement.
Paulette
En provenance du périphérique, des bruits
inhabituels lui parvinrent, une cacophonie de klaxons, un tohu- bohu de
couvercles de casseroles. Elle se précipita à sa fenêtre pour assister à un
défilé de motos grondant sans avancer ou très doucement. Les motards occupaient
toute la largeur de la chaussée extérieure. C’était une
manifestation !
Fabienne
En
provenance du périphérique parvenaient des bruits inhabituels. En Mai 1975,
Dédé âgé de dix-neuf ans et Rose de vingt-neuf descendaient à vive allure vers
la mairie de Gentilly pour unir leur destinée, afin de convoler en justes noces.
Ils étaient entre Pantin et la Porte de Montreuil et, tout à leur bonheur,ne
s'aperçurent pas que les deux cartons ficelés et arrimés à la galerie de leur
véhicule, s'étaient envolés et avaient chuté en contrebas du périphérique !
Cela généra des concerts de klaxon, des appels de phares, des activations de
feux de détresse, si bien que les tourtereaux stoppèrent leur voiture sur la
bande d'arrêt d'urgence. Dédé escalada glissière, rambarde, parapet, descendit
récupérer les deux paquets contenant les tenues des mariés : tout était en
parfait état :la liesse fut à son comble, ce fut une journée inoubliable !
Marie-Christine
En provenance du périphérique, des
bruits inhabituels nous parvinrent. Un concert de klaxons et de sirènes nous
ont obligé de fermer la fenêtre. Nul besoin de se rendre à un concert pour
cuivres et instruments à vent. Nous avions des couacs et des rugissements
éraillés et entremêlés : un tohubohu sans nom. Un vacarme abrutissant. Il en a
fallu de peu que nous perdions l'utilisation de nos tympans. Un rendez-vous
chez l'ORL se révélait urgent. Quand les véhicules de la police et du
Samu toutes sirènes hurlantes font du zèle : c'est toute une population
riveraine du périph qui est aux abois. Si les automobilistes se comportaient
d'une façon plus civique et si une piste était réservée aux véhicules
d'urgences et de sécurité : il y aurait peut-être moins de nuisances sonores en
période d'affluence et par mauvais temps? Il s'agirait sûrement de repenser à
la prévention des risques de pollution acoustique qui peuvent s'avérer au
combien désagréables et nocives pour la santé mentale à plus ou moins long
terme lors du grand Paris qui s'annonce...On nous le promet depuis un certain
temps : avec parapet et murs anti bruits?
Claudine
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