Dans la
pénombre du vestiaire, la jeune femme revêt une robe rouge écarlate parsemée de
mille cristaux, un collant, des chaussures noires. Ses cheveux tirés en
chignon, elle pique et attache un petit bouquet de fleurs rouge. De l'autre
côté du banc, son compagnon de danse s’habille d'un pantalon noir ajusté, et
d'un gilet du même rouge que celui de la robe... Ses chaussures mises,
l'attente commence. L'appréhension les saisit, les mains deviennent moites.
Dans leur tête ils répètent les pas, les allures, les positions des bras, des
mains, des jambes, des pieds durement appris pendant des heures, des mois, des
années pour enfin arriver à ce championnat. Ils ne doivent pas décevoir, se
décevoir...
Une personne
passe la tête dans la pièce, c'est maintenant à eux... Un regard, une pression
de main, pas besoin de mots pour se comprendre. La danse exprime à elle seule
toutes les émotions.
La piste est
grande, immense... Les juges bien en face patientent. Enfin, l'éclairage les
met en avant. Ils avancent élégamment, un sourire sur le visage, et saluent le
jury et les spectateurs.
Rejoignant
leur place, ils se rassurent d'un petit regard et guettent la première note de
musique.
Alors, les
corps se mettent à vibrer, se cabrer. Les pas s'enchaînent, se mêlent. La technique
est bien maîtrisée. Un coup à gauche, un coup à droite, une envolée, la robe
s'illumine et tourbillonne à chaque mouvement. Le désir, la sensibilité,
l'amour, la jalousie, la haine se jouent sur la piste dans les pas, les jetées,
les enlacés. Les deux corps n'en font plus qu'un pour vivre ce tango endiablé.
Arrive la
fin de la prestation, et c'est dans un courbé magnifique que le tango s'arrête.
Aucune parole, aucun bruit ne se fait sentir pendant quelques secondes, puis
c'est un tonnerre d'applaudissements.
Qu'importe
les notes des juges, ils ont tout donné, ils ont vécu leur danse et y ont mis
tout leur cœur.... Le souffle court, les corps luisant de sueur, l'espoir et la
crainte des notes les angoissent.
Enfin... Les
notes tombent....
Victoire ! Ils
sont premiers !!! Les années d'apprentissage, de douleur, de bonheur, de
répétitions, de pleurs, de rires, sont récompensées.
Valérie
.................................................
En
ce jour de la fête de San Diego, les villageois des communautés voisines et
ceux d’Ishua, petit bourg au cœur des
Andes se sont tous rassemblés en cercle sur
la place, formant comme une arène. Quelques étrangers curieux du spectacle se
mêlent à la population. Assis à même le sol, ou debout, ils les attendent ces « fils du
diable » comme les appelaient les espagnols. Mais pour eux, habitants de
cette région, ce sont les mages, les interprètes de leurs dieux
mythiques : Les Wamanis qui règnent sur les montagnes et la Pachamama, la
déesse de la terre. Ils arrivent.
Ils les ont déjà vus hier dans leur habit
d’apparat, rutilant au soleil portant ce costume si complexe qu’il n’a pas
moins de quinze pièces ! Sur la
chemise blanche aux larges manches, ils ont passé le gilet sans manches, et mis le foulard
autour du cou puis enfilé leur petit
poncho et ceint leur pantalon de velours court et évasé d’une large bande de
tissu colorée qu’ils ont nouée autour de la taille. Ils y ont suspendu cette large
pièce de tissu triangulaire qui descend jusqu’aux genoux, arborant un dessin
particulier en relief. Comme chaque pièce, elle est brodée de fils de métal ou d’or mêlés à la laine aux couleurs vives et forment ainsi des motifs et des figures
propres à chaque danseur. Tout y est symbole de leur rôle d’intermédiaire entre
les dieux et le monde terrestre. Des rubans multicolores pendent de tous côtés
et de petits miroirs incrustés dans les tissus brillent au soleil ainsi que sur leur énorme chapeau si
caractéristique couvrant leur bonnet de
laine. A la main droite, ils tiennent un
mouchoir rouge et dans l’autre, ces deux lames de 25 cm de longueur, en métal et séparées. L’une représente le mâle et
l’autre, la femelle. Elles furent le symbole de la résistance à l’envahisseur
espagnol.
Ils
vont les faire claquer tout en dansant et se contorsionnant ou luttant. Les
voilà donc ces « danseurs de ciseaux » accompagnés chacun par un
violon et une harpe andine. Le rôle d ces instruments est aussi très important
car c’est eux qui rythment et soutiennent le danseur par leur musique et
soulignent celle des lames qui s’entrechoquent
Aujourd’hui
c’est le grand jour, celui de la compétition, de la rivalité des équipes. Chaque
trio alterne et se relaie. Alors commencent les différentes phases de cette
danse rituelle quasi sacrée dont la chorégraphie représente les esprits des
dieux andins. Après le salut et la parade,
viennent le chant et le début de la danse elle-même, des pas, des sauts, des
entrechats et des pointes, des virevoltes ou des demi-voltes. Puis le ton de la
musique s’affaiblit pour que résonne avec force le claquement des ciseaux. A eux seuls, ils créent leur
propre musique donnant le rythme au danseur qui continue à évoluer. Le violon et
la harpe andine reviennent en force. C’est le moment des figures à petits pas
et sur les pointes suivi de celui des
grelots qui s’agitent avant de redonner leur place aux cris des ciseaux. Le
danseur exécute alors force acrobaties,
se jetant au sol, se relevant, se couchant sur le dos ou se roulant par terre
pour mieux sauter en l’air sans jamais lâcher ses ciseaux ni même arrêter de les faire s’entrechoquer ne
serait-ce qu’un instant. Et vient alors l’heure de l’affrontement où sont mis à
l’épreuve, le savoir-faire, l’habileté et la résistance physique de deux danseurs, face à face. La foule crie,
encourage ou siffle, ponctue les escarmouches de battements ou d’applaudissements.
Par des mimiques, les danseurs se moquent de leur rival ou des autorités et
les critiquent.
Enfin, le gagnant désigné par les spectateurs,
est reconnu comme l’élu des dieux et leur messager. Les danseurs terminent alors
par un simulacre d’agonie et font leurs adieux, toujours en dansant et en
faisant claquer leurs ciseaux.
Marie-Thérèse
.........................................................
Adèle, enfant, restait à la maison avec
sa tante et sa grand-mère quasi mutiques ; ses parents s'éclipsaient parfois le
soir, sans prévenir, sans explications, pour aller danser très loin du logis.
La petiote le réalisait car ils avaient
troqué leurs habits de travail contre d'autres plus sortables. Pour tuer le
temps, craignant malgré tout qu'il ne leur arrivât malheur, elle se préparait,
la mort dans l'âme, une infusion de tilleul de la dernière récolte, sur le
trépied posé dans l'âtre rougeoyant.
Elle se résignait, c'était le vide !
Il y eut un bal dans une maison, au
hameau, à l'occasion d'une noce : le père jucha Adèle sur ses épaules ; la
lumière s'éteignit, seul le feu brûlait dans la cheminée : tout le monde criait
de joie ou de surprise : l'enfant, du haut de ses trois ans, n'était pas
rassurée.
Plus tard, elle apprit l'existence de la
fête locale : le bal était arrosé de confettis que les danseuses retiraient en
gloussant ou en minaudant de leurs corsages : les réjouissances battaient leur
plein, les pétards faisaient tourbillonner la poussière dans le foirail à
bestiaux.
C'était la période des moissons : ayant
travaillé très dur dans les champs, Adèle espérait aller à la fête, voir
danser, à défaut de pouvoir se payer un tour de manège. N'ayant pas de
chaussures, un voisin avait trouvé dans son échoppe des chaussures dont il scia
les talons. La journée, électrique, se clôtura par un drame, suite au dérapage
d'un proche, tout le monde alla se coucher sans mot dire.
Plus tard Adèle passa une année dans un
hospice : penser au bal eût été sacrilège.
L'année suivante, elle partit sous
d'autres cieux, dans une famille d'accueil intégriste : le seul mot de bal
était tabou, péché mortel, lieu de perdition, selon la formule consacrée.
Le premier bal : j'y suis allée à plus
de vingt-cinq ans, à l'occasion d'un mariage, nippée comme une enfant de Marie
: j'ai repoussé les propositions d'un cavalier qui a fait ses affaires ailleurs.
Il n'y eut pas de bal pour mon mariage.
Depuis, j'ai dansé une fois au bal du 14
Juillet à Gentilly, mais seule, pour suivre le mouvement et ne pas faire
banquette.
Enfin, à l'aube de mes soixante ans, je
suis allée au Club de Mimi Pinson, Rue Quentin Bauchard, sur les Champs Élysées
: nous étions quatre cents danseurs en ligne pour le madison, en piste pour la
valse, le rock etc Un professeur de
danse de Reims m'a appris le tango, une danse très physique, sinon c'est un
lieu où il faut éviter de se mettre dans l'embarras : il faut savoir ce que l'on
veut.
Vraiment j'avais la danse chevillée au
corps : les spectateurs étaient nombreux, nous étions en représentation.
Le thème du bal est fréquent en
littérature depuis le siècle de Louis XIV, c'est un phénomène social dans la
bourgeoisie, le bal sert à se montrer, parfois ces démonstrations tournent mal
comme Le bal du comte d'Orgel de radiguet ou le Bal d'Irène Nemirosky, où
l'adolescente est mise au rebut, dans le débarras par des parents
infréquentables, imbus de leur ascension ; la victime avait jeté les deux cents
invitations dans la Seine.
Je n'ai pas beaucoup dansé faute de
temps, de moyens ; le moral n'était pas souvent au rendez-vous, mais j'aurais
beaucoup aimé tournoyer au rythme des valses de Vienne.
Marie-Christine
Marie-Christine
................................................
Quand j’étais petite,
j’étais inscrite comme ma sœur et plus tard mon frère au cours de danse
rythmique du jardin d’enfants que nous fréquentions. Je crois me souvenir que
le cours avait lieu le jeudi en fin d’après midi.
Nous avions toute la
même tenue, les filles en juste au corps noir avec petit tour de satin noir
froncé à la taille, pour les garçons un collant avec un sous-pull. Aux pieds
des demi-pointes de cuir noir de chez Repetto.
J’ai très souvent été la
plus petite du groupe cela n’a pas faillit à la danse, donc pour les spectacles
de fin d’année j’étais avec ma grande copine Marie-Claire sur le devant de la
scène. J’adorais la danse, ma sœur appréciait sans plus. Le soir nous montrions
à nos parents ce que nous avions appris même mon frère nous bousculait en
disant « à moi, à moi ». Mon frère a fait 3 ans de danse, ma sœur jusqu’à
ses 16 ans et moi mes 18 ans. J’adorais cela. J’appréciais de faire coïncider
mon corps avec la musique, de le sentir libre de faire le mouvement qui me
passait par la tête. Je me rappelle que nous nous échauffions d’abord en
courant autour de la pièce, quelques exercices d’étirement puis le cour
commençait vraiment et nous savions que nous arrivions vers la fin du cours
quand mademoiselle Françoise mettait de la musique et nous laissait improviser
dessus.
Aucune d’entre nous
n’est devenue danseuse alors que certaines étaient très souples et avaient
beaucoup de rythme. On s’amusait au cours et on continuait de s’amuser avec le
spectacle de fin d’année en cherchant quel costume on allait mettre. Pendant 2
à 3 ans j’ai aidé le professeur pour le groupe des petits et j’adorais cela. Je
n’ai jamais rêve de devenir danseuse, je n’avais pas envie de torturer mon
corps, ni de rivaliser avec les autres. J’ai juste pris immensément de plaisir
à danser pour moi et pour les autres. J’ai eu aussi la chance d’aller à des
spectacles de danse, le clown à la rose avec Jorge Donn et le boléro de Ravel
avec Béjart m’ont enchantée. C’est avec une pointe de nostalgie que j’évoque tous
ses souvenirs lointains…
Fabienne
......................................................
......................................................
De quatrain en quadrille,
Le menuet, la gavotte
Guident les pas
Des favorites dévotes.
En chaussons ou escarpin
Aux gros nœuds plats
Du bout du pied
Rythme en alexandrin
L’élégance mondaine
Des aristocrates
A la lanterne.
Dans leur corset : les lacets
Enserrent les jolies gorges
Qui dans un rythme apaisé
Soutenu au son de l’épinette
Et du clavecin : bel ancêtre
De nos actuels claviers
La lyre joue la ritournelle
Et sous les balcons : la mandoline
Pour la bagatelle…
Pour séduire le cœur des demoiselles
On y danserait l’Arlésienne
En espadrilles
Dans le sud de la France
Ou du coté de Séville
Et Bizet ne ferait pas des siennes
Face à un public averti
Loin des courtisans
Cachés derrière les paravents
Et des courtisanes s’éventant
Eventail japonisant tout en pavoisant.
En Autriche, sur les bords du Danube
Dans les salons des palais Impériaux
Les danses de Vienne
La valse bleue est devenue un tube
Des danses de Vienne magnifiées
Par Offenbach : un romantique
personnifié.
A la grande impératrice : Sissi
Remarquablement interprétée
Par Romy...
Puis en remontant
Du coté de Ménilmontant…
Maurice Chevallier
Tout en couleurs, et si contrasté
La java, le tango argentin
En jolis escarpins
Jupes et robes
Comme les mains
Très près du corps :
Senteurs de musc et de jasmin.
En notre pays Celtique
Dont les ancêtres dansent la gigue
Aux danses folkloriques
Corses, Basques,
Auvergne et la bourrée
En sabots dans un lit de paille
Aux boléros ajourés
Breton et ses chapeaux ronds
Son cidre, son
hydromel, sa bière
Ses festnoz
Ses Paimpolaises et les bigoudènes
En hautes coiffes tout en dentelle
Au son de la cornemuse
Et de la harpe celtique
Jouent du pied, mains sur les hanches
Sans déhanchés exagérés.
Jusqu'à l'Alsace,
Et ses coiffes
Tout en velours et cols dentelle…
Ravissent nos prunelles
Face à leurs maisons coquettes
A colombages comme en Normandie…
Au sirtaki
Où on est ravi dans les iles grecques
De danser main dans la main
En levant tour à tour chaque pied
En martelant la terre battue
Un peu chaque soir
Et pourquoi pas : le matin
Aux danses slaves à la polka
Que mène un air de balalaïka
En chaussons, en ballerines
En tutu, en costume bleu marine...
En chausses, en guêtres,
Que de tailles de guêpe
A la guêpière
Dans un corset lacé
Sous la pluie ou en salon,
En souliers à claquettes
La mazurka
Que de jolies danses…
Des jupons sur la crinoline
En quatrain en quadrille,
Le menuet guide les pas...
En escarpins, en espadrilles,
Le tango, la valse, la salsa
Le tango, la valse, la salsa
Claudine
......................................................
Dans son joli tutu blanc,
Aérienne et souple comme un roseau,
Note danseuse virevolte en suivant la musique.
Ses pointes tournent et sautent,
Entrechats, cabrioles et développés se succèdent,
Sans nul doute, étoile elle finira.
Dans son joli tutu blanc,
Aérienne et souple comme un roseau,
Notre danseuse virevolte en suivant la musique.
Ses pointes tournent et sautent et ainsi,
Entrechats, cabrioles et développés se succèdent.
Battre des pieds en sautant,
Arabesque ou attitude,
La danseuse s'active sur scène,
Les jambes et les bras en mouvement.
Elle est absorbée par sa prestation,
Rien ne peut troubler son travail,
Impossible de la distraire de sa chorégraphie.
Nul doute, elle aura encore donné le meilleur d'elle-même,
Être une étoile n'est pas chose facile.
Sur la scène tous les danseurs attendent,
Pointes en cinquième position,
Ensemble ils vont s'élancer sur scène.
Chacun est attentif et concentré,
Tous ne pensent qu'à réussir leur chorégraphie.
Applaudissement ensuite du public enchanté,
Courbés vers la salle, ils saluent,
Les danseurs sont soulagés et heureux,
Encore un ballet bien réussi à leur actif.
Paulette
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire