Entre nuits
blanches et journées endormies : sous la couette enfouie. Les yeux clos en
quête d’oubli. Les mains caressent les plis. Le corps s’affaire. Le dos s’affaisse.
Les pieds s’agitent et fripent le coton chiffonné. Les doigts de pied se contractent
et expriment leur angoisse de ne pouvoir trouver la nonne distance et la sérénité
des jambes sans repos. Dans une chaleur moite qu’il s’agit de supporter et dans
laquelle on s’enveloppe, comme dans un manteau, une houppelande que l’on aurait
jeté sur l’insupportable, sur le passé. L’esprit et les pieds ne font qu’un :
ils sont agités. Comme les cheveux : de vraies toiles d’araignée. Elles s’étendent
aux confins et aux quatre coins de l’oreiller. Le réveil va bientôt sonner. Ce sera
l’heure d’aller se laver, de s’habiller. L’œil en berne. La prunelle éteinte et
les traits tirés. Nul sourire ne vient éclairer cette peau de papier mâché. Seul
l’attrait du travail à fournir guide les pas et relève la charpente disloquée. Un
peu de ménage… lisser les plis de cette enveloppe de couette qui n’a pas rempli
son devoir. On ajuste les plaids, les pieds dans ses chaussons, on sirote son café
du coin des lèvres, en soulevant un sourcil surpris ou exaspéré face aux
nouvelles pas toujours réjouissantes ni empreintes de sérénité. On caresse le
velours du revêtement du canapé. On croque, l’esprit ailleurs, sa Belvita de
Lu. On lui trouve un goût de déjà-vu. On mâchouille, on déglutit, on s’assoupit.
Non ! Ce n’est pas le moment ! Vite une salade de chicorée et un café
chicorée. On lave la vaisselle du petit déjeuner goûté. On enferme ses pieds
dans des chaussures montantes censées guider vers un ailleurs, un autre part,
un renouveau ou un éternel quotidien. L’automate est actuellement prêt. Il suffit
juste de tirer les ficelles et une nouvelle nuit se prépare : blanche ou
noire ? Comme les idées… Reste l’espoir d’un repos récupérateur.
Claudine
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