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L’âge de
mes rides
Sur mon
visage, mes rides ont fripé mes expressions. Les rires ont creusé des sillons,
les cris et les soucis ont pris mon front et mes joues. Mon corps est au temps
gris. Les années ont grillé certaines choses et certains rêves. Telle une
fabrique qui rouille et se grippe, mes gestes se sont faits à ces journées qui
pourraient être chagrines. Mes yeux sont toujours souriants et une malice y
trouve encore un soupir et beaucoup de vérités. Le temps passe pour tout le
monde. Comme un rythme, une sorte de rite, il nous barbouille de souvenirs… Une
imagerie, le film de cette femme rabougrie apparaît et devient réalité si
quelqu’un ou quelqu’une prend la peine d’ouvrir le rideau de mes souvenirs.
Apparaît alors l’institutrice qui avait tant de sévérité, la boulangerie où les
odeurs chatouillaient nos narines, les courses, le mariage et ce si bon mari,
les parents qui n’étaient pas riches,
les enfants qui ont bien grandi et son devenus parents… L’histoire de ce
quartier, de cette campagne, un temps passé qui ne peut revenir. Mais toujours
et encore des rêves pour s’enfuir, voir un certain avenir plus lent mais si
riche d’amour donné et pris que lorsqu’arrivera la fin, c’est avec sérénité et
sans trop de tristesse que je partirai, mais resterai en vos cœurs.
Valérie
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Marina
Rinaldi, les yeux rivés sur son courrier, découvrit une invitation, ornementée
de fioritures, la plongeant dans une euphorie proche du charivari. Adieu
rhinites, gargarismes, plaies traitées à l’acide boriqué, la descente ricanante
aux enfers, à ses risques et périls.
Elle se
para de ses pierreries, se dirigea vers Paris, à bord de sa chariote et fit une
apparition remarquée. La sauterie se déroulait dans une ancienne écurie où
avaient vécu bourriques et bourricots. L’intérieur était ripoliné de tons
irisés. L’hôte, Richard Rimel, héritier d’un ancien acteur de série américaine
était revenu du Missouri où il avait échappé au béribéri, à la malaria, à la
dysenterie, à la variole et la diphtérie : la fortune lui souriait, il était
richissime. L’accueil fur mirifique, au son de ritournelles comme Riquita, jolie fleur de Java, suivies de
Marinella et autres ariettes en
l’honneur de Marinette, la maman chérie de Richard, tandis que près de la
buanderie son petit-fils, en classe de CP épelait « Riri la souris arrête
de manger mon riz ». Marina reconnut Henri Poirier, Carine Cariote, futurs
mariés, et même Enrique Ritano, le roi des nuits parisiennes, as de la
rigolade, a fortiori de la loufoquerie, réalisateur de Rififi chez les pourris, mettant toujours les rieurs de son côté.
Au fond, on voyait un guéridon, une bourriche pour une mystérieuse loterie.
Les
invités, en un rien de temps, se dirigèrent vers un buffet considérable :
apéritifs, spiritueux, rieslings, barriques et baricauts de rivesaltes,
verrines apéritives décorées de cerises, de farigoulette : tout ça n’était
pas de l’huile de ricin ! Dans des terrines ventrues débordaient rillettes
et rillons rissolés à point, un pâté impérial, maintes charcuteries relevées de
harissa, de curry ou de paprika. La ricotta voisinait avec les rhizomes de
lotus marinés. Pour les enfants, la Vache qui rit tâchait de garder son
sérieux. La pâtissière n’avait plain n i farine ni margarine : les
hérissons au chocolat ne risquaient pas de se faire écraser par le paris-Brest,
sans oublier le smoothie nectarine-framboise. Enfin,
Marina se dirigea vers le bal, sous la verrière, vers la rivière, tandis que
Rita Perrichon, docteur honoris causa, rivalisait de finesse avec un chevalier dans
l’ordre du Mérite : Boris Ripaton, PDG de la SARL Rigodon.
Marie-Christine
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Irina arrive de Pondichéry,
ce territoire maritime favorisé pour
les rizières que l’eau charrie
mais adolori pour les mal nourris, par le béribéri.
De son auriculaire, elle soulève le rideau, les yeux rivés pour voir Paris où
elle atterrit.
Peu aguerrie et tout ahurie, vêtue de son sari, sans coquetterie
particulière, elle se dirige vers la
sortie avec son petit lori qu’elle a repris
dans son abri.¨ Par courrier, Henri, son futur mari, lui a écrit qu’il viendrait. Sans agacerie,
ni hystérie dans ce terrible charivari, elle inventorie la ribambelle des gens. Voilà Henri, son chéri ! Sans pudibonderie
ni afféterie, il la saisit et, pour
la conquérir, d’un baiser torride, il
l’embrasse. Elle est surprise et malgré son rigorisme,
elle ne lui en tient pas rigueur.
Après
vérification faite, pas de problème
de batterie ni avarie, les bagages bien arrimés, ils passent devant la guérite du parking et se dirigent
vers le périphérique.
Quelques kilomètres à parcourir sans courir pour atteindre Viry. Ils ne vont pas découvrir la mairie mais prennent la rue Garibaldi. Aux abords de la miroiterie, les iris fleuris perchés sur leurs rhizomes, dépérissent presque moribonds.
Dépassant la poissonnerie puis la boulangerie-pâtisserie, ils tournent au
coin de la rôtisserie et s’arrêtent enfin devant la plomberie de Richard.
Son frère les attend pour de véritables ripailles. Pas de riz au curry, de risotto ou du surimi mais plutôt des rillettes truffées, une marinade de poulet enrichie de morilles aux
petits légumes cuits au bain-marie. A leur fumet, les narines d’Irina palpitent mais devant la bourriche d’huitres, elle a un léger rictus. Son air s’assombrit,
elle semble contrariée. Henri en est
tout marri.
Un peu puéril, il veut la dérider et la reconquérir avec ses fariboles
et ses pitreries un peu ridicules. Il esquisse même toute une série de pas, du rigodon à la bourrée berrichonne
puis chantonne une ritournelle :
« Une souris verte… ». Il
ne tarit pas. Il est rigolo. Elle rit. Il en est tout attendri.
Après
le repas, et pour varier, rien ne vaut un petit périple, sous le ciel irisé, le long de la rivière. Près de la rive, surgit une haridelle trainant une carriole pour touristes. Dans la prairie.
Irina croit voir une zorille dans l’herbe mais c’est un hérisson près de son terrier qui boit dans la rigole. Soudain un cri, ce n’est pas un barrissement ou le grognement d’un gorille encore moins le renâclement du caribou.
C’est tout simplement un coq. « Quiquiriqui »
se risque à dire Irina. Non, « Cocorico » lui riposte Richard, peu charitable. Henri est meurtri
mais elle lui sourit.
Marie-Thérèse
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Vous pourrez dire
que mon texte ne veut rien dire ou encore qu’il n’y a rien à redire ?! Vous
en serez contrits ? Mais les irrégularités
irrévérencieuses peuvent s’avérer irritantes
pour les irascibles, les psychorigides qui s’érigent une tour d’ivoire et
blessent les cœurs meurtris. Histoire de prendre des rides et de faire couler
son ricil sous des cils renforcés à l’huile de ricin. Je ne tarirai pas
d’éloges concernant les personnes qui savent rire, irisées de cette lueur ;
oui, de cette lumière bienveillante au
fond de l’iris qui rime avec bonheur, rites, rituel. Il faut parfois prendre des risques pour ne pas tomber
dans le ridicule et apparaître ringard. Etre et se sentir ridiculisé(e) peut
faire rigoler : oui ! Etre la risée et Ricaner de tout-un-chacun…Ne rien
dire ? Mais rira bien qui rira le dernier ! Même avec un Ricard dans
le nez (le tarin en langage populaire), une boite de rillettes de Riant sous
les narines pour faire ripaille avec ou sans risotto rissolé, marinades
dégustées au Ritz à Paris, autres riz au lait riche en sucres lents. Ce dernier
est issu de rizières lointaines bien irriguées. Les rhizomes de gingembre, de
patates douces et d’igname cultivés souvent loin des rivières peuvent
bénéficier de l’irrigation comme sur les rives du Nil. Les barges arrivent de loin en amont sans dériver, ni
créer de remous susceptibles d’entraîner de rixes et de ripostes avec les
embarcations riveraines bien arrimées. L’œil rieur en chantant une ritournelle comme
les gondoliers Vénitiens très certainement fort en arithmétique car ils calculent
au centimètre près l’espacement lors des dépassements risqués au rythme des
rames. Il faut avoir le pied marin sans porter forcément la marinière. Osiris
veille. Pas de rififi ni de meurtrissures. L’enjeu serait de s’enrichir au
profit des ripoux. Je laisserais bien le ballon dans le camp de Rinaldo, de Rialto
pour être sûre de marquer un but et de ne pas être envoyée au tapis avec Ribera.
Claudine
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Valérie trouve risible
cette vitrine s'autorisant à exposer autant de vieilleries,
telles ces ballerines d'un autre âge. Les coloris délavés
des articles la font sourire, ce
qu'elle peut se permettre puisqu'elle n'est atteinte d'aucune carie.
Malgré son air quelque peu ahuri, mais aussi parce qu'elle est charitable,
elle souhaite vérifier le prix d'une tapisserie qui semble-t-il
proviendrait de Syrie, si toutefois l'affichette le mentionnant dit bien
la vérité.
Sur le territoire de la
ville la voirie subit une terrible réfection, la chaleur est torride,
Valérie regrette amèrement de ne pas avoir pris son petit vaporisateur.
Pour s'assurer qu'il n'y a pas tromperie sur la marchandise, c'est
pleine de témérité qu'elle pousse
la porte du magasin. Elle entre
néanmoins sans brusquerie, elle ne veut pas terroriser le
marchand qui, à cette heure creuse, doit se croire aux abris. Elle arrive
alors au beau milieu d'un décor qu'on dirait tout droit sorti d'un thriller,
après une scène de tuerie sanglante. Un canari dans sa cage
suspendue se met à chanter, c'est à ce moment que le marchand fait son apparition.
Valérie découvre un vieil homme
au visage empreint de sévérité, à la peau burinée, et où la varicelle
a jadis fait des ravages. Cerise sur le gâteau, l'homme porte un étrange
anneau à l'auriculaire droit, bizarrerie qui ne manque pas d'intriguer
Valérie. Après avoir temporisé, elle pose enfin sa question. L'homme ne
tarit pas d'éloges à propos de sa tapisserie, il est catégorique : elle est véridique.
En lui faisant part de sa théorie
sur le sujet, il fait même preuve de spiritualité dans ses propos. Après
après avoir écouté l'homme avec patience, Valérie pense ne pas faire preuve de
vulgarité en prenant congé, elle
doit en effet recevoir des amis dès son retour. Profitant de ce quartier
commerçant, Valérie fait quelques achats pour finaliser sa petite sauterie.
Elle fait ainsi l'acquisition de verrines apéritives, de surimi,
d'une bourriche d'huîtres, d'un véritable chorizo et de
quelques sucreries, au diable les calories ce soir. Elle se hâte
à présent de rentrer chez elle, où une aspirine l'aidera à oublier les
mésaventures de cette ridicule journée.
Paulette
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On le surnommait Jean la
pipe, c’était un drôle de rigolo,
pas vraiment un richard mais pas
dans le besoin et pourtant il était arrivé
à négocier une terrible ristourne sur le ferry qui l’emmenait aux Iles Canaries sous les risées de l’Atlantique. Très spirituel, plein de forfanterie
et têtu comme une bourrique, il
adorait le rythme and blues autant
que les BD d’Astérix. Il aimait faire
ripaille avec des rillettes, des rillons, autres charcuteries,
des ris de veau, ou bien du risotto, des patates rissolées ou des frites. Il ne dédaignait pas fréquenter les caboulots où il
utilisait le Riesling et non pas du
lait ribot comme rince
bouche après un Irish coffee!
Il était parfois rond comme une barrique
et dans un tel état d’ébriété que
vêtu d’un tricot jaune il se prenait
pour un canari et sautait à pieds
joints sur les marches de la mairie
qui se tient près du périphérique ou
alors dansait le rigodon devant une ribambelle de touristes, ses ripatons chaussés
de souliers Richelieu. En vérité il aimait mieux la ribouldingue que le rififi, il ne faisait pas preuve d’acrimonie pas plus que de pudibonderie, ses rots en ricochets et les pets au maximum de l’échelle de Richter qu’il émettait avec un savant rictus et un air ahuri n’étaient pas forcément du meilleur
esprit. Il se prétendait également
incontinent urinaire dans l’obscurité ! Il savait aussi être horripilant quand il se glorifiait de titres honorifiques qu’il aurait soi-disant mérités car il avait pris des risques et avait failli périr
dans une horrible bataille en Afrique au milieu d’éléphants barrissant et de perdrix s’envolant d’une prairie
alors qu’il cherchait un abri. Il
racontait cela tout en vérifiant les
rivets et la rigidité des baleines de son
riflard qu’il chérissait. A ces instants là il ricanait, les narines frémissantes, les ridules
marquées tout en lissant ses cils comme s’ils avaient du rimmel. Il écrivait des rimes pourries, se prétendait membre d’une confrérie, laissait des pourboires riquiquis
mais savait pourtant mettre le prix
à l’épicerie comme à la boucherie. Il avait refait sa maison tout en
peinture Ripolin. Attention, il ne
fallait pas le chercher car il était prompt à la riposte, ni le rouler dans la farine car il était alors capable de déclencher une rixe tout en faisant en préambule une
espèce de rite, comme un rital avant de monter sur le ring. Il disait qu’il aimait sa sécurité, les rives de la Seine, Paris
et ses urinoirs mais rêvait quand
même de rias, de pins maritimes et de féérie en souriant aux
anges et en suçant un bonbon Ricola.
Il ne s’était pas marié car son côté
arriviste et un peu préhistorique avait surpris et déplu à la jolie Karine.
Alors pour se guérir d’elle il
soignait son cœur meurtri à l’huile
de ricin qu’il absorbait sans faire risette tout les matins. Et voilà
tombée de rideau sur un portrait riche en détails.
Fabienne
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