Pour la première (et dernière) fois, je possède un
voilier, conjointement avec des copains, dont l’un a dégoté d’occasion ce petit
bateau de pêche en piteux état : il n’a plus de quille et doit être lesté
avec des sacs de sable (chapardés à la défense passive). Il est à notre
disposition en bout de plage où il ne paye pas de mine mais souffre tout de
même la comparaison avec les vulgaires périssoires alentour.
Nous avons passé des heures et des heures à tirer
des plans sur la comète avec, comme apothéose, entreprendre un cabotage autour
de la méditerranée ! Mais il faut d’abord se faire la main.
Arrive le grand jour du lancement. L’équipage en
maillot de bain est au complet, les sacs de sable du lest prêts à embarquer
sitôt le vaisseau mis à l’eau et la voile hissée.
Mais voilà le hic : on a beau tirer sur le
vergue en chantant : V’là l’bon vent, v’là l’joli vent… », la voile
se refuse obstinément grimper, malgré
les coups de pied sur la mâture. Les badauds rigolent doucement… quand
tout-à-coup, après avoir reçu une énième claque, les agrès se dégrippent :
la voile monte brusquement, se gonfle promptement et la barque démarre pour
basculer sur le flanc. Elle se remplit d’eau et coule au fond, laissant
piteusement émerger un bout de mât.
Estimées au « pif », la durée de vie
active (en secondes) et la distance parcourue (en mètres) de notre vaillant
navire ne doivent pas dépasser la douzaine.
Qui dit mieux ? Dommage que cela n’est pas été
homologué. On aurait légitimement pu l’inscrire dans le Livre Guinness des
Records.
Emmanuel
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