dimanche 17 février 2013

LES PERES

Tu ne t'attendais pas à vivre cette aventure-là ! Aux premières contractions, alors que tu installais le berceau du futur bébé, tu n'y croyais pas. Tu ne me croyais pas ! Tu ne pouvais t'imaginer que derrière ces barreaux, sous la petite couette en patchwork au joli motif de poupée russe, bientôt une petite tête brune reposerait, les yeux clos, endormie jusqu'aux premiers cris de faim déchirant le silence et le temps, le temps que tu te réservais pour te reposer.
Presque neuf mois : neuf mois, moins douze jours exactement, n'ont pas suffi pour te préparer à cet ouragan qui allait s'emparer de ta vie ! Tu n'étais pas prêt ! Tu n'avais pas terminé de monter le lit de ton bébé ! Et pourtant, et pourtant : neuf mois, c'est long et c'est court à la fois pour un futur-papa qui ne se projette pas encore... Et pourtant et pourtant, elle est née, ta petite poupée rose : ton premier bébé !
Tu aurais pu chanter, toi aussi :''Cécile, ma fille" comme Nougaro ou "Laura" que tu as si souvent écouté quand ton enfant bougeait dans mon ventre et tapait la mesure avec ses petits petons ! Sauf, qu'elle ne s'appelait pas Cécile ! Mais comme pour ce grand chanteur, la naissance de ton petit bout a été une révélation ! Quand tu as vu pointer ses jolies bouclettes brunes, cette masse de cheveux et surtout, ce petit minois à la peau si blanche, quand tu as découvert ce petit bout de fillette pelotonnée sur elle-même comme un petit chat, tu n'en revenais pas ! Dans tes yeux sombres d'homme brun, une lumière est apparue, une lueur a brillé intense, chaude et irrésistiblement, tu as tendu les mains vers cette petite chose que tu avais contribué à fabriquer ! Tu l'as prise dans tes bras maladroitement, mais avec tant de précautions, tu l'a longuement observée ta petite, comme un trésor : tu l'as dévorée des yeux...comme si tu n'avais jamais vu de nouveau-né de ta vie !

samedi 16 février 2013

MARDI GRAS A GENTILLY


Repas costumé et dansant. Je ne suis pas gourmet, je ne sais pas danser, quant à me déguiser, il  n’en est pas question ! Pourtant, entraînée par des amies, je me suis décidée à y aller.
À l’entrée de la salle, on est reçu par un corsaire, pistolet à la ceinture, chapeau, bottes, décor de tête de mort, puis c’est un pirate à la mine patibulaire. Attention à nos écus !
Viennent ensuite un clown géant et coloré à la perruque ébouriffée avec sa clownette à casquette et jupon coquin, suit une ravissante Arlequine qui fait tinter ses mille clochettes. Et tout à coup, surgit une inquiétante sorcière griffue, bossue, avec un long nez boutonneux, accompagnée de crapauds et de serpents, qui tient une panier de pommes rouges et luisantes : « Qui en veut ? »
Arrive un Pierrot dansant et souriant, une brune Crétoise chargée de bijoux, une Espagnole à la toison rouge et au fichu de dentelle noire.
Pour 1900, faisant le service, une grande jeune femme, en robe courte à franges, sautoir de perles et encore des paillettes et des plumes.
Toutes les fantaisies étaient permises, originalité, ingéniosité. Parmi toutes ces couleurs, très digne, assise près de Jean-Louis, notre Rose, portant avec élégance un bandeau garni de plumes et de perles fines.
Un Mardi Gras qui laissera à tous un agréable souvenir.

Monique

jeudi 14 février 2013

UN VETEMENT, UNE HISTOIRE

Les vêtements ne sont pas des objets anodins.
Dire qu'ils ont une âme serait peut-être exagéré mais qu'ils ont une histoire sûrement pas. Les textes suivants le prouvent.

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Chaussures chéries


Ce n’était pourtant que des chaussures ordinaires mais je les ai chéries comme une chose rare et précieuse. C’était deux ou trois ans après la guerre, alors que les magasins commençaient à offrir des marchandises nouvelles et de meilleure qualité.
Je ne me souviens pas où ma mère les avait achetées, mais je me souviens très bien comme elles m’ont parues jolies et confortables.
Elles étaient faites de vrai cuir couleur crème parsemé de petits trous car on allait vers les beaux jours. Cependant ce qui m’épatait le plus c’était la semelle de crêpe, de même couleur que les chaussures, à la fois épaisse et souple. Imaginez le plaisir de marcher silencieusement comme sur un tapis, après avoir porté pendant les années sombres ces affreuses chaussures en simili cuir si raides, de couleur brune ou noire, qui claquaient sur le sol d’autant plus qu’on les garnissait de fers pour éviter l’usure trop rapide !
En marchant, je regardais mes pieds avec ravissement, les montrais à mes copines de classe, parfois envieuses, les cirais et en lavais la semelle pour qu’elles restent jolies, et souvent je courais avec l’impression d’avoir des ailes aux pieds.
Colette
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De pied en cap (militaire)

Sur les talons de l’armée napoléonienne en retraite de Russie, entrèrent à Paris des troupes autrichiennes dont, plus particulièrement, une escouade de cavaliers croates qui alla se caserner au fort de Bicêtre. En leur uniforme, ils arboraient nouée autour du cou une chatoyante écharpe qui, lors des permissions en ville, suscitèrent la curiosité de quelques dames. Ne parlant pas le croate, l’une d’elle pointa un doigt interrogateur vers l’écharpe d’un militaire qui, se méprenant, déclina sa nationalité. Au lieu de croate, les tympans de la jeune française entendirent « cravate », mot qui se diffusant désignera l’accessoire que nous connaissons.

Des humoristes – émules de Courteline – assurant que naguère, dès son entrée en caserne, le conscrit s’entendait poser la question suivante :
-          De quoi sont les pieds du soldat ?
-          Ils sont l’objet des plus grands soins ! devait être la réponse, faute de quoi  giclait la sanction
-          De corvée de pommes de terre demain matin.

lundi 4 février 2013

TEXTES EN "PAR"

Écrire une histoire avec le maximum de mots contenant le son par : parfum, éparpiller, partage, parbleu, appartement, léopard...


Se départant des comparses de Depardieu qui partent aux paradis fiscaux, le parfait parisianiste ne partira se faire parrainer ni au Paraguay ni nulle part ailleurs. Comme tout particulier, il peut, par loisir, en errant par monts et par vaux à Paris, parcourir par-ci par-là des coins paradisiaques parsemés de Montparnasse au parc Montsouris par exemple, avec un détour par la rue Bonaparte.
Soit dit en aparté que, pour ma part, après avoir parcimonieusement réparé mon parapluie, je me prépare à un départ par avion pour Parme qui, en ses remparts, a vu naître le parmesan. Participera à ce départ mon ami Gaspard, élu départemental et ancien parachutiste ayant participé, sans épargne, aux combats des partisans, par-derrière l’ennemi, pour finir par parader en tenue léopard devant un parterre en estrade compartimentée.
Cette parenthèse paramilitaire refermée, repartons donc pour Parme dont nous survolons les toits hérissés de paratonnerres et de paraboles, jusqu’à un parfait atterrissage par beau temps. Notre visite du centre-ville se fera à travers le pare-brise d’une voiture accaparée par un bouchon et roulant pare-chocs contre pare-chocs jusqu’au parcmètre d’entrée d’un parking.

samedi 2 février 2013

PAR MA FENÊTRE : TROIS PIES ET TROIS CORBEAUX


Un matin que j’étais morose, trois pies et trois corbeaux m’ont fait voir la vie en rose.
Ce matin-là, au lever du jour, je prenais mon petit déjeuner face à la fenêtre derrière laquelle se dressaient deux grands arbres sombres qui tendaient vers le ciel d’azur leurs longs bras dénudés.
Mon regard se porta sur des formes qui s’agitaient autour d’un nid. Très vite, je reconnus de sinistres corbeaux, vifs et brillants, qui sautillaient. De l’arbre d’à côté, arrivèrent trois pies et deux s’approchèrent du nid et se mêlèrent aux corbeaux. Les six oiseaux effectuaient des allers et retours d’un arbre à l’autre et le nid n’était jamais délaissé. Que cachait ce profond nid ? des objets brillants déposés par les pies ? de la nourriture en commun ?… Nul ne le saura jamais.
Deux corbeaux finirent par s’envoler accompagnés d’une pie. Sur le bord du nid, postés comme des gardes un grand corbeau noir et deux pies veillaient.
Cette étrange vision du matin me mit en train. Je me préparais pour prendre le train afin d’effectuer mon train-train quotidien, avec entrain et la joie qui m’étreignait à la vue de ce spectacle puis des ballons qui derrière la vitre du train s’élevaient sur les bords du Rhin.

Mireille