mardi 30 septembre 2014

AH, LA VIE D'ARTISTE !


« Ah ! La vie d’artiste ! »
Une phrase lourde de sens et de ressentis.  Suivant  l’intonation et l‘attitude de la personne qui a prononcé cette phrase, celle-ci pourra être perçue différemment selon les concepts personnels et la susceptibilité de chacun ! Serait-ce un jugement de valeur ? L’expression d’un regret ou d’un remord ? Serait-ce enfin de l’admiration qui transparait dans cette simple exclamation !? A chacun de recevoir, de comprendre et de donner un sens à cette fameuse vie d’artiste qui sera vécue différemment selon chacun !
Est-ce que la vie d’artiste serait affiliée à une vie de bohème et une vie itinérante sans certitude de manger le lendemain ? Reposerait-elle sur des valeurs financières avant tout qui feraient en quelque sorte le bonheur ? S’imposerait-elle à ceux qui en font leur vie de tous les jours, au  jour le jour,  comme une destinée, une envie, un besoin, une idéologie, une réalité de chaque jour ? Stabilité et instabilité seraient en dualité  ou s’accommoderaient-elles  en toute simplicité quelques soient la situation financière et les critères de choix et les aléas ? 
Etre intermittent du spectacle est avant tout un choix artistique de vie pris en tout état de cause en fonction de son coté « ollé-ollé » et de son lot de fantaisie qu’il et qui peut apporter un grain de sel et de piment à la vie, de son originalité et de sa marginalité ! Rêve ou réalité ? Avec de la volonté et de la dextérité, qui sait la reconnaissance, le succès et les contrats peuvent pleuvoir, mais aussi cesser du jour au lendemain. La descente aux enfers peut s’effectuer quelques soient la notoriété et les dons effectifs d’acteurs ou autres de la personne en demande d’emploi et d’embauche. Ce qui compte actuellement, c’est la réelle demande sur le marché de l’art, de la comédie, du one-man-show et du cinéma qui s’estompe sous les pas de géant d’un monde parallèle du virtuel sur internet. La présence envahissante et plus que présente des paparazzis des chargements souvent « non autorisés et sauvages » de musiques, de sons, d’images, de spectacles filmés et enregistrés en caméra cachée, puis revendus afin de faire du biseness illicite interdit est en voie de contrôle actuellement via le web.
Ce même monde  qui donne un coté indispensable mais aussi éphémère au personnage public dessert totalement les intermittents qui ont déjà fait grève pour cette raison et l’insécurité de l’emploi. C’est un métier à risque, aléatoire subordonné aux modes du moment et aux besoins de la clientèle. C’est un problème de consommation qui choisi de dépenser pour l’art en premier ou de payer son loyer ! L’appréhension des lendemains sans rien, fait partie du jeu, du challenge et du but vers lequel ces itinérants se dirigent en quête de reconnaissance. Certains pour servir leur art, choisissent ou sont obligés d’avoir un autre métier à coté pour survivre ou vivoter selon leurs conceptions ou les obligations. Alors la question se pose entre réalisation de ses rêves et de la réalité ? Peut-on en vivre de son art décemment en toute intégrité et subvenir à ses besoins, voir vivre au-dessus de ses moyens et profiter d’un confort hors-norme quitte à tomber de son piédestal et descendre trois pieds sous terre ensuite ?
Vivre avec ce coté factice, éphémère et temporaire, peut aussi être grisant et encourageant.
 Il ne tient qu’à eux : comédiens et comédiennes, musiciens, musiciennes, danseurs, danseuses, acteurs, actrices, jongleurs, jongleuses, prestidigitateurs de renom et de prestige, peintres et dessinateurs de renoms, de nous entraîner dans leur numéros, de nous illuminer les pupilles de mille lumières et étoiles avec leurs noms en haut de l’affiche et des rubriques comme ces stars du cirque, des chapiteaux, du pinceau, des planches, des scènes, des studios de cinéma et des salles de spectacle. Mais tout le monde n’est pas Isabelle Adjani, Emmanuelle Béart, Charlotte Gainsbourg, Sarah Bernhard,  Jean Gabin, Pavarotti, La Callas, Caroline Carlson, Zavatta et tant d’autres qui mériteraient d’être aussi en haut de l’affiche ! Il en faut beaucoup de travail personnel et collectif, ainsi que de nombreuses répétitions pour être au point. Il en faut des prises et du don de soi-même. Il en faut du temps, des privations, de l’abnégation, du talent et de la chance aussi comme la môme Piaf dont l’aura perdure au fil des années! Alors, question pour un champion des planches et des feux de la rampe dans le milieu des peoples ?
 Etre ou ne pas être une vedette et  une star du show-biz dans cette société où « bing-bing-paillettes et strass » brillent et dominent de tous leurs feux ! « Amour-gloire et beauté ».  Un monde cruel où il y a tant de rivalité et il est difficile de se faire un nom et de s’imposer comme tel ! Chacun se disputant  la bonne part du gâteau pour se hisser à la première place. Et c’est là où réside toute la difficulté…Il s’agit de choisir entre superficialité et inconséquence ou travail acharné en permanence pour percer et se maintenir au top pour rester, s’incruster et briller comme une étoile !
Une vie au tour et par le théâtre, le chant, la musique, le cinéma  pour certains puristes et amoureux intemporels de leur strict art unique peut rendre hermétiques et divins aux yeux de chacun,  professionnellement parlant bien-sûre. Jacqueline Maillant en est une pure représentante : débordante d’humour et de vie, amusante sur scène et acariâtre, sinistre et renfermée sur elle dans la vie. Triste à mourir ces vieux sires imbus d’eux même et de leurs arts. Comme on dit : « Les cimetières sont pleins de personnes indispensables » et celui de Montmartre en regorge. Mais le Théâtre de Boulevard  à ses adeptes, ses stars reconnues et adulées, ses grandes entrées et ses sorties théâtrales, ou exclusion en catimini par les coulisses et les sorties du petit personnel qui en voient circuler de tout acabit ! La Comédie Française et les grandes écoles de Théâtre aussi. Certains grands acteurs en sont issus et l’amour du théâtre est si impérieux et si fort en eux, qu’ils n’en dévieront jamais et ne changeraient rien à leur vie porteuse de joie et de bonheur s’il fallait recommencer. Une vie d’exaltation et de passion qui se réaliseraient et ne pourraient qu’apporter une jouissance totale si elle se concluait  à en mourir sur scène ou dans les coulisses comme Molière le désirait.
Il est parfois, malheureusement et parfois souvent nécessaire de vendre son âme et son corps comme James Dean dans « La rage de vivre » pour devenir acteur étoile filante si rapidement emporté dans un accident de bolide. Riches créanciers et protecteurs, gourous et producteurs, metteurs en scène et acteurs sont souvent étroitement liés. Il faut souvent donner son corps et user de ses charmes pour y arriver  et percer comme Arletty. Chacun se souviendra comment sa carrière à démarré avant d’être embauchée dans la grande cour des actrices à succès et artistes du siècle dernier. Tout le monde se souviendra de ses nombreuses conquêtes et de sa bien triste notoriété pendant l’occupation allemande, qu’elle a du redorer et défendre au fil d’un procès qu’elle a ponctué d’un « Mon cul est international ! » rebondissant et sarcastique à souhait ! Du caractère, du tempérament  et une réputation sulfureuse, victime de sa sensualité et de son gout pour la bonne chère cette cocotte-là ont donné un coup de pouce certain : ascensionnel et directif à sa carrière et marquant les souvenirs laissés dans les esprits de l’ancienne génération.
Mais bien d’autres artistes, groupes, troupes, formations, équipes sportives, mériteraient d’avoir un peu de publicité pour nous permettre de les approcher et de les connaître un peu mieux pour nous enthousiasmer en des spectacles gratuits comme dans « Culture du Cœur ». Cet organisme fait par le monde des spectacles pour propulser la culture et « refourgue » avec des fois de la mauvaise grâc

e son trop plein de places aux moins bien lotis ou aux nouveaux-riches profiteurs opportunistes au courant de toutes les combines. A chacun d’obtenir son bonheur  au moindre frais.
Certains théâtres dits « plus populaires » dans des quartiers de Paris et salles de spectacle qui ne seraient pas classées au patrimoine nationale accueillent ce public à bras ouverts, d’autres comme le Théâtre « De » Ranelagh, situé dans le 16ème arrondissement, se montrent plus pointilleux, à la limite de la désobligeance. Ils vous tendent vos tickets de réservation du bout des doigts et vous regardent du bout des yeux avec un regard condescendant, inquisiteur à souhait, voir consterné accompagné d’un sourire sarcastique et moqueur ! Se sentir rabaissé, dévalué, mis en retrait, au rebus et classé selon sa condition sociale, sa tenue vestimentaire et selon la présentation d’un titre offrant la gratuité que la direction à choisi, opté et accepté d’accorder est assez difficile à supporter. Je pense qu’ils ne jouent pas le jeu en voulant s’octroyer la culture et s’efforcer de la réserver qu’à leurs initiés, à leurs abonnés et puristes de cœur pour certains sans cœur qui eux payent le prix fort !
 Claudine
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« Ah, la vie d’artiste ! », soupire Claire assise sur un banc. Au soleil, dans le parc, elle feuillette la revue « Star » et rêve, rêve à ce jour lointain où, elle espère, elle deviendra comme Maurane, dans Starmania,  principale interprète d’une comédie musicale. A elle, la liberté, les voyages, la voiture décapotable, les admirateurs et son fan-club, les cris de joie du public qui la reconnait au passage. Finies aussi les petites chambres minables et le manque d’argent! Ses yeux brillent de plaisir.  Elle s’imagine déjà sous les feux de la rampe, la scène balayée des spots lumineux qui s’entrecroisent.  Elle chante entourée de danseurs en costumes noirs brillants et de danseuses en robes colorées scintillantes. L’orchestre est là qui joue en l’accompagnant. Le jeu des musiciens souligne et sublime sa propre partition qui se termine sur une note longue s’adoucissant peu à peu. La foule des spectateurs l’applaudit à tout rompre et  l’ovationne. Elle est si heureuse qu’elle en lève les bras comme un V de victoire. La revue qu’elle tient, tombe au sol, la sortant à moitié de sa torpeur et la rappelle à la réalité. Pensive, elle la ramasse et se rassoit.
Que de chemin à parcourir avant de décrocher le moindre petit contrat ! Les quelques entrechats que je répète sans relâche au conservatoire municipal, mes cours de diction et de chant lyrique m’ouvriront-ils les portes de l’avenir que je souhaite ? Bien sûr, mes parents me trouvent quelques talents. Mon professeur préféré  ne manque pas de souligner mes progrès et m’encourage vivement dans l’apprentissage de mes gammes, de mes vocalises. Sans nul doute, je serai en bonne place pour le spectacle de fin d’année mais de là à devenir une vraie artiste connue et reconnue !...
Il me faut beaucoup travailler, répéter inlassablement les exercices les plus aisés comme les plus ardus car la facilité est un piège. Elle dénote souvent l’absence de nuances, ce qui fait qu’un pas n’est pas tout à fait parfait ou qu’une voix n’acquiert pas son propre registre. Pour me faire remarquer, je dois posséder ce quelque chose qui me distinguera des autres, et qui charme un public enthousiaste. Il me faut renoncer à ces sorties que mes  camarades, filles ou garçons ne manquent pas d’improviser à la moindre occasion. La vie d’artiste a ses exigences auxquelles nul ne déroge, je le sais. Il est seul face à son destin. C’est une lutte constante avec moi-même que j’entreprends, dans le tourbillon de ceux qui m’entourent.  Etre admise dans une académie prestigieuse sera une étape importante pour moi mais je ne sens pas encore prête. Je dois travailler encore bien davantage.
Elle se lève et se dirige vers la sortie.  Demain,  elle va se lancer vers l’inconnu ! Non, pas tout à fait, cependant ! Sur les conseils de son professeur, elle s’est inscrite à un casting, certes, pour un rôle de figurant. Rien de très glorieux pour le moment. Elle ne sera peut-être pas retenue mais elle a besoin de se frotter à d’autres concurrentes et gagner de l’assurance. Perdre pour mieux gagner plus tard, se connaître à travers leur regard pendant cette longue attente, se jauger pour s’améliorer. Et si la chance lui sourit, être choisie. Figurant, c’est un bon poste d’observation pour apprendre et comprendre où, sur scène, se produit le déclic qui va enchanter les spectateurs. Sinon, elle essaiera d’entrer dans la salle. Elle veut entendre chanter Laure, cette jeune espoir qui a commencé au conservatoire municipal qui la forme aujourd’hui. De penser à elle, cela lui donne du courage car la route est rude pour atteindre son but : être une grande artiste reconnue et en vivre.

Marie-Thérèse
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Ah, la vie d’artiste ! L’art, c’est bien difficile.
Au club du mercredi, il y a grande agitation, dans un coin où discutent des ados.
-          De quoi parlez-vous ? interroge une animatrice.
-          Nous voudrions monter un petit orchestre, chacun d’entre nous peut tirer quelques notes d’un instrument qu’il possède et nous pourrions accompagner les plus petits quand ils chantent.
-          Excellente idée, approuve la monitrice. Allez, cherchez, vous finirez bien par trouver quelques comptines que les bambins seraient heureux de chanter.
-          Je joue du piano
-          Moi, je joue du violon.
-          Moi de la flûte !
-          Et moi de la guitare.
-          Et moi… Et moi…du tambourin, de la crécelle…
Et ils parlaient, parlaient. On n’entendait pas de musique. Mais ils parlaient de ce dont ils jouaient.
-          Il faudrait se mettre d’accord sur deux ou trois chansons.
-          Ah mais oui, c’est vrai.
-          Que pourrions-nous jouer ?
-          Quelque chose de rapide.
-          Non, ils faut que tous suivent…
-          Maman, les petits bateaux ?!
Et chacun de proposer un air et blablabla… mais toujours pas de musique. Au bout d’une heure la monitrice réapparaît et leur demande ce qu’ils vont commencer à répéter pour mercredi prochain.
Silence…
-          Nous avons discuté mais nous ne savons rien encore…
-          Oui, je vois. De l’eau coulera sous les ponts avant que vous puissiez accompagner les petits.
L’art de se mettre d’accord est ce qu’il y a de plus difficile au monde.

Christiane

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