Une phrase lourde de sens et de ressentis.
Suivant l’intonation et l‘attitude de la personne qui a prononcé cette
phrase, celle-ci pourra être perçue différemment selon les concepts personnels
et la susceptibilité de chacun ! Serait-ce un jugement de valeur ?
L’expression d’un regret ou d’un remord ? Serait-ce enfin de l’admiration
qui transparait dans cette simple exclamation !? A chacun de recevoir, de
comprendre et de donner un sens à cette fameuse vie d’artiste qui sera vécue
différemment selon chacun !
Est-ce que la vie d’artiste serait affiliée à une vie de
bohème et une vie itinérante sans certitude de manger le lendemain ?
Reposerait-elle sur des valeurs financières avant tout qui feraient en quelque
sorte le bonheur ? S’imposerait-elle à ceux qui en font leur vie de tous
les jours, au jour le jour, comme
une destinée, une envie, un besoin, une idéologie, une réalité de chaque
jour ? Stabilité et instabilité seraient en dualité ou
s’accommoderaient-elles en toute
simplicité quelques soient la situation financière et les critères de choix et
les aléas ?
Etre intermittent du spectacle est avant tout un choix
artistique de vie pris en tout état de cause en fonction de son coté
« ollé-ollé » et de son lot de fantaisie qu’il et qui peut apporter
un grain de sel et de piment à la vie, de son originalité et de sa
marginalité ! Rêve ou réalité ? Avec de la volonté et de la
dextérité, qui sait la reconnaissance, le succès et les contrats peuvent
pleuvoir, mais aussi cesser du jour au lendemain. La descente aux enfers peut
s’effectuer quelques soient la notoriété et les dons effectifs d’acteurs ou
autres de la personne en demande d’emploi et d’embauche. Ce qui compte
actuellement, c’est la réelle demande sur le marché de l’art, de la comédie, du
one-man-show et du cinéma qui s’estompe sous les pas de géant d’un monde
parallèle du virtuel sur internet. La présence envahissante et plus que
présente des paparazzis des chargements souvent « non autorisés et sauvages »
de musiques, de sons, d’images, de spectacles filmés et enregistrés en caméra
cachée, puis revendus afin de faire du biseness illicite interdit est en voie
de contrôle actuellement via le web.
Ce même monde qui
donne un coté indispensable mais aussi éphémère au personnage public dessert
totalement les intermittents qui ont déjà fait grève pour cette raison et l’insécurité
de l’emploi. C’est un métier à risque, aléatoire subordonné aux modes du moment
et aux besoins de la clientèle. C’est un problème de consommation qui choisi de
dépenser pour l’art en premier ou de payer son loyer ! L’appréhension des
lendemains sans rien, fait partie du jeu, du challenge et du but vers lequel
ces itinérants se dirigent en quête de reconnaissance. Certains pour servir
leur art, choisissent ou sont obligés d’avoir un autre métier à coté pour
survivre ou vivoter selon leurs conceptions ou les obligations. Alors la
question se pose entre réalisation de ses rêves et de la réalité ? Peut-on
en vivre de son art décemment en toute intégrité et subvenir à ses besoins,
voir vivre au-dessus de ses moyens et profiter d’un confort hors-norme quitte à
tomber de son piédestal et descendre trois pieds sous terre ensuite ?
Vivre avec ce coté factice, éphémère et temporaire, peut aussi
être grisant et encourageant.
Il ne tient qu’à eux : comédiens et comédiennes,
musiciens, musiciennes, danseurs, danseuses, acteurs, actrices, jongleurs,
jongleuses, prestidigitateurs de renom et de prestige, peintres et dessinateurs
de renoms, de nous entraîner dans leur numéros, de nous illuminer les
pupilles de mille lumières et étoiles avec leurs noms en haut de l’affiche et
des rubriques comme ces stars du cirque, des chapiteaux, du pinceau, des
planches, des scènes, des studios de cinéma et des salles de spectacle. Mais
tout le monde n’est pas Isabelle Adjani, Emmanuelle Béart, Charlotte
Gainsbourg, Sarah Bernhard, Jean Gabin,
Pavarotti, La Callas, Caroline Carlson, Zavatta et tant d’autres qui
mériteraient d’être aussi en haut de l’affiche ! Il en faut beaucoup de
travail personnel et collectif, ainsi que de nombreuses répétitions pour être
au point. Il en faut des prises et du don de soi-même. Il en faut du temps, des
privations, de l’abnégation, du talent et de la chance aussi comme la môme Piaf
dont l’aura perdure au fil des années! Alors, question pour un champion des
planches et des feux de la rampe dans le milieu des peoples ?
Etre ou ne pas être
une vedette et une star du
show-biz dans cette société où « bing-bing-paillettes et strass »
brillent et dominent de tous leurs feux ! « Amour-gloire et
beauté ». Un monde cruel où il y a
tant de rivalité et il est difficile de se faire un nom et de s’imposer comme
tel ! Chacun se disputant la bonne
part du gâteau pour se hisser à la première place. Et c’est là où réside
toute la difficulté…Il s’agit de choisir entre superficialité et inconséquence
ou travail acharné en permanence pour percer et se maintenir au top pour
rester, s’incruster et briller comme une étoile !
Une vie au tour et par le théâtre, le chant, la musique, le
cinéma pour certains puristes et amoureux intemporels de leur strict art
unique peut rendre hermétiques et divins aux yeux de chacun, professionnellement parlant bien-sûre. Jacqueline
Maillant en est une pure représentante : débordante d’humour et de vie,
amusante sur scène et acariâtre, sinistre et renfermée sur elle dans la vie.
Triste à mourir ces vieux sires imbus d’eux même et de leurs arts. Comme on
dit : « Les cimetières sont pleins de personnes indispensables »
et celui de Montmartre en regorge. Mais le Théâtre de Boulevard à ses adeptes, ses stars reconnues et
adulées, ses grandes entrées et ses sorties théâtrales, ou exclusion en
catimini par les coulisses et les sorties du petit personnel qui en voient
circuler de tout acabit ! La Comédie Française et les grandes écoles de
Théâtre aussi. Certains grands acteurs en sont issus et l’amour du théâtre est
si impérieux et si fort en eux, qu’ils n’en dévieront jamais et ne changeraient
rien à leur vie porteuse de joie et de bonheur s’il fallait recommencer. Une
vie d’exaltation et de passion qui se réaliseraient et ne pourraient
qu’apporter une jouissance totale si elle se concluait à en mourir sur scène ou dans les coulisses
comme Molière le désirait.
Il est parfois, malheureusement et parfois souvent nécessaire
de vendre son âme et son corps comme James Dean dans « La rage de
vivre » pour devenir acteur étoile filante si rapidement emporté dans un
accident de bolide. Riches créanciers et protecteurs, gourous et producteurs,
metteurs en scène et acteurs sont souvent étroitement liés. Il faut souvent
donner son corps et user de ses charmes pour y arriver et percer comme
Arletty. Chacun se souviendra comment sa carrière à démarré avant d’être
embauchée dans la grande cour des actrices à succès et artistes du siècle
dernier. Tout le monde se souviendra de ses nombreuses conquêtes et de sa bien
triste notoriété pendant l’occupation allemande, qu’elle a du redorer et
défendre au fil d’un procès qu’elle a ponctué d’un « Mon cul est
international ! » rebondissant et sarcastique à souhait ! Du
caractère, du tempérament et une réputation sulfureuse, victime de sa
sensualité et de son gout pour la bonne chère cette cocotte-là ont donné un
coup de pouce certain : ascensionnel et directif à sa carrière et marquant
les souvenirs laissés dans les esprits de l’ancienne génération.
Mais bien d’autres artistes, groupes, troupes, formations,
équipes sportives, mériteraient d’avoir un peu de publicité pour nous permettre
de les approcher et de les connaître un peu mieux pour nous enthousiasmer en
des spectacles gratuits comme dans « Culture du Cœur ». Cet organisme
fait par le monde des spectacles pour propulser la culture et « refourgue »
avec des fois de la mauvaise grâc
e son trop plein de places aux moins bien
lotis ou aux nouveaux-riches profiteurs opportunistes au courant de toutes les
combines. A chacun d’obtenir son bonheur
au moindre frais.
Certains théâtres dits « plus populaires » dans
des quartiers de Paris et salles de spectacle qui ne seraient pas classées au
patrimoine nationale accueillent ce public à bras ouverts, d’autres comme le
Théâtre « De » Ranelagh, situé dans le 16ème
arrondissement, se montrent plus pointilleux, à la limite de la désobligeance.
Ils vous tendent vos tickets de réservation du bout des doigts et vous
regardent du bout des yeux avec un regard condescendant, inquisiteur à souhait,
voir consterné accompagné d’un sourire sarcastique et moqueur ! Se sentir
rabaissé, dévalué, mis en retrait, au rebus et classé selon sa condition
sociale, sa tenue vestimentaire et selon la présentation d’un titre offrant la
gratuité que la direction à choisi, opté et accepté d’accorder est assez
difficile à supporter. Je pense qu’ils ne jouent pas le jeu en voulant
s’octroyer la culture et s’efforcer de la réserver qu’à leurs initiés, à leurs
abonnés et puristes de cœur pour certains sans cœur qui eux payent le prix
fort !
Claudine
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« Ah,
la vie d’artiste ! », soupire Claire assise sur un banc. Au soleil,
dans le parc, elle feuillette la revue « Star » et rêve, rêve à ce
jour lointain où, elle espère, elle deviendra comme Maurane, dans
Starmania, principale interprète d’une
comédie musicale. A elle, la liberté, les voyages, la voiture décapotable, les
admirateurs et son fan-club, les cris de joie du public qui la reconnait au
passage. Finies aussi les petites chambres minables et le manque d’argent! Ses
yeux brillent de plaisir. Elle s’imagine
déjà sous les feux de la rampe, la scène balayée des spots lumineux qui
s’entrecroisent. Elle chante entourée de
danseurs en costumes noirs brillants et de danseuses en robes colorées scintillantes.
L’orchestre est là qui joue en l’accompagnant. Le jeu des musiciens souligne et
sublime sa propre partition qui se termine sur une note longue s’adoucissant
peu à peu. La foule des spectateurs l’applaudit à tout rompre et l’ovationne. Elle est si heureuse qu’elle en
lève les bras comme un V de victoire. La revue qu’elle tient, tombe au sol, la
sortant à moitié de sa torpeur et la rappelle à la réalité. Pensive, elle la
ramasse et se rassoit.
Que de
chemin à parcourir avant de décrocher le moindre petit contrat ! Les
quelques entrechats que je répète sans relâche au conservatoire municipal, mes
cours de diction et de chant lyrique m’ouvriront-ils les portes de l’avenir que
je souhaite ? Bien sûr, mes parents me trouvent quelques talents. Mon
professeur préféré ne manque pas de
souligner mes progrès et m’encourage vivement dans l’apprentissage de mes
gammes, de mes vocalises. Sans nul doute, je serai en bonne place pour le
spectacle de fin d’année mais de là à devenir une vraie artiste connue et
reconnue !...
Il me
faut beaucoup travailler, répéter inlassablement les exercices les plus aisés
comme les plus ardus car la facilité est un piège. Elle dénote souvent l’absence
de nuances, ce qui fait qu’un pas n’est pas tout à fait parfait ou qu’une voix
n’acquiert pas son propre registre. Pour me faire remarquer, je dois posséder
ce quelque chose qui me distinguera des autres, et qui charme un public
enthousiaste. Il me faut renoncer à ces sorties que mes camarades, filles ou garçons ne manquent pas
d’improviser à la moindre occasion. La vie d’artiste a ses exigences auxquelles
nul ne déroge, je le sais. Il est seul face à son destin. C’est une lutte
constante avec moi-même que j’entreprends, dans le tourbillon de ceux qui
m’entourent. Etre admise dans une académie
prestigieuse sera une étape importante pour moi mais je ne sens pas encore
prête. Je dois travailler encore bien davantage.
Elle se
lève et se dirige vers la sortie. Demain,
elle va se lancer vers l’inconnu ! Non,
pas tout à fait, cependant ! Sur les conseils de son professeur, elle s’est
inscrite à un casting, certes, pour un rôle de figurant. Rien de très glorieux
pour le moment. Elle ne sera peut-être pas retenue mais elle a besoin de se
frotter à d’autres concurrentes et gagner de l’assurance. Perdre pour mieux
gagner plus tard, se connaître à travers leur regard pendant cette longue
attente, se jauger pour s’améliorer. Et si la chance lui sourit, être choisie.
Figurant, c’est un bon poste d’observation pour apprendre et comprendre où, sur
scène, se produit le déclic qui va enchanter les spectateurs. Sinon, elle
essaiera d’entrer dans la salle. Elle veut entendre chanter Laure, cette jeune
espoir qui a commencé au conservatoire municipal qui la forme aujourd’hui. De
penser à elle, cela lui donne du courage car la route est rude pour atteindre
son but : être une grande artiste reconnue et en vivre.
Marie-Thérèse
...........................................................
Ah, la
vie d’artiste ! L’art, c’est bien difficile.
Au club
du mercredi, il y a grande agitation, dans un coin où discutent des ados.
-
De
quoi parlez-vous ? interroge une animatrice.
-
Nous
voudrions monter un petit orchestre, chacun d’entre nous peut tirer quelques
notes d’un instrument qu’il possède et nous pourrions accompagner les plus
petits quand ils chantent.
-
Excellente
idée, approuve la monitrice. Allez, cherchez, vous finirez bien par trouver
quelques comptines que les bambins seraient heureux de chanter.
-
Je
joue du piano
-
Moi,
je joue du violon.
-
Moi
de la flûte !
-
Et
moi de la guitare.
-
Et
moi… Et moi…du tambourin, de la crécelle…
Et ils
parlaient, parlaient. On n’entendait pas de musique. Mais ils parlaient de ce
dont ils jouaient.
-
Il
faudrait se mettre d’accord sur deux ou trois chansons.
-
Ah
mais oui, c’est vrai.
-
Que
pourrions-nous jouer ?
-
Quelque
chose de rapide.
-
Non,
ils faut que tous suivent…
-
Maman,
les petits bateaux ?!
Et chacun
de proposer un air et blablabla… mais toujours pas de musique. Au bout d’une
heure la monitrice réapparaît et leur demande ce qu’ils vont commencer à
répéter pour mercredi prochain.
Silence…
-
Nous
avons discuté mais nous ne savons rien encore…
-
Oui,
je vois. De l’eau coulera sous les ponts avant que vous puissiez accompagner
les petits.
L’art de
se mettre d’accord est ce qu’il y a de plus difficile au monde.
Christiane
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