mercredi 12 novembre 2014

COINS ET RECOINS DE GENTILLY


Chaperon Vert

Tu étais si beau « mon parc à corbeaux ». Quand j’approchais de tes croassements de bienvenue, quand tous ces volatiles se passaient le mot, quand ils voletaient d’arbres en arbres  leurs grandes ailes noires étendues formaient comme une banderole ou un étendard. Quelques plumes se détachaient que je glissais promptement dans mon sac. Aujourd’hui, les tractopelles et les  bulldozers ont arraché hibiscus, pivoines, massifs floraux et aucubas. Des bosquets de baies rouge-sanguine, aux feuillages changeant et rougissant sous la lumière du soleil ont laissé la place aux premières pierres de la nouvelle maternelle derrière les palissades actuelles. 
Où est partie ton allée de platanes ? Coupés, sectionnés, tronçonnés, réduits en sciure et utilisés peut-être pour faire du contre-plaqué ou de la litière pour les chats ? Où pourrons-nous nous réfugier pour profiter et nous protéger des rayons de soleil d’été sans cette belle ombrelle de verdure improvisée. Où es-tu mon Chaperon de moins en moins vert ?

Claudine
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Parc de Bila

Vous souvenez-vous du petit parc en face des usines Bila ?
C’était un petit parc charmant bien entretenu avec ses parterres de roses.
Nous le traversions pour nous rendre à la Mairie, au dispensaire ou à d’autres endroits.
Les bancs accueillants sur lesquels se reposaient quelques minutes les ménagères pour faire un brin de causette à des personnes connues.
Combien d’histoires d’amour ont commencé sur ces bancs, pour quelques jours, quelques mois parfois des années et aussi pour la vie.
Nous, nous l’appelions le petit Parc de Bila. Vous en souvenez-vous ?

Mireille
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Rue de la Chamoiserie

A mon arrivée à Gentilly, j’ai cherché en vain à prendre la rue de la Chamoiserie en voiture. De fait, ce n’était pas vraiment une rue mais un chemin boueux et peu entretenu, terminé par un escalier. Depuis ce chemin entre le Parc Picasso et le Stade Maurice Baquet a été réaménagé. Et maintenant, quel plaisir de le prendre à pied ! De chaque côté, courent des arbustes et des plantes qui nous annoncent les saisons. Toute l’année,  une palette  de couleurs changeantes s’offre à nos yeux. Variété de vert au printemps, la rue se pare en automne, d’une débauche de nuances.  Certains buissons conservent encore quelques feuilles vertes palies par la pluie sur lesquelles se détachent d’autres plus avancées, d’un rouge garance ou nacarat voire de belles teintes fuchsia ou magenta. Plus loin sur des fourrés, elles se couvrent d’un beau jaune doré, d’ocre et de terre de sienne avant que le vent ne vienne les faire tomber. Elles craquent sous les pas des promeneurs attardés sous un pâle rayon de soleil ou sous ceux, plus rythmés, des travailleurs pressés.
Bientôt la neige la tapissera de blanc.

Marie-Thérèse
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162, rue Gabriel Péri

J’ai quelques souvenirs des bâtiments du 162, rue Gabriel Péri où je suis née au 7ème étage. Je trouvais tristes, ces grands bâtiments sombres comme la plupart des habitants sous l’occupation allemande. Ils avaient envie de parler à ceux qui les écoutaient malgré leurs deuils et leurs chagrins. La plupart attendait des nouvelles et le retour des membres de leur famille retenus prisonniers. Certains sont revenus, d’autres ne reviendront plus.
Lorsque le vent soufflait, je voyais sur le toit des bâtiments des girouettes telles d’horribles sorcières avec leurs robes noires et qui tournaient en grinçant au rythme du vent, tels des oiseaux de mauvais augure annonçant des malheurs.
Jusqu’au milieu des années 50, les gens étaient proches les uns des autres. C’était le bon côté des choses dans ce pays dévasté.

Mireille
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Le parc Picasso

Le parc Picasso est un joyau serti au fond du Val de Bièvre, entre une crèche et un stade. Il n’est pas rare –surtout le samedi en fin d’après-midi – d’y rencontrer une noce en provenance de la mairie, venue se faire photographier. L’émouvant s’ajoute alors au pittoresque.
Au surplus, pour ce qui est de l’ambiance sonore, aux cris et rires des enfants viennent se greffer des coincoins et parfois même un cocorico émis depuis une mini basse-cour aménagée dans l’encoignure du parc opposée à celle de l’aire de jeu.

Son-et-lumière

À Gentilly, d’un poste dégagé offrant une vue panoramique vers le sud-ouest, l’observateur bénéficie dès la tombée de la nuit d’un grandiose spectacle lumineux tricolore que d’aucuns ont baptisé « Les trois rivières de diamants ».
À droite, s’étendent en enfilade des lampions clignotants verts le long de l’aqueduc d’Arcueil et à gauche sur un tronçon en pente de l’autoroute se succèdent les phares blancs des voitures roulant vers Paris et les feux arrière rouges de celles qui s’en éloignent.
Si à cette vision se superpose le bruit du vent dans les feuillages de la voirie, on bénéficie d’un spectacle son-et-lumière.

Campus du Val de Bièvre

Gentilly peut être fière de voir s’implanter le « Campus du Val de Bièvre » qui constitue, au long de cette vallée, le chaînon terminal d’une succession d’établissements scientifiques de recherche de haut niveau.
Ce serait en quelque sorte l’équivalent européen de la réputée Silicon Valley américaine.

Graffitis

Gentilly se pare de superbes graffitis. Il en est un qui prime : celui qui est adjacent au bureau de poste et enjambe la Bièvre, aujourd’hui enterrée mais qui jadis coulait à l’air libre. Accoudé au parapet qui borde le trottoir, on admire le paysage dépeint : une reproduction fidèle de l’ancien état des lieux, avec une tannerie et son personnel mettant à profit l’eau du ruisseau.
De style inverse pouvant être qualifié de moderne, un autre graffiti revêt la façade de la Compagnie des Eaux, à la sortie de Gentilly, vers Montrouge, tout près de la frontalière Promenade des aqueducs.

Emmanuel
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L'église Saint-Saturnin

De ma fenêtre, je vois le clocher pointu et élégant de Saint-Saturnin. De l’extérieur, cet édifice est le type même des églises de campagne, ce qu’était alors Gentilly. Au centre du bourg se situait le « Grand Gentilly » avec l’église autour de laquelle fermes et propriétés s’étendaient vers la vallée de la Bièvre. La première église date du VIème siècle, c’est Dagobert qui donna à saint Eloi, son ministre, des terres et une maison à Gentilly. L’église actuelle fut construite à partir du XIIème siècle et consacrée en 1536 par l’évêque du Mans. À l’intérieur, le chœur est tourné vers l’Est (Jérusalem), le côté droit est en belles pierres blanches, les mêmes que celles de Notre Dame de Paris, extraites des carrières de Gentilly. Ce qui frappe surtout ce sont les beaux vitraux dont certains représentent des personnages étant passé à Gentilly : Saint Vincent de Paul, Louise de Marillac, saint Ignace de Loyola, Saint François-Xavier.
Décrétée bien national à la Révolution, l’église appartient depuis à la ville de Gentilly qui a entrepris des travaux de rénovation couronnés de succès puisque l’église est classée Monument historique en 1998.
Pour ma part, je ne quitte jamais ce lieu sans avoir une pensée pour tous ces hommes et femmes qui depuis 1300 ans ont exprimé ici leur foi, leurs joies et leurs peines mais aussi leurs espoirs.

Christiane
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Jardin de la cité Victor Hugo


Gentilly si je devais te raconter, je parlerais de tes enfants qui couraient gaiement dans la cité Victor-Hugo et de ce petit jardin d’aventure adjacent jouxtant la mosaïque représentant notre bon patriarche. Je te rafraichirais bien la mémoire et te remémorerait ce grand toboggan que les gamins empruntaient en riant. Celui qui côtoyait l'école primaire de notre grand poète littéraire, qui depuis n'existe plus depuis  l’adolescence de ma tendre progéniture. Je me souviens encore des rires, des cris, des glissades, des poursuites et du joyeux tournis de leurs pupilles noires brillantes comme de l’onyx  et de leurs joues roses de bonheur. Je me souviens encore de leurs pieds qui freinaient ainsi une descente trop rapide sans doute. Ces petites baskets un peu éculées qui jaillissaient dans l’espace herbeux et boueux à la mauvaise saison. Gentilly, je te dirais, s'il-te-plaît si tu pouvais réhabiliter ce coin qui a tant compté pour eux en un espace de jeux : le City-stade actuellement.

Claudine
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La maison Doisneau

Qui se souvient encore de la tannerie installée sur les bords de la Bièvre, rue du Paroy ? Qui se rappelle que la rivière passait à cet endroit-là, à mes pieds ? Peut-être, mes pierres demeurent seuls témoins de cette vie disparue. Comme j’ai été triste de  me voir dans un état si lamentable,  moi, hôtel du Paroy,  face à ce petit immeuble complètement délabré, en ruine, sur un chemin  pentu, plein d’ornières ! Et à mes côtés, que de vieilles bâtisses comme la petite maison lépreuse attenant au café du coin ! Heureusement pour moi, Doisneau m’a racheté et j’ai fait peau neuve ! Maintenant  je donne aux jeunes photographes, la possibilité de se faire connaitre ! Et devant mon entrée, quelques carrés de pelouse me donnent une note de gaîté. De plus, depuis 2005,  je voisine avec la médiathèque, beau bâtiment de verre, d’acier et de ciment blanchi dont la galerie lumineuse enjambe ma rue pierreuse, mais lisse, toujours pentue. Et cette construction très moderne ne gâche en rien mon style car par contraste, elle met ma façade en valeur.

Marie-Thérèse
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Anciens commerces

Robert Doisneau
Je me souviens de ma petite enfance au 162, Rue Gabriel Péri, avec ses commerçants. Sous l’occupation, avec les tickets de ravitaillement avec lesquels les gens faisaient la queue chez les commerçants : « Hauser » avec Germaine qui arrivait sur sa grosse moto qui s’est appelé « La Laiterie Parisienne » par la suite, « Maggie » l’épicerie, « Le Primistère » qui se nommait précédemment « Le Familistère », les marchands de fruits et de légumes : « Marie », « Les Fruits d’Or », la pharmacie, le charcutier Tisseuil qui appelait ses clientes « ma cocotte » tout en faisant son beurre, le boucher de cheval et celui de bœuf, la maroquinière avec ses bijoux de pacotille, ses parapluies et ses produits de beauté, les caves « Narbonne », le photographe, la laverie, la teinturerie, le marchand de journaux, le marchand de couleurs et « Valta » le boulanger. C’est ce que je voyais tous les jours. Nous retrouvions les mêmes personnes avec lesquelles nous bavardions pendant les interminables files d’attente. Quelques commerçants sont restés très longtemps jusque dans les années 70/80. Il n’en reste plus rien aujourd’hui que des souvenirs anciens.
N’oublions pas le Marché du Mardi et du Dimanche où j’ai découvert « Tout à 100 Francs » avec le nylon et les objets en plastique.

Mireille
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Espaces verts

Ce que j’aime le plus à Gentilly, ce sont ses espaces verts qui  donnent de l’air à la ville. Les maisons, les immeubles ne s’alignent pas en continu, dans la grisaille mais au contraire sont très souvent illuminés  par des jardins comme celui de la Paix ou encore, le parc du Coteau, le parc Picasso, pour la  plus grande joie des enfants et pour celle des passants,  par de petits squares  à l’intersection de deux rues comme à l’entrée de Gentilly ou même par des ronds-points fleuris, des parterres devant la mairie, autour de l’Eglise Saint Saturnin et bien d’autres endroits encore. Tout près de Paris, Gentilly donne une impression de calme et de campagne même si, toujours en mouvement, elle se renouvelle constamment en améliorant la cité par de nombreux travaux.
Elle a su transformer après l’incendie    la vieille usine S.N.R. de la rue Raspail en un jardin partagé mais elle sait aussi conserver son patrimoine,  redonnant une nouvelle vie comme  à de vieilles bâtisses comme les bains-douches qui seront réhabilités en équipement culturel sur le thème de l’« image en mouvement et du son » mais dont la façade sera conservée.

Marie-Thérèse
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Gentilly
Ville fleurie
Ô combien réjouit
Mon cœur
De tes couleurs,
De ta fraîcheur
Ô combien,
J'aime tes fleurs.

Ville aux multiples fontaines
En ton centre-ville
A la belle saison
Pétunias et bégonias fleuris
Géraniums-lierre en cascades
Dégringolent gaiement des balustrades
Des fontaines et des bacs
J'aime tes rivières de rubis.
Gentilly j'aime quand tu ris.

Quand arrive l'été, 
Tes parterres ne sont que ravissement
Le soleil joue entre tes feuilles de bananiers.
Je te parcours, je revis.
Ville sous les arcades
Ô combien tu es jolie.
Quand quelques branches de saule,
Le long de cette grande allée
Où jadis la Bièvre coulait
Me caressent le visage 
Et me transmettent leur message,
Celui de la vie
Dans ce jardin du Paradis.

Gentilly, ville aux nombreuses facettes
Ville de rêves et de mouvements
Ville de trêves et de boniments
Tu apparais différente et refaite
Un beau matin d'été finissant
Ô mon palmier frémissant
Sous un  simple coup de vent.
Qu’es-tu devenu ? 
Coupé en rondins croupissants ?

Ô mon Gentilly,
Quand je reviens vers les murs reposants
De ta petite église, ô combien charmants 
Quand quelques rayons de soleil se glissent 
Le long des vitraux rénovés
Sur le banc je me hisse
Et je prends quelques clichés.
Ceux d'hier et d'aujourd'hui
Quand Bièvre et Victor-Hugo
Nous ont conté
Entre herbes folles
Et peupliers

J’aime ton cadre vert, ta chlorophylle
Ce côté village et cette intimité,
Ville aux plantes grimpantes :
Des volutes de chèvrefeuilles
Aux entrelacs de Vigognes,
Aux douces senteurs jasminées
De tes tonnelles bien protégées
Sur la place du marché.
J'aime marcher sous ce manteau 
Le nez au vent frais et m'en parfumer. 

Gentilly, si je devais te quitter,
Je me souviendrais de toi et de tes rosiers.
Je ferme encore les yeux devant tes roses,
Celles que déjà mes enfants connaissaient.
Elles accrochent mes yeux.
Elles retiennent mes doigts
Elles sont de ce rose délicat
Elles sont de ce jaune paille-citronné
Elles s'irisent et rougissent allègrement
Quand par mégarde, canettes et papiers
S'égarent à leurs pieds.

Claudine





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