On nous
annonce 40° C. Qu’est-ce que cela évoque pour moi ? Ouvrons la boîte aux
souvenirs !
J’ai six
ou sept ans et il fait si chaud que mes parents m’ont emmenée au jardin à
« Belle Feuille ». Ils m’ont installée à l’ombre. Mon père fauche la
luzerne et ma mère cueille des reines-claudes. Il doit être très tard, ils
chargent la voiture à la nuit tombante.
C’est une charrette à bras, fabriquée à la demande par le menuisier du
pays ; elle est munie de ranchers comme les tombereaux de l’époque, les
roues sont en bois cerclées de fer. Le chargement est très haut avec le
fourrage, les cageots de prunes dans un coin. Comme je suis fatiguée, on me
hisse sur le dessus de la voiture. Je suis couchée sur le foin fraîchement
coupé. Une odeur enivrante s’en dégage ; au-dessus de moi, le ciel d’été
plein d’étoiles. Je suis bercée par le ronronnement régulier des roues, le
bruit en est un peu amorti à cause du goudron de la route amolli par la
surchauffe de la journée.
Dans la
torpeur d’un soir d’été, je suis rassurée par la présence de mes parents :
papa dans les brancards tire la carriole et maman la pousse au besoin. Je me
laisse emporter au pays des rêves. J’ai bien peur que si le paradis existe sur
terre, ce fût là.
Josiane
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Moite
et dégoulinante, que m’arrive-t-il aujourd’hui ? Cela m’est si peu
habituel ? Suis-je souffrante ? Ai-je la fièvre mais non, voyons, sur
l’origine de mon mal-être, un rapide regard au thermomètre accroché sur le mur
du balcon me renseigne « 40° C » ! Le soleil a dû taper dessus,
ce n’est pas possible ! Pourtant, dans le coin, il est plutôt à l’ombre ! Un nouveau regard pour vérifier. Peut-être me
suis-je trompée ? Mais non, il indique bien « 40° C ». Pas
étonnant si je ne me sens pas dans mon état normal ! C’est une température
tellement inhabituelle !
Je
referme les volets et me retrouve dans la pénombre de l’intérieur. La façade de
briques de l’immeuble surchauffée, a emmagasiné la chaleur. Sans le
ventilateur, la pièce, fenêtres fermées, serait un four ! Mais
heureusement, il brasse de l’air un peu plus frais. Je m’interroge :
« 40° C » ! Eprouve-t-on la même sensation selon l’endroit où
l’on se trouve ? Certaines personnes
apprécient la forte chaleur surtout si elles sont en vacances sur les
bords de mer ou pas trop loin de la montagne. D’autres au contraire, redoutent
la canicule qui les épuise, les privant de toutes activités. Elle confine les
plus fragiles dans une atmosphère climatisée.
Que
ressent-on par «40°», dans l’air étouffant du métro à l’heure de pointe, collés
les uns contre les autres, suant, soufflant et tentant mais en vain de se
ventiler avec le journal, un livre voire un éventail ? Et comment
supporte-ton cette température lorsque l’on marche, dehors rapidement ou
lentement, sous un soleil qui brille de tous ses feux ? Peut-on comparer un «40°» à la ville où les
murs, de pierres ou plus souvent de ciment gris, se nourrissent de ses rayons
avec celui de la campagne, où la frondaison des arbres les absorbe, renvoyant
un peu de fraicheur ?
Comme
dans un film, je me revois par cet été particulièrement chaud, au bord de la
mer où il était impossible d’aller à la plage avant la marée montante car le
sable brûlait trop. Je me rappelle ces jours où l’on profitait de cette haute
température pour faire les grandes lessives. Les draps de coton blanc épais
tendus sur les fils séchaient en un après-midi. Les pins craquants de mille
bruits, laissaient tomber sur le sol bruissant de leurs aiguilles trop sèches,
leurs pommes éclatées.
Je
me rappelle cette année exceptionnelle où le mercure monta si haut ! Nous
avions prévu une randonnée de plusieurs jours. Nous venions de quitter Le Vigan
et le soleil était au zénith. Godillots aux pieds et sacs sur le dos, nous
haletions en grimpant une des crêtes du cirque de Navacelles avant de
redescendre vers la rivière de la Vis qui nous rafraichirait. Faisait-il
«40°» ? Je ne sais ! Nous n’avions pas de thermomètre pour nous le
dire mais nous avons sué sang et eau et la chaleur était si accablante que nous
n’en aurions point douté.
Je
me souviens de l’arrivée à l’aéroport. Le pilote venait d’annoncer :
«Pointe à Pitre - 40° à l’extérieur». L’avion climatisé se posait.
L’hôtesse ouvrit la porte. Sur le seuil et avant même de descendre l’escalier, une
bouffée de chaleur moite me saisit à travers les jambes comme si je venais de
monter sur un ballon gonflable et que j’allais m’envoler !
Je
me remémore aussi lorsque dans la forêt, l’air déjà brûlant depuis plusieurs
heures devenait suffocant presque irrespirable dépassant sans aucun doute les
«40°». Pendant plusieurs minutes, tout était silencieux, pas un seul chant
d’oiseaux ou de bruissement d’insectes et soudain le déluge tropical se déchainait
apportant un souffle d’air chaud mais qui, sous l’effet du bruit de la pluie,
redonnait force et énergie.
Pour
le moment, un peu amorphe, je n’en ai guère dans cet appartement urbain, même
si les « 40° » ne sont qu’à l’extérieur.
Marie-Thérèse
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Lors de
ses permissions, le caporal Perpignani ne tarit pas sur les conditions qu’il a
pu rencontrer dans le désert de Lybie où règnent des températures de l’ordre de
40°.
Féru de
mécanique et doté d’une excellente vue, il s’est trouvé affecté à l’intendance
et placé au volant d’un camion. Il prétend avoir dans l’exercice de sa fonction
discerner à quoi pourrait ressembler l’enfer : « Imaginez-vous
roulant en convoi à faible allure constante, pendant des heures et des heures,
dans le désert surchauffé et truffé de mines, avec pour seul panorama, à
travers un nuage de poussière, l’arrière du camion qui précède. »
Heureusement
en fin de parcours, s’offrent parfois des moments paradisiaques. En effet, on
ne se trouve jamais bien loin du littoral méditerranéen où l’on peut s’adonner
à la baignade.
Par
ailleurs, on n’échappe pas à la hantise de l’infiltration d’un scorpion dans
son sac de couchage, voire dans ses chaussures.
Si 40 est
une température rébarbative et parfois même létale, s’agissant de l’atmosphère
ambiante, c’est tout le contraire lorsqu’il s’agit de la distribution d’eau au
robinet, facteur appréciable de confort. Ainsi donc, à l’image de Janus, 40°
présente deux faces opposées selon qu’il s’agit de l’air ou de l’eau,
respectivement détestable et attrayante.
Enfin, au
cas où la température corporelle atteint ou dépasse les 40°, ne pas hésiter à
appeler le samu.
Emmanuel
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40° ... Depuis hier, c'est la température que nous
avons...
40° ... c'est intenable, irrespirable. La nuit
n'apporte pas de répits, et elle se teinte de rêves fous...
40° ... Mon rêve m’emporte vers un voyage merveilleux,
loin de cette chaleur étouffante.
J'arrive sur cette ligne imaginaire que l'on appelle
latitude... 40° Nord.
Grâce à elle, je parcours de merveilleux paysages,
commençant par ceux du Portugal, de l'Espagne et le bleu inimitable de notre
Méditerranée en passant par l'île de Minorque, puis celle de la Sardaigne pour
arriver au sud de Naples et traverser la Botte de l'Italie.
Je franchis l'Adriatique, et me voilà en Albanie, en
Grèce et en Turquie. L'Arménie et l'Azerbaïdjan se dévoile sous un soleil
levant.
La mer Caspienne est fantastique sous les rayons
nouveaux et je vois se profiler l'Asie centrale et tous les pays des Balkans
que sont le Turkménistan, L'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan. Noms
qui évoquent tant de contrées lointaines et de pays mystérieux.
Et voilà que maintenant la Chine s'ouvre devant moi.
De loin j'aperçois Pékin, cette grande métropole asiatique, capitale de cet
immense état où traditions et modernité se côtoient. La traversée de la mer de
Bohai me fais recouper la Chine puis la Corée du Nord, pays si fermé!
La mer du Japon m' invite à continuer le voyage pour
voir défiler le nord de l'île de Honshu, ou île libellule, principale île du
Japon où se situe le Mont Fuji, Tokyo, qui représente 60% du territoire et
regroupe 80% de la population japonaise !
J'entame désormais la grande traversée du Pacifique,
océan mythique !
L'entrée aux USA passe par le Nord de la Californie,
région volcanique, possédant de grandes forêts de séquoias ...
Et, continuant mon voyage, je survole le Nevada,
l'Utah, le Colorado, et son célèbre canyon, le Nebraska, le Kansas, le
Missouri, l'Illinois, l'Indiana, l'Ohio, la Virginie occidentale, et sur la
côte Est, la Pennsylvanie et le New-Jersey. Que de paysages et de beautés
découverts !
Ma traversée de l'Atlantique est bien plus calme que
pour les marins de la route du Rhum, je croise quelques baleines, une multitude
de poissons dont des maquereaux, des bars, des chinchards, des daurades,
éperlans, flétans que nous croisons habituellement chez nos poissonniers ...
Une dizaine de dauphins m'accompagnent pour la fin de mon voyage...
Oups ! Le réveil me tire de mon sommeil, je suis
trempée mais ce n'est pas l'eau salée de l'océan qui en est responsable.
Seulement la transpiration due à ces 40° à l'ombre ... J'aimerai rester dans
mon songe et repenser à ces 40° Nord qui sont bien plus splendides que ces 40°
Celsius, mais voilà... la réalité est beaucoup plus étouffante !
Valérie
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Claudine
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Jamais
sans mon climatiseur, dit Lulu, hurluberlu.
Certainement
pas sans mon ventilateur, rétorque Germain, sûr et certain.
La
« clim » sinon rien, reprend Lulu, chez moi rien n’est
superflu !
Et avant,
quand il faisait chaud, les pieds dans l’eau… c’était bien ! reprend
Germain.
Et dans
ton caleçon à rayures comme les frères Jacques, les doigts de pied en éventail
dans tes palmes, se souvient Lucien, dit Lulu.
Ah, mais
tu en remues des souvenirs, mon Lulu, et comme nous courrions dans les vagues
pendant que ces dames avec leurs jupons et leurs tenues de plage se tenaient le
long du rivage…
Ah, mon
sacré Germain, c’était le bon temps, celui du cinéma muet et du voyage de M.
Hulot, et il y avait encore de beaux coquillages, tu te souviens ?
Mais oui,
mon ami, entre les praires, les bigorneaux, les couteaux et les coquilles
Saint-Jacques, nous avions de quoi faire, mais je crois qu’on s’égare… C’est si
loin !
Quand
reviendra, le temps des cerises… entonne Germain. Tu sais, les modes ne se
démodent jamais, il y a toujours un va-et-vient.
Tu l’as
dit, regarde au Trocadéro, comme chacun se précipite dès qu’on annonce la
canicule…
Eh,
oui ! Allez, tous à la douche ! C’est moins bien que les grandes eaux
de Versailles. Et tu crois qu’ils sont tous en maillot de bain ? Insiste
lourdement Germain.
Mais non,
bien sûr… Quoique sur les quais de la Seine, on en voit des vertes et des pas
mûres, reprend Lulu avec un petit sourire aux lèvres.
Allez,
tais-toi, mon Lulu ! Tu vas nous attirer des ennuis à nous rebattre les
oreilles de tes âneries ! Ah, Ah ! Tu me fais trop rire ! Je
comprends à quoi servent les écrans solaires, s’esclaffe Germain.
Et ça
sert à quoi ? S’enquière Lulu.
Ben à ne
pas devenir écrevisse de la tête au pied pardi, en pleine ville, ça fait
désordre !
Mais il
existe des parasols et locations de matelas, de chaises longues qui font
illusion, sans cabines de plage, et l’on s’imagine que l’on vit à Deauville
avec son casino, à Trouville et ses embruns, ses résidences historiques, sa
petite bourgade de bord de mer rouleuse de sable doré, ou encore Étretat, ses
coups de vent, ses falaises et ses galets. Honfleur et ses petits cafés où l’on
trinque au café-calvados. Ou encore Berck ou Royan, ou Nice et sa promenade des
Anglais, et Cannes qui déroule son tapis rouge…
Tu nous
fais voyager, mon Germain. En une minute tu nous fais passer de la Normandie à
la Côte-d’Azur, en passant par la Manche, l’Atlantique, la mer Méditerranée
pour revenir sur les quais de la Seine où Paris plage appâte petits et grands
qui sirotent leurs cocas bien frappés sous leurs canotiers, leurs casquettes et
leurs bérets.
Eh oui,
mon Lulu ! « Sous le soleil de Paris », on voit la Seine qui
luit et dans ses multiples facettes chaque parisien cherche le jeu, le plaisir
et l’envie en s’offrant une bonne glace chez Bertillon ou une Häagen Dasz, tu
sais avec les amandes dorées et effilées et les noix de cajou… hummm ! Une
bonne limonade maison sur la péniche ou sur les bateaux-mouches pris Pont de
l’Alma ou Alexandre III. Voudrais-tu te rendre sous la tonnelle des
impressionnistes à Barbizon afin d’admirer les iris jaunes canari et les fleurs
de lotus roses, en sirotant une tasse de thé autour de l’étang aux reflets
d’argent ? Ou préférerais-tu boire du Sprite ou une bière bien
fraîche ? Tiens, un demi, ça te dis sur le zinc de Bercy ?
Et si on
en prenait une justement de mousse, mon Germain ?
Alors A
la tienne et si on se faisait une partie de pétanque à la Poterne ?
Mais que
c’est une bonne idée, ça ! Sous les tilleuls, à l’ombre comme les gens du
Midi. Dans Pagnol, tu sais, la petite place du village. On sera bien, on va
voir les copains, histoire de taper aussi la belotte.
Alors, tu
tires ou tu pointes ?
Envoie le
cochonnet et tu verras bien !
Après, on
se fait une petite virée du côté de Nogent ?
Je te
suivrais au bout du monde, quoique j’ai une petite faim…
Mais
justement, on va manger des moules frites en terrasse au Petit Quinquin !
T’as une
heure pour rentrer ?
Mais
non ! Tu sais bien que je n’ai de comptes à rendre à personne.
Je m’en
vais prévenir ma Germaine, qu’elle ne s’inquiète pas.
Une
petite virée entre vieux copains, elle comprendra !?
C’est
qu’elle a du mal à supporter les grosses chaleurs, son pauvre cœur en prend un
coup et en plus elle est allergique au soleil !
Ça
existe, ça ? Elle ne pourrait pas vivre à Toulon ou à Marseille.
Eh,
oui ! Elle doit sortir avec sa capeline, couverte de haut en bas. Histoire
de montrer cou et patte blanche.
Eh bien,
je la plains vraiment ta dame car, en ce moment, elle doit se calfeutrer, les
volets fermés et ne pas mettre le nez dehors si elle ne veut pas devenir rouge
comme un coquelicot nouveau ou une fleur de camélia. Allez, tu lui enverras
toute mon amitié.
Je te
vois arriver avec tes gros sabots ! Tu ne te moquerais pas un peu ?
Moi ?
Jamais !
Encore
s’il s’agissait d’un programme de lavage à basse température à 40 degrés, pour
synthétique, seul le linge en ferait les frais et les canalisations
n’émettraient pas de gargouillis réprobateurs. Fixer le hublot du lave-linge,
en suçotant un canard arrosé de whisky à 40°, on en a vite fait le tour.
La
touffeur générée par les efforts conjugués du simoun et du sirocco,
alanguissent corps et esprit, vrillant les nerfs à vif.
Le
trottoir de l’immeuble sur toute sa longueur, est trempé intempestivement par
un jet d’eau narquois, sifflant comme un cobra, prévenant les passants de
traverser illico presto. Le couloir est inondé de larges flaques : il faut
se déchausser sur-le-champ, pour ne pas gâter ses espadrilles, dans l’eau
fortement javellisé, irritant de surcroit les muqueuses et réveillant les
allergies… Le flot se fraie un chemin sous l’appartement du rez-de-chaussée et
descendait en clapotant dans l’escalier de la cave communautaire. Heureux celui
qui peut progresser à grandes enjambées, sinon la mobilité articulaire réduite,
rétrécit comme une peau de chagrin : il faut à tout prix éviter les
glissades fatales, les fractures, l’hôpital. Pour se ressaisir, il faut d’abord
se rendre au jardin, si la voie est libre, s’assoir quelques instants sous le
parasol, protection dérisoire contre la fournaise pour mobilier de jardin et le
barbecue déserté. Quel ne fut pas l’accablement de madame d’Organdi de
constater que la pelouse-paillasson était jonchée de bouteilles, papiers gras
et déchets organiques malodorants, point d’ancrage de nuées de mouches vertes
et bleues (on en voit de toutes les couleurs), réputées pour être l’une des
plaies de l’Égypte antique ! Des couvertures et de gros coussins en simili
cuir reposaient à même le sol, vestiges de la chambre nocturne, improvisée en
plein air, sous le champ des étoiles.
Madame
d’Organdi tout en regardant où elle posait les pieds, ragea table, chaises et
fauteuils, dans l’alignement des trois thuyas, puis laissa le champ de ruines
en l’état.
C’était
sans compter sur madame Latute, qui, à la vitesse de l’éclair zébrant le ciel,
chargé de lourdes menaces, surgit, hurlant, toutes sirènes en alerte maximum.
-
Madame
d’Organdi, vous avez deux minutes, j’ai deux mots à vous dire ! Doc vous
ne voulez pas que nous nous servions de vos affaires minables, madame d’Organdi
vous êtes méchante ! Tout le monde dit que vous êtes très méchante et très
sale : regardez ce que vous faites au jardin pendant la nuit !
Madame
d’Organdi, tant bien que mal, titubant sous ce déluge excrémentiel, anéantie,
regagna tant bien que mal ses pénates, dieux tutélaires du foyer, se servit
quelques verres d’eau rafraîchissante et purifiante, enfonça ses boules Quiès,
les bien nommées, dans ses conduits auditifs, s’allongea sur le lit et se
concentra dans la lecture d’un livre paradisiaque, savoureux, prometteur
d’aventures de rêve.
Non,
décidément, la canicule (étymologiquement : la dent du chien), sise dans
la constellation du chien, sévissant habituellement à la mi-août, a pris de l’avance
cette année : son mordant et sa surchauffe survoltent madame Latute, dont
la porte largement ouverte en permanence, autant pour se rafraîchir que pour
guetter les allées et venues, faits et gestes des résidents, élargit son champ
d’action.
Elle continuera
ainsi à tisser sa toile, madame d’Organdi évitera de se métamorphoser en
moucheron prisonnier des rets, fussent-ils soyeux !
Ne nous
mettons pas la rate au court-bouillon, ne nous échauffons pas la bile !
Vivement l’hiver !
Marie-Christine
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Histoire du whisky Irlandais
Le cercueil avait l’air bien scellé, clous
profondément enfoncés, 6 pieds sous terre depuis des lustres, mais voilà que le
fantôme s’est soudain mis à gigoter. L’irish spirit n’était donc pas mort.
Tiré par le marché américain, plébiscité par les jeunes, porté par des
bouteilles qui progressent en qualité plus vite qu’un Dublinois ne descend sa
Guinness, le whisky irlandais connaît l’une des plus belles résurrections
depuis 2.000 ans.
C’est aujourd’hui le segment du whisky qui
progresse le plus vite, avec des taux de croissance annuels à 2 voire 3
chiffres. Dix fois moins que le scotch, certes, mais l’Irlande revient de loin.
De profond même, disait le directeur d'une distillerie fondée par ses ancêtres «On ne
pouvait pas tomber plus bas, même en creusant avec une pelle».
Dieu a inventé le whisky pour s’assurer que
les Irlandais ne domineraient jamais le monde. C’est du moins ce que prétend la
sagesse populaire qui a laissé son empreinte sur les portes de toilettes au
fond des pubs. Dieu ?
Plutôt ses sbires. Ce sont en effet les
moines qui ont escamoté de Mésopotamie les alambics et le secret de la
distillation, au VIe siècle, avant de l’introduire en Irlande en s’attelant à
une tâche qui méritait un sacré carburant, l’évangélisation des Celtes.
On distillait alors les plantes et les
fleurs pour fabriquer remèdes et parfums. Mais les bons frères allaient vite
trouver un autre usage aux alambics en y flanquant du moût de céréales. L’eau
de vie était née, l’ancêtre du whisky.
Une eau bénite qui s’affranchira des
monastères en quelques siècles, et qui, aujourd’hui encore, remplace le sirop
dans les pharmacopées en vertu du principe que «ce que le whisky ne soigne pas
est incurable».
Dans les années 1850, quand la Couronne
décide de taxer l’orge maltée, base du whisky,
les distillateurs substituent aussitôt à leur recette une bonne moitié
d’orge non maltée pour échapper à l’impôt. Le pure pot still est né.
Et ils distillent 3 fois, une de plus qu’en Écosse. Doux, gouleyant,
épicé et juteux comme un panier de fruits bien mûrs, le pure pot still rayonne
jusqu’au début du XXe siècle comme ce soleil qui, n’étaient les nuages et la pluie, brillerait
sans repos sur l’île verte.
«C’est quoi, le
whisky irlandais » ? Pas facile de répondre à cette
existentielle question... Historiquement, c’est du pure pot still… mais pas
toujours. Techniquement, il est distillé 3 fois… mais pas toujours. Il n’est
pas tourbé… mais pas toujours. En
Irlande, les règles ne sont qu’une suite d’exceptions, alors allez vous y
retrouver ! Il est fruité, doux, facile à boire. Oui, ce
serait cela la meilleure définition du whisky, né et élevé à la triple
distillation. Le distiller 3 fois confère à ce whisky une pureté, une
fraîcheur, une qualité uniques. Les Écossais ont toujours été trop radins pour
procéder à cette distillation supplémentaire ; eux, bien sûr, prétendent
qu’elle sert à masquer la fait que les Irlandais ratent toujours les deux premières.
Comme on le voit, c’est un débat hautement technique !
Dès la fin du XVIIIe siècle, l’Irlande
compte presque autant de distillateurs dans les granges que de moutons dans les
prés : plus de 2.000, pour la plupart
clandestins (les impôts, toujours !). Mais le commerce légal se développe
rapidement.
Fondée en 1757 au cœur de l’Irlande,
Kilbeggan est sans doute l’une des plus anciennes distilleries au monde. Fermée
en 1957, elle rouvre trente ans plus tard à la faveur d'un rachat.
Les vieux bâtiments, la roue à eau sur la
rivière, les cuves, les meules d’époques et les alambics biscornus font la joie
des touristes qui se penchent sur l’histoire du whisky d’un temps, que les
moins de 100 ans ne peuvent pas connaître.
On raconte comment, des années après la
fermeture, un écoulement secret installé en douce sous les réceptacles d’alcool
fut découvert. On y dérivait sans rien dire le distillat pour le prélever à
loisir. Le fond des cuves était quant à lui vidé dans la rivière, pour le plus
grand plaisir des poissons et des pêcheurs qui sortaient une à une les truites
bien saoules.
A défaut des Irlandais eux-mêmes, leur
whisky domine le monde jusqu’à la fin du XIXe siècle, y compris en Écosse. Et
puis, une poisse qui n’était pas que divine raya l’«irish» de la carte.
Les insurrections puis la guerre
d’indépendance de 1919-1922, suivies d’une guerre civile larvée qui gangrène
jusqu’au second conflit mondial, portent un coup d’arrêt à la production. Aux
États-Unis, où le whisky Irlandais est
le plus consommé, la Prohibition assène le coup de grâce. Et les
Britanniques frappent d’embargo les
produits irlandais dans tout l’Empire.
N’en jetez plus, le verre est vide. L
'Irlande devient cette terre sèche et désolée où errent les fantômes des
distilleries fermées.
Pour tenter de sauver ce qui peut l’être,
les trois distilleries qui ont survécu au sud
s’unissent en 1966 pour former Irish Distillers et construire en 1975
une nouvelle distillerie à Midleton, dans le comté de Cork. Voilà pourquoi 80%
du whisky irlandais sortent de ses alambics, c’est de là que soufflera le
renouveau.
Particulièrement fort, ce whisky peut être
produit à 40°. Mais il peut aussi facilement atteindre les 80° !
Mais pour un connaisseur, 40°... ce n'est
pas un bon whisky. Un bon whisky à 40°,
ça n'existe pas !
Paulette
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