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Elle s'est enfin décidée à écrire le texte
que Laurence lui a demandé de produire pour vendredi de la semaine prochaine !
C'est pas trop tôt !
Elle s'installe donc devant l'ordinateur et
ouvre un document vierge, espérant qu'il va se noircir bien vite au fil de ses
idées.
Pour le moment... ce n'est pas le cas. Il
ne faut pas désespérer et avoir un peu de patience, le début va bien venir et
ensuite ça va couler tout seul, une idée en entraînant une autre. Oui, mais...
le téléphone sonne, il ne manquait que ça ! Elle doit répondre.
C'est une amie qui vient prendre de ses
nouvelles. Alors là, les idées ne manquent pas pour la conversation, on parle,
on parle... et ça dure un moment. On n'est jamais si bien qu'avec des amis. Oui
mais... le texte attend, la récréation est terminée.
Elle retourne donc s'asseoir à son poste,
pose ses doigts sur le clavier et... encore un bruit qui se fait entendre !
Elle avait oublié qu'elle avait mis du linge à tourner, le programme est fini
et le signale. Oui mais... il faut bien pendre le linge maintenant. Et donc
elle s'y attelle, sort le nécessaire et s'active.
La voilà de nouveau devant son clavier.
Elle commence à taper la 1re ligne. C'est facile, c'est le début du texte et il
est imposé. Oui mais, et la suite... Et c'est quoi ce bruit autour d'elle ? On dirait bien une guêpe qui
s'est invitée à la maison. On peut aimer les animaux mais les guêpes, ça non,
ça pique, il faut donc la chasser dehors où d'ailleurs elle se trouvera mieux,
ici elle manquerait vite d'air. Comme elle, qui souffre par cette chaleur...
Quel temps cette année, enfin ce mois de juillet surtout car le printemps,
oublions, c'était un désastre. En
attendant, son travail n'avance pas, il faut s'y remettre si on veut le finir.
Quelques idées lui passent par la tête, des
bribes de phrases s'inscrivent à l'écran.
Elle relit ce qu'elle vient d'écrire et ça ne l'enchante pas
vraiment... Elle réfléchit... son
cerveau chauffe autant que le soleil au dehors. C'est pénible d'être dans le
vide. Elle réfléchit encore, et encore.
Oui mais... voilà maintenant qu'on sonne à la porte, décidément !
Elle va donc ouvrir, la factrice est là,
souriante comme à son habitude. Sandrine lui apporte un recommandé et elles se
mettent à bavarder La factrice s'excuse et lui dit qu'elle est retard dans sa
tournée et que ça risque d'être ainsi dorénavant. En effet, ce matin ils ont eu
une réunion au cours de laquelle ils ont appris qu'on allait modifier les
tournées. Elle n'est donc pas certaine de conserver la sienne ! Un comble, pour
une fois qu'il y a une factrice aussi sympathique sur le quartier, serviable,
un mot gentil pour tout le monde, prête à rendre service au besoin, la bise
quand elles se voient. Elle a sauvé tant
de courriers qui auraient pu s'égarer.
Elle demande donc qui va faire la tournée
du quartier à sa place et Sandrine la rassure car elle pense tout de même la
conserver. Mais elle lui explique qu'elle y passera plus de temps car elle va
être allongée, forcément, dix emplois sont supprimés, les dix derniers arrivés.
Alors elle va de ce fait quitter plus
tard, ne pourra même plus aller chercher sa fille à la sortie de l'école lui
dit-elle. Pauvre Sandrine ! Elle voudrait tellement pouvoir l'aider... Et sur
ces derniers mots échangés, Sandrine part continuer à remplir sa mission.
Et maintenant il faut y aller : se mettre
enfin sur ce texte car l'heure continue de tourner, comme la factrice. Oui
mais.... quelle heure est-il au fait ?
Elle regarde donc l'heure sur l'ordinateur
où elle vient de s'installer pour la troisième fois, pleine de bonne volonté,
et s'étonne. Déjà ? Mais il n'est plus temps de songer à écrire, il faut bien penser aussi à manger ce soir, et donc
préparer un repas.
Tant pis : pas de texte pour Laurence cette
semaine, le temps m'a manqué. Et... les idées aussi ! Oui mais... on essaiera
de faire mieux la prochaine fois.
Paulette
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Il s’est enfin décidé à sortir de dessous
sa couette et à affronter le nouveau monde auquel, jusqu’à maintenant, il se
refuse systématiquement. Très introverti, il vit jusqu’à ce jour, dans la peur
de la foule et de tout environnement inconnu ou imprévu. Mais, il y a quelques
jours, il s’est enfin décidé à prendre son destin en main, à ne plus se laisser
conduire par son entourage, à ne plus se laisser absorber par des tâches
quotidiennes sans importance. Désormais il va ne se consacrer qu’à ce que,
depuis tant de temps, il rêve de réaliser sans oser. Pour cela, il fallait
prendre une décision. Aujourd’hui, c’est chose faite : il largue les
amarres. Il prépare son sac et quelques provisions et en ce beau matin, à
l’heure où le soleil commence à poindre, il part, sans se retourner, disant
au-revoir à tout ce qui, jusqu’à ce jour, fut sa routine.
Il a quitté le bureau et les collègues,
sans bruit, comme chaque jour et au dernier moment, il a déposé une lettre de
démission pour son patron. Rentré à son logis où ne l’attendait plus personne, il
a regardé son petit nid qu’il a édifié avec tant de minutie. Pour lui et pour
les autres, il est si pointilleux et
exigeant dans les moindres détails que, petit à petit, il en est devenu
pusillanime. Il s’est refermé sur lui-même, craignant tout et tous, n’acceptant
ni bruit ni imprévu. Ses quelques amis
l’ont peu à peu laissé, trop grincheux, trop timoré, en un mot, trop
assommant. Il a bien essayé de changer mais tellement cuirassé dans ses
habitudes, son naturel revient sans cesse. Seul, une métamorphose radicale peut
le transformer. Mais rien ne se passe dans la monotonie de ses jours
Et pourtant, un jour, l’absence brutale
et inexpliquée de ce collègue qu’il côtoie journellement depuis tant d’années,
l’a interpelé. Pas sur le coup ! A peine s’il y prête une quelconque attention ! Ce n’est pas un évènement
pour lui ! Il ne le connait pas particulièrement, il ne travaille pas
directement avec lui. Ils se contentent de se saluer d’un geste de la tête, le
matin et le soir, d’un signe de la main. Et puis, soudain, disparu, volatilisé.
Personne ne sait où il est parti mais les rumeurs vont bon train et les
commentaires ne manquent pas, sarcastiques ou doucereux. Il ne veut pas les
écouter mais, bien malgré lui, il les entend. «Peut-être est-il allé naviguer
sur les océans ? A-t-il préféré s’installer à l’étranger ?» On murmure :
« il étouffe dans la ville, dans ce travail, dans le confort. Tous les
problèmes que cela engendre, le rendent morose, nerveux.». Pourtant son visage
détendu n’en laissait rien paraitre. Aussi aucun n’a cru à son départ ! Pas
même le patron ! Et surtout pas de cette façon si brutale et mystérieuse !
Il n’en a soufflé mot à personne !
Pierre, habituellement, ne prête guère
l’oreille aux racontars de ses voisins, préférant s’enfermer dans son travail.
Or, ce jour-là, quel mot a-t-il frappé son cerveau au point de s’y incruster.
Il ne se le rappelle pas mais leurs incessantes questions l’ont déstabilisé.
Lui qui se refuse à examiner la
médiocrité de sa vie, en est complètement retourné. Il se demande bien
pourquoi, puisqu’il n’était pas son ami, ni même une relation. Il s’est
évanoui, il ne vient plus au bureau ! Et alors ? Ce n’est pas
son problème, cela ne change pas son
train-train quotidien ! Pourquoi, en rentrant chez lui, Pierre se met-il
soudain à réfléchir et à regarder sa vie comme dans un miroir ? Celui-ci
ne lui renvoie qu’une image floue, fade, voire glauque. Brusquement, il se sent,
tel un prisonnier, enfermé dans un espace trop étroit. Il éprouve le besoin d’un
peu d’air. Sans se préoccuper des
voisins, il ouvre tout grand, sa fenêtre, respire un grand coup et reprend son
souffle. C’est à ce moment précis qu’il s’est enfin décidé à tourner le dos à
sa vie étriquée et renfrognée. Un grand coup de balai dans ses habitudes !
Il lâche tout et va s’ouvrir à un monde nouveau.
Marie-Thérèse
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Elle
s’est enfin décidée à écrire cette histoire…
Depuis
l’âge de quatre ans, Marinette Beaujour, enfant légitime mais non désirée, dont
le quotidien était vêtue de dénuement et arrosé de pleurs, savait que son
parrain vivait en Amérique. Quand elle voyait passer un avion, très haut dans
le ciel d’été, elle grimpait aux arbres pour voir son parrain, en l’appelant et
agitant la main.
Il était
parti trois jours après le baptême de Marinette et était mort à New York, des
suites d’un accident du travail, le jour de des treize ans de l’adolescente, le
13 août 1949.
Parrain
lui envoyait une lettre, de l’argent pour les étrennes, mais Marinette n’en
voyait jamais la couleur, ainsi que des habits d’occasion, américains,
féériques, grands, pour faire de l’usage et cacher sa nudité ; la fillette
ignorait l’existence des sous-vêtements.
Une fois
l’an, son grand-père maternel, rabotant un bloc de bois, lui façonnait des
sabots.
À neuf
ans, Marinette partit sous d’autres cieux, et voici que des événements
ressurgissent soixante ans plus tard…
Marie-Christine
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Elle
s’est enfin décidée à troquer la jupe pour des jeans ! C’est un peu
masculin et avec un tricot ou une chemise, ça fait drôle ! Elle
chausse des tennis pour être à l’aise.
Elle
se lance, sort dans la rue parmi les badauds. Elle est mal à l’aise. Elle croit
que les personnes croisées la regardent, amusées, et parlent entre eux de son
changement vestimentaire. Elle regarde dans la vitrine si son jean n’est pas
décousu à l’arrière. Elle a peur que l’entrejambe craque !
Que
c’est dur de changer de look lorsqu’on est habitué à porter des robes tout le
temps à part, de temps en temps un survêtement pour la détente et le sport !
Enfin,
à la sortie de l’école, elle va
retrouver ses enfants. La majorité des mamans, vêtues de jeans, sont
décontractées, très à l’aise.
Ses
enfants s’arrêtent, la regardent étonnés puis lui sautent au cou, l’embrassent
en disant : « Maman, maman, tu es bien habillée. Tu es superbe à
la mode d’aujourd’hui ! Tu es une maman comme les autres, de la nouvelle
génération !»
Ce
fut la joie ! Elle se trouva finalement bien dans son jean et ses basquets
et ne regretta pas d’avoir passé le pas.
Mireille
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Elle
s’est enfin décidée à cogiter sur la couleur verte qu’elle avait tirée au sort
lors du précédent atelier d’écriture sur les couleurs.
Fin de
vacances à Saint Gyldas de Ruys, je suis avec une amie et il fait chaud. Nous
sommes à l’intérieur d’une propriété immense et nous voulons descendre vers la
mer au travers de la prairie. Nous nous arrêtons en chemin au milieu d’un champ
verdoyant, bordé par la forêt. Le silence profond, ponctué seulement par le
chant des oiseaux, l’espace illimité, la symphonie des verts et rien que deux
petites bonnes femmes de la ville en communion profonde avec la nature.
C’est
cela pour moi, se mettre au vert, se ressourcer.
La
campagne, au détour d’un chemin, un arbre m’apparaît dans toute sa splendeur
printanière. Sa cime svelte monte dans le bleu du ciel. Paré de ses jeunes
feuilles vert tendre et jaune, il scintille sous le soleil se dressant comme
une flamme. L’image est si forte qu’elle s’est imprimée en moi ; la beauté
est dans la nature.
Sur le
bord d’une petite route, une vieille propriété tombe en ruines. La grille de la
clôture s’écroule, rouillée. Je suis interpelée par la verdeur d’un lierre
magnifique qui monte à l’assaut des restes métalliques. La plante est
vigoureuse et recouvre tout, la vie continue donc, envers et contre tout.
Vous avez
tous fait l’expérience de vous allonger dans l’herbe, la fraîcheur du sol vous
gagne, l’herbe foulée sent bon, c’est un repos profond et apaisant.
S’il fait
trop chaud, l’herbe se dessèche et la couleur verte disparaît, on comprend que
quelque chose est en train de partir.
Le vert
est source de vie, nous ne pouvons pas nous en passer. Sérénité, paix repos,
beauté… ne m’écoutez plus, le feu passe au vert, allez votre chemin !
Josiane
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